Pour lire le début : François Jean-Baptiste Grosvalet, Mort pour la France !
Comme nous l’avons constaté dans
les deux premières parties de ce récit qui parlent de François Jean-Baptiste
Grosvalet, chaque famille française — pas que bien sûr, mais c’est un autre sujet – a été impliquée dans ce conflit, chaque ville, chaque village a vu ses
habitants masculins partir à la guerre… les civils se sont mobilisés aux
services des blessés ; des lieux publics, mais aussi des bâtiments privés
ont été transformés en hôpitaux, des femmes sont allé suivre des formations
auprès de la Croix Rouge pour devenir infirmières, etc. Il paraît que plus de 10
000 hôpitaux auxiliaires ont vu le jour à travers la France et Limay, bourgade
de moins de 2 000 âmes en 1914 a eu le sien, le n° 176. Il est né de la volonté
du médecin, le docteur Léon Vinaver, qui est aussi un homme politique local
puisqu’il représente le canton de Limay au Conseil Général depuis quelques
années déjà et ceux de mes lecteurs qui seraient plus intéressés par le côté
radical-socialiste du bon docteur Vinaver, peuvent en savoir beaucoup plus en
consultant la presse spécialisée de l’époque comme « La Lettre Sociale de
Seine et Oise », « La Démocrate : organe des républicains
radicaux et radicaux socialistes », « La Croix », etc. Il
est peut-être même plus qu’une figure locale, puisqu’on retrouve, par exemple,
le docteur Vinaver à l’exposition universelle de 1900 au congrès international
d’assistance publique et de bienfaisance privée, tenue du 30 juillet au 05 août
de cette année 1900 auquel il participe activement malgré le fait que, quelques
jours plus tôt, le 06 juillet, Stanislas Vinaver, étudiant en médecine de 25
ans, son jeune frère, est décédé chez lui à Limay ; il reçoit une
médaille d’argent, décoration honorifique, qui lui est décernée par décision
ministérielle du 13 décembre 1909 pour les soins et les médicaments qu’il donne
gratuitement, depuis plus de 20 ans, aux militaires de la gendarmerie ; on
le retrouve également dans les journaux de l’époque auprès d’accidentés du
travail, de victimes de mort plus ou moins suspecte, etc.
Le docteur Vinaver n’est pourtant pas un
enfant du pays, loin de là… il est né le 05 août 1861 à Varsovie en Pologne — le
pourquoi et le comment de l’implantation d’un ressortissant polonais à Limay
relèvent d’une autre histoire – et n’a été naturalisé que le 14 juillet 1900,
par décret ; il ne fait donc pas de service militaire pendant sa jeunesse
et est directement affecté au 18ᵉ Régiment Territorial d’Infanterie
comme soldat de 2ᵉ classe, il est d’ailleurs passé dès le 1ᵉʳ
novembre 1901 dans la réserve de l’armée territoriale et est totalement libéré
de ses obligations militaires le 1ᵉʳ novembre 1907 alors… en 1914…
il a largement dépassé l’âge d’aller se battre pour la France… Ce qui n’est pas le cas de son frère Michel,
né le 26 février 1873 à Varsovie et qui est devenu Français par décret du 25
mars 1906, qui n’a pas fait de service militaire puisqu’il avait plus de 27 ans
lorsqu’il est devenu Français, mais qui est, lors de la mobilisation
générale, médecin aide major de 1ʳᵉ
classe de réserve depuis le 29 décembre 1913 ; rappelé à l’activité, il
est pourtant très rapidement rayé des
cadres par décision du 1ᵉʳ octobre 1914 pour troubles cérébraux et sera réformé le 24 novembre 1915 pour
le même motif par la commission spéciale de la Seine, il décèdera le 05 janvier
1920 à l’hôpital Tenon dans le 20ᵉ, arrondissement de la capitale
dans lequel il habitait avec son épouse, Marie Magdeleine Virginie Bellon, au
86 rue des Pyrénées. Le docteur Vinaver ne peut donc pas compter sur ses frères
pour l’aider dans son projet d’hôpital auxiliaire en revanche, il n’a pas de
mal à convaincre la municipalité de mettre à la disposition de l’équipe
médicale le gymnase tout neuf et reçoit les aides financières dont il a besoin
pour le fonctionnement de cet hôpital qui dépend du Gouvernement Militaire de
Paris et se trouve sous la garde de l’Union des Femmes de France (U.F.F), l’une
des trois branches composant la Croix Rouge. Cet hôpital auxiliaire n° 176 est
si réellement né de la volonté du docteur Vinaver qu’il est répertorié sous le
nom de « Hôpital cantonal Vinaver, à Limay », cet hôpital,
fonctionnel dès le 11 octobre 1914, restera actif jusqu’au 24 mai 1919 et
comportera une bonne quarantaine de lits. Il paraît que le docteur Vinaver
