dimanche 24 mai 2020

Généathème : les métiers d'art de nos ancêtres

Les plumassières (et plumassiers)

Les statuaires et/ou sculpteurs


Bonjour mon lecteur,

La "gazette des ancêtres", généalogiste professionnelle, lance chaque mois, sur les réseaux sociaux, un sujet différent pour orienter les recherches des amateurs sous le #généathème. Le mois de mai concerne les métiers d'art de nos ancêtres.
Il se trouve que, peut-être le savez-vous déjà, je suis en train de préparer un livre de famille thématique qui classe justement les personnages de ma généalogie par métier.

Compte tenu de son sujet et de mes travaux généalogiques en cours, ce #généathème ne pouvait qu'attirer mon attention.
J'ai donc extrait de mon livre en préparation dont je viens de parler une partie qui concerne réellement des métiers d'art... aujourd'hui comme hier... Je présente sommairement trois hommes de la même branche patronymique, Faucigny, mais a des époques différentes :
  1. Henri qui exploitait une fabrique de vitraux dans l'Aube au 19e siècle, département aujourd'hui considéré comme la capitale européenne du vitrail,
  2. Rogatien, son neveu, qui a exploité au 20e siècle un atelier de panneaux décoratifs et meubles en laque,
  3. Charles Amédée, grand-père de Henri, qui a réalisé des miniatures en exil en Angleterre au 18e siècle.
Vous pouvez lire la publication ici : Famille loyale

Il est impossible de ne pas parler de ces Faucigny en parlant de métiers d'art mais il serait inconcevable de ne pas dire un mot d'autres catégories de métiers comme les
  • plumassières (je crois qu'il n'y a que des femmes ayant exercé ce métier dans ma généalogie) avec une petite dédicace plus particulière pour l'une d'entre elles : Rachel Lapostre, nièce d'Adolphe Lapote qui est mort sur sa barricade parisienne durant la Semaine sanglante :
Légère comme une plume

Eventail en plumes 20e siècle
Ah la plume ! légère, colorée, chatoyante, luxueuse... depuis toujours on en veut une à son chapeau. Ne prête-t-on pas à Henri IV la célèbre phrase : “Ralliez-vous à mon panache blanc !” qu’il aurait prononcée le 15 mars 1590 juste avant la bataille d’Ivry ?

On ne peut même plus parler de mode tant la plume est devenue, au fil des siècles, incontournable dans les parures et en cette fin du 19è siècle, partout où l’on se trouve à Paris se tient un atelier de plumassier... Comme ses sœurs avant elle, la très jeune Rachel Lapostre, une enfant encore... elle a tout juste 13 ans, trouve aisément de l’embauche...
Comme cette plume aérienne fait tourner la tête des élégantes et rêver les midinettes... la petite Rachel en premier... un jour elle portera le plus grand chapeau de Paris, avec un nombre de plumes extravagant... elle sera l’élégante des élégantes...
Chapeau féminin à plumes
Oui mais elle déchante vite la petite Rachel car au bout de 10 heures de travail quotidien la plume semble bien pesante... les duvets et les autres rognures de barbes et barbules s’infiltrent dans les yeux, les oreilles et le nez lui provoquant démangeaisons et irritations... Et puis, pourquoi porterait-elle un chapeau ? Elle sort le matin de chez ses parents, elle traverse la rue pour s’engouffrer dans l’atelier de son patron qu’elle ne quitte que le soir, harassée par son labeur, le dos meurtri, les yeux rougis... elle retourne chez ses parents où il faut encore aider à la préparation du repas, laver les sols et le linge... certains jours d’hiver, la petite Rachel ne voit même pas la lumière du jour.

Son rêve est brisé, toute sa vie elle restera en cheveux la petite Rachel... d’ailleurs il n’y a plus de petite Rachel, les dures réalités de la vie l’ont rattrapée... Justement, aujourd’hui, elle fête ses 15 ans ... il va falloir penser à la marier...
⇔ ⇔ ⇔ ⇔ ⇔


En ce début du 20e siècle, l'utilisation outrancière des plumes et la maltraitance des oiseaux sont
Caricature de la mode féminine 1910
vivement critiquées et des caricatures  inondent la France pour sensibiliser au problème les élégantes qui se font passablement ridiculiser.

La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) voit le jour en 1912... elle est toujours en activité... même si les plumes au chapeau sont devenues beaucoup plus rares de nos jours.






Et puisque je vous parle de ma branche des Lapostre et des métiers d'art qu'ils auraient, sans le savoir, exercés, je ne peux pas passer sous silence les
  • Statuaires et sculpteurs (Je suis sûre qu'il n'y a que des hommes qui ont exercé ce métier dans ma généalogie)
J'en profite pour vous présenter, à l'aide du schéma ci-dessous, les Lapostre qui aiment tant la famille qu'ils ne vont jamais très loin pour les épousailles... et encore, ne figurent ici que les mariages des personnes liées à mes propos sur les métiers d'art.
Schéma généalogique des Lapostre


