Seconde guerre mondiale

"08 mai 2018 : j'ouvre un nouveau grand chantier généalogique !"
Est ce que j'annonçai ce jour là, ici même, pour que vous, fidèles lecteurs proches, soyez informés mais aussi sur Twitter pour que la petite communauté très dynamique des généalogistes -pros et amateurs réunis dans une sorte de passion- m'encourage... Mais si, tout le monde a besoin d'un petit compliment de temps à autre !



Parce qu'évidemment, cette seconde guerre mondiale a une une influence profonde sur ceux de ma famille qui l'ont vécue, comme toutes les autres guerres d'ailleurs mais avec une différence de taille puisque j'ai
Rue de Rivoli - Paris
parfaitement connu ces personnes... du moins certaines.

La seconde guerre mondiale, c'est d'abord mon père, René Livet, ce tout jeune homme qui a eu la malchance de naître en 1922, respectueux des lois, de ses parents -au sens très large puisque son père est disparu avant sa naissance et que sa mère a quitté le monde terrestre alors qu'il n'avait pas 5 ans-, sa grand-mère qui l'a élevé le quitte définitivement et le laisse seul et encore mineur -son grand-père est décédé depuis plusieurs année-, son oncle Emile est déjà soldat... Enfin bref, il aura beau user de tous les recours légaux -pour ne pas partir en Allemagne, ses chefs de service au sein de la SNCF où il travaille alors et lui-même vont arguer qu'il est déjà requis au titre de la loi du 04 septembre 1942-  et de ruses diverses, il n'est pas à la hauteur de la lutte et il sera embarqué, manu militari à cause d'un "sabotage" dont il aurait été l'auteur en gare de Vaires-Torcy,  pour le Service du Travail Obligatoire, le S.T.O, qui reste encore aujourd'hui dans les limbes de la seconde guerre mondiale, des descendants de ces "Requis" du travail forcé -puisqu'on leur a refusé la mention de "Déportés"- cherchant encore désespérément des réponses aux questions qui les assaillent... Je crois que je suis chanceuse parce que je possède un certain nombres de documents concernant mon père ainsi que des notes prises par lui durant cette difficile période de sa vie mais aussi parce que j'ai su écouter ses récits et, à mon tour, noter ses souvenirs. Il avait bien rit lorsque, il y a déjà maintenant de nombreuses années, nous avions découvert que l'administration de Vichy avait d'abord intitulé cette loi "Service Obligatoire du Travail"... ce qui donnait "SOT"
Lettre de protestation du 22 février 1943

Bon, je ne vais pas trop m'étendre ici sur le déroulement de son séjour forcé à Ulm en Allemagne au sein de la Reichsbahn (l'équivalent de la SNCF) parce que j'ai déjà publié un certain nombre d'informations à ce sujet et que je suis en train de
Carte de travailleur étranger à la Reichsbahn
rédiger  la biographie complète de mon père.
J'en arrive donc à son rapatriement qui n'aura lieu que le 24 mai 1945, un mois après sa libération... Fils unique, orphelin, une très grande famille est pourtant là pour l'accueillir car il a de nombreux "cousins" et les Livet ont toujours été très proches les uns des autres... certains parlent du "clan des Livet"... Lorsque René foule enfin le sol de ce 14e arrondissement de Paris que je considère aujourd'hui encore, tout comme mon père avant moi, être notre village, il sait que son cousin Robert Montenach ne sera pas présent puisque, victime de la guerre, il est décédé le 16 juin 1940 à Nontron en Dordogne, donc juste quelques jours avant la mise en place de  l'armistice (22 juin) mais il est très surpris de ne pas voir, auprès de sa cousine Jeannette, très émue de le retrouver, Mordouch Rivinoff, l'époux de celle qui deviendra ma marraine...la pauvre Jeannette et ses trois enfants attendent... espèrent, que bientôt, comme aujourd'hui pour René, toute la famille sera réunie pour le retour de Mordouch Rivinoff... Les SS sont venu chez lui et l'ont enfermé dans  la forteresse de Royallieu  à Compiègne dans l'Oise, c'est là que Jeannette et sa fille aînée se rendront pour apercevoir une dernière fois, à travers les barbelés, leur mari et père... Il est la victime des conséquences de l'opération "Barbarossa" qui est le nom de code pour l'invasion par l'Allemagne de l'Union Soviétique en date du 22 juin 1941... juste un an après l'armistice avec la France... il a été raflé parce que Russe et communiste surtout que, dans ce registre, il ne peut pas passer inaperçu tant ses antécédents sont lourds... même si, après avoir décortiqué son histoire, il apparaît plutôt manipulé qu'acteur de la fabuleuse aventure dans laquelle il a été embarqué en 1937... Il cumule donc déjà les motifs d'incarcération mais il n'est pas à la fin des ennuis... Jusqu’alors, la Wehrmacht -armée du 3e Reich, en dehors donc des armées du parti nazi qui ne comportait pas que la Schutzstaffel (SS)- gérait le camp mais peu à peu,  la Wehrmacht n'assurera plus que le fonctionnement alors que l'administration sera confiée à la SIPO-SD, la Sicherheitspolizei (Gestapo et la police criminelle réunies au service de renseignements de la SS)... juste durant le séjour du malheureux Mordouch... au sein même du camp de Compiègne, il est déplacé après avoir subi interrogatoire sur interrogatoire,  de la zone réservée aux détenus civils à celle, sous très haute surveillance, destinée aux Juifs... Le 12 septembre 1942, il est transféré, avec 141 autres Russes juifs, à Drancy et, le 14 septembre, il est embarqué dans un bus à plate-forme qui le conduit à la gare du Bourget où il est contraint de monter dans l'un des wagons qui constituent le convoi 32... 53 heures plus tard, il débarque en Pologne... il est à
Auschwitz... Il est dit, écrit et admis que seuls 58 hommes et 49 femmes sur plus de 1 000 déportés par ce convoi sont mis au travail... les autres sont gazés dès leur arrivée dont... Mordouch Rivinoff... En fait on ne sait pas... et il faudra attendre et attendre encore... la date de son décès est fixée au 19 septembre 1942 par arrêté du 04 avril 1995 et il faudra patienter encore un peu...  le journal officiel du 18 mai 1995 pour que cette date soit entérinée.
Voici un petit graphique pour visualiser les liens qui existaient entre tous ceux qui sont évoqués ici, ils se connaissaient bien, habitaient à quelques rues les uns des autres, dans notre fief du 14e -à l'exception de ma future marraine (Jeannette Sirejean) et de son époux qui habitaient en banlieue proche-  et se fréquentaient presque quotidiennement.

