Guénée Adolphe Ernest

Décédé durant 14-18, sans la mention “Mort pour la France” - (Adolphe) Ernest Guénée


Adolphe vient au monde, le 17 novembre 1870 au domicile de ses parents qui est situé 15 rue des trois bornes dans le 11e arrondissement de la capitale alors assiégée ; les Parisiens, après la défaite de Sedan, la capture et la chute de Napoléon III proclament la République et organisent la défense de Paris. Seuls les ballons -même pas encore dirigeables- et les pigeons
Les ballons quittent Paris sous le feu ennemi
relient la capitale au reste du monde…
les Prussiens sont signalés partout… La vie devient très difficile… il n’y a plus rien à manger…
Bien qu’enregistré lors de sa naissance sous le prénom d’Adolphe, il sera appelé Ernest en attendant, le bébé est accueilli par une grande sœur, Honorine Amélie, qui a déjà presque 6 ans et un grand frère, Léon (Adolphe) qui est né trois ans et demi plus tôt au même domicile et qui est simplement appelé Léon.
Les parents des enfants, Adolphe et Jeanne Constantine Simon ne sont mariés que depuis le 16 juin 1868, également dans le 11e arrondissement de Paris où ils habitaient au 84 rue de Popincourt. Adolphe exerce le métier de cordonnier, tout comme son père qui habite avec son épouse, qui est aussi la mère du marié, Denise Hermine Gatineau au 19 des la rue des
Hiver 1870-1871 - siège de Paris

trois bornes. Honorine Amélie, la sœur aînée de notre petit Adolphe Ernest, est reconnue et légitimée lors de ce mariage, née le 26 novembre 1864 au domicile de sa mère au 9 de la rue des trois couronnes, elle avait été déclarée sous le nom de Simon et de père non dénommé. Le frère, Léon est bien entendu aussi reconnu et légitimé par le mariage de ses parents mais lorsqu’il est né le 19 avril 1867 au 3 rue des 3 bornes, son père s’était reconnu comme tel en venant faire la déclaration de naissance.
Est-ce pour tenter de fuir les terribles évènements de la Semaine Sanglante que la famille
Place du Château d'eau (de la République aujourd'hui)
Guénée change de quartier ? Paris est ravagé, tout n’est plus que ruines…
 
[Pour en savoir un peu plus sur cette période qui a profondément marqué mes ancêtres, n’hésitez pas à lire ou à relire :

C’est dans le second arrondissement que naît, le 17 mai 1873, Gaston, au domicile de ses parents qui sont devenus, pour une petite période, concierges au 29 de la très animée rue des Petits Carreaux.
Un petit Louis naît au nouveau domicile familial toujours fixé sur le second arrondissement, 59 rue Montmartre, le 25 novembre 1875, le père est à nouveau dit cordonnier. Bien entendu nous ne pourrons jamais savoir si les Guénée étaient superstitieux mais même s’ils ne l’étaient pas, ils ont peut-être regardé avec un intérêt tout particulier l’éclipse partielle du soleil du 29 novembre... le phénomène était déjà bien expliqué par la science mais il reste plutôt fascinant.
Eclipse du 29 novembre 1875 vue du Pont Neuf à Paris

Il nous faut changer encore une fois de quartier et nous rendre au 82 boulevard de la Villette dans le 19e arrondissement pour assister, ce 04 mai 1878 à la naissance de Rosine. Rosine décèdera à Chartres, en Eure-et-Loir, le 17 mai 1963.
