J'ai passé une grande partie de la journée d'hier avec les autres participants au projet
C'était donc la deuxième séance et si, en théorie, il y avait moins de tâches à accomplir que lors de notre première réunion, il s'est avéré que le travail a été beaucoup plus difficile à faire.
Plusieurs des participants ont bloqués sur l'élaboration du plan d'écriture que je juge pourtant nécessaire voir obligatoire... cependant, il est vrai que, parfois, j'ai aussi l'impression de ne pas avoir besoin d'en faire... mais à bien analyser, j'en ai toujours un... sauf que je ne le mets pas toujours par écrit... c'est lorsque, comme ici, je reprends un travail, avec d'autres soldats de la grande guerre bien entendu, que j'ai déjà accompli pour plusieurs dizaines de soldats de 14-18 donc, je suis rompue à l'exercice... ou presque... car rien n'est jamais pareil dans la vie des hommes.
Il s'avère que certains participants étaient récalcitrants à cause des mauvais souvenirs qu'ils ont de leurs devoirs scolaires... il a donc fallu les rassurer, personne n'allait leur mettre une note, qu'elle soit mauvaise ou bonne d'ailleurs... si nous nous réunissons pour écrire, c'est juste pour trouver l'émulation qui fera justement que nous allons, naturellement, faire du bon travail.
Et à l'opposé, c'est la première fois que cela m'arrive, je me suis retrouvée face à deux participants qui ne juraient que par le plan d'écriture qu'ils pensaient devoir suivre à la lettre... il a donc fallu convaincre ces personnes que cela risquait de ne pas être possible puisqu'à ce stade de nos recherches, nous ne pouvions pas encore savoir ce que nous allions trouver.
Le déjeuner a permis de digérer toutes ces informations et d'admettre qu'il fallait un plan pour la cohérence du récit et pour ne rien oublier mais pas trop rigide pour pouvoir s'adapter sans se décourager.
Après le déjeuner, nous devions commencer la rédaction avec les éléments à notre disposition mais j'ai du faire face à une nouvelle levée de boucliers... n'est pas timide celui que l'on pense !
Pourtant, il n'était pas question de rédiger seul dans son coin... si nous étions ensemble, c'était justement pour échanger... notamment pour savoir si nous devions écrire "au kilomètre" ou élaborer un texte mot à mot.
Bon, tout le monde s'est mis au travail dans la bonne humeur car, ce qu'il ressort de cet atelier est, et de loin, le plaisir de participer à ce beau projet.
Lors de la première séance, j'avais répertorié "mes" candidats à la petite biographie que j'allais rédiger mais, comme je ne peux pas faire celle de la cinquantaine de soldats entrant dans cette catégorie, il m'avait bien fallu trancher et j'avais choisis "mes" soldats, les frères Bessin et je vous les avais même présentés, par ordre alphabétique. C'est bien parce qu'ils sont trois frères que j'ai décidé qu'ils seraient les héros de ma publication... "d'une pierre trois coups !"
Ce n'est pas la première fois que je me penche sur une fratrie impliquée dans la grande guerre :
Comme je le fais toujours, je travaille "au kilomètre" et ce week-end, voici où j'en suis de mon travail sur les frères Bessin ainsi, vous pourrez découvrir mes méthodes de travail et assister à l'élaboration du texte : (un clic sur "plus d'infos" pour voir le début de la vie des frères Bessin)
Les Bessin semblent si bien implantés dans le bourg de
Limay alors en Seine et Oise depuis tant de temps qu’il ne devrait n’y avoir
que peu de difficultés à remonter leur généalogie sur plusieurs générations mais
je vais me contenter de vous inviter à pénétrer, ce 24 février 1858, dans une
modeste demeure de la rue de l’Eglise. Julie Zélie Marquet est la maîtresse de
maison, elle est alors âgée d’environ 39 ans et les femmes du voisinage se
pressent à ses côtés car elle vient d’enfanter un garçon dont il faut prendre
soin pour lui donner toutes les chances de survivre. La parturiente n’en est
pas à son premier accouchement, elle est mariée depuis le 12 septembre 1840, jour où elle est devenue
Madame Jacques Bessin et où elle a quitté ses parents, Louis Julien et Marie
Madeleine Anasthasie Grison, cultivateurs à Fontenay-Saint-Père où a été
célébré son mariage avec comme témoins son beau-frère, Louis Augustin Pilleux tisserand à Fontenay mais aussi son jeune oncle de 30 ans Louis François
Pinard, cultivateur à Limay et d’ailleurs, l’un des témoins de son mari était
Jacques Pinard, aussi cultivateur à Limay, cousin germain du futur, l’autre
témoin était François Houllier, platrier de Limay âgé de 45 ans, oncle par
alliance du marié.
C’est le lendemain que Jacques
Bessin, fils des cultivateurs de Limay Pierre Aubin et Angélique Pétris, plâtrier de son état, se présente devant Claude François Xavier Languedoc,
maire du village qui doit compter plus ou moins mille-trois-cents habitants,
pour déclarer qu’il prénomme Gustave Hippolyte le bébé qui vient de naître de
ses œuvres.