Et puis la seconde guerre mondiale, c'est aussi la "P'tite Denise" née en 1929, ma mère, qui a grandi pendant le conflit ; elle n'est Parisienne que de naissance puisqu'elle vit à Châtillon alors dit sous Bagneux... mais à la déclaration  de guerre, elle est en vacances à Betton (Bettonnet) en Savoie avec sa sœur cadette... la mairie de Châtillon organise le retour des colons dans l'urgence et lorsque la P'tite Denise descend du car, place de la mairie de Châtillon, elle découvre avec étonnement que des bandes de papier ont été collées sur toutes les surfaces vitrées.. et lorsqu'on lui explique, pour la rassurer, que c'est en prévision des bombardements allemands, pour ne pas que les carreaux tombent comme des châteaux de cartes... elle est emplie de frayeur... La vie reprend avec la rentrée des classes mais rapidement, la P'tite Denise ne pourra plus fréquenter l'école que le matin.. on vient de s'apercevoir que les bâtiments scolaires jouxtaient une usine d'armement... bon ceci dit, je n'ai jamais compris pourquoi il n'était pas dangereux d'aller à l'école le matin... Alors pour la P'tite Denise commence, paradoxalement, une vie de liberté pleine de jeux jusqu’alors 
Carrière à Châtillon
défendus -qu'elle partage avec son meilleur ami, son frère Marcel- comme les parties de lancer de couteaux ou les courses effrénées dans les envoutantes mais terriblement dangereuses carrières, surtout lorsqu'il faut échapper aux îlotiers qui veulent absolument que les enfants qui trainent dans les rues descendent aux abris lors des alertes et qu'elle préfère rentrer à la maison, se mettre à l'abri dans le giron de sa mère... Cette mère qui est encore hantée par les souffrances qu'elle a connues, enfant, lors de la grande guerre, cette mère hantée également par la vie déplorable qu'elle a eue, durant de longues années après cette première guerre mondiale, voyant la santé de son père, le sergent Muyllaërt, Légionnaire, se dégrader d'année en année après les terribles blessures reçues en août 1917 et dont il finira par décéder, il n'y a pas si longtemps, en février 1937, dans des douleurs atroces... Cette mère qui l'est pourtant d'une famille (très) nombreuse dont la P'tite Denise est l'aînée va rejoindre l'U.F.F., l'Union des Femmes Françaises mais ce ne sont pas les actions de sa mère qui vont impressionner et marquer à vie la P'tite Denise mais l'écoute de la BBC « Ici Londres – Les Français parlent aux Français », les voix nasillardes qui donnaient des informations, des conseils, des directives, qui délivraient des messages personnels incompréhensibles pour la petite fille qu’elle était encore... 
La P'tite Denise se targuera longtemps -toujours- de connaître toutes les paroles de la Marseillaise -même celles que l'on ne chante pas- qui est apprise à l'école -elle a été interdite pendant longtemps en zone occupée- et qui est chantée, dès septembre-octobre 1944, pour
Page du cahier de la P'tite Denise - la Marseillaise
célébrer tous les combattants, résistants, morts, blessés, prisonniers... qui ont permis que le Français
, après l'occupation, redevienne pleinement lui-même.
Bon, il faudrait que je parle de son petit exode où elle a été envoyée à la campagne dès février 1940 et que je parle du "grand" exode de mai-juin de la même année pendant lequel la famille s'est retrouvée un peu esseulée, s'étant engagée à rester pour s'occuper des maisons, jardins, plantes vertes mais aussi des animaux domestiques des voisins qui étaient partis en confiant leurs clés à la mère de la P'tite Denise mais je vais finir par lasser et je ne vais donc pas m'étendre plus longtemps sur la P'tite Denise car durant toutes ces années de guerre elle a beaucoup grandi et bientôt, il faudra penser à la marier. 