serait secondé par son épouse Emilie, c’est fort possible, mais surtout, il est
entouré des infirmières dévouées qui s’activent autours de nos soldats en leur
apportant des soins médicaux et physiques bien entendu, mais aussi en leur
apportant leur vitalité et leur réconfort…
Cet été 1918, lorsque François
Jean-Baptiste Grosvalet est admis à l’hôpital auxiliaire n° 176, il est certain
qu’il reconnaît le docteur Vinaver et qu’il en va peut-être de même pour ce
dernier, il est même probable que notre malade connaisse également les dames
infirmières qui prennent soin de lui… sa famille, même si elle n’a peut-être
pas été informée officiellement de son arrivée à l’hôpital de Limay est
obligatoirement au courant de sa présence ; ses proches ont dû se rendre à
son chevet ; sa mère, Virginia Edwards et ses sœurs, Virginie Marie
Grosvalet et Marie Moussard qui est venue se réfugier avec sa petite fille
Dolly auprès de leurs parents lui ont certainement rendu visite comme
ses cousins de Follainville mais, s’il ne le savait pas encore, François Jean-Baptiste
aura la douleur d’apprendre que son beau-père, celui qui l’a élevé et que nous
pouvons considérer comme son père, est décédé au tout début de l’été, le 25
juin dernier… et c’est certainement entouré des siens que François
Jean-Baptiste Grosvalet s’éteint le 04 août 1918, vaincu, après des années de
lutte contre la maladie, par une pneumonie infectieuse qu’il a contractée en
service… Mort pour la France !
Photo
de Mme Marie-Josée Rade
(Sophronie sur Geneanet)
|
Je n’ai pas eu le bonheur de
faire la connaissance d’un éventuel enfant né du mariage de François
Jean-Baptiste Grosvalet et j’ai perdu de vue son épouse Marie Augustine Lecul.
Sa sœur, Maria Moussard, veuve Duvivier, épousera le 28
décembre 1922, toujours à Limay, Gaston Auguste Faury.
Sa nièce Dolly Duvivier, née le
26 juillet 1914, sera adoptée par la Nation par jugement du tribunal civil de
Mantes sur Seine le 22 mai 1919. Elle
se mariera à Colombes dans les Hauts-de-Seine, aura des enfants… reviendra dans
la région et… rejoindra ses grands-parents, Léonce Moussard et Virginia Edwards
dans le tombeau familial qui se trouve dans le cimetière de Follainville dans
les Yvelines, terre d’attache de Léonce Moussard, pierre angulaire de la
famille jusque dans l’au-delà.
Le docteur Vinaver, toujours
conseiller général, décèdera subitement le 31 mai 1927, il sera inhumé le 03
juin suivant à Limay.
Le maire, également notaire, de
Limay, Emile Prunet, capitaine de la territoriale depuis le 07 mars 1915 a dû
supporter deux blessures durant ce conflit, il a été cité et décoré de la croix
de guerre avec étoile de bronze ; à la fin de la guerre, il retrouve, bien
entendu, son foyer au 23 rue de Paris à Limay ; il décèdera en 1934 âgé
d’environ 56 ans.
Sur dix soldats morts à Limay, six — dont François Jean-Baptiste Grosvalet – sont décédés à l’hôpital Vinaver
des suites de maladies, un seul d’entre eux n’a pas la mention Mort pour la
France ; sur les quatre autres soldats décédés à Limay mais en dehors de l'hôpital, deux n’ont pas la
mention Mort pour la France, le premier, Eugène Georges Chatain, parce qu’on ne
sait pas vraiment de quoi il est mort puisque son corps a été trouvé sans vie
dans la Seine et le second, Germain Auguste Paul Després, parce qu’il s’est
suicidé. Cinquante hommes nés à Limay sont Morts pour la France lors de la
grande guerre et soixante-deux décès ont été retranscrits sur les registres de
Limay…
Le nom de François Jean-Baptiste
Grosvalet et celui de son beau-frère Albert Julien Toussaint Duvivier côtoient
les 85 autres noms qui ont été gravés pour l’éternité sur une plaque
commémorative conservée pieusement en l’église Saint-Aubin de Limay.
Des différences existent entre la
liste des « Enfants de Limay » Morts pour la France de la plaque de
l’église Saint-Aubin et celle du monument aux morts de la ville.
Catherine Livet
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Sources, bibliographie
: Archives départementales des Yvelines, Archives de Paris, Site
"Mémoire des Hommes", Mantes et son arrondissement - V. Bourselet et
H. Clérisse, L'histoire de l'Ile-de-France - Denis Lagarde, Base Léonore, A nos
poilus - Catherine Livet, Mes aïeux dans les Yvelines - Catherine Livet, Monographie communale (Limay) – Paul Aubert, Gallica
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