Doreur sur tranche - cuir : un métier d'art
Je vous présente Monsieur Charles-Edouard Chalvet.
Il est né il y a déjà bien longtemps dans les froideurs de l'hiver parisien de l'an 1843, le 03 décembre, dans le premier arrondissement ancien, de François-Joseph et de Désirée Françoise Clavière, parents également parisiens... ce qui est à noter car, parfois, on a tendance à penser, du moins certains, que Paris n'est qu'un lieu de passage...
Son père décède en 1851 mais sa mère se remarie en août 1852 avec Antoine Lafoy qui élèvera le petit Charles-Edouard. Son père et son beau-père exerçait le métier de tailleur d'habits... ce n'est donc pas de ce côté qu'il faut chercher le choix de son propre métier de doreur sur tranche.
La photo ci-contre présente Charles-Edouard, veuf, accompagné de trois de ses quatre enfants : Marie juste derrière lui, Emilie qui sera la grand-mère de mon père et Emile, le fils qui décédera accidentellement en 1900 ; il manque Louise, la fille aînée. Cette photo date de 1898, l'année du décès de Charles-Edouard qui est survenu le 04 mai de cette année mais... il n'avait que 54 ans et n'exerçait plus son magnifique métier et n'était plus que porteur de journaux... Que s'est-il passé ?
L'or fascinant, transformé en mince feuille précieuse tant il a été martelé, est prêt à venir sublimer le livre qui se trouve sur l'atelier de Charles-Edouard.
La technique de la dorure semble être aussi ancienne que le livre qui a toujours été chargé des plus belles parures. Non seulement l'or décorait merveilleusement les tranches et les plats des livres mais aussi il protégeait d'un peu de rigidité l'ensemble de l'ouvrage.
En 1893, il était toujours doreur sur tranche et/ou doreur sur cuir... en fait, il était doreur sur livre. Cette année là, il a offert à sa fille Emilie, pour sa grande communion, un missel de sac, doré de son léger doigté, que j'ai l'immense prérogative de conserver par-devers moi.
Le cuir est aujourd'hui un peu fatigué et la dorure a perdu de son éclat. Il est peu probable, même si c'est dommage, que je puisse faire restaurer ce petit livre un jour.
Si ce livre n'est pas à proprement parlé une œuvre d'art, je suis très heureuse de le posséder, témoin palpable d'une époque déjà fort lointaine... Encore faut-il qu'après moi, d'autres transmettent l'histoire du petit missel...
Je pense que Charles-Edouard Chalvet serait bien surpris s'il pouvait savoir que son métier est aujourd'hui considéré comme un métier d'art. Mais sans doute serait-il heureux de voir d'autres personnes, si longtemps après lui, accomplir les mêmes gestes par goût de la belle ouvrage.
Catherine Livet
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