Henri et Félix, les frères Foubert, Morts pour la France, enterrés dans le carré militaire du cimetière de Limay



Bonjour bébé, je crois bien qu’aucune bonne fée ne s'est transportée à Limay, en Seine-et-Oise, ce 25 mars 1897 pour te souhaiter une belle et longue vie ; heureusement, dans cette maison de la rue de l’Eglise où tu viens de sortir du sein de la jeune Eugénie Albertine Jarriges, d’autres ont su t’accueillir. C’est ton père, Eugène Jean Foubert qui est alors chauffeur, sans que nous puissions savoir ce que ce terme veut précisément dire dans son cas,  qui va déclarer ta naissance à la mairie et bien respectueusement il a dit au maire du village, Eugène Louis Alexandre Secache, qu’il te donnait pour prénoms Henri et Adolphe ; ton père s‘est fait assister par François Pinard -un patronyme bien de Limay, tant et si bien que l’on retrouve pratiquement toujours un porteur du nom adjoint au maire- et par un jeune jardinier de 23 ans, Anatole Dumesnil qui est ton oncle par alliance pour avoir épousé la sœur de ta mère, la jeune Clémence Louise Jarriges qui vient de donner le jour, ici même, à son domicile de la rue de l’église à Limay, le 21 mars dernier, à un petit garçon, ton cousin, que l’on a nommé André Louis, un frère viendra très rapidement le rejoindre, le 15 août 1898 mais pas à Limay, à Gassicourt, il répondra aux prénoms de Maurice Aimé. 

Tu grandis sans trop de problèmes puisque ce 30 octobre 1898, tu assistes à la naissance de Félix Désiré ; en fait, trop jeune, tu ne t’aperçois même pas de ce qui se passe mais ce n’est pas le cas de la petite Juliette Félicie qui a déjà 3,5 ans et qui sur la pointe des pieds, agrippée au bord du berceau prêt à chavirer, contemple le beau bébé qu’elle aimerait bien prendre dans ses bras… mais c’est interdit… elle n’aura sans doute jamais l’occasion de faire quelques câlins à cette merveilleuse poupée vivante car la fillette née le 03 avril 1895 à Rolleboise, village dans lequel vos parents s’étaient mariés le 17 juin 1893, décède dans la maison familiale rue de la Faïencerie à Limay… le registre d’état civil du village est cruel… un seul acte sépare celui de la naissance de ton petit-frère et celui de la mort de votre grande-sœur.
Avec ton frère, vous allez accueillir un certain nombre d’autres bébés, un tous les deux ans environ et si tous naissent à Limay, bien rares sont ceux qui connaissent la même adresse… la famille passe de la rue du Vieux Pont à celle de Paris pour revenir rue du Vieux Pont mais dans une autre maison… il est bien difficile encore à l’époque de ta tendre enfance de se loger correctement, les habitations sont souvent petites, mal aérées et même, il faut bien le dire, franchement insalubres, la vie n’est pas facile pour la majorité des gens surtout que ton père semble obligé de changer aussi souvent de métier ; dit simplement journalier à la naissance de ton frère, il sera cimentier durant quelques années puis va devenir briquetier, c’est d’ailleurs son métier d’origine, celui qu’il exerçait à Vernon dans l’Eure avec son père, Jean-Baptiste, qui est resté là-bas, veuf de Marie Adèle Rosalie Mulot qui est décédée dans leur maison de la rue de Bas le 02 septembre 1886. Tu n’as donc pas connu ta grand-mère paternelle et je ne suis pas certaine que tu puisses te souvenir de ton grand-père paternel si jamais tu l’as rencontré quelques fois ; en revanche, je pense que tu as connu ta grand-mère maternelle, Octavie Marie Louise Guillot, femme Jean-Baptiste Jarriges puisqu’une femme Jarriges de 61 ans, habitant à Limay, assiste ton père, le 05 décembre 1906, lorsqu’il vient déclarer à Aubin Groux, le maire d’alors, la naissance de l’une de tes sœurs, la petite Andrée Lucienne.
 
 A cette époque, Félix et toi fréquentez assidûment la classe des garçons qui est installée au rez-de-chaussée de la mairie qui est vraiment le cœur du village et vous vous en sortez plutôt bien puisque vous saurez tous les deux lire, écrire et compter mais bon, tu ne vas pas devenir instituteur non plus… tu vas exercer le métier de tuilier et ton jeune frère va être embauché au chemin de fer. 
Il n’y a pas de tuileries à tous les coins de rues donc, il est probable que tu travailles à celle de Limay qui est directement reliée au chemin de fer, une succursale de la tuilerie des Cordeliers de Mantes en fait... Belle industrie... pour le village qui était encore très agricole jusqu'ici... si l'on excepte la faïencerie qui fonctionnait il y a bien longtemps et dont, derniers vestiges, une rue et une impasse en portent le nom aujourd'hui. Pays de la vigne, le paysan de Limay s'est finalement tourné vers la culture maraîchère et celle des céréales tout en développant les arbres fruitiers.


Et te voilà déjà jeune homme... bien sûr, tu entendais de temps à autre les adultes parler de la guerre qui se préparait mais vraiment, cela te passait par-dessus la jambe… jusqu’à ce jour du 1er août 1914 où le facteur, tôt dans la matinée, court partout en criant qu’il doit donner un courrier urgent à ton père… c’est une carte postale spéciale, elle est composée de deux parties, la blanche est à conserver et la rose, le récépissé, est  à signer lisiblement et à remettre à la poste. Ce courrier est un « ordre d’appel sous les drapeaux », qui ressemble beaucoup à celui qu’il avait reçu en 1903 lorsqu’il avait été convoqué pour accomplir une période d’exercices, histoire d’être toujours dans le coup au cas où une guerre serait déclarée… oui, la présentation est la même mais il y a une différence notable, il faut que ton père se présente « IMMEDIATEMENT ET SANS DELAI » et aucune durée ne figure sur cet avis… Il n’y a aucun doute… c’est la guerre !
Ton père, ventre à terre, se précipite au logis familial, il prend quelques affaires, quelques denrées, un peu d’argent et son livret militaire dans lequel, fixé par des attaches parisiennes, se trouve le volet amovible qui donne toutes les instructions à suivre dans un pareil cas… Ton père n’est plus tout jeune, il fait partie de la réserve de l’armée territoriale et a été affecté au 18e Régiment d’Infanterie Territoriale (R.I.T) avec l’emploi de Garde des Voies de Communication (G.V.C)… car les voies ferrées sont stratégiques en temps de guerre les mobilisés vont converger, en masse, vers chaque gare pour rejoindre les casernes et même si la Nation n’est pas encore officiellement en guerre -l’Allemagne ne déclarera la guerre à la France que le 03 août-, c’est imminent… il faut donc protéger le rail qui va être essentiel pour transporter les troupes, acheminer le matériel, le ravitaillement, évacuer les blessés etc. 
Le temps de dire au revoir à l’un et à l’autre, toujours au pas de course, ton père rejoint le lieu qui lui a été communiqué mais je ne sais pas exactement où… pas très loin évidemment puisqu’il faut que les premiers mobilisés soient à leur poste le jour même et il est affecté au secteur B qui doit correspondre à un lieu dépendant du Gouvernement Militaire de Paris, section N, et que le 18e R.I.T est basé à Evreux dans l’Eure et appartient à la 3e région militaire. Il n’est pas seul, ton oncle Anatole Dumesnil fait le déplacement avec lui, il a reçu le même appel et fait également partie du 18e R.I.T, seule la section sera différente puisqu’il sera affecté, en tant que G.V.C au secteur B, section M. Tu n’as aucune inquiétude à avoir pour eux, ils vont bientôt rentrer à la maison ; ton oncle, pourtant plus jeune puisque né le 09 septembre 1873, sera libéré plus tôt que ton père, né le 11 août 1867, car il sera renvoyé provisoirement -mais dans les faits, il ne sera plus rappelé- dans ses foyers le 12 décembre 1914 ; au motif qu’il est père de huit enfants, il sera rattaché pour la durée de la guerre à la classe de 1887, celle de ton père que tu vas revoir le 12 janvier 1915.
Tu n’es pas encore remis du départ précipité de ton père et de son beau-frère lorsque le tocsin, en fin d’après-midi, retentit… les habitants se rassemblent devant la mairie pour échanger les informations et surtout, pour voir de leurs propres yeux l’affiche officielle… la foule est en émoi… la mobilisation générale vient d’être déclarée et tu comprends soudainement que la guerre n’est pas abstraite… elle vient chercher les hommes au cœur du village… Tout le monde est concerné… Gustave Kollhoff vient de te rejoindre, tu as grandi avec lui, vous êtes allés à l’école ensemble, vous ne vous êtes jamais perdus de vue, évidemment, toute la jeunesse de Limay se connaît et il t’apprend que, comme ton père, le sien est parti le matin même dès que le facteur lui a remis son « appel sous les drapeaux », comme G.V.C affecté au Secteur B Section N, rattaché au 18e R.I.T ; tu connais bien Gustave Kollhoff père qui est né le 13 juillet 1871, il est un ami de tes parents, il a été témoin de la naissance de ta sœur Juliette Adrienne le 22 novembre 1900 et surtout, tu le croises très souvent, presque tous les jours car, comme toi, il est employé à la tuilerie des Cordeliers. Tu n’es pas au bout de tes surprises… l’aîné des Kollhoff, Ferdinand, que tu trouves pourtant plutôt petit, voir chétif pour ne pas dire malingre, va partir, il est né le 06 avril 1894, vous venez de fêter ses 20 ans…
C’est comme cela pour tout le monde autour de toi… tous les hommes partent…

