Bonjour mon lecteur,
Voici une bien étrange affaire. Tout aurait débuté par une lettre anonyme... On l'imagine bien alarmante et même un peu hallucinante en tous les cas, elle a été prise très au sérieux et une perquisition est ordonnée au domicile de la veuve Monnier à Poitiers.
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| Le Journal de l'Ile de la Réunion - 14/07/1901 - BNF |
Elle est connue des occupants de la maison bourgeoise où elle vient d'être découverte par la police. Elle s'appelle Blanche Monner, elle est née le 1er mars 1849 à Poitiers et elle est séquestrée par sa famille depuis environ 25 ans !
Quelle histoire ! Après la découverte de la malheureuse, les rumeurs les plus folles circulent... Sa famille, profondément royaliste, n'aurait pas supporté la relation amoureuse de Blanche avec un avocat républicain... Il paraît même qu'un enfant serait né de cette liaison dangereuse et que les parents de Blanche auraient fait disparaître le nouveau-né qu'ils auraient enterré au fond du jardin...
La mère, Louise - une femme autoritaire - est arrêtée, mais elle décède en prison peu de temps après. Le père, Charles Emile, est décédé ; il a été doyen de la faculté de lettres, poste dont il aurait été révoqué en 1877.
Marcel, le frère de Blanche, ancien sous-préfet, se retrouve devant le juge correctionnel. Il est condamné, le 11 octobre 1901, à 15 mois d'emprisonnement pour complicité d'acte de violence... Il est, un mois plus tard, acquitté en appel.
Blanche, en fait, souffre de graves troubles mentaux. Les domestiques témoignent et expliquent qu'elle était considérée comme incurable et que les soins médicaux étaient inutiles... Son état se serait considérablement détérioré à la suite du décès de son père puis de celui de la servante qui s'occupait d'elle au quotidien... Aucune autre domestique n'ayant pris, semble-t-il, le relais aux côtés de Blanche pour l'aider à vivre, elle se serait enfoncée dans sa maladie...
Après sa découverte, Blanche Monnier a été internée dans un hôpital psychiatrique, à Blois, où elle restera jusqu'à son décès en 1913.
André Gide écrira "La séquestrée de Poitiers" qui paraîtra le 31 mars 1930.
Je vous laisse méditer sur cette horreur et je vous dis à demain pour un autre événement.
Catherine Livet
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