Bonne fête Zoé !
As-tu été sacrifiée ? C'est la question que je me pose depuis que j'ai fait ta connaissance.
Tu es née et tu as été ondoyée le 13 juin 1785 à Coligny, dans l'Ain. Tu as été baptisée le 16 octobre suivant ; ton parrain, Claude Henri Etienne BERNARD de Sassenay était alors capitaine des Dragons au régiment de Condé ; lors de la célébration, il n'était pas présent, mais représenté par Monsieur Antoine Joly. Ta marraine, Anne Marie Henriette Feydeau de Brou, ta grand-tante maternelle, était aussi représentée ; c'est Marie Perrine de Bellesme qui a eu cet honneur. Et, ce jour-là, l'assistance a fait ajouter, en marge de l'acte, que tu es "née comtesse de Lucinge et baronne du Saint-Empire" (?)
Le malheur de ta naissance est que tu es bien née Lucinge puisque tu es la fille de Charles Louis Amédée de Lucinge. Ton père est resté dans l'histoire comme le terrible député de la noblesse du bailliage de Bourg-en-Bresse, qui a siégé à partir du 15 décembre 1789.
L'historiographe de France, Jacob Nicolas Moreau, dira de ton père : "Brave et excellent gentilhomme de Bresse". "Un peu brise-raison". Et Chateaubriand aurait dit de lui : "Un jour, j’étais placé derrière l’opposition royaliste. J’avais devant moi un gentilhomme dauphinois ( !!), noiraud, petit de taille, qui sautait de fureur sur son siège et disait à ses amis : Tombons l’épée à la main sur ces gueux là..."
L'historiographe de France, Jacob Nicolas Moreau, dira de ton père : "Brave et excellent gentilhomme de Bresse". "Un peu brise-raison". Et Chateaubriand aurait dit de lui : "Un jour, j’étais placé derrière l’opposition royaliste. J’avais devant moi un gentilhomme dauphinois ( !!), noiraud, petit de taille, qui sautait de fureur sur son siège et disait à ses amis : Tombons l’épée à la main sur ces gueux là..."
L'époque est rude et ton père, pour sauver sa personne, n'a plus d'autre solution que l'exil... Ses biens terrestres sont saisis... mais ta mère reste en France et se bat comme un lion pour préserver ce qu'elle peut... ayant pris soin de mettre ses biens propres à l'abri, elle met tout en œuvre pour récupérer une partie de ceux de son époux et, parmi les stratagèmes qu'elle adopte pour récupérer quelques biens familiaux - car toutes les branches de votre famille sont touchées par la Révolution - il y a quelques mariages... dont le tien...
Ta mère, Judith, te fait épouser son jeune frère, donc ton oncle maternel, Gaspard Etienne BERNARD de Sassenay.
Je ne suis pas certaine que l'idée de ce mariage, quelque peu consanguin, fut aussi bonne que ta mère l'avait envisagée.
Si Zoé, qui naît neuf mois après ton mariage, va atteindre l'âge adulte et se marier, il n'en est pas de même pour les deux fils que tu vas mettre eu monde et qui seront rappelés à Dieu dans la foulée.
Ton mariage a été acté le 25 Fructidor de l'an 11 (12 septembre 1803). Ta mère, très occupée, était absente mais tes frères étaient présents et, comme eux, tu portes désormais un nom différent que celui que tu avais à ta naissance car ton père, bien avant que la Révolution n'éclate et même, dans la continuité de démarches entreprises un siècle plus tôt, a relevé le prestigieux nom de Faucigny. Ah mais, il n'est pas bon de porter une particule et elle va être soigneusement barrée... même sur les signatures... sauf la tienne qui sera - probablement par oubli - épargnée.... Le rédacteur précisera que les ratures ont été faites en application de la loi.
Zoé, je trouve ta vie très peu enviable. Tu es décédée le 21 juin 1820, âgée de 35 ans, après avoir donné le jour, le 16 mai, à un bébé fille dont la petite âme s'envole le 12 octobre suivant sa triste naissance et dont le corps vient rejoindre le tien, sous la dalle de calcaire rose de l'église Sainte-Madeleine, à Auvillars-sur-Saône.
A bientôt,
Catherine Livet
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