Pêle-mêle d'étrangetés et autres casse-tête - Challenge AZ 2020
K afkaïen !Nous voici à Auvillars (sur Saône) en Côte d'Or le 25 Fructidor de l'an XI (12 septembre 1803). La jeune Zoé de Faucigny, issue de la très haute noblesse héréditaire épouse Gaspard BERNARD de Sassenay dont la seconde partie du patronyme a été ajoutée lors de l’acquisition par un ancêtre, au milieu du 17e siècle, d'un château sur la commune de Sassenay en Saône-et-Loire et dont le blason fut enregistré à l'Armorial général en 1696.
Voici les signatures en bas de l'acte de mariage de Zoé :
Les jeunes frères de la mariée ont signé l'acte dans lequel ils ne sont pas cités ; leur patronyme a été raccourci de sa particule.
Le marié et son frère ont vu leur nom amputée d'une moitié.
L'officier de l'état civil justifie les ratures qu'il a faites tant à l'acte qu'aux signatures par la loi de prohibition.
La révolution ne pouvait pas se contenter de supprimer les castres, elle a tout mis en marche pour faire disparaître les moindres traces d'un passé qu'elle vomissait.
Le 05 novembre 1789, l'assemblée nationale décrète qu'il n'y a aucune distinction d'ordre.
Le 19 janvier 1790, elle vote l'abolition des qualificatifs de prince, duc, marquis, comte, vicomte, vidame, baron, chevalier, écuyer ainsi que les appellations liées Monseigneur, Messire, Altesse, Excellence, Eminence etc. Il est interdit d'employer des armoiries ou des livrées.
le 04 juin 1790, le ministre de l'intérieur, Saint-Priest, ordonne au généalogiste de la couronne de ne plus recevoir les titres. La Convention impose la seule qualification de "citoyen"... le ci-devant noble étant prié de ne porter que le nom de sa famille avant d'être anoblie... c'est ainsi que Louis XVI est devenu Louis Capet... d'où la coupure du nom du marié à "Bernard".
Mais voilà, justement, personne ne se reconnaît... on ne sait plus de qui l'on parle... surtout qu'il avait été aussi décidé de débaptiser les villes et les villages et de changer jusqu'au nom des rues... dans les faits toutes ces lois ne furent pas suivies dans le privé et, dès après la Terreur, l’appellation de Monsieur est utilisée et la plupart des titres furent donnés pour s'adresser à ceux qui en avaient été dépossédés.
Quoi de mieux pour démontrer le caractère Kafkaïen, pour ne pas dire grotesque de ces lois que de se souvenir de cette audition devant le tribunal révolutionnaire lorsqu'on demande son identité à un accusé :
" François, comte de Saint-Cyr
— Il n'y a plus de comte
—Alors, François de Saint-Cyr
— Les particules sont supprimées
— Alors, François Saint-Cyr
— Il n'y a plus de saint
— François Cyr
— Il n'y a plus de sire "
C'est l'empire, en 1804, qui met fin à cette situation kafkaïenne .
Napoléon 1er institue rapidement une nouvelle noblesse... à son profit.
A demain pour la lettre L comme Labyrinthe.
Vers l'ensemble de mon #ChallengeAZ 2020
Catherine Livet
De la mise en place de votre projet au point final de votre livre de famille
J'aime beaucoup, ce mot ! En effet, la situation était un peu grotesque, sacré Napoléon 1er.
RépondreSupprimerIl faut dire que l'époque était troublée
Supprimeren effet , c'est bien compliqué !
RépondreSupprimerEn tous les cas, je trouve qu'ils avaient de l'imagination
SupprimerQuel bazar kafkaïen en effet !
RépondreSupprimerAh oui, c'est cela : un vrai bazar !
SupprimerPour ne pas dire ubuesque !
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