Ha ! Comme mon esprit était impatient de retrouver le vôtre pour ce nouveau #RDVAncestral qui, je l'espère, va me permettre de mieux vous connaître, vous Paul Beckrich, que j'ai perdu de vue dès la mort de votre mère et du drame de celui qui a été légalement votre père, mon terrible arrière-grand-père maternel, Gustave Beckrich. Nous étions à la fin de l'année 1909 et au début de 1910, sept ans se seront écoulés sans que je trouve une seule petite trace de vous. Heureusement pour moi, vous vous êtes présenté à la mairie de Bergerac, en Dordogne, à la fin de l'année 1917.
Mais pourquoi êtes-vous en Dordogne ? Vous étiez censé avoir été placé chez des parents en province au décès de votre mère. Je ne vous connais aucune famille en Dordogne... Auriez-vous connu votre père biologique ? J'en doute...
Rien n'est bien clair, vous concernant, durant ces sept ans. Chaque renseignement que je trouve me fait me poser de nouvelles questions. Par exemple, vous avez été condamné, le 03 novembre 1914, à 15 jours de prison pour défaut de carnet anthropométrique. Vous étiez encore bien jeune à cette époque puisque vous êtes né en septembre 1899, mais toutes les personnes de plus de 13 ans, nomades ou exerçant un métier ambulant, devaient présenter, quotidiennement, ce carnet, véritable passeport intérieur. Alors, cette obligation vous aurait-elle été faite à cause de votre métier ? Auriez-vous été chauffeur dès votre plus jeune âge ? Ceci expliquerait que, vous déplaçant au fil des embauches, je ne pouvais que vous perdre de vue...
Alors oui, l'époque est trouble puisque nous sommes en pleine Première Guerre mondiale. Mais c'est aussi ce qui m'a permis de vous retrouver parce que vous avez décidé de vous engager pour quatre ans. Pourquoi est-ce à la mairie de Bergerac que vous vous êtes inscrit ? Pourquoi votre fiche matricule militaire a-t-elle été créée plus tard, dans le département de la Seine ? Pourquoi cette fiche est-elle lacunaire puisqu'elle ne comporte pas votre signalement, votre adresse semble être déformée, il n'est pas noté que vous êtes orphelin, il est même supposé qu'ils habitent dans le 10ᵉ arrondissement de Paris...
A peine inscrit, soldat du 30e régiment d'infanterie dès le 05 décembre 1917. C'est à Guiscarrd, dans l'Oise, que vous suivez le début de votre instruction militaire mais, le 12 décembre, vous prenez le train à la gare de Baboeuf pour débarquer à Gigny, dans la Marne où vous resterez au camp de Saint-Ouen-Dompront, pour parfaire votre instruction, jusqu'au 09 janvier 1918 où vous reprendrez le train pour vous rendre à Fontaine, sur le territoire de Belfort... Vous allez vraiment découvrir la guerre en Alsace, l'ennemi en face de vous avec son aviation et les gaz... qui, au moins une fois, vont contaminer les rations...
Ensuite, vous serez incorporé, le 13 avril 1918, au 97e régiment d'infanterie. Et c'est au sien de ce prestigieux régiment, plusieurs fois cité à l'ordre de l'armée, que vous allez vous faire remarquer. Vous aurez même le grand honneur de voir votre régiment recevoir la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre, en août 1918. Peut-être vous sentirez-vous encore plus fier lorsque votre régiment recevra sa 3e citation à l'ordre de l'armée :
"Régiment d'élite qui, sous les ordres du Lieutenant-colonel Tron de Bouchy, a affirmé à nouveau sa réputation dans la bataille des Flandres.
Du 14 au 19 octobre 1918, il bouscule l'ennemi, le fait reculer de sept kilomètres, lui arrache dans une lutte sévère des hauteurs énergiquement tenues, le poursuit et enlève à des réserves fraîches un village défendu désespérément.
Malgré des pertes sérieuses et de vigoureuses contre-attaques, il s'empare, le 1ᵉʳ novembre, des positions de la Garde prussienne et progresse de dix kilomètres au cours de deux journées de durs combats.
Du 14 octobre au 2 novembre, a capturé 500 prisonniers, 5 pièces de canons, un matériel considérable"(1).
Sans aucun doute, vous avez grandement participé à cette belle réussite, car le 16 octobre 1918, pendant cette bataille des Flandres, exhorté par André Jacques Desmoulins, sergent de la 10ᵉ compagnie, avec vos compagnons, vous vous êtes lancés à l'attaque d'une ferme isolée, solidement organisée, dont vous vous êtes emparé, en faisant plus de quarante prisonniers.
Vous avez été personnellement mis à l'honneur puisque vous avez été cité à l'ordre de l'armée :
"Soldat très courageux et dévoué. Le 16 octobre 1918, s'est porté crânement à l'attaque d'une position ennemie puissamment défendue par des mitrailleuses, a contribué pour une large part à la capture de nombreux prisonniers". Vous avez été décoré de la Croix de guerre.
Ce n'est que le 08 juin 1919 que vous quittez le 97ᵉ pour rejoindre le 40ᵉ régiment d'infanterie, vous passerez dans une section d'infirmiers militaires à partir du 23 août suivant, ce qui vous vaudra, le 29 avril de la même année, de partir en renfort sur le Front d'Orient, avec la 22ᵉ section d'infirmiers. Vous y resterez jusqu'au 14 mars 1921 et, le lendemain, vous serez dirigé vers la France pour jouir d'une permission de quatre-vingts jours.
C'est ainsi que vous retrouvez votre vie civile, en Dordogne, à Sant-Seurin-de-Prats, chez Monsieur Gerbault où vous resterez quelque temps puis, après un séjour à Gensac, en Gironde, il va falloir que je vous suive en Eure-et-Loir... mais, ce sera pour le mois prochain, car je vous donne #RDVAncestral !
Catherine Livet.
Ce texte a été rédigé dans le cadre du #RDVAncestral
(1) Ordre du général Degoutte, commandant de la VIᵉ armée, n° 660 du 27 novembre 1920
"de la généalogie à l'écriture"
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