Puis nous retrouvons les Guénée dans le 20e arrondissement, installés au 64 de la rue Pixérécourt. Comme le temps a passé ! L’aînée, Honorine, est devenue couturière et habite avec son fiancé au 28 de la rue du Pressoir et leur petit Edouard Paul qui est né le 08 juin 1886, cet enfant est reconnu et légitimé le 18 septembre de cette année 1886 lorsque sa mère épouse Pierre Théodore Van Ruyskonsvelbe qui est né à Lille, dans le Nord, le 20 janvier 1864 de Lieven et de Charlotte Amoës ; si la mère du mariée est présente et consentante, il en est tout autrement du père dont l’absence est constatée par un acte de notoriété dressé par le juge de paix du 20e arrondissement le 1er septembre passé ; les parents d’Honorine sont présents et consentants au mariage de leur fille.
Léon a maintenant 19 ans, il est devenu bijoutier… Dans la nuit du 21 au 22 novembre 1886, il rentre d’une sortie quelconque, accompagné par quelques amis. Les jeunes gens marchent rapidement Faubourg du Temple, assez en tous les cas pour rattraper, au croisement de la rue Saint-Maur, un couple qui les précède depuis de longues minutes déjà… l’homme, âgé d’une soixantaine d’années, peut-être un peu éméché, faisait une scène de jalousie à la jeune femme qui l’accompagnait lorsque, se croyant menacé par les jeunes hommes qui n’étaient plus qu’à quelques dizaines de mètres, se retourne brusquement et fait feu sur le petit groupe… la femme, Marie Farger, affolée, court pour fuir son dangereux amant et s’engouffre passage de Reuss [Aujourd’hui rue Jules Verne dans le 11e arrondissement parisien] où, veuve, elle habite dans un meublé avec ses deux enfants… furieux, l’homme armé, Etienne Jeanty, la rattrape et tire dans sa direction trois balles dont deux l’atteignent… l’assassin prend ses jambes à son cou et disparaît… Des gardiens de la paix, accourus sur les lieux au bruit des détonations s’empressent auprès des deux blessés… Une balle a touché l’épaule droite de Léon Adolphe, la blessure n’est pas trop grave et le jeune homme peut rapidement être raccompagné chez lui, rue Pixérécourt ; la jeune femme, ayant eu le réflexe de se protéger à l’aide de ses bras, a reçu une balle au coude gauche et une à la main droite, au niveau du poignet… sans cela, elle aurait reçu les deux balles en pleine poitrine… Monsieur Depaix, commissaire de police du quartier, la fait conduire à l’hôpital Saint-Louis et se met immédiatement à la recherche du meurtrier qui est retrouvé quelques heures plus tard chez un marchand de vin du 96 de la rue d’Angoulême… on trouve sur lui, en plus du revolver dont cinq balles manquent, une canne épée et plusieurs couteaux… Jeanty affirme qu’il ne connaissait pas Léon Guénée et qu’il pensait avoir affaire à un malfaiteur et nie avoir prémédité de tuer sa maîtresse… Voici l’affaire, comme elle a été racontée dans le Figaro du 22 novembre 1886 mais il y a quelques nuances dans l’article paru le lendemain dans Le Petit Parisien… Le couple aurait fait la connaissance de notre jeune bijoutier et la vive discussion serait née à son sujet… la dispute s’envenime et les injures fusent… Marie Farger aurait déclaré à son amant : « Et bien puisque c’est comme ça, je m’en vais avec Léon »… c’est à ce moment que Jeanty aurait déchargé son arme sur eux avant de prendre la fuite et de se réfugier chez un marchand de vin de la rue d’Angoulême où il aurait déclaré aux policiers qui ont fini par le retrouver : « Marie m’a injurié, j’ai voulu la tuer » Dans cette version, c’est l’épaule gauche de Léon qui aurait été traversée par une balle et Marie aurait été touchée au cou et au poignet droit.
