A ma grand-mère Charlotte

Un jour, je ne sais plus vraiment quand, j'ai feuilleté un livre appartenant à ma mère et une feuille, format cahier d'écolier, est tombée...
J'ai pensé, en la ramassant, qu'elle avait été écrite par un enfant... j'ai lu les quelques mots... c'était la dernière lettre écrite par ma grand-mère !
Petit ou grand bonheur... je n'ai jamais analysé les très fortes émotions qui m'ont envahie alors...
Je n'ai pas tellement connu ma grand-mère, j'étais trop jeune lorsqu'elle est morte… Je ne l'ai même que très rarement vue... j'avais peur d'elle alors, "on" évitait les rencontres... Ma mère, sa fille, louait ma grand-mère, mais elle était la première à ne pas vouloir que j'aille la visiter... 
Charlotte, ma grand-mère, était la fille du malheureux héros de la famille... son enfance, comme celle de sa sœur, a été complètement détruite par l'état de son père...
Regardez ici le résumé de la vie de Charles Muyllaërt, le père de ma grand-mère Charlotte : 


Et voici cette "lettre" que j'ai insérée dans mon livre 2, celui qui parle des Beckrich puisque ma grand-mère était mariée à Marcel Beckrich. (Denise est le prénom de ma mère, fille de Charlotte)
J'ai hésité à la montrer à ma mère alors très malade et puis, j'ai pris mon courage à deux mains, j'ai affiché mon plus beau sourire comme si cette "lettre" ne m'avait pas remuée... ma mère l'a tout de suite reconnue... toute la fièvre est sortie de son regard et en la prenant, elle a dit "J'avais cru l'avoir perdue ! " 
 
 


Transcription – traduction :

Monéteau le 29/12/69

  Chers enfants

Je vous écris ce petit mot

pour vous donner de nos

nouvelles qui vont mieux et

nous pensons que les enfants

vont mieux et que le travail

marche et que cette sale

grippe va partir, vivement

le beau temps. Toute la

famille vous embrasse bien

fort ainsi que moi-même

Votre mère     Charlotte

Le téléphone n'est pas encore installé, seul le courrier permet de donner des nouvelles… la mère et la fille s’écrivent peut-être souvent… même si, visiblement, c’est plutôt difficile de le faire pour Charlotte… n’oublions pas qu’elle a appris à lire seule… et donc aussi à écrire…
 
À la lecture de cette lettre, qu’elle doit recevoir le 30 ou le 31 décembre 1969, Denise doit sourire, souffler d’aise… la vie semble vouloir s’adoucir enfin pour nos Beckrich ; elle prépare sans doute immédiatement une réponse dans laquelle elle se dit ravie d’avoir pu lire que la petite famille va bien et assure sa mère de son affection et de son soutien moral, elle doit confier cette réponse à la Poste le 31 décembre ou, au plus tard, le deux janvier suivant… pourtant… un matin de ce tout début d’année 1970, le 3 janvier, un drame à nouveau se noue : le préposé aux postes pénètre dans la petite maison de Monéteau… peut-être, et même sans doute, apporte-t-il la réponse de Denise…il découvre Charlotte gisant sur le carrelage de la cuisine… il appelle immédiatement les secours… on tente de lui apporter assistance et elle est le plus rapidement possible transportée à l’hôpital d’Auxerre (Yonne) mais, peine perdue, après une période durant laquelle elle reprend ses esprits et reconnaît ses visiteurs, elle succombe le 16 janvier à 8 h 30. Toute la famille se trouve à nouveau réunie. La précarité, les privations, les angoisses ont eu raison de Charlotte.

Catherine Livet

 
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