La configuration de la famille Beckrich, celle de ma mère, est totalement différente de celle du clan des Livet, famille de mon père. Si la P'tite Denise connaît un peu sa tante maternelle et à connu sa grand-mère, les liens ne sont pas très forts et, du côté de son père, devenu orphelin à l'âge de 7 ans dans des conditions atroces, placé dans des fermes un peu partout en France, il 'n'y a personne à connaître et il faudra attendre les années 1990 pour faire la connaissance de nos cousins Beckrich  dont un ascendant, Louis, a été un résistant reconnu et dont un collatéral, Georges Bousquet, est Mort pour la France le 13 février 1942 à Berlin en Allemagne et que ses restes ont été rapatriés et enfouis dans l'ossuaire n° 2 de la nécropole nationale Le Pétant à Monteauville en Meurthe et Moselle. Et ce n'est que récemment que j'ai découvert que Thircis Rahïr, cousin que la P'tite Denise n'a jamais connu non plus, capitaine d'administration à l'hôpital militaire de Percy à Clamart dans les Hauts-de-Seine a été envoyé, durant cette seconde guerre mondiale, à l'hôpital Meknès au Maroc avec le grade de commandant d'administration et qu'il sera gestionnaire de l'hôpital militaire de Casablanca également au Maroc. 
Et puis, pour clore cette énumération de participants à la seconde guerre mondiale, il faut que je parle de Lucien Leferme, autre cousin jusqu'alors aussi inconnu, qui a été fait prisonnier à Dunkerque, le 1er juin 1940, lors de cette improbable mais magnifique opération Dynamo : En face des quelques 800 avions de la Luftwaffe qui -cachant le soleil et éclairant les plages de leurs meurtrières mitrailles, tentent en vain d'anéantir la formidable armada qui s'est constituée (ils vont tout de même couler plus de 200 navires) afin d’empêcher les "Tommies" d'embarquer pour se réfugier sur leur île- la Royal air Force britannique abattra un peu plus de 150 avions allemands. Pendant ce temps, quelques 30 000 soldats français, dont Lucien Leferme, prêts au sacrifice suprême pour que les Anglais -des Français vont aussi embarquer- puissent aujourd'hui se sauver pour mieux venir les délivrer demain, opposant une résistance acharnée, ralentissent considérablement l'avancée de l'envahisseur dont le nombre de soldats doit être 5 à 6 fois plus élevé que celui des Français permettent que l'invraisemblable opération réussisse... Bon, il faut dire aussi que les troupes alliées ont tout de même reçu un peu d'aide de l'ennemi lui-même puisque, pour une raison qui reste un peu obscure, les blindés allemands ont reçu l'ordre, confirmé par Hitler, de stopper leur ravageuse progression durant quelques jours.  
Le général von Küchler, commandant de la XVIIIè armée de la Wehrmacht a écrit dans son journal de campagne à propos de Dunkerque : « malgré notre supériorité numérique et matérielle écrasante, les Français contre-attaquent à de nombreux endroits. Je n’arrive pas à comprendre comment ces soldats, combattant souvent à un contre vingt, trouvent encore la force de repousser chaque attaque. C’est stupéfiant, je retrouve dans ces soldats français la même flamme que chez ceux de Verdun en 1916 » un autre officier allemand dira, toujours en parlant des évènements de Dunkerque « le soldat français est le meilleur soldat  du monde » 
Lucien Leferme va séjourner un temps certain au frontstalag 194 à Châlon-sur-Marne.

Bon, je clos ce petit texte que j'ai rédigé pour vous faire part de l'avancée de mon chantier généalogique lancé au début du mois et pour que vous puissiez constater, avec moi, que je n'en suis qu'au début. Je n'ai pas encore pu prendre connaissance, par exemple, du dossier qui concerne le résistant Louis Beckrich cité plus haut.




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