N'est-il pas magnifique ce bébé ? C'est mon père, René Livet, né le 26 décembre 1922 à 23 h, 29 rue Boulard dans le 14ᵉ arrondissement de Paris. C'est la première photo qui existe de lui(1).
René n’est vêtu que du fameux collier d’ambre que l’on faisait porter alors à tous les nouveaux nés pour les protéger des maladies ; ce collier sera remis au goût du jour dans les années 2000 pour que les bébés puissent se « faire les dents », l’ambre étant censé, maintenant, être un anti-douleur dentaire
Il m'a toujours dit qu'il était né chez une sage-femme. Pourtant, dans ses papiers, qu'il a eu l'extrême sagesse de me confier, se trouve son bulletin de naissance.
Ce bulletin précise que le 05 janvier 1923, Germaine Livet, mère du nouveau-né, quitte — avec son bébé — la clinique Baudelocque. Il est à noter ici que René, jusqu'à ce que nous retrouvions le billet de sortie de la clinique, était persuadé qu’il était né au domicile privé d’une sage-femme du voisinage… Il a certainement raison… en partie… car son acte de naissance dit bien qu’il est né 29 rue Boulard, rue qui coupe la rue Daguerre ou vit sa famille (où je suis née et où j'ai également vécu), c’est Madame Berthe Brehm, la sage-femme qui fait la déclaration, elle est assistée de Juliette Lefrançois et de Marcelle Cueff, toutes les trois sont dites employées 29 rue Boulard ; en revanche, le billet de sortie de l’hôpital « clinique Baudelocque » dit également que Germaine est entrée audit hôpital le 26 décembre 1922 et qu’elle y a donné naissance à un garçon… Il semble qu’il y ait eu des travaux à cette époque à la maison des accouchements Baudelocque et il est possible qu’un service provisoire se soit installé dans une maison privée d’accouchements.
Le père du petit René est décédé avant son mariage avec Germaine Livet.
Dix jours après son retour à son domicile, le 15 janvier 1923, Germaine reconnaît son fils à la mairie du 14ᵉ arrondissement de la capitale.
Le 1ᵉʳ avril 1923, on conduit le bébé sur les fonts baptismaux de l’église Saint-Pierre de Montrouge, 9 passage Rimbaut dans le 14ᵉ, là même où a été baptisé son oncle Émile qui devient son parrain et qui lui donnera son prénom.
La marraine est Henriette Soutiran qui est la fille d'Adrienne, l’amie très proche, un membre de la famille en fait, d’Émilie Chalvet (la grand-mère de René), elle habite 10 rue Roger, à 200 m des Livet. Elles travaillent ensemble, c’est Adrienne qui fait les couvertures alors qu’Émilie fait la pliure et que sa sœur Marie (ou sa sœur Louise) fait la couture. Là encore, il est à noter que René n’était pas certain d’avoir été baptisé ; il pensait même ne pas l’avoir été… mais il disait qu’Émile était son parrain.
Curieusement,
la seule photographie d’Henriette Soutiran qui soit parvenue jusqu’à moi est celle d’une fillette, pourtant elle avait déjà 18 ans environ lorsqu’elle est devenue la
marraine de René…
Il est possible en fait que j’ai d’autres photos d’elle, mais que je sois incapable de l’identifier cependant, même René ne l’aurait pas fait ; dans le cas contraire, j’aurais noté son nom au dos des clichés.
René grandit donc, entourés d'adultes aimants, dans ce quartier populaire de Paris, au 39 rue Daguerre, sans avoir conscience, bien entendu, que la France est en pleine mutation et que commence à se renverser la proportion de ruraux au profit de celle des citadins...
Le grand-père de René est cocher et ses chevaux vivent à moins de deux kilomètres, tout près de la porte de Vanves.
Cette photo a été prise dans la cour de "l'immeuble des Livet".
Adossé contre le volet se trouve l'oncle et parrain du petit René qui se tient debout sur la chaise. La mère de l'enfant est la jeune femme assise à côté de lui.
Les autres personnes sont Émilie Chalvet et Noé Livet, les grands-parents de René. Ce sont eux qui vivent dans l'appartement du rez-de-chaussée, dont on voit les volets sur la photo. Émile et sa sœur Germaine — qui aurait dû se prénommer Andrée — sont installés dans un appartement situé au 3ᵉ étage de l'immeuble, celui où, dans de nombreuses années, je verrai le jour...
Tout semble parfait pour ce petit garçon, choyé et même gâté... pourtant, Émilie Chalvet a subi une très lourde opération, à l'hôpital Cochin, le 17 juillet 1922.
(1) Première photo de René Livet né en 1922 – Cadre carton gris portant la gravure 75, Rue de Rivoli (logo) Paris – Dimensions : Cadre : H. 23,9 cm x l. 18 cm ; Photo Ø 9,3 cm ; Support rond photo, couleur beige Ø 10 cm ; Encadrement rond Ø 11 cm – Inscription crayon au dos : 98568. Cette photo existe en 2 exemplaires dont le dos de l’une a été annotée par Catherine Livet, fille de René qui a ajouté « René Livet ».
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