Léon est remis de sa mésaventure, il se rend maintenant au premier bureau de recrutement de la Seine pour se faire recenser en vue du service militaire, il est enregistré sous le matricule 2 010 et l’on peut enfin se faire une petite idée de son physique car nous apprenons qu’il est châtain aux yeux gris, son front est ordinaire, son nez et sa bouche moyens, son menton est rond dans un visage ovale ; il mesure 1,73 m et son degré d’instruction est de 2. Il rejoint le 120e Régiment d’Infanterie le 12 novembre 1888 et sera maintenu au corps pendant six mois. Il sera passé dans la réserve de l’armée active le 29 mars 1892. Il accomplira une première période d’exercices au 45e de ligne du 05 septembre au 02 octobre 1893 ; il sera affecté au 15e Régiment d’Infanterie à Laon puis au 2e bataillon d’Afrique à Laghouat en Algérie. Il sera déclaré insoumis le 09 juillet 1900… il est probable qu’il a eu une bonne raison, l’empêchant de remplir son devoir… comme une peine d’emprisonnement peut-être…Il sera passé dans l’armée territoriale le 1er novembre 1901 et rayé de l’insoumission le 1er mars 1902 et définitivement rayé des contrôles le 22 juin 1903, l’annonce de son décès étant parvenue à l’administration.
Ernest atteint sa 20e année et c’est donc à son tour d’aller se faire recenser en vue du service militaire et devient le matricule 2 161 au premier bureau de recrutement de la Seine ; il est châtain et cette couleur est même attribuée à ses yeux, son front est ordinaire, son nez et sa bouche sont moyens, son menton est rond et son visage ovale ; il mesure 1,64 m et son degré d’instruction est de 2. En 1890, il habite 9 rue des Fêtes dans le 19e arrondissement de la capitale alors que ses parents sont dans le 20e au 70 rue de la Mare. Bon pour le service, il rejoint le 26e Régiment d’Infanterie le 14 novembre 1891 sous le matricule 4 237 ; notre soldat de 2e classe sera envoyé en congé le 25 septembre 1895 après avoir reçu un certificat de bonne conduite et passera dans la réserve de l’armée active le 1er novembre suivant, affecté au Régiment d’Infanterie stationné à Amiens. Il accomplira une période d’exercice au sein du 72e Régiment d’Infanterie du 24 avril au 21 mai 1899 puis une seconde période, toujours au 72e de ligne à Amiens, du 25 août au 21 septembre 1902. Il sera passé dans l’armée territoriale le 1er novembre 1904 et affecté au 16e Régiment Territorial d’Infanterie à Péronne. Cependant, le 15 décembre 1909, il sera déclaré insoumis…sera arrêté le 24 mars suivant au 45 allée des Elzévirs aux Pavillons sous Bois, en Seine-Saint-Denis, tout simplement sur le lieu de sa résidence de l’époque. Il accomplira une période d’exercice du 26 mai au 03 juin 1911 au sein du 16e Territorial d’Infanterie.
C’est maintenant au tour de Gaston de venir se faire recenser et le jeune garçon de salle devient le matricule 3 150 au recrutement. Il est brun de cheveux, de sourcils et même d’yeux, son front est bas, son nez et sa bouche moyenne, son menton rond et son visage ovale ; il mesure 1,66 m et son degré d’instruction est de 3 ; à cette époque, il habite avec ses parents, au 9 de la rue des Fêtes dans le 19e arrondissement de Paris. Il part le 17 novembre 1894 pour le 3e de Zouaves qu’il rejoint le 24 du même mois sous le matricule 13 582. Il passe à la 21e section d’infirmiers militaires le 25 octobre 1895 et devient le matricule 3337 et arrive au corps comme soldat de 2e classe le même jour. Il sera envoyé en congé le 26 octobre 1897 et passera dans la réserve de l’active le 1er novembre suivant. Il sera dispensé des périodes d’exercices et sera passé dans l’armée territoriale le 25 novembre 1905 et affecté à la 2e section territoriale d’infirmiers militaires à Amiens. Il passera dès le 13 novembre 1908 dans la réserve de l’armée territoriale comme père de 6 enfants vivants, affecté au camp retranché de Paris, infanterie, 8e bataillon, 1ère compagnie.
