dimanche 14 avril 2019

Né à Limay, Mort pour la France

Bonjour mon lecteur,

J'ai passé une grande partie de la journée d'hier avec les autres participants au projet

C'était donc la deuxième séance et si, en théorie, il y avait moins de tâches à accomplir que lors de notre première réunion, il s'est avéré que le travail a été beaucoup plus difficile à faire.
Plusieurs des participants ont bloqués sur l'élaboration du plan d'écriture que je juge pourtant nécessaire voir obligatoire... cependant, il est vrai que, parfois, j'ai aussi l'impression de ne pas avoir besoin d'en faire... mais à bien analyser, j'en ai toujours un... sauf que je ne le mets pas toujours par écrit... c'est lorsque, comme ici, je reprends un travail, avec d'autres soldats de la grande guerre bien entendu, que j'ai déjà accompli pour plusieurs dizaines de soldats de 14-18 donc, je suis rompue à l'exercice... ou presque... car rien n'est jamais pareil dans la vie des hommes.
Il s'avère que certains participants étaient récalcitrants à cause des mauvais souvenirs qu'ils ont de leurs devoirs scolaires... il a donc fallu les rassurer, personne n'allait leur mettre une note, qu'elle soit mauvaise ou bonne d'ailleurs... si nous nous réunissons pour écrire, c'est juste pour trouver l'émulation qui fera justement que nous allons, naturellement, faire du bon travail.
Et à l'opposé, c'est la première fois que cela m'arrive, je me suis retrouvée face à deux participants qui ne juraient que par le plan d'écriture qu'ils pensaient devoir suivre à la lettre... il a donc fallu convaincre ces personnes que cela risquait de ne pas être possible puisqu'à ce stade de nos recherches, nous ne pouvions pas encore savoir ce que nous allions trouver.
Le déjeuner a permis de digérer toutes ces informations et d'admettre qu'il fallait un plan pour la cohérence du récit et pour ne rien oublier mais pas trop rigide pour pouvoir s'adapter sans se décourager. 
Après le déjeuner, nous devions commencer la rédaction avec les éléments à notre disposition mais j'ai du faire face à une nouvelle levée de boucliers... n'est pas timide celui que l'on pense ! 
Pourtant, il n'était pas question de rédiger seul dans son coin... si nous étions ensemble, c'était justement pour échanger... notamment pour savoir si nous devions écrire "au kilomètre" ou élaborer un texte mot à mot.
Bon, tout le monde s'est mis au travail dans la bonne humeur car, ce qu'il ressort de cet atelier est, et de loin, le plaisir de participer à ce beau projet.

Lors de la première séance, j'avais répertorié "mes" candidats à la petite biographie que j'allais rédiger mais, comme je ne peux pas faire celle de la cinquantaine de soldats entrant dans cette catégorie, il m'avait bien fallu trancher et j'avais choisis "mes" soldats, les frères Bessin et je vous les avais même présentés, par ordre alphabétique. C'est bien parce qu'ils sont trois frères que j'ai décidé qu'ils seraient les héros de ma publication... "d'une pierre trois coups !"

Ce n'est pas la première fois que je me penche sur une fratrie impliquée dans la grande guerre :


Comme je le fais toujours, je travaille "au kilomètre" et ce week-end, voici où j'en suis de mon travail sur les frères Bessin ainsi, vous pourrez découvrir mes méthodes de travail et assister à l'élaboration du texte : (un clic sur "plus d'infos" pour voir le début de la vie des frères Bessin)


Les Bessin semblent si bien implantés dans le bourg de Limay alors en Seine et Oise depuis tant de temps qu’il ne devrait n’y avoir que peu de difficultés à remonter leur généalogie sur plusieurs générations mais je vais me contenter de vous inviter à pénétrer, ce 24 février 1858, dans une modeste demeure de la rue de l’Eglise. Julie Zélie Marquet est la maîtresse de maison, elle est alors âgée d’environ 39 ans et les femmes du voisinage se pressent à ses côtés car elle vient d’enfanter un garçon dont il faut prendre soin pour lui donner toutes les chances de survivre. La parturiente n’en est pas à son premier accouchement, elle est mariée depuis le  12 septembre 1840, jour où elle est devenue Madame Jacques Bessin et où elle a quitté ses parents, Louis Julien et Marie Madeleine Anasthasie Grison, cultivateurs à Fontenay-Saint-Père où a été célébré son mariage avec comme témoins son beau-frère, Louis Augustin Pilleux tisserand à Fontenay mais aussi son jeune oncle de 30 ans Louis François Pinard, cultivateur à Limay et d’ailleurs, l’un des témoins de son mari était Jacques Pinard, aussi cultivateur à Limay, cousin germain du futur, l’autre témoin était François Houllier, platrier de Limay âgé de 45 ans, oncle par alliance du marié.

C’est le lendemain que Jacques Bessin, fils des cultivateurs de Limay Pierre Aubin et Angélique Pétris, plâtrier de son état, se présente devant Claude François Xavier Languedoc, maire du village qui doit compter plus ou moins mille-trois-cents habitants, pour déclarer qu’il prénomme Gustave Hippolyte le bébé qui vient de naître de ses œuvres.

