ChallengeAZ - G pour le second jeudi du mois... une semaine déjà !

G énie, Régiment du

Marcellin Rahire - Photo transmise par son petit-fils

J’ai réellement découvert le Génie avec le génial (bon, c’est facile) Marcellin Joseph Auguste Rahire qui est né le 25 juillet 1890 à Saint-Etienne. Il est noir de cheveux et de sourcils mais le marron de ses yeux apporte un peu de douceur tout comme la fossette de son menton donne un peu de gaieté à l’ovale de son visage où le nez, long, prend place entre un front ordinaire et une bouche moyenne. Comme j’aimerai que Marcellin ne soit pas qu’un collatéral car je trouve que, du haut de son 1,69 m, il est vraiment un grand homme.

Il apprend le métier de tailleur d’habits, travail fort honorable mais… il n’est pas vraiment fait pour lui… alors, dès qu’il le peut, il se rend à la mairie de Châtellerault dans la Vienne, où il habite avec sa famille et s’engage volontairement pour 5 ans pour le 6^e Régiment du Génie… et c’est parti pour un destin extraordinaire… Marcellin Rahire ne quittera jamais le Génie et toute son existence sera vouée aux autres !

Bon, il faut reconnaître qu’il n’est pas étonnant qu’il ait pensé à s’engager puisque son frère aîné, Thircis Marcellin, l’avait fait en 1906 mais pour l’artillerie et que leur père, Thircis  Joseph, était officier d’administration, contrôleur d’armes à la manufacture de Châtellerault et Chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 30 décembre 1909 et est autorisé à porter la médaille d’argent de l’ordre de Saint-Stanislas qui lui a été conférée par l’Empereur de Russie par décret du 22 juin 1896. Sa mère, Augustine Thérèse Monot, est décédée le 23 avril 1898 mais son père ne va pas se remarier tout de suite.

Il y a beaucoup trop à dire au sujet de Marcellin Rahire alors, je vous invite dans le Maine et Loire, le 23 

novembre 1911, où l’omnibus 405 parti d’Angers et se dirigeant vers Poitiers s’est engagé sur le pont franchissant le Thouet -qui est normalement un ruisseau mais que les pluies et le mauvais temps des derniers jours ont métamorphosé en un véritable torrent- le pont, fragilisé par les pluies n’a pas supporté le poids du train et de ses deux locomotives et s’est effondré… le train, à l’exception de quelques wagons est tombé dans la rivière en crue… C’est une terrible catastrophe qui a fait de nombreuses victimes… il a été fait appel au 6^e de Génie qui a envoyé une cinquantaine d’hommes, un matériel de

sauvetage complet et plusieurs embarcations solides pour tenter de sauver les personnes et réparer les dégâts… Après des efforts inouïs, les soldats du Génie ont réussi à accoster un wagon pas entièrement submergé sur lequel quelques rescapés, transis de froid, trempés et affamés avaient réussi à se hisser ; les malheureux ont été embarqués par les hommes du Génie et pris en charge par une équipe médicale… [La Lanterne du 25/11/1911]

Parmi les hommes du Génie venus porter secours, Marcellin Rahire alors sergent, s’est particulièrement distingué lors de cette tragédie de Montreuil-Bellay : « Rahire Marcellin Auguste (et d’autres bien entendu) s’est signalé par son dévouement dans l’organisation des secours à la suite de la catastrophe de Montreuil-Bellay » [J.O. du 06/04/1912]

Après cela, Marcellin Rahire participe aux campagnes d’Algérie du 20 décembre 1911 au 04 avril 1912 et, bien entendu, il participe aux campagnes contre l’Allemagne du 02 août 1914 au 18 juillet 1919.

 

Marcellin Rahire est récipiendaire de la Croix de Guerre avec palme et étoile d’argent et de la Médaille Militaire.

Bien entendu, Marcellin ne va pas s’endormir sur ses lauriers et nous entendrons encore parler de lui comme lors de la crue du Tarn des 3 et 4 mars 1930 qui restera dans les anales, tout comme le sous-lieutenant Rahire du 2^e de Génie :  Le général Maître, commandant la 17è région, accorde un témoignage de satisfaction, mis à l’ordre de la région, à la 1^ère Cie du 2è Régiment de Génie, à Metz « Unité animée d’un très beau sentiment du devoir. Sous les ordres de son chef le capitaine Abel, secondé du lieutenant Martin et du sous-lieutenant Rahire, a malgré les fatigues d’un long déplacement, travaillé dès son arrivée à Villemur, ravagée par les inondations de mars 1930, et a assuré la reprise de la vie normale dans cette ville sinistrée. A fait preuve dans cette lourde tâche, accomplie souvent sous la pluie et dans la boue, d’un superbe esprit de discipline, d’un dévouement et d’un zèle qui ont fait l’admiration des autorités administratives et de la population. » [Extrait de l’Express du Midi du dimanche 29 juin 1930]

Comme j’aurais aimé retranscrire d’autres mises à l’honneur de ce genre… mais malheureusement, si Marcellin va encore faire parler de lui, ce ne sera pas du tout pour les mêmes raisons et lorsque nous lisons son nom dans Le Patriote Lorrain du 23 octobre 1932, c’est pour apprendre qu’il vient d’être victime d’un malheureux accident de la circulation dans les rues de Metz.

J’ai relaté son très triste décès dans un petit texte : Le lieutenant Rahire passe sa vie à sauver celle des autres avant d’être tué lors d’un stupide accident de la circulation.

Mais même après sa mort, Marcellin Rahire va faire parler de lui car il avait déposé une plainte contre le journal « l’Humanité » pour un article qu’il avait jugé discriminatoire ; sa veuve, Olga Marcelle Yvonne Bourdon, se portera partie civile et le tribunal correctionnel condamnera le journal de Metz, édité en langue allemande, à 100 francs d’amende et 1 000 francs de dommages et intérêts et le journal de Paris à 100 francs d’amende et à 25 000 francs de dommages et intérêts. Bien, « l’Humanité » est souvent condamné pour ses articles antimilitaristes mais j’aurais bien aimé trouver celui dont il est question pour ce procès particulier.

A demain pour le lettre...  H

Catherine Livet