En ce début d’août 1914, plus rien n’est pareil, pauvre Henri Adolphe Foubert ; plus question pour toi de ne
penser qu’à courir le cotillon… le départ de ton père sous les drapeaux t’a promu homme de la maison… Partout dans Limay tu observes le même phénomène, à la tuilerie des Cordeliers où tu travailles, dans les champs, les rues, à l’église… c’est le même constat… il n’y a plus que des vieillards, des femmes et des enfants… qui suppléent comme ils peuvent le manque d’hommes dans la force de l‘âge… même la mairie est privée de sa tête puisque Monsieur Emile Prunet qui est maire depuis 1912 est lui aussi sous les drapeaux, heureusement Eugène Mordant, son adjoint, est resté et peut le remplacer et s’il n’y avait que lui qui manquait à la mairie mais… huit membres du conseil municipal sur seize sont absents pour cause de guerre… tout est désorganisé, surtout que le notaire, intime partenaire de la vie de cette époque, manque cruellement aux villageois… il faut dire qu’il n’est autre que Eugène Prunet… 
 
La majorité des habitants de Limay, comme l’ensemble des Français d’ailleurs, pensait que la guerre n’allait pas durer longtemps, l’affaire d’une petite année t’avait-on même précisé mais voilà, tu ne les vois pas beaucoup rentrer les hommes du village -à part quelques aînés comme ton père que tu as eu le bonheur de voir reprendre sa place de chef de famille début janvier 1915- et même, tu continues à les voir partir jusqu’à ton copain de classe, le géant, 1,80 m de stature tout de même, Maurice Célestin Auguste Bonnardel, le fils de René et de Lucie Célestine Grosjean, les distillateurs de la place du Pont Neuf… il n’a pourtant que deux mois de plus que toi.. depuis si longtemps déjà, dès l’annonce de la guerre peut-être, il disait qu’il allait prendre les armes, sauver la France… et voilà qu’au cours de juin 1915, il vient te faire ses adieux… il s’engage volontaire pour la durée de la guerre et rejoint le 2e Régiment d’Artillerie Lourde (R.A.L)… Il va souffrir de crises de paludisme et d’arythmie avec extrasystole mais cela ne va pas l’empêcher de passer Brigadier et de se faire particulièrement remarquer :  
« Sous le commandement du Lieutenant Darrasse, assisté du S/Lieutenant Donnay a mis au point la
manœuvre d’un nouveau matériel et l’a expérimenté en 1918 dans le secteur de Verdun en faisant preuve des plus belles qualités d’énergie et d’endurance. A réussi à occuper des positions de batteries réputées inaccessibles à l’artillerie et a sans le moindre souci du danger, exécuté des tirs remarquables qui ont fortement impressionné l’adversaire » Il sera récompensé par la médaille interalliée.

Le futur Brigadier Bonnardel n’est pas le seul à se retrouver sous les drapeaux cette année, tous ceux nés en 1896 partent en 1915… et tu prends conscience que le temps passe à une vitesse folle, que la guerre n’est pas sur le point de se terminer et que, né en 1897, ton tour approche…

Les nouvelles arrivent jusqu’à Limay malheureusement souvent sous forme d’avis de décès que le pauvre Eugène Mordant, devenu par la force des événements premier magistrat du village, doit transcrire dans les registres mais ce qu’il redoute le plus, c’est de devoir annoncer la mort… surtout lorsqu’il faut aller dire à une mère que son fils, un enfant encore, est mort en héros… et en cet été 1915, les avis commencent à être nombreux et la liste va s’allonger au fil des années qui vont suivre…
Et  puis à la fin du mois de janvier 1916, une nouvelle se répand comme une traînée de poudre… On a vu le jeune Jean-Louis Auffret, l’employé agricole d’Auguste Questel descendre du train, il rentre… il était parti  le 09 septembre dernier pour rejoindre le 23e Régiment d’Infanterie (R.I), tout ce qui reste de jeunesse à Limay se précipite à sa rencontre… Heureusement qu’il est doté de ce menton saillant si caractéristique sinon, tu aurais du mal à le reconnaître tellement il a changé, il est affreusement maigre, il tousse, il crache… et pour cause, s’il est là c’est qu’il a été réformé pour pleurésie ancienne, bronchite et accès dyspnéiques avec cyanose… enfin bref, on soupçonne très sérieusement une tuberculose pulmonaire… Il faut croire que l’air est particulièrement sain à Limay où le pauvre Jean-Louis Auffret, pupille de l’assistance publique, n’a pas eu d’autre choix que de venir passer sa convalescence chez son employeur, car l’Armée finira par le trouver tout à fait guéri et le renverra rejoindre le 39e R.I le 29 mai suivant… 

Tu ne le sauras jamais, surtout que l’avis de décès ne sera transcrit que le 10 avril 1918 à Limay, mais le malheureux jeune homme aura le triste privilège de se voir décerner la mention « Mort pour la France » pour avoir été tué à l’ennemi le 02 (ou 04) septembre 1917 à Hurtebise, dépendance de la commune de Bouconville-Vauclair dans l’Aisne, soldat de 2e classe au sein du 403e R.I qui obtiendra la croix de guerre pour cette bataille, lors des terribles affrontements du trop célèbre Chemin des Dames. Pourtant, tu vas bien connaître le secteur où tu vas te trouver dès le 15 août durant cette terrible période où les hommes se retrouveront épuisés mais ton régiment sera alors en repos, pour quelques jours, à partir du 31 août 1917. Le nom du malheureux orphelin sera inscrit sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative de l’église Saint-Aubin de Limay, sur le livre d’or des pupilles de l’assistance publique de Seine et Oise Morts pour la France et sur la tombe 5 007 de la nécropole nationale de Beaurepaire à Pontavert dans l’Aisne.

