ChallengeAZ Lettre N

Pêle-mêle d'étrangetés et autres casse-tête - Challenge AZ 2020

N ébuleux. 

 Mais quelle est donc cette étrange rédaction ?

 C'est incroyable ! On sait que Esther Chalvet est née à Belleville, on connaît sa dernière adresse à Paris dans le 3e arrondissement MAIS on ne connaît pas exactement ni sa date de décès ni même l'endroit où elle est morte !

Il est noté qu'elle est décédée VERS le 31 juillet (1894) SUR le quartier Saint-Thomas d'Aquin dans le 7e. Elle a été transportée le 27 septembre suivant jusqu'au Quai de l’Archevêché...  et l'acte n'est dressé que le 03 octobre suivant par la mairie du 4e arrondissement de Paris. 

Ah mais voilà la clef de l'énigme ! Le Quai de l'Archevêché, la morgue de Paris ! Avec sa superbe salle d’exposition des corps pour qu’ils puissent être identifiés et avec sa kyrielle de noyés, tombés plus ou moins accidentellement dans la Seine, en état de décomposition très avancée… Son décès est fixé « vers » le 31 juillet qui doit être le jour de sa disparition… elle est transportée, en fait son corps qui devait être déjà très peu reconnaissable, le 27 septembre suivant le jour de sa disparition… Sans doute est-elle tombée dans l’eau fangeuse de la Seine qui n’a rejeté son corps que ce jour ; exposée à la morgue de l’Archevêché, nue, pour que toutes les marques particulières soient vues, sur une dalle de tôle, les lambeaux de ses vêtements et, peut-être, ses bijoux exposés derrière afin que quelqu’un puisse l’identifier… Ce qui a été fait… et deux employés de la morgue ont fait la déclaration du décès d’où cet acte. 

 Ces expositions de corps à identifier, le plus souvent tirés de la Seine n’étaient pas très frais, tout ce qui avait été retrouvé sur eux étaient également exposé derrière les corps afin de donner toutes les chances de les reconnaître.  Un spectacle gratuit où les Parisiens se pressaient. Emile Zola dans son roman « Thérèse Raquin »  fait une description terrible de

Morgue du Quai de l'Archevêché - photo de 1913

l’attractivité que la morgue exerçait alors sur la population : « Un spectacle à la portée de toutes les bourses que se paient gratuitement les passants pauvres ou riches, la porte est ouverte, entre qui veut, il y a des amateurs qui font un détour pour ne pas manquer une de ces représentations de la mort. Lorsque les dalles sont nues, les gens sortent désappointés, volés, murmurant entre leurs dents ; lorsque les dalles sont bien garnies, lorsqu’il y a un bel étalage de chair humaine, les visiteurs se pressent, se donnent des émotions à bon marché, s’épouvantant, plaisantent, applaudissent ou sifflent comme au théâtre et se retirent satisfaits en déclarant que la Morgue est réussie ce jour-là .» 

Donc, comme je dis souvent, si vous perdez de vue un ancêtre parisien à cette époque là, et même avant, courrez vite à la morgue de Paris... vous y reconnaîtrez peut-être le corps de votre disparu. 

A demain pour une histoire un peu moins macabre avec la lettre O pour Omission.

Catherine livet

Vers l'ensemble du #ChallengeAZ 2020

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