Il y a bien longtemps maintenant, en l’an 1786, très exactement le 17 janvier, Nicolas Jérôme, vicaire de Loutzviller, paroisse du pays de Bitche en Moselle, célébrait le mariage de la sœur de mon ancêtre Jean Beckrich...
Les trois publications des bans ont été faites dans les règles tant dans la paroisse de Loutzviller que dans celle d’Altheim… Il n’y a aucune opposition, aucun empêchement, qu’il soit civil ou canonique ; Monsieur Foliot, curé d’Altheim, le 09 courant, a même délivré un certificat.
Les fiançailles sont donc célébrées et, après avoir reçu le consentement mutuel des futurs ainsi que celui de leurs parents, Nicolas Jérôme, donnent la bénédiction nuptiale aux jeunes gens.
C’est ainsi que Hubert Leigner, berger de 22 ans, fils légitime de Nicolas d’Altheim et de défunte Barbe Dahlem devient l’époux de Jeanne Beckerich, fille légitime de Pierre, tisserand à Schweyen et de Marie
Elisabeth Bauman ; la jeune épousée est âgée de 21 ans.
Parmi les témoins, se trouve Christian Beckrich, tisserand à Volmunster que le vicaire Nicolas Jérôme titre oncle de la jeune mariée.
Mais, jusqu’à la lecture de cet acte de mariage, je ne connaissais pas l’existence de cette fille de mes ancêtres Pierre Beckerich et Marie Elisabeth Bauman ; nièce de Christian Beckerich, tisserand à Volmunster et donc sœur de mon ancêtre Jean né le 15 mai 1776, à Schweyen comme tous ses frères et sœurs connus par moi jusqu’alors.
Agée de 21 ans lors de son mariage au début de l’année 1786, mariée à Schweyen, là où ses présumés frères et sœurs sont tous nés… il semble que j’ai alors toutes les cartes en mains pour dénicher l’acte de naissance de la mystérieuse Jeanne… mais il y a tout de même un petit problème… Jeanne serait donc née vers 1765-1766, fille légitime de Pierre Beckerich… qui pourtant était alors l’époux de Jeanne Schreiber et qui ne se remariera, veuf depuis 1773, qu’en 1774 avec Marie Elisabeth Bauman.
Je n’ai trouvé aucune naissance de la première union de Pierre vers 1765-1766 ; à dire vrai, je n’ai retrouvé aucun enfant du tout né de ce premier mariage avec Jeanne Schreiber. Ce mariage a été célébré le 17 juillet 1749 par l’abbé Narnus officiant alors à Loutzviller, paroisse à laquelle était rattachée Schweyen d’où était native Jeanne Schreiber, fille de Philippe et de Anne Catherine Lang et le marié est bien Pierre Beckerich, fils de Michel et Ursule Bigel de Volmunster.
C’est le même abbé Narnus qui, le 28 mars 1766, baptise un bébé né le jour d’avant à Schweyen ; ce nouveau-né est une fille, celle de Marie Elisabeth Baüman qui est servante chez… Pierre Beckerich ; Marie Elisabeth Baüman est née à Rolbingen de feu Jean Georges, journalier à Riedelberg de son vivant et de Marguerite Baadt. Le Parrain est Nicolas Holarsqui est journalier à Schweyen et la marraine est… Jeanne Schreiber, épouse de Pierre Beckerich, tisserand à Schweyen. Le parrain et la marraine font leur marque respective.
Voici donc, à n’en pas douter, la naissance de notre jeune mariée du 17 janvier 1786 ! Alors, Jeanne est-elle réellement la fille légitime de Pierre Beckerich ?
Née en 1766 alors que Pierre était marié à Jeanne Schreiber, elle ne peut pas être sa fille légitime.
Peut-elle être la fille naturelle de Pierre ? L’épouse de ce dernier, Jeanne Schreiber, a été pressentie comme marraine… A l’époque de cette naissance Schweyen devait compter plus ou moins trois-cents habitants… qui se connaissaient, qui étaient tous plus ou moins liés… l’identité du père biologique du bébé devait alors sans doute être connue.
La petite Jeanne Bauman est née chez Pierre Beckerich, elle est la filleule de son épouse ; le couple n’a, semble-t-il, pas d’enfant… Pierre a donc vu cette enfant grandir, il a contribué chaque jour à son entretien, à son éducation… au décès de sa femme, il a épousé la mère de la fillette qui vivait également chez lui depuis de très nombreuses années… de ce second mariage il a eu des enfants dont la petite Jeanne Bauman est donc devenue la sœur utérine… Alors oui, Jeanne est bien la fille de Pierre Beckerich parce que c'est lui qui, finalement, l'a élevée mais, est-elle pour autant née de ses œuvres ?
Si le curé Narnus qui connaissait la vérité sur la naissance avait célébré, vingt-et-un ans plus tard, le mariage, aurait-il marié Jeanne Beckerich ou Jeanne Bauman ?
A la suite de la parution de cet article, bien des généalogistes ont tenté de m'aider mais, aucune réponse concrète n'a pu être apportée à cette délicate question.
Pour ma part, j'ai le sentiment que Jeanne doit être considérée comme une fille adoptive plus qu'une fille adultère mais, nous ne le saurons jamais alors, que chacun choisisse en fonction de ses convictions.
Catherine Livet
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Sources/Bibliographie :
Archives municipales de Loutzviller et de Schweyen
Archives de la Moselle
Photo d’en-tête : Le restaurant Andres à Schweyen - Wikipédia
Franchement, difficile pour moi de trancher, nous sommes formatés par la littérature et le cinéma pour echafauder des scénarios
RépondreSupprimerOui, bien d'accord, il est souvent difficile de percevoir certaines choses du passé. Surtout lorsqu'il est question de paternité et de maternité dans des époques aussi reculées. Merci Dominique pour ton commentaire.
SupprimerCe qui m'étonne le plus c'est que la femme de Pierre soit la marraine de Jeanne. Serait-ce ce que l'on appelle aujourd'hui, d'une bien vilaine expression, de la gestation pour autrui ?
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