Autour de la famille

Le second sujet du #Généathème proposé par la Gazette des Ancêtres pour ce mois de mai est : "Autour de la famille"
Point n'est besoin de prêcher tant je suis convaincue que l'on ne peut pas comprendre une personne si l'on ne connaît pas son environnement, ses conditions de vie et les gens qui l'entourent... c'est vrai avec les contemporains alors... lorsque l'on se targue de reconstituer la vie de ses ancêtres ! 
Bon, il faut bien commencer par quelque chose et en généalogie, il est effectivement relativement facile de retrouver noms et dates et de remplir les cases d'un "arbre" jusqu'à plus soif. Et après tout, l'exercice répond à la définition (Petit Larousse) du mot généalogie : "Démembrement, liste des membres d'une famille établissant une filiation"
Mais ce même mot à une autre acception (Petit Larousse) : "Science qui a pour objectif la recherche de l'origine et l'étude de la composition des familles" J'aime mieux.
Je dois avouer que la généalogie de la plupart des branches de ma famille, y compris certaines branches concernant ma belle-famille, a le privilège d'avoir déjà été écrite au fil des siècles souvent, justement, sous la forme d'une liste de membres établissant une filiation... Les branches les plus prestigieuses, beaucoup plus détaillées, devant être abordées avec beaucoup de précautions... Il faudra que je développe longuement ce thème... Je n'ai réellement eu à reconstituer que les branches concernant ma mère et celles du côté de ma belle-mère.
Aujourd'hui, je vais vous parler de la généalogie de ma mère, la P'tite Denise comme elle disait elle-même. Elle est l'aînée de 10 enfants, elle n'a pas connu ses grands-parents paternels, ni un oncle, ni un cousin... et pour cause, son père s'est retrouvé totalement orphelin à 7 ans. En revanche, elle a connu ses grands-parents maternels ainsi que sa tante et les enfants de cette dernière, surtout une cousine qui s'est mariée avec l'un de ses frères. C'est bon, vous suivez ? Mais elle a aussi connu et fréquenté, même après son mariage, les cousins Lapostre qui habitaient à deux rues de la maison de son enfance...il y avait la cousine Rose qui était contremaîtresse aux établissements de reliure Chevolot et son mari, le cousin Henri qui était sculpteur chez eux à Sceaux, le cousin Emile qui était le grand patron de l'entreprise Chevolot, son frère Albert qui travaillait aussi dans l'entreprise de reliure et un autre frère, plus jeune, dont elle ne se souvenait pas du prénom et qui habitaient à Châtillon lorsqu'ils étaient jeunes... mais qui étaient-ils ?
Contrairement à ce que l'on pouvait imaginer au départ, je n'ai eu aucune difficulté à retrouver les parents de Marcel Beckrich ; il faut dire que j'ai été aidé par son père, mon fabuleux arrière-grand-père Gustave Beckrich, le mauvais garçon, qui a laissé bien des traces de son court séjour sur terre. Il s'est avéré que les souvenirs de Marcel Beckrich pourtant très jeune au décès de ses parents, qui m'ont été transmis par ma mère, ont toujours recoupés les vérités, pas toujours jolies, retrouvées dans les archives et la presse... Bon... tout cela se passait au début du 20e siècle, dans un milieu ouvrier laborieux, dans un quartier cosmopolite aux mœurs rudes... J'ai retrouvé une très grande partie des descendants de Gustave Beckrich mais ce sera pour un autre récit.
Je suis passée ensuite au grand-père connu par ma mère, Charles Muyllaërt. Elle se souvenait de lui physiquement : il était impressionnant, couvert de médailles et avait été Légionnaire, portait toujours un chapeau pour cacher un pansement qu'il faisait souvent changer et était toujours ganté, même l'été, même à la maison,  pour ne pas que les enfants aient peur de sa main déformée à laquelle il manquait un doigt... Bon, un Légionnaire qui a fait la guerre de 14-18, blessé et couvert de médailles... pas trop difficile à retracer et à appréhender... 
Dans la foulée, je lui découvre un frère, Laurent Hector, Mort pour la France, qui laisse une veuve, Gabrielle Lapostre... tient, le même patronyme que celui de la grand-mère de ma mère...
Bien obligée alors de me pencher sur les collatéraux et oui, les deux femmes sont sœurs... je vais bien finir par trouver les cousins Lapostre surtout qu'Henriette Lapostre est veuve... d'un autre Lapostre !