« Soldat courageux et dévoué. Tombé glorieusement à son poste de combat, le 04 septembre 1917 à Hurtebise » Croix de Guerre avec étoile de bronze [J.O du 16 mai 1922]





En revanche tu vas apprendre, le 27 avril 1916, que ton camarade Camille Ernest Théodore Alexandre Chevallier est Mort pour la France, devant Souchez, ville martyre et entièrement détruite -ce qui lui donnera l’honneur d’être décorée de la Croix de Guerre-, dans le Pas de Calais. Né le 19 octobre 1895, tu avais vu le jeune Chevallier quitter Limay, tu l’avais peut-être même accompagné à la gare, pour rejoindre le 405e R.I le 19 décembre 1914, à ce moment, tu n’avais pas pensé que tu ne le reverrais plus… tu l’as fréquenté quotidiennement à l’école pendant trois ou quatre ans et après, lorsqu’il a quitté l’enfance pour devenir jardinier, tu as continué à le rencontrer très souvent, il habitait 8 rue du Prêche mais ce que tu ne sais pas, ce que tu ne peux même pas imaginer, est l’enfer que ton compagnon d’enfance a connu lors de cette énième bataille de l’Artois ; le secteur du Petit Bois où sa vie a été brisée se situe en partie sur la crête de Souchez qui a été conquise de haute lutte en septembre 1915 ; derrière, il y a un lac, immense, qui ressemble plus en fait à un marécage qu’à une étendue de belle eau pure ; d’un côté, l’éperon de Lorette, de l’autre, le Cabaret Rouge… ce « lac »… voilà ce qui reste de Souchez ! Le 405e a en permanence deux compagnies en première ligne et deux en ligne de soutien. Les pertes journalières sont plutôt sévères, même en officiers. Il est impossible de creuser des boyaux ou des tranchées dignes de ce nom où les hommes épuisés pourraient trouver un relatif abri, avec ses compagnons d’infortune, Camille Chevallier doit se terrer dans les trous -nombreux- creusés par les obus et 
à chaque relève, on s’enfonce, on s’enlise dans la boue qui semble vouloir aspirer les pauvres soldats… les bombardements sont ininterrompus, les torpilles pleuvent … et ce 27 décembre 1915, l’une d’entre elles fond sur les malheureux Français,  se fraie un chemin dans la fange environnante éclaboussant jusque par-dessus tête les hommes qui s’engluent à proximité de son passage meurtrier, semblant vouloir les entraîner avec elle jusqu’aux entrailles de la terre… c’est ainsi que le trop jeune Camille Chevallier perd la vie, avec trois autres soldats, enterré par une torpille. Ses compagnons vont fournir bien des efforts pour l’arracher à la bourbe et son corps va être mis en terre dans la fosse n° 6 du cimetière de Liévin… mais il va être identifié, grâce à sa plaque, et sera transféré, le 16 mais 1924, à la trop célèbre gigantesque nécropole nationale de Notre Dame de Lorette à Ablain-Saint-Nazaire et installé pour son repos éternel dans la tombe n° 17 963. Son nom, une centaine d’années plus tard, figurera sur l’effroyable « anneau de mémoire » -dont, je dois bien te l’avouer, je n’aime ni la présumée esthétique ni la philosophie- malheureusement avec une erreur véhiculée par sa fiche de « Mort pour la France » sur l’un de ses prénoms qui deviendra Théodule au lieu de Théodore mais également bien entendu, plus modestement, sur le monument aux morts de Limay et sur la plaque commémorative de l’église Saint-Aubin ainsi que dans l’historique du  405e R.I.
 
« Bon soldat. Tué glorieusement, le 27 décembre 1915, à Souchez » Camille Chevallier aura [J.O. du 07/08/1920] l’honneur d’être décoré, à titre posthume, de la Croix de guerre avec étoile de bronze.


Et voilà, ça devait bien arriver, c’est ta classe d’âge qui est maintenant appelée par anticipation et ton cousin de Rosay, né deux jours avant toi, André Dumesnil, est l’un des premiers à partir, il devient 2e canonnier servant sous le matricule 3 662 au sein du 8e groupe du 105e R.A.L dès le 12 janvier 1916 ; tu ne le sauras peut-être pas mais le 07 avril 1917, il se trouvera dans le secteur dit de Moulins, village du sud du Chemin des Dames, à deux ou trois kilomètres de Vendresse-et-Troyon dans l’Aisne, à proximité de son canon, lorsqu’un obus ennemi éclatera… il sera cruellement blessé par les éclats, à 19 h 30 précises, au sein gauche et sur tout le côté gauche ; seule victime de la journée, il sera évacué à l’ambulance 2/153 ou il décèdera, Mort pour la France, le lendemain.
« Canonnier d’un haut courage et de beaucoup d’allant. Blessé par éclat d’obus près de sa pièce. Mort pour la France, le 08 avril 1917… » [J.O. du  19/02/1920] Croix de guerre avec étoile de bronze.


 



C’est avec un pincement au cœur mais aussi avec l’envie de te joindre à eux que tu as accompagné tes camarades de toujours à la gare ce 11 janvier 1916… il y avait Maurice Bocquet, Maurice Fillette, Pierre Ernest Laporte, Roger Lorho qu’il faudra bientôt appeler Sergent, Fernand Jules Lucas, Arsène Maurice Morin, Eugène Charles Prévost, Marcel Bernard Pujo, Raymond Christian Pinard.
Il ne faut pas oublier André Félicien Piquemoles qui finira Caporal car il se fera remarquer lorsqu’il se 
trouvera soldat de l’Armée d’Orient où il combattra dans des conditions affreuses, sur un terrain très difficile, et qu’il participera à la terrible attaque victorieuse, les 14 et 15 septembre 1918, dite de Dobro Polje -sommet montagneux de Macédoine- sur les Bulgares qui demanderont un cessez-le-feu dès le 24 septembre et qui signeront un acte d’armistice le 29 septembre suivant… cette bataille, comme les autres qui se dérouleront alors sur le front d’Orient, se révèlera déterminante pour l’issue de la guerre…


Sur le quai de la gare, ce 11 janvier 1916, tu dis aussi adieu à ton copain Gustave Adrien Kollhoff ; même s’il n’est pas né à Limay, tu le connais pourtant depuis longtemps et vos familles se fréquentent régulièrement ; il part pour devenir soldat de 2e classe au sein du 67e R.I… mais comme tant d’autres, il ne rentrera jamais. Avec tous ses malheureux camarades de régiment, au printemps 1917, il se trouvera aux environs de Braye-en-Laonnois dans l’Aisne, où la bataille fait rage depuis un certain temps déjà et les Français ont repris pieds sur le plateau appelé la Croix-sans-Tête mais les Allemands résistent au grignotage à l’abri des creutes et autres galeries souterraines qu’ils connaissent parfaitement ; le 05 mai, après des reconnaissances, à 9 heures, le 67e R.I, comme un seul homme, partira à l’assaut de la ferme de Froidmont. Les Boches bombarderont principalement les arrières, sans doute le tir n’aura-t-il pas été très bien ajusté, alors la première ligne, profitant de cette situation inespérée, continuera sa progression sur ce trop tristement célèbre Chemin des Dames, franchira d’un seul élan deux lignes de tranchées allemandes et les hommes s’établiront sur leur objectif vaillamment atteint, ils s’enterreront alors dans ces bonnes tranchées si durement conquises, bien décidés à ne rien lâcher du petit morceau de sol français si difficilement repris à l’ennemi.
Gustave Kollhoff disparaîtra ce jour du 05 mai 1917 qui deviendra, par décision du Tribunal de Mantes du 21 septembre 1921, le jour officiel de son décès qui sera transcrit dans les registres de Limay le 12 octobre suivant.