Le frère aîné, Léon, a quelques problèmes avec la justice qui le condamne ce 18 octobre 1895 à 50 F d’amende et à six mois de prison pour outrage public à la pudeur !
Mairie du 20e (à droite) place Gambetta et l'avenue Gambetta vers 1900
Nous voici conviés aux noces d’Ernest qui sont célébrées dans le 20e arrondissement le 23 janvier 1897 ; il épouse Félicie Flavie Lapostre avec qui il habite au 88 de la rue de la Mare alors que l’adresse de droit de la future est celle de ses parents, 8 rue Château Landon, la situation du futur est un peu moins limpide car son adresse de droit semble être fixée rue des Fêtes qui correspond au lieu de résidence de sa mère alors que le père du marié, toujours cordonnier, habite 68 rue de la Mare cependant ils sont tous les deux présents et consentants au mariage de leur fils, tout comme les parents de la mariée dont le père est emballeur et la mère sans profession.

Léon Adolphe se retrouve, pour la même raison qu’en 1895, devant un juge qui le condamne ce 22 août 1898 à 50 F d’amende et à treize mois de prison… c’est sans doute parce qu’il était embastillé qu’il n’a pas pu remplir ses obligations militaires et qu’il s’est retrouvé déclaré insoumis le 09 juillet 1900.
Gaston habite au 5 rue Bellevue avec Sidonie Alphonsine Huyghe et leurs deux enfants, Sidonie qui est née le 10 juin 1895 et Lucien qui vient d’arriver, le 20 août 1898, tous les deux dans le 20e arrondissement lorsque le couple se marie le 10 décembre 1898. La future est née le 30 janvier 1877 dans le 20e de Henri Fidèle qui est agent d’assurances et de Fany Amélie Torelle qui habitent 43 rue des Alouettes qui sont présents et consentants au mariage de leur fille. Du côté du marié, survient une petite difficulté car si sa mère qui habite alors au 27 de la rue Levert est présente et consentante au mariage de son fils il n’en est pas de même pour le père et il faut que le futur, sa mère et les témoins déclarent qu’ils ne savent pas où est Adolphe Guénée et qu’ils ignorent le lieu de son décès… dans le cas où il serait décédé. Les deux enfants sont reconnus et légitimés par le mariage de leurs parents. A l’époque de ses noces Gaston est toujours garçon de salle mais il va changer de métier pour devenir brocanteur dans le 20e arrondissement où il habite avec femme et enfants au 235 avenue Gambetta mais nous ne le saurons que lorsque nous le retrouverons en 1915 à l’hôpital Tenon où il a été admis pour une raison qui nous est encore inconnue et où il décèdera le 31 août.
Rosine est devenue couturière lorsqu’elle se marie, toujours dans le 20e arrondissement, le 23 décembre 1899, avec Hippolyte Charles Maille qui est né le 25 mai 1877 à Rochefort en Charente Maritime d’Auguste et de Céline Joséphine Romain Lucius, époux décédés lors de ce mariage ; il est sculpteur et habite au 57 rue de Belleville ; la future habite avec sa mère au 27 rue Levert et il est précisé que son père est décédé.
