Germaine Livet





Immanquablement, mes déambulations parisiennes me ramènent au cœur du 14e arrondissement, au sein de mon village où les rues, les immeubles, les boutiques et les habitants me sont si familiers que je suis toujours étonnée de croiser des personnes que je ne connais pas... 
 
Je franchis le porche de l’église Saint-Pierre de Montrouge et je souris en pensant qu’il y a déjà si longtemps, blottie dans les bras de celle qui allait devenir ma marraine, j’entrai pour la première fois dans ce bâtiment si intimement lié à la vie des Livet. 

Pour l’instant je cale mon corps, un peu las de sa longue promenade, sur une chaise de bois pas très confortable et, les yeux clos, comme concentrée sur une prière, je laisse mon esprit vagabonder, partir explorer les moindres recoins de l’édifice...

Et puis, je me retrouve dans cet état étrange où le rêve et la réalité se confondent et alors des bruits étouffés animent la nef, une foule considérable prend possession des lieux, j’entends le bruissement des robes, le bruit des talons que l’on tente d’atténuer, les sons des voix se font feutrés, seul parfois l’affreux crissement produit par une chaise traînée malencontreusement sur le carrelage rompt une seconde la sérénité du lieu...

Je connais toutes les personnes qui s’installent autour de moi, il y a Noé Livet, sa mère Thérèse, ses frères et sœur Louis, Émile et Joséphine Berroy, son fils Emile ; il y a Emilie Chalvet et ses sœurs Louise et Marie ainsi qu'Alexandre et Georges accompagnés de leur sœur et tante, Marguerite Sirejean, il y a aussi Henri et Lucien Montenach et de nombreux enfants que j’ai du mal à reconnaître : Georgette, Henriette et Jeanne Sirejean, Émile, Elisa, Francis et Henriette Montenach et, bien entendu, Adrienne Soutiran, l’amie intime de toujours des sœurs Chalvet, est présente avec Louis Leveaux et d’autres encore qu’il serait fastidieux de tous nommer, sans compter les voisins et amis qui sont également venus en nombre.

Mais Germaine n’est pas avec eux... et pour cause... elle se tient au cœur de l’église et je scrute les communiantes une à une, m’attardant sur celle-ci, passant très rapidement sur une autre et puis, soudain, je la reconnais, cette fillette de 11 ans au rond visage souriant, petite silhouette auréolée de pureté mise en valeur par les voiles blancs de la traditionnelle tenue des communiantes, c’est elle : “Bonjour grand-mère. Et oui, c’est moi, ta petite-fille Catherine Livet que tu n’as pas connue de ton vivant, fille de ton fils unique René que tu n’as pas plus connu tant ton séjour sur terre a été bref pourtant ta descendance est nombreuse et c’est à moi, toujours dévouée au clan des Livet, devenue la dépositaire des souvenirs et de l’histoire familiale qu’incombe la lourde tâche de préserver ta mémoire.” 

En plus des photos, nombreuses, qui la représentent, j’ai gardé quelques souvenirs de cette belle journée de communion dont un petit porte-monnaie en ivoire dans lequel ont été oubliés un petit bouton de nacre qui ne retrouvera jamais son vêtement et, étrange découverte, une minuscule dent de lait. 

Je détiens également la très belle couverture en soie de son missel dans laquelle je conserve quelques mouchoirs et autres menus objets en tissus dont elle a fait l’usage de son vivant. Pour cette journée unique, les plus belles tenues vestimentaires ont été sorties des placards et des vêtements neufs ont été achetés spécialement pour les enfants y compris pour le jeune frère de Germaine, Émile, qui a été transformé pour l’occasion en un gracieux bambin vêtu d’un charmant costume marin dont le blanc immaculé a été rehaussé de riches broderies.

Mais voilà qu’il est tard et une dame aimerait bien que je quitte l’église afin qu’elle puisse la fermer à clef jusqu’à demain matin... il est effectivement grand temps que je rentre.

Catherine Livet

Ce texte a été rédigé dans le cadre du #RDVAncestral

Pour lire et relire l’intégralité de mes “petits textes” en lecture libre : Becklivet

 .・゜゜・ LIBRAIRIE ・゜゜・.

FNAC  
(Pour la version numérique de mes livres)

 VERSION KINDLE 

(Pour certains de mes livres - Aussi sur Abonnement Kindle)

Pour me joindre :

 

Vous souhaitez écrire votre histoire familiale à partir de votre généalogie : venez me rejoindre sur Facebook :

"de la généalogie à l'écriture"




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci pour cette lecture.
Ecrivez moi un petit commentaire, je suis toujours heureuse d'échanger quelques mots avec les personnes cachées derrière les écrans.