« Excellent soldat. A trouvé une mort glorieuse, le 05 mai 1917, à la ferme de Froidmont, en se portant bravement à l’assaut des positions ennemies. »
Croix de Guerre avec étoile d’argent… à titre posthume. [J. O. du 04 janvier 1923]
Son nom est pour toujours inscrit sur le monument aux morts de Limay.








Quand tu y penses, tu te revois faisant les quatre cents coups avec eux à la sortie des classes… c’était hier et aujourd’hui, les voilà soldats !
Ils sont rejoints par deux autres jeunes hommes de ton âge qui ne sont pas non plus natifs de Limay mais qui y habitent maintenant, il y a Jean-Marie Rault qui sera blessé et évacué deux fois en 1918 alors qu’il sera soldat du 146e R.I, il sera très rapidement promu soldat de 1ere classe puis, passé au 84e R.I sera dirigé sur l’Armée d’Orient et finira par être récompensé par la Médaille Militaire et enfin, tout aussi fougueux que les autres,  voici René Georges Baudu qui ne reviendra pas, même si personne ne le sait encore.

Comme les autres René Baudu est incorporé dès le lendemain de son départ, pour lui ce sera au sein du 94e R.I. ; il passera soldat de 1ère classe le 05 avril 1917 et le 16 suivant, à 6 heures précises, le 94e R.I sortira tout entier des tranchées de départ, où il était installé dans le quartier de Berry-au-Bac, avec un élan magnifique auquel les témoins oculaires rendront hommage… Les cris de « La garde, en avant, en avant. Vive la garde ! » jailliront spontanément des poitrines des officiers et des soldats. Le régiment se jettera d’un seul bloc à travers les brèches dans la première ligne allemande… Bilan de la journée : 2 officiers et 100 hommes de troupe tués ; 10 officiers et 350 hommes de troupe blessés parmi lesquels, René Baudu qui présentera une plaie dans la « région sacrée » par éclat d’obus mais qui sera extrait des chairs meurtries. Tu ne le sauras jamais mais cette journée terriblement meurtrière du 16 avril 1917 restera dans la mémoire de tous les Français ne serait-ce que par le fait que les chars d’assaut français font leur première apparition au combat… il faudra faire quelques mises au point… René Baudu sera évacué le 20 août 1918 après avoir reçu un éclat d’obus dans la joue droite dans le secteur des Chambrettes dans la Meuse mais il rejoindra très rapidement le corps. Nommé caporal, il sera évacué une
seconde fois, le 23 novembre 1918, vers l’hôpital complémentaire n° 75 à Dijon où il décèdera le 24 janvier 1919 de maladie contractée sur le champ de bataille, Mort pour la France !

Son nom est gravé pour l’éternité sur la plaque commémorative de l’église Saint-Aubin, sur le monument aux morts de Limay ainsi que sur celui de Flins-Neuve-Eglise, ville dans laquelle il était né le 20 juillet 1897.

Et voilà c’est ton tour, la date de ton départ est fixée… alors, tu fais tes adieux à ta famille, tu as une pensée
particulière pour ton jeune frère Félix, tu prends conscience qu’il va bientôt devoir partir aussi… de toutes les façons, comme toi, il n’a plus rien d’un enfant et est pressé d’aller s’expliquer avec l’envahisseur.
Tu croyais faire le voyage avec Désiré Marcel Bourcier  et Alfred Edouard Gosselin mais ils sont un peu déçus, ils se voyaient bien dans le rôle du soldat héroïque, mais ils n’ont pas encore été appelés cependant, ils n’auront pas vraiment longtemps à patienter car ils partiront le 1er septembre prochain. Tu vas dire au revoir à ton ami Hervé Auguste Muteau dont l’Armée n’a pas voulu à cause de la déviation de sa colonne vertébrale, tu salues aussi Raymond Emile Leloup qui a été ajourné pour faiblesse,  il a gardé une vilaine déformation de son bras droit depuis qu’il s’en était brisé les os ; il ne sera incorporé que le 15 avril 1918 et rejoindra le 3e de Génie.



En revanche, tu as rendez-vous, ce  11 août 1916, avec tes copains de toujours. Il y a  Joseph Félicien Bellon -qui sera plusieurs fois cité pour son courage et sera nommé sergent-, il y a aussi Roland Félix Bourlier et Roger Dauvergne qui sera aussi remarqué et nommé Caporal.
Vous êtes si fiers, si sûrs de vous, emplis d’ardeur et de fraîcheur, la fougue de votre jeunesse fait tant plaisir à voir que vos parents n’osent certainement pas montrer leurs craintes… Mais quelle part de fanfaronnade y-a-t-il dans votre comportement ? Vous-êtes tous si jeunes !
Oh vous allez en avoir des honneurs ! Que de gloire, trop souvent posthume !



