Barricade de la rue de Flandre |
Il se bat farouchement depuis le 21 mai, jour où les “Versaillais” sont entrés dans Paris barricadé. En vain... la partie est jouée... dès le 22 les “fédérés” ne le sont plus tant que cela et chacun s’attache maintenant à défendre “son” quartier, “sa” barricade... le 23, Paris s’embrase... les “Versaillais” progressent et tuent tous ceux qui se trouvent sur leur passage... hommes, femmes, enfants... un soupçon de poudre sur une main et c’est l’exécution... le 24, les “Versaillais” occupent désormais la Banque de France, le Palais Royal, le Louvre... ils massacrent rue St-Jacques...
Nous sommes le 26 mai 1871, il n’y a plus guère que Belleville et La Villette à tenir. Les troupes prussiennes qui avaient déjà grandement facilité l’avancée des “Versaillais” font ce jour ouvertement mouvement pour les épauler ; ils forment un cordon d’au moins 5 000 hommes de Montreuil à Saint-Denis, verrouillant ainsi la dernière échappatoire possible, attrapant et livrant aux troupes de Thiers les Communards ayant réussi à fuir les massacres.
Adolphe le sait bien... sa résistance est désespérée... les “Versaillais” sont là... devant lui... ses compagnons tombent juste à ses côtés... le commandant de la barricade vient de sonner la retraite... mais Adolphe refuse la consigne... fût-il le dernier, il restera sur “sa” barricade... il relève une énième fois l’étendard rouge tombé à ses pieds... un projectile indéterminé vient se planter dans son cou... il est sur le point de défaillir lorsqu’il se sent traîné plus que porté loin de ce lieu maudit... les bruits s’estompent, la fumée devient moins âcre... il retrouve un semblant de conscience, suffisamment pour comprendre qu’il est couché dans la poussière du terrain vague du Pont des Flandres sur lequel ne passe plus aucun train... si proche de la maison, de sa femme, de ses enfants... mais, délire-t-il ? Il vient de reconnaître la voix de son vieux père qui est bien là, à son côté et qui le secoue rudement en l’exhortant à rester avec lui... il distingue la frêle silhouette du plus jeune de ses frères qui, nerveux, ne cesse pas de regarder vers la rue... Ce sont donc eux qui l’ont obligé à quitter la bataille... il n’a pas le temps de choisir s’il doit leur exprimer sa gratitude pour l’avoir sauvé ou son mécontentement pour l’avoir forcé à fuir... le dernier souffle qui l’animait encore vient de s’échapper de son corps... il est 4 heures du soir.
Catherine Livet
Adolphe Lapote est l'un des héros de mon livre "Mes ancêtres et la Commune de Paris"
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Mourir dans les bras de son père ...
RépondreSupprimerOui mais bien triste mort tout de même
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