On a vu lors du mariage d’Ernest en janvier 1897 que ses parents vivaient séparément, son père habitant alors 68 rue de la Mare mais il était venu donner personnellement son accord au mariage de son fils cependant, en décembre 1898, lors du mariage de Gaston, on ne sait plus où est Adolphe Guénée et enfin, lors du mariage de Rosine en décembre 1899, on apprend qu’Adolphe est décédé… soit de maladie, soit à la suite d’un accident puisqu’il a été admis à l’hôpital Tenon où il s’est éteint le 19 janvier 1899, âgé de 63 ans, toujours dit cordonnier… tout son état civil étant parfaitement noté… Lors de son admission, il habitait 2 impasse Routy Philippe et son épouse 27 rue Levert… Comment ses enfants ont-ils pu le perdre ainsi de vue et comment l’ont-ils retrouvé ? Nous ne saurons sans doute jamais ce qu’il s’est réellement passé…
Et puis arrive le temps du mariage du plus jeune des frères et Louis épouse, en ce 25 août 1900 toujours dans le 20e arrondissement, la demoiselle Emélie Juliette Henriette Lapostre qui est la sœur de Félicie Flavie, sa belle-sœur. La mère du futur qui habite maintenant 16 rue Mélingue est présente et consentante ; les parents de la mariée sont également présents et consentants au mariage de leur fille mais si le père exerce toujours le métier d’emballeur il y a tout de même un changement notable dans leur vie car ils habitent maintenant en dehors de Paris, ils sont installés à Neuilly Plaisance alors en Seine-et-Oise, 4 villa Duval. Le mariage permet la reconnaissance et la légitimation des enfants nés antérieurement :
  • - Rachel qui est née le 24 août 1897 dans le 6e arrondissement, à l’hôpital de la Charité et qui avait été reconnue par sa mère le 21 septembre suivant la naissance ; la mère de l’enfant habitait alors 209 rue du Faubourg Saint-Martin. Elle est donc légitimée en 1900, par le mariage de ses parents,
  • - Henri qui est né le 05 janvier 1899 dans le 10e arrondissement,
  • - Marthe qui est née le 22 juillet 1900 sur le 20e arrondissement mais elle est reconnue par ses deux parents dès la naissance.
  • - Un petit garçon, Louis, naît le 25 juillet 1901 dans le 19e arrondissement chez ses parents qui habitent désormais au 46 de la rue des Bois et le père du bébé est assisté de son frère Ernest pour la déclaration de naissance et c’est ainsi que l’on apprend que ce dernier habite 238 rue de Belleville et qu’il est toujours bijoutier.
La vie s’écoule donc, ponctuée de naissances et donc également de décès dont celui du frère aîné, L éon, qui survient le 24 mai 1903 dans le 19e arrondissement, à son domicile situé alors 75 rue Compans, il exerçait toujours la profession de bijoutier et était resté célibataire.
Heureusement, quelques mariages apportent l’occasion de faire la fête dont celui de la sœur de Félicie et Emélie, Jeanne Lapostre qui se marie le 11 juillet 1908 dans le 10e arrondissement avec Léon Camille Antonin Nicodex qui est né le 26 novembre 1883 dans le 3e arrondissement de Jean François et de Anne Davezac. Le futur est garçon de magasin et il habite avec ses parents au 10 rue d’Uzès alors que la jeune femme, culottière de profession habite 249 faubourgs Saint-Martin avec sa mère mais il est précisé qu’elle était auparavant domiciliée 23 rue de Chartres. Les parents du futur et la mère, veuve, de la future sont présents et consentants au mariage. Les frères Guénée, beaux-frères de la mariée, sont ses témoins, il est dit qu’Ernest, âgé de 37 ans, est commerçant 41 rue de Tourtille et que Louis, âgé de 33 ans, est bijoutier, bien loin du quartier de la famille puisque son adresse est fixée 23 rue de l’Amiral Courbet dans le 16e arrondissement.
Voici un petit schéma pour bien situer toutes les personnes entre elles.

 Et puis voila, c’est la mobilisation générale ! La vie de chacun est bouleversée... rien ne sera jamais plus comme avant...
