Victor Antoine Marie Baudot

Victor Antoine Marie Baudot naît le 28 juillet 1893 au domicile de ses parents alors fixé rue de Boucry dans le 18e arrondissement car, contrairement à ce qui est souvent véhiculé, l’enfant n’est pas né dans le 19e arrondissement.
Il est né du mariage de ses parents, Victor Antoine qui est alors marchand de vin et d’Emilie Joséphine Constant qui n’a pas de profession particulière et a un frère né le 19 juillet 1889 qui a été reconnu à la naissance par son père, avant le mariage de leurs parents qui n’a été célébré, toujours dans le 18e, que le 28 janvier 1892. Ce mariage a donc légitimé le jeune Louis Adrien, aîné de la fratrie. Un petit frère naît au domicile de leurs parents, toujours rue de Boucry où ils sont toujours commerçants en vin, le 15 janvier 1896.
Emilie Joséphine Constant va demander le divorce au cours de l’année 1899 qui sera entériné par le tribunal civil de la Seine le 18 mai 1899 à son profit, les enfants mineurs lui sont confiés... il ne pouvait de toute façon pas en être autrement car à cette époque, Victor Antoine a complètement disparu, personne ne sait où il habite. Ce divorce est transcrit le 06 octobre 1899 dans les registres de la mairie du 18e arrondissement. Lors du mariage de son second fils, en 1912, Emilie Joséphine Constant sera dite veuve.