Bien entendu, il n’est pas
possible de savoir qu’elle a été la vie de Gustave enfant sauf qu’il a du, avec
plus ou mois de bonheur puisqu’il saura lire et écrire, fréquenter l’école de
garçons qui se trouvait installer dans la mairie, rue de l’Eglise ; il
nous faut attendre ses 20 ans pour le retrouver et admirer ses cheveux et ses
sourcils châtain clair et surtout le roux de ses yeux, il faut reconnaître que
son front est bas, son nez ordinaire, sa bouche moyenne, que son menton est
rond et que son visage est ovale. Il mesure 1,68 m. Mais lors du recensement en
vue du service militaire, il va être affecté au service auxiliaire car il
souffre d’hydrocèle léger à droite. Gustave va rompre -peut-être ses frères
l’ont-ils fait aussi- avec les traditions familiales car il va quitter Limay
entre 1878 et 1887 pour s’installer dans la capitale et y prendre femme
puisqu’il épouse Mademoiselle Berthe Delattre, née à Paris le 25 mai 1858 de
François Joseph et de Clémentine Françoise Henry, sans que nous ayons retrouvé
la date et le lieu précis de ce mariage.
Cependant, le couple va venir
s’installer à Limay, probablement au printemps 1887, où vont naître quelques
garçons. Gustave continuera à exercer le métier de vannier et Berthe Delattre
est devenue lingère ; ils ont tous les deux environ 29 ans lorsque le
premier de leurs enfants voit le jour.
L’aîné des enfants de Gustave
naît le 13 septembre de cette année 1887, il est prénommé Robert Anthony
Gustave et les témoins de la déclaration de naissance qui est faite Monsieur Adolphe Alexandre Langlois, maire
du village de Limay, sont Eugène Bessin, vannier de 37 ans et Constant Louis
Aubin Lévêque, cordonnier de 45 ans.
Le second fils s’éveille à la vie
le 05 avril 1890 et le père déclare au maire, alors Aubin Augustin Groux, que
le bébé a pour prénoms Louis Jules Hippolyte, les témoins sont deux vanniers,
Eugène Bessin qui a maintenant 40 ans et Henri Riblet qui a 21 ans.
Le troisième enfant qui naît le
17 juillet 1891 est encore de sexe masculin, c’est toujours les mêmes témoins,
vanniers à Limay, qui accompagnent le père pour faire la déclaration devant
Aubin Groux, toujours maire de Limay. L’enfant est prénommé Maurice Charles
Louis.
C’est encore un garçon qui vient
au monde le premier juin 1894, au domicile de ses parents alors fixé rue de
Paris et ce sont les mêmes témoins et
déclarant qui disent au même maire du village que l’enfant s’appelle Georges
Lucien.
Presque deux ans plus tard,
toujours à Limay mais dans une maison rue Jean Bouret naît un autre garçon qui
est prénommé Gaston Martial, se sont les mêmes témoins qui assistent le père
pour la déclaration devant le maire, Aubin Groux, mais Eugène Bessin habite
désormais à Mantes et n’est plus dit vannier mais simplement journalier. Le
bébé va décéder au même endroit, le 02 juillet suivant, seul Henri Ribblet
accompagnera le père pour faire cette triste déclaration au maire qui est
maintenant Louis Alexandre Secache.
Et puis, je perds un peu de vue la famille Bessin et je me demande
vraiment si elle ne quitte pas Limay pendant quelques années parce qu’aucune
naissance n’est enregistrée jusqu’au 06 juin 1904 où Roland Jacques fait son
entrée dans la vie et beaucoup de choses semblent ne plus être comme avant…
déjà, il est vrai, nous avons changé de siècle en revanche Aubin Groux a repris
ses fonctions de maire de la petite ville de Limay mais les témoins qui
accompagnent le père du nouveau-né pour faire la déclaration ne sont plus du
tout les mêmes puisque ce sont deux dames qui viennent signer l’acte, Madame
Jollet, née Eugénie Rolland qui habite Mantes, est âgée de 37 ans et qui n’a
pas de profession tout comme Madame Dauvergne, née Félicie Montausson qui
habite Limay et est âgée de 61 ans. Pourtant, lorsqu’en 1906 je retrouve la
famille installée rue de Paris, elle
est bien constituée des parents et de leurs six garçons survivants mais elle va
bientôt déménager un peu plus loin, traverser la Seine et élire domicile à Mantes
puisque c’est là que Robert déclare habiter avec ses parents lorsqu’il se fait
recenser en 1907 car le temps est passé si vite que l’aîné est déjà un homme et
qu’il doit effectuer son service militaire et c’est ainsi que je peux apprendre
qu’il est blond, qu’il a les yeux gris, le front découvert, le nez et la bouche
moyens, que son menton est rond et son visage ovale et qu’il mesure 1,76 m et
je me demande s’il ne ressemble pas plus à sa mère qu’à son père tant la
description de son visage me paraît différente de celle de son père au même âge.
En tous les cas, son degré d’instruction a été assez poussé puisqu’en plus de
savoir lire et écrire, il sait compter d’ailleurs, il exerce le très beau
métier de typographe. Devenu le matricule 8 645, il est incorporé dès le 07
juillet 1908 au 36e Régiment d’Infanterie, il est zélé et plein de
la volonté de bien faire et il passe soldat de 1ere classe le 27 juillet 1910
puis, le 27 septembre de la même année, il est classé dans la disponibilité de
l’armée et, bien entendu, un certificat de bonne conduite lui est
accordé : il rentre donc à la maison, classé directement dans la réserve
de l’active. Seulement voilà, lorsqu’il arrive au sein de son foyer qui est
maintenant fixé au 69 rue Castagnary dans le 15e arrondissement de
la capitale où les parents ont décidé de s’installer, il n’y trouve pas son
jeune frère Georges Lucien et pour cause, il
a été admis à l’hôpital Necker ou il décède le 29 septembre de cette
année 1910 après, peut-être, avoir eu la dernière joie de revoir son frère aîné
mais le drame pour la famille ne s’arrête pas au décès du malheureux jeune
homme car Robert ne voit sa mère nulle part…
Merci de laisser un commentaire.
A bientôt,
Catherine Livet
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