Bien entendu, il n’est pas possible de savoir qu’elle a été la vie de Gustave enfant sauf qu’il a du, avec plus ou mois de bonheur puisqu’il saura lire et écrire, fréquenter l’école de garçons qui se trouvait installer dans la mairie, rue de l’Eglise ; il nous faut attendre ses 20 ans pour le retrouver et admirer ses cheveux et ses sourcils châtain clair et surtout le roux de ses yeux, il faut reconnaître que son front est bas, son nez ordinaire, sa bouche moyenne, que son menton est rond et que son visage est ovale. Il mesure 1,68 m. Mais lors du recensement en vue du service militaire, il va être affecté au service auxiliaire car il souffre d’hydrocèle léger à droite. Gustave va rompre -peut-être ses frères l’ont-ils fait aussi- avec les traditions familiales car il va quitter Limay entre 1878 et 1887 pour s’installer dans la capitale et y prendre femme puisqu’il épouse Mademoiselle Berthe Delattre, née à Paris le 25 mai 1858 de François Joseph et de Clémentine Françoise Henry, sans que nous ayons retrouvé la date et le lieu précis de ce mariage.

Cependant, le couple va venir s’installer à Limay, probablement au printemps 1887, où vont naître quelques garçons. Gustave continuera à exercer le métier de vannier et Berthe Delattre est devenue lingère ; ils ont tous les deux environ 29 ans lorsque le premier de leurs enfants voit le jour.

L’aîné des enfants de Gustave naît le 13 septembre de cette année 1887, il est prénommé Robert Anthony Gustave et les témoins de la déclaration de naissance qui est faite  Monsieur Adolphe Alexandre Langlois, maire du village de Limay, sont Eugène Bessin, vannier de 37 ans et Constant Louis Aubin Lévêque, cordonnier de 45 ans.

Le second fils s’éveille à la vie le 05 avril 1890 et le père déclare au maire, alors Aubin Augustin Groux, que le bébé a pour prénoms Louis Jules Hippolyte, les témoins sont deux vanniers, Eugène Bessin qui a maintenant 40 ans et Henri Riblet qui a 21 ans.

Le troisième enfant qui naît le 17 juillet 1891 est encore de sexe masculin, c’est toujours les mêmes témoins, vanniers à Limay, qui accompagnent le père pour faire la déclaration devant Aubin Groux, toujours maire de Limay. L’enfant est prénommé Maurice Charles Louis.

C’est encore un garçon qui vient au monde le premier juin 1894, au domicile de ses parents alors fixé rue de Paris et ce  sont les mêmes témoins et déclarant qui disent au même maire du village que l’enfant s’appelle Georges Lucien.

Presque deux ans plus tard, toujours à Limay mais dans une maison rue Jean Bouret naît un autre garçon qui est prénommé Gaston Martial, se sont les mêmes témoins qui assistent le père pour la déclaration devant le maire, Aubin Groux, mais Eugène Bessin habite désormais à Mantes et n’est plus dit vannier mais simplement journalier. Le bébé va décéder au même endroit, le 02 juillet suivant, seul Henri Ribblet accompagnera le père pour faire cette triste déclaration au maire qui est maintenant Louis Alexandre Secache.

Et puis, je perds un peu de vue la famille Bessin et je me demande vraiment si elle ne quitte pas Limay pendant quelques années parce qu’aucune naissance n’est enregistrée jusqu’au 06 juin 1904 où Roland Jacques fait son entrée dans la vie et beaucoup de choses semblent ne plus être comme avant… déjà, il est vrai, nous avons changé de siècle en revanche Aubin Groux a repris ses fonctions de maire de la petite ville de Limay mais les témoins qui accompagnent le père du nouveau-né pour faire la déclaration ne sont plus du tout les mêmes puisque ce sont deux dames qui viennent signer l’acte, Madame Jollet, née Eugénie Rolland qui habite Mantes, est âgée de 37 ans et qui n’a pas de profession tout comme Madame Dauvergne, née Félicie Montausson qui habite Limay et est âgée de 61 ans. Pourtant, lorsqu’en 1906 je retrouve la famille installée  rue de Paris, elle est bien constituée des parents et de leurs six garçons survivants mais elle va bientôt déménager un peu plus loin, traverser la Seine et élire domicile à Mantes puisque c’est là que Robert déclare habiter avec ses parents lorsqu’il se fait recenser en 1907 car le temps est passé si vite que l’aîné est déjà un homme et qu’il doit effectuer son service militaire et c’est ainsi que je peux apprendre qu’il est blond, qu’il a les yeux gris, le front découvert, le nez et la bouche moyens, que son menton est rond et son visage ovale et qu’il mesure 1,76 m et je me demande s’il ne ressemble pas plus à sa mère qu’à son père tant la description de son visage me paraît différente de celle de son père au même âge. En tous les cas, son degré d’instruction a été assez poussé puisqu’en plus de savoir lire et écrire, il sait compter d’ailleurs, il exerce le très beau métier de typographe. Devenu le matricule 8 645, il est incorporé dès le 07 juillet 1908 au 36e Régiment d’Infanterie, il est zélé et plein de la volonté de bien faire et il passe soldat de 1ere classe le 27 juillet 1910 puis, le 27 septembre de la même année, il est classé dans la disponibilité de l’armée et, bien entendu, un certificat de bonne conduite lui est accordé : il rentre donc à la maison, classé directement dans la réserve de l’active. Seulement voilà, lorsqu’il arrive au sein de son foyer qui est maintenant fixé au 69 rue Castagnary dans le 15e arrondissement de la capitale où les parents ont décidé de s’installer, il n’y trouve pas son jeune frère Georges Lucien et pour cause, il  a été admis à l’hôpital Necker ou il décède le 29 septembre de cette année 1910 après, peut-être, avoir eu la dernière joie de revoir son frère aîné mais le drame pour la famille ne s’arrête pas au décès du malheureux jeune homme car Robert ne voit sa mère nulle part…
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A bientôt,

Catherine Livet

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