Il fait beau, il fait chaud et je suis fatiguée, non pas d'avoir guinché ou festoyé toute la nuit précédente, mais plutôt d'avoir une nouvelle fois exploré des registres de baptêmes qui se taisent, qui refusent obstinément de me livrer un détail pour que je puisse retrouver la trace de mes ancêtres. Mon esprit, obsédé par sa quête, s'échappe de mon corps, traverse l'espace et le temps pour s'élancer à la rencontre de celui qui interdit toute progression... sans grand espoir...
Bonjour Pierre. Vous êtes le plus lointain ancêtre de la branche des Chalvet que je puisse atteindre aujourd'hui et je ne suis pas sûre d'arriver un jour à faire connaissance avec vos parents.Vous êtes de Chaudes-Aigues, ce riant village du Cantal qui porte si bien son nom qu'il doit aux nombreuses sources chaudes qui offrent tant de confort aux habitants. L'eau chaude, abondante et gratuite, est utilisée pour le chauffage des maisons et, bien entendu, pour la cuisine ainsi que le lavage de la vaisselle, des sols et des vêtements, procurant une hygiène peu répandue encore à l'époque qui nous intéresse. N'oublions pas les vertus curatives que l'on prête volontiers à ses sources exceptionnelles.
Mais, qui dit progéniture, dit mariage et là, je maudis le curé Charreire qui, le 22 août 1746, en l'église Saint-Martin Saint-Blaise, vous a donné la bénédiction nuptiale.
Vos parents étaient présents mais, ils ne sont pas nommés et ne savent pas signer. Et ceux de la demoiselle Jeanne Biron, votre fiancée, également attentifs aux paroles du curé, sont aussi taiseux que les vôtres et, je n'ai pas trouvé vos publications de mariage.
Votre union est féconde et Marie fait son entrée à Chaudes Aigues le 28 janvier 1748 ; baptisée le jour de sa naissance, elle a pour parrain Pierre Biron de Chaudes Aigues et pour marraine, Marie Pécoul de Nazat.
Il est fort possible qu'elle soit la première de vos enfants. Je ne sais rien d'autre à son sujet. Je n'ai trouvé aucune autre trace de son existence...
Ensuite, je ne trouve plus aucune naissance pendant 8 ans ! Est-ce possible ? C'est un petit Pierre que vous accueillez et faites baptiser le 26 février 1758, toujours à Chaudes Aigues. Son parrain est Pierre Pecoul et sa marraine Elisabeth Fabre. Les témoins sont Pierre Biron et Antoine Settel. Personne ne sait signer.
Je ne suis pas certaine de bien lire le métier qui vous est attribué alors, si l'un de mes lecteurs peut m'aider, je lui serais particulièrement reconnaissante.
C'est ce fils qui fait le lien entre vous et moi. Alors, j'ai misé tous mes espoirs sur lui et c'est avec une certaine fébrilité que j'ai cherché son acte de mariage avec Catherine Brunel. Je l'ai trouvé. Le voici :
Cet acte, daté de Chaudes Aigues du 28 août 1781, m'apprend que vous êtes veuf. Je m'empresse donc de rechercher le décès de Jeanne Biron. Je trouve un acte de sépulture qui est probablement le sien... mais sans certitude...
"Ô rage ! Ô désespoir !" Il n'est fait aucune mention de vous ! Il n'est même pas possible de remonter sur les parents de Jeanne !
Cet acte, rédigé à Chaudes Aigues le 19 juillet 1768, concerne une certaine Jeannetton Biron. Ses parents, son éventuel époux, même son âge présumé ne sont pas mentionnés ! Les témoins n'apportent aucune information ; celui du nom d'Antoine Settel, que j'avais déjà relevé en 1758, lors de la naissance de votre fils Pierre, est un témoin habituel...
Alors, j'ai repris mes investigations. Je suis revenue à l'époque où, compte tenu de l'année de votre mariage, vous auriez pu naître.
J'ai trouvé un acte de baptême d'un petit Pierre Chalvet, le 30 janvier 1723. Bingo ! Me suis-je dit. Je tenais le nom de vos parents et plus rien ne m'empêchait de "remonter" l'arbre des Chalvet. Votre père serait Jean et votre mère Marguerite Pécoul... patronyme que l'on retrouve lors du baptême de votre fille tout comme lors de celui de votre fils Pierre.
J'ai franchement été tentée d'adopter le couple Jean Chalvet-Marguerite Pécoul pour ancêtres mais, quelque chose me freine puissamment. Car, dans le même temps, j'ai recherché la naissance de votre épouse et j'ai trouvé un acte de baptême qui pourrait lui être attribué.
Cet acte a été rédigé à Chaudes Aigues le 18 novembre 1711. La différence d'âge entre elle et vous est notable et j'ai vraiment du mal, compte tenu de l'époque à laquelle vous viviez, à ne pas douter : Ai-je bien en ma possession les deux actes de baptême qui me manquent...
Pierre, je suis dans une impasse. Je ne pense pas que vous l'ayez souhaité mais je dois reconnaître, qu'à moins que je ne me lance dans la spéculation, l'histoire des Chalvet devra se résoudre à débuter avec vous.
Je suis en retard, Pierre. Il me faut retourner sur terre, à mon époque, où tout tourne au ralenti à cause de la température qui dépasse les 36° C, aujourd'hui 18 juin 2022, à Paris.
Catherine Livet
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FNAC
(Pour la version numérique de mes livres)
Pour me joindre :
le métier c'est Fournier ! et ce n'est peut être pas son prénom d'ou le fait de ne pas trouver son acte !
RépondreSupprimerGrr ! Ces prêtres qui n'ont pas pensé aux généalogistes ! 😩
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