André Levaltier est aussi de la partie, il n’est pas né à Limay mais à Pont-L’Evêque dans le Calvados, tu ne le connais pas très bien, il est arrivé le 12 janvier 1914, lorsque son père, Auguste Paul Emile, a été nommé juge de paix à Limay en plus, il fréquente le lycée… Il n’est pas bien costaud le fils Levaltier avec sa taille d’un mètre cinquante-six, ses cheveux châtains, ses yeux d’un bleu jaunâtre, son petit nez, sa petite bouche, ses lèvres fines, son menton à fossette et sa peau pâle qui contraste tant avec le teint coloré que tu arbores été comme hiver, comme tes camarades… ce n’est pas pour rien que l’Armée lui a trouvé une certaine « faiblesse » mais bon, on a besoin de lui alors, le voici tout de même, peut-être justement grâce à sa taille- chasseur de 2e classe au 12e Bataillon de Chasseur à Pied (B.C.P) et il se sent bien à l’Armée… tellement bien qu’il sera nommé Caporal le 1er mars 1917 et très rapidement, le 1er mai suivant, il passera Sergent et dans la foulée, le même jour en fait, il sera nommé Aspirant après, semble-t-il, avoir fréquenté le centre d’instruction -qui restera très célèbre- de Saint-Maixent. Il passera au 64e B.C.P le 25 mai 1918 et sera promu sous-lieutenant, à titre temporaire, le 30 août 1918… Il faut que tu saches qu’il en avait déjà assumé les responsabilités :  « Au cours des combats du 07 novembre 1917 a pris le commandement de sa section après la mort de son sous-lieutenant, l’a entraînée jusqu’à 50 m au-delà de son objectif et fait preuve pendant l’attaque d’une connaissance profonde de ses devoirs et d’un courage qu’il a communiqué à tous ses hommes, a ensuite organisé la position conquise. » [Citation à l’ordre du 33e Corps d’Armée n° 157 du 13/11/1917] Croix de guerre – étoile d’argent. 
Ce ne sera pas la seule fois où il va se distinguer, surtout en septembre 1918, où il se trouvera dans l’Aisne, comme, par exemple, le 06 où dès la pointe du jour, les chasseurs vont tenter de s’approcher jusqu’à la bonne distance qui leur permettra de bondir d’un saut… seulement voilà, les boyaux, s’ils ne sont pas effondrés, ont été comblés de fils de fer  que les chasseurs devront hisser avec les fusils, sans mettre le nez dehors et ils réussiront presque à cerner l’ennemi qui portant ne tentera pas de fuir et même se battra désespérément car il aura un avantage de taille, celui de la connaissance du terrain et il pourra se défendre jusqu’au bout car il sait que si sa situation devenait mauvaise, il pourra s’échapper par les galeries qu’il connaît parfaitement…  Le claquement sec des balles rappellera aux Chasseurs qu’il ne faut pas se découvrir de trop et ils continueront leur progression la tête au ras du sol, le casque recouvert de feuilles et d’herbes pour se fondre dans le paysage… puis, immobiles, silencieux, ils guetteront, attendant le moment… Un Boche perdra patience, se lèvera un pistolet à la main pour lancer une fusée… il n’aura même pas le temps de comprendre… trois détonations et le voilà par terre… devancé par les Chasseurs… c’était un officier… Un autre Boche se mettra à genoux, épaulera un fusil… mais le Chasseur qui répond au nom de Baudoin le verra et, plus rapide, tirera le premier… l’ennemi tombera face contre terre… Avant le soir, on comptera 5 ou 6 Boches tomber grièvement blessés… l’ennemi devient moins agressif… C’est alors que le sous-lieutenant Levaltier jugera que l’instant est venu… d’un bond en avant il se portera à l’assaut avec une poignée d’hommes  mais l’ennemi, jugeant la situation périlleuse, lui glissera entre les doigts… se faufilant dans les galeries souterraines pour lui tenir à nouveau tête dans un coin du boyau qui lui est si familier… pourtant, il faut récupérer le Chasseur blessé gisant entre les deux groupes… dans une unité parfaite, une folle pétarade va s’amorcer… les fusils des hommes, les revolvers des officiers forceront l’ennemi,  pendant une seconde, à baisser la tête… cela suffira pour que le blessé soit enlevé à la « barbe des Boches » Ensuite, dans la nuit du 13 au 14 de ce terrible mois de septembre 1918, le sous-lieutenant Levaltier prendra ses dispositifs en vue de l’attaque du 14 où l’heure H est fixée à 5 h 50 mais dès avant cette heure, l’artillerie ennemie déclenchera une violente C.P.O. (Contre Préparation Offensive) dans laquelle entrera une forte proportion de toxiques… Le ravin de Vauxaillon sera submergé par les gaz incommodant fortement les troupes d’attaques ce qui donnera l’avantage aux mitrailleuses ennemies qui, toujours avant l’heure H, profiteront de la faiblesse des attaquants français pour les inonder de balles, la manœuvre prévue est donc impossible à réaliser et il faudra attendre 16 heures pour recommencer l’opération… Le Boche sera alors parfaitement calme… trop peut être… jusqu’au moment où la compagnie de tête des Français jaillira… les Boches déclencheront aussitôt une formidable mousqueterie et un tir de mitrailleuses d’une redoutable efficacité… le sous-lieutenant Levaltier, toujours à la tête de ses hommes, commandant la 1ère ligne, sera tué net !

« Jeune officier d’une bravoure et d’un entrain superbes. Après avoir fait preuve une fois de plus de ses belles qualités de chef à l’attaque du 02 septembre 1918 a réalisé, le 06 septembre, dans des circonstances difficiles et au prix d’un long et âpre combat à la grenade, l’enlèvement d’un nid de
résistance défendu par un ennemi tenace et résolu » [Citation à l’Ordre de l’Armée - J. O. du 21 mars 1919]
« Cœur ardent, rempli des plus magnifiques sentiments de devoir et de sacrifice. Tombé héroïquement, le 14 septembre 1918, à la tête de son peloton qu’il enlevait à l’assaut de puissantes organisations ennemies, sous un feu violent d’artillerie et de mitrailleuses. Aimé et estimé de ses chefs comme de ses hommes, laisse à sa Compagnie un souvenir ineffaçable que gardent précieusement tous ceux qui l’ont connu » [Citation à l’Ordre de l’Armée – J. O. du 20 mars 1919]
Son nom figure sur le monument aux Morts et sur la plaque commémorative de l’église Saint-Aubin de Limay mais aussi sur celle de l’église d’Isigny-sur-Mer d’où sont originaires ses parents et où ils sont toujours propriétaires à la date du décès de leur fils, de celle de la mairie et celle du lycée Malherbe à Caen où il avait été élève et titulaire d’une bourse nationale d’internat de 300 F qui lui avait été accordée en février 1913.
Ah jeune Henri ! Il y a si peu de temps, tu n’étais qu’un enfant et pourtant, ce 11 août 1916, tu te retrouves soldat de 2e classe au sein du 21e Régiment d’Infanterie Coloniale ; comme tu as fière allure du haut de ton mètre soixante-cinq, comme tu respires la santé et la jeunesse avec ton teint coloré, ta petite bouche aux lèvres minces, ton menton à fossette, ton front moyen, ton nez rectiligne et tes yeux de velours marron assortis au châtain de ta chevelure. Plein de fougue et d’entrain, la mort n’étant encore pour toi -malgré les trop nombreux avis de décès qui arrivent à Limay- qu’une notion abstraite, tu as hâte d’en découdre avec l’ennemi et tu t’imagines, héros magnifique, boutant hors de France l’envahisseur…  Ah Henri, comme ces beaux sentiments qui t’animent ressemblent à ceux de ces pauvres garçons de ton âge Morts pour la France dont nous venons de parler ! Crois-moi, tu ne vas pas démériter et tu vas te retrouver, au cœur des plus meurtrières batailles, dans certains lieux dont nous avons déjà parlé comme le trop tristement célèbre Chemin
des Dames où tu te trouveras en octobre 1917, ce mois qui va marquer terriblement tes parents, tes jeunes frères et sœurs et toute ta famille ainsi que vos amis et voisins. Ton frère Félix Désiré qui voulait toujours copier tout ce que tu faisais lorsque vous étiez enfants se hissant sur la pointe des pieds pour démontrer qu’il était aussi grand et donc capable de faire les mêmes choses que toi… Félix vient de récidiver, bien malgré lui peut-être… l’Armée l’a appelé et, comme toi, il est maintenant  soldat malgré les cinq centimètres qui lui manquent encore pour être à ta hauteur… tu te souviens de son visage allongé qui ressemble au tien mais aussi de ses yeux d’un marron aussi foncé que le châtain de ses cheveux, de sa grande bouche qui se ferme sur de minces lèvres, de son menton saillant et surtout de son nez tordu à gauche et des cicatrices sous son œil droit et celles qu’il arbore au front du côté gauche mais tu ne te souviens même plus comment il avait réussi à s’amocher ainsi.  Félix est incorporé dès le 16 avril 1917 au 8e Régiment de Chasseurs à Cheval mais l’aventure ne commence pas trop bien pour lui… pourtant, comme toi, il est empli d’ardeur et de courage…oui mais il a quelques problèmes de santé et il doit se présenter, dès le 11 juin suivant son incorporation devant la commission de réforme d’Orléans qui décide qu’il doit être changé d’arme pour « varices énormes » et qui propose qu’il soit passé à l’artillerie de campagne mais bon, il faudra attendre le 20 septembre suivant pour qu’il soit incorporé au 81e Régiment d’Artillerie Lourde à Tracteurs ; décidément, ton jeune frère n’est vraiment pas fait pour l’armée car voilà maintenant qu’il se plaint d’avoir mal aux dents mais bon, personne ne s’inquiète vraiment… sauf que, dans le courant de ce maudit mois d’octobre 1917, le pauvre Félix présente des signes visiblement anormaux d’essoufflement et il devient urgent de l’évacuer… 
Il est accueilli à l’hôpital annexe installé dans l’école Saint-Nicolas à Issy-les-Moulineaux dans le
département de la Seine ; tes parents ont été prévenus de l’hospitalisation en région parisienne de ton jeune frère, les médecins sont impuissants… une gangrène consécutive à un abcès dentaire est en train de lui détruire les poumons… Votre père -peut-être votre mère l’a-t-elle accompagné mais je ne pourrais jamais le savoir- a pu se déplacer et peut-être apporter un peu de réconfort au malheureux Félix en l’assistant jusqu’à ce que la vie s’échappe de son corps meurtri tant et si bien que c’est votre père qui se rend à la mairie d’Issy pour déclarer que son fils est décédé ce 24 octobre 1917 ; il ramène ton frère à Limay pour qu’il puisse reposer en paix pour l’éternité au plus près de sa famille, il est solennellement, respectueusement, tendrement allongé dans le cercueil placé au fond de la tombe 573 du carré militaire du cimetière du village. 



