Challenge AZ - lettre Y


Y périte
Cette affreuse arme chimique, ce "gaz moutarde" tant redouté !

Dès avril 1915, les Allemands utilisent le chlore mais, rapidement, on protège les soldats en utilisant des linges imbibés de bicarbonate de soude neutralisant le chlore...

Mais l'arme chimique va très vite monter en puissance et, après un certain nombre de formules, les Allemands vont envoyer, pour la première fois, dans la nuit du 12 au 13 juillet 1917, des obus qui explosent silencieusement et qui répandent alors sur les troupes britanniques, un gaz incolore qui dégage une odeur de... moutarde... voici donc la première utilisation de ce très redouté et redoutable "gaz moutarde" que les Français vont appeler "Ypérite" parce que cette première attaque chimique a eu lieu à Ypres en Belgique.
Bientôt, les Britanniques vont souffrir d'affreuses douleurs, des cloques et des brulures vont assaillir leur peau et... beaucoup vont se plaindre de problèmes pulmonaires.
Rien que durant cette nuit, il paraît que 14 000 hommes ont été intoxiqués et 500 sont décédés... 

Bien entendu, les moyens de  se protéger contre cette nouvelle redoutable arme vont être mis en place et les masques à gaz vont être confectionner pour s'adapter à toutes les morphologies faciales...
"Le Miroir 04 mars 1917"

"Le Miroir 27 mai 1917"


















Archives de Nancy
 et lorsque je dis toutes, ce sont toutes... l'escadron spécial des pigeons voyageurs n'a pas été oublié et chaque pigeon-soldat doit être revêtu de son masque avant tout départ.

De toute façon, même s'il ne tue pas immédiatement ou après quelques semaines -ou mois- d'agonie dans le cas d’œdèmes pulmonaires, les séquelles sont irréversibles :
Emile Louis Joseph Leferme  est né le 22 janvier 1883 au Quesnoy-sur-Deûle dans le Nord ; il est rappelé à l'activité à la mobilisation générale et est soldat au 273e Régiment d'Artillerie de Campagne en 1918 lorsqu'il est victime de l'arme chimique... il est renvoyé dans ses foyers mais ses relations avec l'Armée ne sont pas terminées pour autant et il va devoir se présenter pendant de très nombreuses années devant les commissions de réforme de la Seine puisqu'il s'est retiré à Aubervilliers en région parisienne.
  • 24 avril 1922 : Emile est réformé n° 1 et est proposé pou une pension temporaire pour un taux d'invalidité de 15 au motif que même si la bacilloscopie est négative, la radio dévoile que ses poumons sont voilés sur le tiers supérieur et que le voile persiste sur les sommets à la toux ;
  • 12 décembre 1922 : Emile est maintenu réformé n° 1 mais sa pension est ramené à un taux de 10  pour faible emphysème pulmonaire et petites sibilances à gauche, cependant son cœur est normal et l'examen des crachats est négatif ;
  • 08 janvier 1924 : Emile est maintenu réformé et la pension est relevée au taux de 20 pour bronchite et emphysème généralisé avec prédominance aux sommets ; son état est jugé médiocre mais les crachats restent négatifs ;
  • 05 mars 1925 : La commission le trouve bien mieux et bien que maintenu réformé, son invalidé est ramenée à 15 % pour emphysème généralisé avec signes discrets de réaction bronchique ; son coeur est normal et son état général est jugé bon ; la bacilloscopie reste négative ;
  • 21 janvier 1926 : Emile est réformé définitivement et il est proposé une pension permanente pour une invalidité de 25 % pour reliquat d'intoxication par gaz, emphysème pulmonaire généralisé avec très grosse réaction bronchique, crises asthmatiques nocturnes fréquentes ; il n'a rien au cœur mais son état général est jugé passable, les crachats sont toujours négatifs.
  • 04 juin 19126 : il lui est alloué une pension de 600 F avec date de jouissance fixée au 20 avril dernier
  • 02 mai 1928 : Il est maintenant question d'une invalidité -toujours dite temporaire- de 35 % pour emphysème généralisé avec bronchite et dyspnée d'effort (difficulté respiratoire) et crises d'asthme fréquentes ;
  • 06 mai 1930 : Le taux d'invalidité d'Emile est fixé à 40 pour réaction bronchique importante, grosse diminution du murmure vésiculaire, nombreuses sibilances, crachats toujours négatifs et dyspnée d'effort ;
  • 26 décembre 1931 : Emile décède à la Courneuve de sclérose pulmonaire, indiscutablement des suites de son intoxication au gaz de 1918...
Le sujet de la lettre Y n'est pas amusant du tout...  je n'ai pas encore rédigé celui de la dernière lettre de l'alphabet mais je vais le faire... et dire que nous sommes à la fin de ce fabuleux #ChallengeAZ alors, ce n'est pas le moment de lâcher prise, je vous dis donc à demain pour la lettre...    Z  
Catherine Livet

4 commentaires:

  1. Lorsque les soldats ne mourraient pas des combats ou de la maladie, ils étaient intoxiqués... Mon AAGP, Paul WALENTIN a lui aussi été intoxiqué lorsqu'il combattait en Russie, en uniforme allemand. Le gaz était bel et bien utilisé par toutes les armées dans ce conflit.

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  2. Oh que oui ! Merci Sébastien de venir me lire si régulièrement

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  3. La guerre a en effet continué à faire des victimes bien après 1918... Beaucoup sont revenus mutilés !

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  4. Et oui, et voici encore une catégorie de victimes dont on ne parle pas assez à mon goût.
    Parmi ces "oubliés", mon arrière-grand-père, le Sergent Charles Muyllaërt, sur laquelle je suis intarissable.

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Merci pour cette lecture.
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