Elections municipales, 1er tour
Bonjour mon lecteur,
Je ne suis pas contente mais alors, pas du tout ! Je ne décolère pas ! C'est rare chez moi mais, vraiment, l'ébullition dans laquelle je suis entrée ne veut pas retomber... C'est que j'ai été profondément atteinte !
Alors, voici l'histoire :
Je vote à Limay, dans les Yvelines, au bureau n°1, celui qui se trouve à la mairie.
En ce dimanche 15 mars 2020, largement après midi, j'ai franchi, après avoir traversé une grande esplanade froide et venteuse, les portes du pompeux et hideux bâtiment nommé "hôtel de ville"
A peine un pied dans le hall de cette affreuse mairie en totale dissonance avec l'architecture et les matériaux locaux, je me suis trouvée face à un fastueux comptoir derrière lequel trônait une personne dont seul le visage était visible. En lettre distinctes, à cet endroit précis, est inscrit le mot "ACCUEIL"
Pas un bonjour !
Mon fils, qui m'accompagnait, dit :
"Bonjour"... toujours pas de réponse...
Il a continué :
"Pour voter ? C'est bien au premier ?"
Enfin une réponse :
"Oui"...
Pas chaleureux mais net et précis...
Nous voici donc au premier :
- Une table est installée à gauche à l'entrée de la salle devenue bureau de vote ; sur ce meuble rudimentaire, bien empilés, les bulletins et les enveloppes s'offrent aux regards des électeurs ; deux personnes sont assises derrière ce bureau improvisé ;
- Toujours à gauche, un peu en retrait par rapport à ce premier dispositif, les isoloirs ;
- En face de la porte d'entrée : l'urne derrière laquelle siège une personne : à sa droite, deux personnes ; à sa gauche, une personne assise comme toutes les personnes déjà citées, derrière elle, une personne debout ;
- A droite de la salle, toujours en se plaçant à l'entrée, à mi-chemin entre le mur du fond et le mur percé par l'entrée, deux personnes assises, mais sans table devant elles, veillent.
Il n'y avait aucun autre électeur que mon fils et moi.
Pas un bonjour !
Pas même un mot !
Je m'adresse donc aux deux figurants de la première table :
"Bonjour, qu'attendez-vous de nous à cette table ?"
Pas de bonjour en retour mais une réponse imbécile :
"Votre carte d'électeur... ouverte... pour que je vérifie si vous ne vous êtes pas trompée de bureau de vote."
Hallucinant !
Mon fils, qui me connaît et qui commence aussi à trouver l'ambiance pourrie, me donne un léger coup de coude pour que je ne lance pas une répartie cinglante à l'effrontée qui vient de me traiter benoîtement d'abrutie...
Il faut ensuite présenter sa carte d'identité... pas une pièce d'identité... non : sa carte ! Bon, mon passeport a été toléré...
Passage à l'isoloir :
Rien à dire : le vote est secret
Sortie d'isoloir :
Je m'approche logiquement des deux personnes qui siègent à la droite de la personne qui se tient derrière l'urne, celles qui sont donc installées à côté de la sortie des isoloirs.
Vous l'aurez deviné :
Pas un bonjour !
Pas même un mot !
Après avoir dit bonjour, je demande donc ce qu'il faut présenter à ce bureau...
Pas de bonjour en retour mais l'une des deux personnes m'indique qu'elle prend la carte d'électeur... puis je dois placer l'enveloppe dans l'urne et je dois ensuite présenter ma "carte" d'identité à la dernière table avant d'émarger le registre...
Ne devrais-je pas être, à ce stade, le seule personne à pouvoir toucher cette précieuse enveloppe ?
La personne derrière l'urne se lève, elle l'entrouvre... je dépose "mon" enveloppe en équilibre sur cette urne qui n'est ni ouverte ni fermée... "mon" enveloppe est comme suspendue... ni dans ma main... ni dans l'urne...
L'assesseur de la première table braille le numéro d'ordre inscrit sur ma carte d'électeur... la personne qui siège derrière la liste des inscrits ne me trouve pas... alors, "on" crie mon nom... en l'écorchant... "on" se penche sur le registre pour aider la préposée à trouver mon nom...
Ouf ! je suis bien enregistrée...
La personne me demande de signer mais ses mains cachent le nom figurant sur la ligne qu'elle veut que je paraphe... elle se montre très surprise que je veuille vérifier que nous nous trouvons bien sur la bonne ligne...
Pensez-vous que mon fils ait récolté des bonjours ? Pas un ! Je suis rassurée... je croyais que l'on m'en voulait... mais non, c'est que toutes ces personnes ne connaissent pas les mots magiques, vous savez les mots comme bonjour, s'il vous plaît, merci et autres... complètement passés de mode... comme le sourire, la douceur, la gentillesse etc.
Croyez-vous que le nom de mon fils a été plus facile que le mien à trouver sur la liste ?
La même scène... Sauf que personne n'a même osé tenté de le prononcer... Plusieurs individus ont du se pencher sur le fichu registre pour trouver son patronyme et pendant ce temps... "son" enveloppe est restée suspendue... complètement perdue de vue... substituée peut-être... non, tout de même pas... j'avais l'oeil... car pendant tout ce temps... je rongeai mon frein, je tournai comme un lion en cage... pour ne pas fulminer !
Il faut croire que nos patronymes sont trop compliqués pour des assesseurs d'un bureau de vote ! Leur consonance ne convient pas à certaines oreilles... trop discordante sans doute avec la sonorité actuelle... bientôt, si l'on n'y prend pas garde ils seront considérés comme parfaitement dissonants. Patronymes trop chargés de souvenirs, ceux qui rappellent ce que doit redevenir cette France qui pâlit... pour un peu, il nous faudrait avoir honte de nos ancêtres, d'être Français en France !
Pourtant, tous ces gens qui étaient présents, qui l'ont été avant et ceux qui le seront après mon passage, dans ce bureau de vote : président, assesseurs, secrétaires, délégués, scrutateurs... se battent tous comme de beaux diables, en quête du Graal...
Incapables de dire "bonjour" mais promettant de lutter contre les "incivilités" !
Incapables de dire "bonjour" mais persuadés qu'ils sont aptes à présider à la destinée de quelques 16 000 habitants !
Je ne suis pas contente et je ne décolère pas !
A bientôt,
Catherine Livet
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour cette lecture.
Ecrivez moi un petit commentaire, je suis toujours heureuse d'échanger quelques mots avec les personnes cachées derrière les écrans.