Son jeune beau-frère, Léon Camille Antonin Nicodex, rejoint le 89e Régiment d’Infanterie alors qu’Ernest est affecté, le 12 décembre 1914, au service de Garde des
Reproduction d'une peinture de Georges Scott parue dans le journal L'Illustration" représentant un GVC
Voies de Communications (GVC) de Paris, secteur A - section A. où il va rester jusqu’au 03 mai 1915 où il est noté sur sa fiche matricule qu’il est provisoirement libéré de l’armée... pas certain de connaître un jour le motif de cette libération temporaire... très temporaire même puisque le 12 mai suivant il rejoint le 37e Régiment Territorial d’Infanterie... Il rejoint le corps le jour même... il se trouve donc alors en Meurthe-et-Moselle dans une boucle formée par les villages de Vého, Ogéviller, Saint-Martin et Blémerey où les hommes du 37e RIT se relaient avec ceux du 217e de la seconde à la première ligne pour assurer les services et travaux de réfection des tranchées... bien entendu, parfois, les obus pleuvent comme le 22 mai 1915 où à 15 heures, de gros calibres tombent sur le village de Vého causant des “accidents” (mot utilisé dans le Journal des Marches et opérations du 37e RIT) où le 37e doit tout de même déplorer la mort du soldat Camille Boullé, les blessures importantes des soldats Eugène Lafond et Parfait Capret et quatre autres soldat, dont le caporal Paul Ottens, plus légèrement blessés... le lendemain, Ogéviller reçoit à son tour quelques obus, sans accident... le 24 mai c’est Blémerey qui est bombardé par de gros calibre tuant le soldat Albert Valentin et blessant légèrement le soldat Joseph Léon Weiss... le 26 mai, c’est le village d’Ogéviller qui reçoit une vingtaine d’obus sans accident pour le 37e cependant, le soldat Ernest Vincent de la 1ère compagnie est blessé d’un coup de feu au cours d’une patrouille... Mais ce 26 mai 1915, Ernest Guénée n’est assurément pas en Meurthe-et-Moselle... il est dans le département de l’Yonne, à Auxerre... bon, c’est compréhensible... c’est la ville de garnison du 37e Régiment d’Infanterie... ce 26 mai 1915 est le jour où Ernest Guénée décède... à l’hospice d’aliénés ! Sa fiche matricule indique simplement qu’il est décédé à l’asile d’aliénés des suites de maladie, en revanche, sur sa fiche de Mémoire des Hommes, il est précisé que sa maladie est une aliénation mentale... mais un nom lui est donné : méningo-encéphalite... cette maladie était donc connue... était-elle alors considérée comme une aliénation ? Que penser ? Et puis, sur cette fiche, il est également noté : tentative de suicide... ne serait-ce pas plutôt parce qu’il aurait tenté de se suicider qu’il aurait été considéré comme atteint d’aliénation mentale ? Et pourquoi cette tentative de suicide ? Bien des soldats, lourdement perturbés par ce qu’ils ont vécu durant les combats, ont été admis dans les hospices, dont celui d’Auxerre mais, Ernest Guénée a-t-il vraiment assisté à des horreurs susceptibles de traumatiser un homme de son âge et de son époque ? Pourquoi a-t-il été provisoirement libéré de l’armée au début de ce mois de mai 1915 alors qu’il n’était pas, à priori, à un poste particulièrement éprouvant ? Peut-être, tout simplement, était-il déjà souffrant... Aurait-il tenté de se suicider pour échapper aux maux insupportables provoqués par cette maladie comme les céphalées, les troubles de la conscience, du comportement, la fièvre, les paralysies partielles ou temporaires ?
Le décès d’Ernest Guénée, matricule 7 928 bis, est transcrit le 08 mars 1921 dans les registres du Pré-Saint-Gervais en Seine-Saint-Denis où il habitait avant la guerre ; il n’a pas la mention “Mort pour la France” mais son nom est tout de même porté sur la liste des “Morts
au Champ d’Honneur” du 37e Régiment Territorial d’Infanterie.
Je suis à la recherche de ses descendants et de descendants de ses frères, n’hésitez pas à me laisser un message.
Catherine Livet
Sources et biographie :
Archives de Paris,
Gallica,
Mémoire des Hommes,
Historique du 37e Régiment d’Infanterie Territorial durant la guerre de 14-18

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