Ton père qui, en fait, est resté au service de la France en étant poseur au chemin de fer, s’occupe de tout régler et c’est ainsi que le décès du trop jeune Félix est transcrit dès le lendemain dans les registres de la mairie de Limay mais il faudra attendre des années, jusqu’au 23 novembre 1941, pour que la mention Mort pour la France soit apposée en marge de son acte de décès, document qui nous  précise que le jeune soldat était affecté au service automobiles de l’armée avec la charge de transporter soit le personnel soit le matériel.
Quand on y regarde de près on constate que la classe de ton frère ne comporte que peu de membres à Limay, il y a Charles Marcel Eugène Petit qui s’est engagé volontaire pour quatre ans au titre du 103e R.A.L à la mairie de Limay dès le 21 mars 1917, il y a aussi Pierre Alphonse Pierron qui a été incorporé, en même temps que Félix, mais au 1er de Zouaves mais même avant la guerre il ne faisait plus que de brefs séjours à Limay, préférant vivre à la capitale ou il était employé de commerce ceci dit, il va revenir dans le giron familial au 7 boulevard Adolphe Langlois lorsque l’Armée, dès le 04 mai 1917, le réformera après qu’un examen radiologique ait révélé une insuffisance aortique et un cœur anormalement volumineux… mais qui aurait pu penser qu’il a ce problème lui, si élégant avec son mètre soixante-dix-huit et ses cheveux blonds qui mettent en valeur le bleu de ses yeux ? L’Armée n’a jamais voulu de Marcel Jules Havard, jugé trop faible avec son manque de développement thoracique et son insuffisance musculaire… bon d’accord, le fils Havard n’a pas un physique d’athlète mais cela ne l’a jamais empêché d’exercer son métier de tourneur sur métaux et je vais te dire quelque chose que personne ne sait encore… il va vivre jusqu’à 82 ans ! Le jeune Raymond Auguste Dret partira pour l’armée en même temps que ce pauvre Félix et il deviendra matelot après avoir rejoint le 3e dépôt des équipages de la flotte et comme il n’était pas marin, c’est certainement en raison de son métier de tourneur sur cuivre qu’il a été dirigé vers cette spécialité ; Edouard Alfred Pilleux partira rejoindre le 26e R.A.C quelques jours plus tard, le 1er mai 1917 et non, le camarade de classe de ton frère, René Vicq, devenu mécanicien chauffeur, ne sera jamais soldat pourtant oui, il s’est bien fait inscrire sur les listes de recensement militaire mais il y a une particularité de taille sur sa fiche matricule, il est noté qu’il a un -ou les- bras et la jambe gauche cassés et je regrette de devoir t’annoncer qu’il est décédé le 05 février 1917 mais je ne peux pas t’affirmer que ce soit suite à ses blessures pas plus que je ne peux te raconter les circonstances de l’accident qui lui  a brisé les membres. 
Il ne faut pas oublier Henri Armand Jules Chartier qui est né le 24 novembre 1898 à Magny-en-Vexin mais qui est arrivé à Limay avec ses parents, Jean Victor et Marcelline Aimée Anaïs Masson, il y a peu de temps. Comme le tien, son père a été rappelé pourtant, il avait été réformé en 1896 pour bronchite chronique mais cette fois il a été retenu en étant cependant classé, le 05 décembre 1914, au service auxiliaire, il s’est donc retrouvé enrôlé à la 22e section des Commis et Ouvriers d’Administration (C.O.A ) mais il a finalement été une nouvelle fois réformé et renvoyé dans ses foyers le 24 décembre 1915 pour… bronchite chronique… il finira même, son état de santé s’aggravant, par être proposé pour une pension d’invalidité.



Son fils Henri est parti le même jour que ton frère Félix, il a rejoint le 24e R.I, le 1er février 1918 il passera au 36e R.I pour se retrouver soldat du 23e R.I à partir du 02 juin 1918. Il connaîtra les terribles combats dans le secteur de Saint-Jans-Cappel dans le Nord jusqu’à ce que le 23e R.I soit relevé, le 08 juillet 1918,  par les Britanniques pour enfin prendre un peu de repos dans la région de Creil-Senlis à partir du 11 juillet et surtout, grand luxe, le soldat Chartier pourra prendre une douche le 12 ou le 13 juillet mais dans l’après-midi du 14 juillet, le 23e R.I recevra l’ordre de se tenir prêt à faire mouvement dans la soirée. De nuit, le soldat Chartier et tous les hommes du 23e R.I se rendront  à Mont-l’Evêque dans l’Oise où ils arriveront vers 5 h 30 le matin du 15 juillet,  ils embarqueront dans des camions qui vont les transporter ainsi qu’un important matériel dont des voiturettes de liaison, un canon et des mortiers, dans la région de Villers-Cotterêts dans l’Aisne et arriveront sur place le 16 juillet ; ils ont été chargés de relever le 168e R.I. dans la région de Faverolles toujours dans l’Aisne. Dans la nuit du 17 au 18 juillet Henri Chartier et les autres soldats du 23e R.I. mettront en place le dispositif d’attaque au travers une épaisse forêt qu’il sera malheureusement impossible de reconnaître faute de temps et la mise en route se fera donc sur ce terrain inconnu, par une nuit très noire et sous une pluie battante… trouver le bon chemin constituera déjà un problème des plus ardus à résoudre mais la fougue et la bonne volonté de tous viendront à bout de chaque difficulté. Au signal donné par le déclenchement du barrage roulant, Henri Chartier et tous les autres, collant aux obus, s’élanceront pour franchir la Savière, rivière aux bras multiples sur laquelle les hommes du Génie n’ont pu lancer qu’une seule passerelle qui va s’effondrer aux passages des premiers éléments… qu’à cela ne tienne ! Les chefs de colonne, suivis par tous leurs hommes, se jetteront dans l’eau profonde et froide et franchiront héroïquement les trois bras de la rivière sous le feu de l’ennemi, entonnant à pleins poumons, la « Madelon » Ruisselants, aveuglés par la fumée des fumigènes, les bataillons de ligne, dans un élan formidable, tomberont sur l’ennemi pris de court, progresseront rapidement jusqu’à voir l’objectif, le village d’Ancienville dont l’attaque sera immédiatement entreprise ! Les lignes ennemies, malgré une défense acharnée, seront disloquées, de nombreux prisonniers seront faits et un matériel important confisqué… « le moral du 23e est violemment surexcité car chacun comprend que les rôles sont en train de s’intervertir et que la Victoire vient d’ouvrir ses ailes » [Extrait de l’historique du 23e R.I] Les pertes seront également bien lourdes puisqu’il faudra comptabiliser 119 blessés dont 7 officiers, 8 disparus, 2 officiers tués ainsi que 34 hommes de troupe tués dont le matricule 20 521, le soldat de 2e classe Henri Chartier, Mort pour la France !