Victor Antoine Marie se marie le 30 mai 1912 dans le 19e arrondissement. Il épouse Irma Augustine Pichenot qui est née à Nancy en Meurthe-et-Moselle, le 06 novembre 1894, elle est plumassière et est domiciliée chez ses parents, Alexandre qui est lors du mariage employé au chemin de fer et de Marie Louise Wagner qui est journalière dont le domicile est fixé 12 boulevard de la Chapelle. Le futur est domicilié chez sa mère 1 rue du Maroc dans le 19e. Mais les futurs vivent ensemble au 63 rue de Meaux. Leur mariage permet la légitimation et la reconnaissance du petit Victor né le 07 février 1912 dans le 10e arrondissement où sa naissance avait été enregistrée sous le patronyme de Pichenot puisque né de père non nommé.
Rue de Meaux Paris 19e
La guerre arrive très vite, le tout jeune homme, au sein du 46e Régiment d’Infanterie passe vite caporal mais sa vie, comme celle de tant d’autres, va être brutalement interrompue ; pour lui, ce sera ce 16 avril 1917 au Bois-des-Buttes à Pontavert dans l’Aisne. Voici sa dernière journée, presque mot pour mot comme elle est racontée dans le journal de marche du 46e :
Bois des Buttes, terrain du 16/04/1917
Photo prise le 20/09/1917 (1)
“Le 16 avril 1917, au petit matin, les hommes avancent dans un ordre parfait... l’élan est très grand et chacun a conscience que de son courage et de son énergie dépendent les destinées du pays. Le tir de l’artillerie boche est peu dense et piquette seulement de quelques obus mais, plusieurs mitrailleuses commencent à se dégeler du Bois-des-Buttes - La Ville-au-Bois. La première ligne boche est enlevée malgré les grenades ; la marche continue ; les nettoyeurs descendent dans les tranchées et après de sanglants corps à corps finissent par avoir raison des Bavarois du 11e de réserve qui ont montré beaucoup de cran et dont beaucoup refusent de se rendre et qui ont dû être passés à la grenade. 150 prisonniers dont 1 capitaine. La progression continue mais, la marche est très ralentie par les tranchées profondes, parfois pleines d’eau, boyaux, fils de fer nombreux. Les feux des mitrailleuses de la Ville-au-Bois sont très violents... Le sol est complètement rasé et les pertes deviennent très graves - les compagnies se désunissent et le barrage roulant a dépassé depuis longtemps la route 44 lorsqu’elle finit par être abordée. Malgré le feu intense des mitrailleuses qui l’occupent, quelques-uns arrivent à ses abords immédiats et se font tuer sur les fils de fer. La fusillade est tellement violente que l’attaque est obligée de stopper et de se terrer dans les boyaux et trous d’obus. De violents combats à la grenade s’engagent dans les boyaux de la Redoute - des Champs - de la Musette - de Dantzig qui sont enfilés par des mitrailleuses et énergiquement défendus. Vers 8 heures, une violente contre-attaque de
grenades boches se produit sur les boyaux de la Musette et de Dantzig ; celle de la Musette parvient jusqu’au point 8898 mais finit par être rejetée. Le régiment se trouve très en flèche. A sa gauche, les éléments du 89e n’ont pas dépassé la tranchée de Thor ; à sa droite, le 31e travaille lentement dans le Bois des Buttes - le flanc droit est particulièrement exposé et peut-être pris à revers de la Ville-au-Bois et du Bois des Boches d’où partent d’incessants feux de mitrailleuses. Le lieutenant colonel qui a porté son PC à la ligne de soutien boche vers 8 202 donne l’ordre de tenir à tout prix... Vers midi une seconde contre-attaque à la grenade sur 9803 est repoussée. Vers 15 heures, de nombreux groupes ennemis descendent du bois de la Casemate et de la région de l’Est vers la Musette et la 9e division. Cette contre-attaque est arrêtée par notre artillerie et nos feux de mitrailleuses et de fusils-mitrailleurs. Pendant toute la nuit, fusillade et rencontre de patrouilles nous permettent de faire une dizaine de prisonniers. Mais, en somme, l’infanterie ennemie ne réagit pas et la nuit se passe sans que la contre-attaque qui était à craindre sur le flanc droit complètement en l’air se produise... L’attaque du 46 a été menée avec résolution et énergie et a réussi malgré les grosses difficultés du terrain et les terribles feux de nombreuses mitrailleuses, à s’emparer de toutes les organisations de la 1ere ligne allemande et à rester compromise à distance d’assaut de la route 44 malgré les contre-attaques boches. 150 à 200 prisonniers, 1 canon de 77 encore chargé, de nombreuses mitrailleuses qu’on n’a pas eu le temps d’inventorier, sont tombés entre nos mains. De nombreux cadavres allemands gisent dans les tranchées et les abris et témoignent de l’acharnement de la lutte. Ce beau succès a malheureusement été acheté au prix de pertes cruelles : 15 officiers dont 5 tués - 6 adjudants - 3 aspirants - 39 sous-officiers - 63 caporaux et 704 hommes. Le Régiment de La Tour d’Auvergne a montré une fois de plus qu’il était toujours digne de sa vieille réputation”
« Excellent gradé, discipliné et courageux. Au cours de l’attaque du 16 avril 1917, a été tué en pansant, sous un violent bombardement, un de ses hommes blessés. Une citation antérieure. Croix de guerre avec étoile d’argent » [Journal Officiel du 13 mai 1920]
Mort pour la France le 16 avril 1917 au Bois des Buttes à Pontavert dans l’Aisne où il est inhumé dans la nécropole de Beaurepaire, tombe n° 2912. Selon un jugement déclaratif rendu le 04 février 1921 par le Tribunal de la Seine, transcrit le 25 mars suivant dans les registres de la 18e mairie.
Son fils, Victor, est adopté par la Nation par jugement du Tribunal Civil de la Seine du 15 mai 1919. Sa veuve attendra le 19 avril 1923 pour épouser Jean Louis Madrange alors employé de commerce, né le 02 novembre 1877 à Tulle en Corrèze, divorcé depuis le 19 novembre 1921 de Eugénie Notheber ; durant son veuvage, la jeune femme, et sans doute son fils, habitait chez ses parents, au 22 boulevard de la Chapelle toujours dans le 18e arrondissement de la capitale.
 
 
Catherine Livet
Pour lire et relire l’intégralité de mes “petits textes” en lecture libre : Becklivet
Sources / bibliographie
Mémoire des Hommes
Archives de Paris

 Et si vous veniez me rejoindre sur Facebook ?

"de la généalogie à l'écriture"

  .・゜゜・ LIBRAIRIE ・゜゜・.

FNAC  
(Pour la version numérique de mes livres)

 VERSION KINDLE 

(Pour certains de mes livres - Aussi sur Abonnement Kindle)

Pour me joindre :

 
 (1) : Bois des Buttes. Le terrain de l'attaque du 16 avril 1917 - Cote : VAL 030/057 - Date : 20.9.17 - Description physique : Importance matérielle : 1 planche Historique - Numéro d'inventaire de la section photographique de l’armée : 125545 - Présentation du contenu : Source ou opérateur : BO1226 - Collection "La contemporaine" - Licence ouverte/Open source.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci pour cette lecture.
Ecrivez moi un petit commentaire, je suis toujours heureuse d'échanger quelques mots avec les personnes cachées derrière les écrans.