lundi 13 avril 2020

Lundi de Pâques

Un jour férié pas comme les autres 

Bien connaître l'histoire
Vers toutes les fêtes

Bonjour mon lecteur,

Voici un jour férié bien mystérieux, car il ne se passe vraiment rien le lundi de Pâques... pas une fête religieuse, pas une commémoration civile... rien de rien ! Pourtant, cette journée est fériée en France depuis... très longtemps...
Et l'habitude est bien à rapprocher des fêtes de Pâques, les plus importantes de toute la chrétienté, car le Lundi de Pâques est le vestige de l'Octave de Pâques.
Pour les chrétiens, il s'agit de se souvenir que la Résurrection du Christ se prolonge bien au-delà du jour de Pâques. Une messe est célébrée tous les jours jusqu'au dimanche qui suit celui de Pâques, ce second dimanche de Pâques est devenu le jour de la fête de la divine Miséricorde depuis que le Pape Jean-Paul II l'a institué en l'an 2 000, mais nous n'en sommes pas encore à cette fête...
Pour permettre aux fidèles de pouvoir suivre quotidiennement les offices, il fut décrété que ces huit jours nécessaires à la foi seraient fériés...

On attribue l'introduction de cette pratique dans la liturgie catholique à Constantin, premier empereur chrétien (vers 280-337) mais la pratique de l'Octave de Pâques est déjà relatée dans l'Ancien Testament, elle est appelée la fête des Tabernacles ou des tentes, dans le livre du Lévitique chapitres 23 à 26 : "Pendant sept jours, vous présenterez de la nourriture offerte pour le Seigneur. Le huitième jour, vous tiendrez une assemblée Sainte, vous présenterez de la nourriture offerte pour le Seigneur : ce sera la clôture de la fête. Vous ne ferez aucun travail, aucun ouvrage" (Lév. Ch. 23 Verset 36) 
...
Il y aurait vraiment beaucoup à dire au sujet de l'évolution des pratiques religieuses en France mais il me faudrait rédiger une thèse monumentale, ce qui n'est pas le but de cet article. Alors, je vais utiliser de sérieux raccourcis en faisant très attention de ne pas déformer les réalités.
Pour la France, on utilisait l'expression Église gallicane, pour couper court à ceux qui me rétorqueraient que tout cela n'est pas aussi simple et qu'il y a plusieurs définitions applicables, je dirais, parlons de gallicanisme royal, ce qui veut simplement dire que le roi de France gouverne l'Église de France en refusant l'ingérence du Saint-Siège, mais sans aucune notion de schisme... La France est considérée comme la fille aînée de l'église, elle est donc comme émancipée, mais reste aimante et le souverain de France est le roi très chrétien, il est considéré comme "le vicaire du Christ dans son royaume" surtout qu'il est sacré, oint de l'huile sainte depuis Pépin le Bref...
La situation était parfois très tendue entre la France et le Saint-Siège... notamment à compter de Philippe le Bel qui n'hésitera pas, en 1295, à lever des impôts sur le clergé sans avoir demandé la permission au pape... les échanges sont rudes...
Les disputes seront très nombreuses au fil des siècles, mais il faut reconnaître que la régale (possibilité pour le roi d'encaisser certains revenus à la place du pape. Il est à noter que la régale, qui veut bien dire droit du roi, a donné l'adjectif régalien qui concerne aujourd'hui tout ce qui regarde l'état en tant que nation)   sera souvent au cœur des mésententes.
Sous Charles VII en 1438, la "Pragmatique Sanction" régit les relations entre l'Église gallicane et le Saint-Siège. Le roi, officiellement, s'octroie l'administration des diocèses et des abbayes en lieu et place du pape qui perd aussi le droit de nommer les évêques qui sont maintenant élus par les chanoines de leur cathédrale ainsi que les abbés qui sont désormais élus par leurs religieux et, bien sûr, les annates (redevances à verser au Saint-Siège après une nomination) sont supprimées.
Puis sont arrivés la Renaissance et François 1er et la "Pragmatique Sanction", plusieurs fois remaniée, va être remplacée par le "Concordat de Bologne" en 1517 qui donne au roi la prérogative inouïe de nommer les titulaires des évêchés et des abbayes...
Et puis, la révolution, la fameuse, celle de 1789 que l'on fête chaque 14 juillet, a tout voulu balayer sur son passage et, en ce qui concerne notre sujet, a élaboré  en 1790 la "Constitution civile du clergé"  
Les biens de l'Église sont nationalisés, les ordres contemplatifs sont dissous... personne ne demande son avis au pape...  Le Saint-Siège n'approuve pas du tout... Louis XVI, approuve la Constitution civile, mais l'avis défavorable du pape lui arrive ensuite et la constitution civile est refusée en bloc... l'Assemblée exige que le clergé prête serment à la Constitution civile... Le clergé se divise entre assermentés et réfractaire, c'est la rupture entre les catholiques et la révolution... 
En 1791, le pape déclare la constitution civile du clergé "hérétique et schismatique"... Louis XVI, croyant, est effondré, c'est l'épisode de la fuite à Varennes qui va entraîner la chute de la monarchie le 10 août 1792 et la proclamation de la 1ʳᵉ république... tout cela sur fond de guerre... Louis XVI est décapité...  
Pendant tout ce temps, un jeune soldat se distingue et devient un brillant militaire, il jouit d'une belle réputation. Le jeune général Bonaparte est l'homme qu'il faut pour appuyer le coup d'État du 10
Signature du Concordat - gravure du XIXe
novembre 1799 contre le Directoire institué depuis 1795. 

Napoléon est maintenant consul, il réunit les pouvoirs entre ses mains et remet de l'ordre dans le pays très malmené depuis trop longtemps ; en ce qui concerne notre sujet qui est le lundi de Pâques, il se donne pour mission de ramener la paix religieuse, facteur de cohésion sociale, et pour se faire négocie avec le pape Pie VII. Le document qui est signé en juillet 1801 est appelé le "Concordat". Ce document jouera un rôle très important tant au niveau de la politique intérieure (Par exemple, Louis XVIII s'opposera au "Concordat" en argumentant que seul un roi très chrétien peut modifier l'accord de François 1er) qu'au niveau de la politique extérieure puisque c'est pour lui le moyen de faire reconnaître le Consulat. Le "Concordat" commence par reconnaître que la religion catholique est celle de la très grande majorité des Français.
Napoléon profite de la situation pour retirer quelques jours fériés aux Français qui en avaient beaucoup plus qu'on ne le pense généralement maintenant.  C'est ainsi que l'octave de Pâques qui pourtant existait depuis des temps quasi immémoriaux a été supprimée ou du moins, parce qu'il fallait tout de même que le message de la continuité de la Résurrection passe auprès des fidèles, réduite à sa portion congrue, un seul jour, le Lundi de Pâques.

Et voilà l'histoire, très écourtée, de l'octave de Pâques devenue le Lundi de Pâques, un jour férié pas comme les autres.

À bientôt,
Catherine Livet
 

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