 « Jeune soldat de la classe 1918, courageux et plein d’entrain. Tombé glorieusement au  cours de l’assaut d’Ancienville, le 18 juillet 1918 » Croix de Guerre avec étoile d’argent [J.O. du 22 octobre 1920]

Je dois te dire Henri, que le jeune Chartier que vous ne connaissiez pas bien repose pour l’éternité dans la tombe 572 du carré militaire de Limay et que son nom est gravé sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative de l’église Saint-Aubin.

Certains sont peut-être en train de penser que je t’aie oublié… mais il n’en est rien… pendant le temps où je parle des autres, tu n’es pas au front. Après quelques jours de repos au début du mois de septembre, tu te trouves en 1ère ligne dans le secteur d’Hurtebise, là même où le jeune soldat Auffret est tombé le 02 septembre dernier. Une lutte d’usure se poursuit, l’artillerie et l’aviation ennemies ne laissent aucun répit pourtant, les 1ères lignes du 21e R.I.C repoussent à chaque fois les continuelles attaques de l’infanterie allemande. Les pauvres hommes des compagnies sénégalaises souffrent particulièrement du froid surtout ceux qui, faute de tranchées, doivent se terrer dans les trous d’obus emplis de malsaine bourbe froide ; il est donc décidé de retirer ces compagnies éprouvées des lignes et c’est ainsi que le 62e B.T.S (Bataillon de Tirailleurs Sénégalais) qui avait toujours fait preuve du plus beau courage aux côtés du 21e R.I.C le quitte. Et voilà que dans la nuit du 20 au 21 octobre, le 21e R.I.C est surpris par un violent bombardement et une pluie d’obus  toxiques s’abat tant sur les lignes que sur les arrières… Hommes et officiers sont atteints mais, bien que souffrant parfois de brûlures assez graves, beaucoup sont soignés sur place, seulement quelques évacuations sont nécessaires mais aucun décès n’est à déplorer. Cependant l’ennemi ne vous laisse aucun répit et réitère le bombardement toxique… cette fois, tu n’es pas épargné et tu dois être évacué, blessé dans le secteur de Vassogne… le 24 octobre… le jour même où ton pauvre frère Félix, a rendu l’âme ! Maudit mois d’octobre 1917 ! Je ne sais pas où tu as été remis sur pieds et je me demande si tes parents ont eu l’occasion de te rendre visite mais, enfin guéri, tu rejoins l’armée ce 26 novembre de cette même année 1917.
Ta vie de soldat suit son cours et je n’ai pas le temps de t’accompagner pas à pas alors je me contente de te
retrouver en avril 1918 dans la Marne où, durant tout le mois, Reims est violemment bombardé, les obus toxiques mais surtout incendiaires qui sont dirigés en nombre sur la cathédrale et les principaux quartiers de la ville, provoquent incendie sur incendie, ravagent et tuent. En mai, le secteur où tu te trouves avec le 21e R.I.C est assez calme, l’ennemi semble porter son effort de destruction sur le nord de Reims. Mais le 26 de ce mois de mai, les terribles tirs de l’artillerie allemande sur les arrières du sud-est de Reims, les renseignements obtenus auprès de prisonniers… font présager une formidable attaque…  et c’est en effet le départ de la ruée allemande sur le Chemin des Dames et la marne, entre Reims et Soissons. Il faut reconnaître que tu te trouves, comme tous tes camarades, à la peine… le front est rompu le 27 mai et l’ennemi réussi à engouffrer dans la brèche des forces considérables et, balayant tout sur son passage, progresse tant qu’il menace de déborder Reims par le sud-ouest. Le commandement est obligé de jeter dans le combat toutes les réserves du 1er C.A.C (Corps d’Armée Colonial) Le 28 mai, à 6 heures, le premier bataillon du 21e R.I.C débarque à Gueux à 10 km de Reims au son du canon allemand… le front a été enfoncé au Chemin des Dames, l’ennemi a franchi l’Aisne : la ville de Fismes est prise ; le 21e R.I.C doit se porter au secours d’une division anglaise en retraite et barrer la rivière de la Vesle sur un front de plusieurs kilomètres…