Avant d'épouser le grand-père de la P'tite Denise, sa grand-mère avait été mariée à l'un de ses cousins dont elle avait eu un fils : Emile, Jules, Henri Lapostre... Alors là, ma mère n'en est pas revenue ! Elle n'avait jamais su que sa mère avait un frère ! Ce demi-frère s'appelle donc Emile Jules Henri Lapostre, il habite à Sceaux dans les Hauts-de-Seine où il exerce la profession de... sculpteur, marié avec Rose Gojin, brocheuse à son mariage puis que l'on retrouve... contremaîtresse aux établissements... Chevolot. Y-a-t-il un doute possible ? Cet oncle maternel et cette tante par alliance ne sont-ils pas tout simplement les cousins Lapostre ?
Cela semble simple maintenant mais vous n'imaginez pas le nombre de soupirs, de cheveux arrachés... les graphiques tracés dans tous les sens... surtout que tout ceci s'est déroulé bien avant l'avènement d'internet !
Je ne pense pas qu'il y ait eu désir de cacher l'existence du demi-frère de Charlotte Muyllaërt, "cousin" était simplement un terme générique pour désigner les membres plus ou moins éloignés de la famille Lapostre... Parce que, à ce stade, il me manque encore 3 "cousins" Lapostre, ceux qui habitaient à Châtillon-sous- Bagneux (Châtillon dans les Hauts-de-Seine).
Alors, je me suis intéressée aux établissements Chevolot et j'ai traîné mes guêtres jusqu'à l'adresse approximative laissée par ma mère, en suivant ses indications... il faut le dire... vaseuses ! "Je pourrai y aller les yeux fermés" disait-elle oui mais... Nous étions alors en 1994 ou 1995 et, à Châtillon, dans le quartier où je suis finalement arrivée, sûre... ou presque... d'être au bon endroit... je me suis retrouvée face à des immeubles neufs et même, pour certains, encore en construction ! Pas de chance ! Alors, j'ai découvert une source inédite pour les recherches généalogiques : le bistrot du coin ! Si, si... Je suis entrée pour expliquer ma quête et les personnes présentes ont confirmé que j'étais au bon endroit mais que l'usine et tous les terrains avaient été vendus à un promoteur immobilier il y a peu  mais que, dans le quartier il y avait encore des anciens ouvriers dont ? (j'ai oublié son nom) que l'un des clients du bar s'est empressé d'aller chercher... Cet homme, d'un certain âge, m'a raconté que les établissements Chevolot avaient définitivement fermé la porte en 1990 et que le dernier "vrai" patron, Monsieur Albert, fils du fondateur, était décédé ici, à Châtillon, quelques années avant, vers 1986 après avoir enterré ses frères Monsieur Emile et Monsieur Raymond... Mais que toutes ces personnes dont il avait parlé s'appelaient Chevolot et pas Lapostre...
C'est ainsi que je me suis retrouvée au Greffe du Tribunal de Commerce où j'ai, après quelques difficultés et une attente de plusieurs heures, eu accès au dossier des Entreprises Chevolot qui m'apprend que les parents des derniers "vrais" patrons des établissements Chevolot sont Eugène Chevolot et... Blanche Marguerite Lapostre !
Il s'avère que cette Blanche Marguerite Lapostre est la sœur de Gabrielle et Henriette ! Suivez-vous ?
 Vous pensez que j'en ai terminé... moi aussi je le croyais sauf que... je reçois un acte de mariage qui concerne (enfin, je le croyais) Pierre Joseph Lapostre fils (surligné en jaune dans le schéma) et Juliette Félicie Leferme au lieu d'Henriette Adèle Leferme... ce ne sont pas les mêmes personnes ! Ce nouveau Pierre Joseph Lapostre est le frère du premier du même nom et Juliette Félicie Leferme est la sœur d'Henriette Adèle Leferme !
A ce stade de mes recherches, pressée par mes tantes, oncles, cousins etc. qui veulent lire la vie de nos ancêtres, je commence à remplir le chapitre du "livre des Lapostre" qui concerne Pierre Joseph père (surligné en vert sur le graphique ci-dessus) et son épouse : "C'est le 14 brumaire de l'an 11, soit  le 05 novembre 1802, à Landrecies dans le Nord que naît Pierre Joseph...
Après les publications des bans, faites tant à Solesmes qu'à Landrecies, Pierre Joseph épouse à Solesmes toujours dans le département du Nord, Angélique Banse qui est née...
Pierre Joseph décèdera, à Solesmes, le 31 mars 1874..."
N'est-il pas tentant de conclure que Pierre Joseph Lapostre a passé toute sa vie à Solesmes et dans ses environs ? Pourtant, il n'en est rien... et je ne vais le découvrir qu'en cherchant le maximum de personnes de son entourage en commençant par ses enfants et petits-enfants et, d'acte en acte, je vais constater qu'il est venu vivre à Paris. Il envoie son consentement par acte notarié de Solesmes pour le mariage de l'un de ses fils en 1860 mais il est témoin à la naissance de son petit-fils en août 1861 à Paris etc. puis, je vais trouver l'acte de décès du second de ses fils qui est né et s'est marié à Solesmes mais c'est à Paris qu'il décède... en pleine semaine sanglante... et, le témoin de son décès est... Pierre Joseph Lapostre, son père ! J'en ai profité pour écrire un très court texte sur le décès sur les barricades du malheureux Adolphe dont j'ai retrouvé des personnes alliées à ses descendants... oh là là ! C'est encore une autre histoire !
Non seulement Pierre Joseph n'a pas passé toute sa vie à Solesmes dans le Nord mais en plus, il a connu des événements d'une rare violence... Il est si facile de passer à côté de l'essentiel...
Bon, je suis trop bavarde mais... j'ai tellement de choses à vous dire....

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