Je n'ai pas la mémoire des dates, pourtant il y en a une qui est gravée dans mon esprit et qui, je le pense sincèrement, le restera même si la sénilité venait ronger mon cerveau. Il s'agit du 08 août.
Paulette était une jeune mariée lorsque tout a commencé et c'est à elle que je dois l'une des plus belles rencontres de ma vie. Elle est née le 30 avril 1918 à Orléans de Henri François Nicolas Vinot et de Marie Madeleine Ramelot. Ses parents se sont mariés à Paris, le 23 septembre 1916. Dans le civil, son père était négociant, mais à cette époque, il s'était engagé pour la durée de la guerre... Malheureusement, le brigadier du 20ᵉ chasseurs à cheval, sera atteint de tuberculose pulmonaire et réformé par la commission de Nîmes à partir du 02 juin 1917. Paulette, au gré du commerce de son père, va être ballottée aux quatre coins de la France et c'est ainsi que sa sœur, celle que je connaîtrai sous l'appellation de "Tatie Simone", est née à Besançon, dans le Doubs, le 06 avril 1920. Une autre fille va agrandir la fratrie, Nicole, mais je ne l'ai pas connue... Je crois que les sœurs étaient un peu fâchées.
Au début de l'histoire, Paulette est l'épouse d'Albert Pierre Santurenne mais il est prisonnier de guerre en Allemagne où il décèdera durant l'été 1941 de maladie. La vie est devenue difficile pour la jeune femme et sa famille et je n'ai jamais pensé à lui demander si elle était déjà à Bordeaux ou si elle avait fait partie des malheureux jetés sur les routes par l'avancée allemande qui, entre fin mai et début juin 1940, sont venus se réfugier à Bordeaux qui se retrouve vite surpeuplé et dans l'incapacité de nourrir cette population, de la loger, de la soigner... Même l'eau est rationnée... Les Bordelais commencent à voir d'un mauvais œil cette invasion et les réfugiés étrangers sont vite suspectés, les Belges néerlandophones sont pris pour des Allemands... C'est dans ces conditions très difficiles que le 08 août 1941, elle met au monde un petit garçon qui porte le nom de son mari qui ne peut en aucun cas être le père du nouveau-né. Paulette a auprès d'elle sa sœur Simone qui l'aide à s'occuper du petit Jean-Claude Pierre Henri, mais elle se marie, le 29 décembre 1945, à Bordeaux, avec Robert Léon Darteyres que j'ai eu le grand plaisir de connaître également... ainsi que leur chien, un boxer, que "Tatie Simone" vouvoyait et appelait Monsieur chien. Paulette, qui est donc veuve, se sent une nouvelle fois un peu seule et en difficultés avec son fils sur les bras... Elle se remarie, à Andernos-les-Bains, le 04 mars 1946, avec Roger Baché. Des années plus tard, elle me racontera que cet homme était mauvais et qu'il était même violent avec le petit garçon. Peu de temps après son mariage, elle jette quelques effets dans un sac, prend son fils sous le bras et fuit... Elle dépose l'enfant chez sa mère, qui vit à Paris... et disparaît en promettant de revenir bientôt... Elle n'avait peut être pas la notion du temps ou elle a eu quelques trous de mémoire parce qu'elle a laissé filer les années et a oublié de donner de ses nouvelles... La grand-mère du petit Jean-Claude est bien embêtée, car elle fait de son mieux pour s'occuper de lui mais... Elle va faire déchoir Paulette, sa fille, de ses droits d'autorité parentale et se faire nommer tutrice de son petit-fils...
À suivre...
Catherine Livet
J'attends la suite avec impatience.
RépondreSupprimerMerci beaucoup. J'espère avoir le temps de continuer prochainement ce récit.
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