A 17 heures, c’est le contact avec l’ennemi dont la pression s’accentue rapidement… dans la nuit, il est donné l’ordre de replier le bataillon derrière la Vesle et d’en interdire le passage ; ce mouvement, rendu très périlleux par les continuels assauts allemands, ne se terminera que le 29 au petit matin… Presque cernés les hommes réussissent cependant à se dégager en franchissant les marais… six voiturettes de mitrailleuses et leurs conducteurs restent embourbés… l’ennemi attaque à toute force avec une supériorité numérique écrasante… le bataillon de droite doit se replier… les Anglais plient à la gauche du 21e R.I.C et l’ennemi se précipite par la brèche ainsi ouverte… débordé sur ses deux flans, pris en écharpe par de meurtriers feux, les hommes réussissent à se dégager et occupent la lisière du bois mais le 30 au petit jour, le 21e R.I.C est à nouveau débordé par l’ennemi qui engage ses réserves… la pression s’accentue… il faut se rabattre sur le village de Genwigny…   A droite, la compagnie Bernard combat avec rage mais est sur le point d’être prise lorsque le lieutenant Girard, qui se repliait, arrête audacieusement une de ses sections de mitrailleuses qu’il met en batteries, immobilisant un moment par son tir imprévu et précis les colonnes ennemies ; le soldat Astolfi, grièvement blessé au ventre, refuse d’être emporté et s’écrie « Laissez-moi ! On ne meurt pas ainsi, donnez-moi un mousqueton, je veux encore tuer un Boche avant de partir »… la compagnie Grenier, dont le chef vient d’être blessé, fait un véritable massacre dans les colonnes ennemies qui continuent cependant à progresser et qui attaquent violemment le 24e R.I.C sur la gauche du 21e R.I.C et avec une redoutable violence, oblige le 90e territorial, sur la droite du 21e, à se replier… la situation rend le recul du 21e obligatoire… Le 31 au matin, un violent bombardement de l’artillerie allemande provoque, enfin, une énergique riposte de l’artillerie alliée… l’attaque ne se produit que l’après-midi et porte tous ses efforts sur la cote 240 que le 2e bataillon d’Afrique perd à 16 heures pour la reconquérir à 20 heures dans une magnifique contre-attaque… le 21e R.I.C reste fermement accroché au terrain, infligeant de sérieuses pertes à l’ennemie qui, enfin, épuisé par cette opiniâtre résistance, hésite. Les forces françaises se resserrent, son organisation défensive s’améliore… la position est maintenant solide et résistera désormais à tous les efforts de l’ennemi qui, le 1er juin au soir, attaquera à nouveau après avoir déclenché dans la journée deux bombardements d’une extrême violence qui ne causera que peu de pertes car les hommes ont finalement réussi à s’enterrer. Le 02 juin à 2 heures, le 6e Tirailleurs vient enfin relever les hommes du 21e R.I.C dont les pertes pour ces jours meurtriers s’élèvent à 200 tués, blessés ou disparus dont cinq officiers. « Quelque pénible qu’ait été l’épreuve, le moral est demeuré haut et ferme et le résultat du formidable effort fourni pendant ces cinq jours de combat est d’importance. La cote 240, dont la conservation assure la couverture ouest de Reims est, en effet, le premier point où soit enrayée la marche victorieuse des armées allemandes venant du Chemin des Dames » [Historique du 21e R.I.C]
Parti chiot fou de Limay, dans les éclaboussures de boue et de sang, dans le vacarme effroyable et les fumées asphyxiantes des armes de destruction du Chemin des Dames, bien plus que le héros dont tu rêvais, tu te révèles un homme courageux et plein de sang-froid et ta bravoure, ton calme et tes actions généreuses ne pourront qu’être récompensés : « Soldat plein de calme et d’entrain s’est distingué dans la journée du 30 mai 1918 en sauvant plusieurs de ses camarades enlisés dans les marais »  Croix de guerre avec étoile de bronze – Ordre de la Brigade n° 133 du 11 juin 1918.
Avec le temps qui passe, tu deviens un soldat aguerri sans pour autant perdre le dynamisme de ta jeunesse et à l’automne 1918, au sein de ce 21e R.I.C qui est devenu ta seconde famille, tu te retrouves pris dans les brutaux combats désespérés du secteur de Bazancourt, petite ville qui souffre de l’occupation depuis quatre longues années. Après de nombreux et terribles  contacts avec l’ennemi, les armées allemandes commencent leur mouvement de retraite, ce 05 octobre 1918, vers la rivière la Suippe… aussitôt, les Français, dans un superbe élan, débutent la poursuite mais les reconnaissances vers le cours d’eau sont accueillies par des tirs fournis d’artillerie unie pour l’occasion à ceux des mitrailleuses car l’ennemi est farouchement accroché à la ligne d’eau… Fièrement, refusant de voir le danger, les bataillons Duclos et Diverrès, sous un feu qui devrait pourtant les impressionner, foncent sur Bazancourt qui est enlevé de haute lutte par le 5e B.T.S pendant que le bataillon Duclos vient occuper le terrain de la Suippe…
mais l’ennemi vient de se ressaisir et, dans la soirée, avec l’énergie du désespoir, lance une furieuse contre-attaque et reprend Bazancourt, en forçant Duclos à abandonner la Suippe après un violent corps à corps… un lieutenant est tué, immédiatement remplacé par un vaillant sergent qui tombe à son tour, un autre sergent prend le commandement en criant à l’ennemi « Vous ne passerez pas !»… Toute la section se fait massacrer en contenant l’ennemi qui avait commencé à s’infiltrer partout, menaçant sérieusement de déborder la droite du 21e R.I.C… Aidé du sergent Mantois, le lieutenant Lacombe arrête sa section au cri de « On reste ici, personne en arrière ! »… Mais, malgré cette héroïque défense, il faut céder du terrain et reconnaître que les pertes s’aggravent… La section Jacquemont se fait massacrer sans lâcher un centimètre carré de sol français si durement reconquis ; le lieutenant tombe, les deux jambes brisées mais refuse d’être emporté « Laissez-moi. Je mourrais heureux, puisque je suis tombé à la limite des Ardennes », il est effectivement originaire de Mézières où ses parents vivent encore. Les bataillons, très éprouvés, se reforment tant bien que mal mais la nuit du 06 au 07 est marquée par l’extrême violence désespérée de l’artillerie ennemie et notamment par un bombardement toxique dirigé contre le bataillon Duclos qui réussit cependant, le 07 au matin, à repousser la contre-attaque qui tentait de le rejeter au-delà des bois qu’il est bien décidé à ne pas perdre. A 16 h 30, un bataillon du 21e R.I.C -renforcé par la 1ere compagnie du capitaine Feltz et d’hommes du 5e B.T.S- renouvelle l’attaque sur Bazancourt pendant que le bataillon Duclos, sur la droite, attaque vers la Suippe en même temps qu’à gauche, la 3e compagnie sénégalaise progresse dans les boyaux… Sous un tir de barrage particulièrement meurtrier mais avec la volonté farouche de gagner, les compagnies d’assaut prennent pied dans Bazancourt où le violent combat se poursuit, dans les rues ravagées,  à la grenade. A 19 heures, le village est reconquis et organise défensivement la voie ferrée derrière laquelle l’ennemi a été refoulé…
Tu es blessé, grièvement blessé, mortellement blessé ce 07 octobre 1918 à Bazancourt… Mort pour la France !
« Soldat de 1ere classe, excellent soldat qui s’est vaillamment conduit sur le champ de bataille. Grièvement blessé le 07 octobre 1918 à Bazancourt (Marne) est mort des suites de ses blessures. A été cité » 
 Médaille militaire… à titre posthume. [J. O. du 31 octobre 1919]


Ton nom figure pour toujours sur le monument aux morts de Limay ainsi que sur la plaque commémorative de son église ; tes parents ont fait inscrire ton nom dans la pierre de la tombe 573 du carré militaire du cimetière de Limay, celle de ton jeune frère Félix, afin que vous soyez réunis pour l’éternité. 


Et il faut aussi que tu saches Henri que les actuels habitants de Bazancourt se souviennent encore et se souviendront toujours que c’est grâce à toi et à tous les vaillants soldats du 21e R.I.C qu’ils ont été enfin libérés, le 10 octobre 1918 du joug de l’occupation allemande.






Catherine Livet

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Le texte que vous venez de lire est un extrait de "Les Poilus de Limay" sortent de l'ombre

Sources, bibliographie :  Archives des Yvelines, Archives de l'Eure, Site "Mémoire des Hommes", Gallica,
Archives du Calvados ; Archives de la Marne ;  Archives nationales ; Historiques des Régiments de 14-18.
Archives privées, Histoire de Limay d'Edouard Fosse, A nos Poilus et Mes aïeux dans les Yvelines - Catherine Livet

4 commentaires:

  1. Merci pour la lecture et le commentaire

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  2. Félicitations, merci de sortir de l'oublie ces hommes courageux.

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    1. Merci Beaucoup pour votre commentaire et votre lecture. Il y a longtemps que je travaille sur ce projet qui va enfin se concrétiser prochainement

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Merci pour cette lecture.
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