D pour premier lundi du #ChallengeAZ

D ampierre-de-l’Aube

Charles Muyllaërt, mon arrière-grand-père, Sergent du Régiment de Marche de la Légion Etrangère, y était.

La Légion est sur le front de l’Aisne dans un secteur très agité où les Légionnaires viennent remplacer des hommes très éprouvés ; partout ce n’est que désolation : les bords de la rivière de la Miette ne laissent voir que des peupliers hachés puis la vue se porte sur les ruines de la ferme du Choléra et de Berry-au-Bac… Le sergent Muyllaërt ne le sait pas encore mais Gaston Charles,  le frère de l’une de mes arrière-grands-mères est tombé le 16 avril dernier, quelques jours seulement avant l’arrivée de la Légion, à la ferme du Choléra et ce ne sera que dans de nombreuses années également qu’il apprendra que ce jour là encore, à quelques kilomètres, Victor Baudot, un autre arrière-grand-père de mes cousines, a aussi perdu la vie.

Enfin, le 07 juillet 1917, des autos enlèvent le régiment et le débarquent à Dampierre-de-l’Aube ; les
habitants, aimables, réservent un fort bon accueil aux Légionnaires éprouvés qui découvrent, émerveillés, un grand bois bien feuillu contrastant avec les arbres morts qu’ils avaient pris l’habitude de rencontrer dans les zones de combats, il y a des prairies verdoyantes et… luxe absolu… de l’eau courante…

Mais pas question pour autant de dormir toute la journée ; on se nettoie, on fait la lessive, on répare, on se requinque, on reprend une vie « normale »…
Les Légionnaires installent leur centre de ravitaillement dans la cour d’une ferme des environs, reprennent l’instruction et se délassent tout en prenant soin des corps malmenés en organisant quelques jeux sportifs.


A Dampierre les Légionnaires, toujours prêts au sacrifice suprême, eux a qui l’on confie souvent la sale besogne, qui nettoient les tranchées à la grenade et à l’arme blanche, qui sont envoyés partout où les Régiments réguliers achoppent aux obstacles… redeviennent des hommes qui aiment la vie !


A Dampierre, on se prépare aussi pour la revue du Général Gouraud, qui a été très grièvement blessé aux Dardanelles, il est connu et aimé de la Légion, c’est un grand honneur pour elle. 

Et puis dans quelques jours, le 12 juillet, le Colonel, une compagnie spéciale et le Drapeau vont partir à Paris pour assister à la revue de la fête nationale où un accueil très chaleureux leur sera réservé… Monsieur Poincaré lui-même va remettre la fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire à la Légion. 
Un défilé dans les rues de la capitale a été organisé afin que tous les Parisiens puissent acclamer son Armée, sur la photo d’illustration, la délégation de la Légion traverse la place Denfert-Rochereau sur laquelle s’élève la réplique de la statue du « Lion de Belfort », dans mon fief du 14e arrondissement.
Chacun aurait bien aimé être l’un de ceux choisis pour ce déplacement à Paris mais tous pourront lire, quelques jours plus tard, dans le « Bulletin des Armées de la République » : « Le samedi 14 juillet 1917, le Régiment de Marche de la Légion Etrangère a reçu la juste récompense due à une éclatante bravoure. Cinq fois cité à l’ordre de l’Armée, il s’est vu décerner avant toute autre troupe la fourragère jaune et verte. Sa gloire immortelle a été proclamée à la face du monde »

...

Une attaque doit avoir lieu et la Légion doit y prendre part mais jamais mission ne sera mieux préparée et jamais les Légionnaires ne seront en si bonnes conditions physique et morale car le
Régiment va continuer à s’entrainer sous le ciel clément de Dampierre, tels les mitrailleurs de l’illustration à l’instruction autour d’une mitrailleuse Hotchkiss.

Pendant ce temps, un simple détachement comportant quelques téléphonistes et observateurs ainsi que des officiers spécialisés est envoyé le 02 août pour faire les travaux indispensables et s’occuper des détails, de l’approvisionnement en vivres et munitions, de faire les observations nécessaires et récolter un maximum de renseignements et mettre en place les liaisons téléphoniques… 

 
Le Sergent Charles Muyllaërt est en train de vivre les derniers jours heureux de son existence…

Tout est prêt pour l’arrivée de la Légion qui ne monte en ligne que la veille de l’attaque…

Nous sommes le 20 août 1917, les Légionnaires sont à… Cumières ! Si vous ne l'avez pas déjà fait, il faut lire C umières

Bon, c'est vrai, je parle beaucoup du Sergent Muyllaërt, mon arrière-grand-père mais, vraiment, je pense qu'il le mérite !

Merci d'être avec moi en ce début de semaine et à demain pour... E
Catherine Livet

 
 


4 commentaires:

  1. Saisissante épopée que celle de Charles : j'aime à le suivre et je prie pour la suite.

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    1. J'ai un faible pour cet arrière-grand-père... ce doit être le côté "beau légionnaire"
      Merci de me laisser tous ces messages

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  2. A la lecture de tes articles, on ressent très bien l’admiration que tu as pour ton ancêtre légionnaire ! Beau parcours et bel engagement en tout cas !

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  3. Je viens de l'écrire, c'est le côté "beau légionnaire" qui doit me charmer. Il a laissé une impression de force et de grandeur aux petits-enfants qui l'ont connus, dont ma mère qui se souvenait très bien de lui. Malheureusement, je ne sais pas pourquoi, les photos ont été détruites au décès de sa fille

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Merci pour cette lecture.
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