Voici Emile Nicolas Joseph Lapostre, que je vais appeler simplement Emile dans la suite,  qui est né le 15 octobre 1867 dans le 14e arrondissement de la capitale. Il est le fils de Pierre Joseph qui est né en 1846 à Solesmes dans le département du Nord et il a un oncle, né environ trois ans après son père, qui se prénomme aussi Pierre Joseph... comme leur père... C'est d'un pratique en généalogie... surtout que, comme je navigue dans ma branche maternelle, il n'y a que de très vagues souvenirs transmis par ma mère, pas même une petite photo jaunie alors... je ne risque pas de connaître les surnoms ou les prénoms qui étaient obligatoirement utilisés pour les différencier.
Ces deux hommes ont épousé deux sœurs... mais elles portaient chacune un prénom distinct... Ouf !
La mère d'Emile est Henriette Leferme et sa tante est Juliette.
Emile a une sœur, Henriette, née le 23 mars 1876 dans le 6e arrondissement.
Les deux enfants ont été élevés avec le sens de la famille... on leur a appris à aimer leurs cousins... alors, lorsqu'ils ont été en âge de le faire, ils se sont épousés.
Emile a pris pour femme Elmire Lapostre pendant que sa sœur Henriette épousait Jules Lapostre, le frère d'Elmire, les enfants de l'oncle Arsème.
Pierre Joseph, le père d'Emile et Henriette Lapostre était sculpteur ; son atelier était installé dans sa maison à Sceaux dans les Hauts-de-Seine. C'est probablement lui qui a appris le métier à son fils en tous les cas, il est certain qu'il passe le flambeau à son petit-fils, Emile Lapostre né le 04 décembre 1898 dans le 15e arrondissement de Paris de sa fille Henriette et de Jules Lapostre décédé le 07 septembre 1899. Ce petit-fils exercera la profession de sculpteur, toute sa vie, dans sa maison à Sceaux.

Emile, le fils de Pierre Joseph, est plus précisément statuaire... il sculpte donc des statues...

Carte publicitaire de la maison Raffl - les statues religieuses
Carte publicitaire
La construction va bon train à cette époque et la statue a toujours été très prisée et si elle était restée très longtemps liée à l'Eglise et à l'aristocratie ce n'est plus le cas avec la transformation urbaine et le développement de la bourgeoisie... la statue se démocratise et les commandes pleuvent.
Emile va travailler pour la très célèbre maison de sculpture qui reste connue sous le nom de Raffl mais qui à l'époque d'Emile était dirigée par Auguste Peaucelle, Pacheu et Lecaron. L'histoire de cette maison spécialisée dans la statue religieuse est très ancienne et faite de nombreuses fusions et cessions...
A l'exposition universelle de 1889 à Paris, celle pour laquelle est construite la tour Eiffel, la maison expose, hors concours, puisqu'elle est membre du jury... il faut dire qu'elle a déjà largement donné des preuves de son savoir faire comme le témoigne la carte postale publicitaire en illustration qu'elle a fait éditer et sur laquelle figure les principales récompenses reçues.
Les spécialités de cette entreprise est la statue religieuse dans tous les matériaux possibles mais aussi tout le mobilier d'église.

Couverture d'un catalogue de la statue religieuse
Couverture du catalogue de la maison Raffl
Page intérieure du catalogue n° 57 de la maison Raffl
Page intérieure du catalogue n° 57

La maison est internationalement connue et exporte partout dans le monde. Elle édite très tôt des catalogues illustrés permettant la vente à distance.
Il est à noter que la couverture de ce catalogue est simplement nommée "La statue religieuse" mais qu'en règle générale elle portait, au contraire, un grand nombre de noms des propriétaires successifs ou de directeurs des établissements... comme sur la carte publicitaire reproduite ci-dessus ou comme l'illustration ci-contre, à la verticale dans la marge des pages intérieures des catalogues.

Le magasin est situé au 64 de la rue Bonaparte dans le 6e arrondissement de Paris et un atelier se trouve au 51 de la rue Régnier(1) dans le 15e arrondissement. La maison va s'étendre et ouvrira un atelier au 13 de la rue Pierre Leroux dans le 7e arrondissement ainsi qu'un atelier en banlieue parisienne, à Châtillon-sous-Bagneux, au 64 de l'avenue de Paris. C'est dans ce dernier atelier qu'Emile va terminer sa carrière d'ouvrier statuaire et qu'il recevra, en 1923, la médaille d'honneur du travail en argent.
Aujourd'hui, il peut sans doute être considéré comme un ouvrier d'art... mais à l'époque... il n'était qu'un ouvrier quelconque dans une maison reconnue.

En revanche, son neveu, autre Emile, va reprendre l'atelier de sculpture de Pierre Joseph, le père du premier et le grand-père du second.
Il se trouve que cet autre Emile est l'oncle maternel de ma mère, Denise Beckrich. La P'tite Denise a connu et côtoyé cet homme et son frère a travaillé sous les ordres de Rose, l'épouse d'Emile qui était contremaîtresse dans la maison de reliure des cousins Lapostre... Fait notable, j'ai même des photos de ces cousins, du moins des plus jeunes...
Mais il faut croire qu'à force de se marier entre cousins et de finir par tous se nommer Lapostre et de ne jamais choisir d'autres prénoms que les trois où quatre habituels, plus personne ne savait qui était qui : ma mère n'a jamais su que cet Emile était le frère (demi) de sa mère et tout le monde disait le cousin Emile. Et malheureusement, elle est pourtant allé de nombreuses fois dans son atelier, elle ne se souvenait pas de ce qu'il sculptait.
Alors, saurais-je un jour, avec l'aide d'un petit miracle, s'il travaillait à façon pour la maison Pacheu, Laceron et Peaucelle ?

En principe maintenant, je devrais vous parler de Nicolas Jean-Baptiste Leferme, le père d'Henriette puisqu'il figure sur le schéma présenté un peu plus haut mais non, je ne vais pas exposer son beau métier d’ébéniste parce qu'il me faudrait trop de temps pour le faire et que les meilleures choses ont toujours une fin.

A bientôt... mais pour une toute autre histoire

Catherine Livet

Ecrire l'histoire de nos ancêtres 








2 commentaires:

  1. J'aime bien : plumassière, un métier dont tu m'apprends le nom étonnant.

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  2. Ce métier existe toujours dans les grandes maisons de couture par exemple. Merci Marie pour ton commentaire.

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Merci pour cette lecture.
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