Après la troisième réunion de notre petit groupe, nous devons reconnaître que nous sommes assez satisfaits de nous-mêmes... Il faut dire que chacun a trouvé ses marques, l'ambiance est bienveillante et nous progressons dans la bonne humeur et le partage... Alors que demander de plus ?
Nous travaillons donc toujours sur notre projet "Né à Limay, Mort pour la France" durant la première guerre mondiale.
J'en profite pour
- vous prévenir qu'il ne reste que deux places pour les ateliers "virtuels" d'écriture en généalogie pour le mois de juin 2019 (le mois de mai est complet),
- vous rappeler qu'il n'y aura aucune session durant les mois de juillet et août,
- vous informer que les inscriptions pour les ateliers de septembre sont ouvertes.
Ci-dessous, vous trouverez l'avancée de mon récit.
Je vous remercie pour votre amitié,
A très bientôt,
A lire et à commenter :
Les frères Bessin
Les Bessin semblent si bien implantés dans le bourg de
Limay alors en Seine et Oise depuis tant de temps qu’il ne devrait n’y avoir
que peu de difficultés à remonter leur généalogie sur plusieurs générations
mais je vais me contenter de vous inviter à pénétrer, ce 24 février 1858, dans
une modeste demeure de la rue de l’Eglise. Julie Zélie Marquet est la maîtresse
de maison, elle est alors âgée d’environ 39 ans et les femmes du voisinage se
pressent à ses côtés car elle vient d’enfanter un garçon dont il faut prendre
soin pour lui donner toutes les chances de survivre. La parturiente n’en est
pas à son premier accouchement, elle est mariée depuis le 12 septembre 1840, jour où elle est devenue
Madame Jacques Bessin et où elle a quitté ses parents, Louis Julien et Marie
Madeleine Anasthasie Grison, cultivateurs à Fontenay-Saint-Père où a été
célébré son mariage avec comme témoins son beau-frère, Louis Augustin Pilleux tisserand
à Fontenay mais aussi son jeune oncle de 30 ans Louis François Pinard,
cultivateur à Limay et d’ailleurs, l’un des témoins de son mari était Jacques
Pinard, aussi cultivateur à Limay, cousin germain du futur, l’autre témoin
était François Houllier, plâtrier de Limay âgé de 45 ans, oncle par alliance du
marié… Il s’avère que François Houllier est l’oncle paternel de l’époux de
Marie Elisabeth Augustine Bessin, la sœur de Jacques Bessin… Les liens
familiaux annoncés dans la famille et leurs alliés ne sont pas toujours aisés à
démêler, il va y avoir d’autres situations plus complexes.
C’est le lendemain que Jacques Bessin, fils des
cultivateurs de Limay Pierre Aubin et Angélique Petit, plâtrier de son état, se
présente devant Claude François Xavier Languedoc, maire du village qui doit
compter plus ou moins mille trois cents habitants, pour déclarer qu’il prénomme
Gustave Hippolyte le bébé qui vient de naître de ses œuvres.
Bien entendu, il n’est pas
possible de savoir qu’elle a été la vie de Gustave enfant sauf qu’il a du, avec
plus ou mois de bonheur puisqu’il saura lire et écrire, fréquenter l’école de
garçons qui se trouvait installée dans la mairie, rue de l’Eglise ; il
nous faut attendre ses 20 ans pour le retrouver et admirer ses cheveux et ses
sourcils châtain clair et surtout le roux de ses yeux, il faut reconnaître que
son front est bas, son nez ordinaire, sa bouche moyenne, que son menton est
rond et que son visage est ovale. Il mesure 1,68 m. Mais lors du recensement en
vue du service militaire, il va être affecté au service auxiliaire car il
souffre d’hydrocèle légère à droite. Gustave va rompre -peut-être ses frères
l’ont-il fait aussi- avec les traditions familiales car il va quitter Limay
entre 1878 et 1887 pour s’installer dans la capitale et y prendre femme
puisqu’il épouse, le 14 octobre 1882 dans le 19e arrondissement,
Mademoiselle Berthe Delattre, née dans ce qui était alors le village de
Montmartre le 25 mars 1858 de François Joseph Antoine qui est gardien de la
paix et de Clémentine Françoise Henry ; parents avec lesquels elle habite
au 31 rue de Belleville qui est également l’adresse parisienne de Gustave
Bessin. Les témoins de l’union sont, entre autres, deux frères du marié, Jules
qui est âgé de 41 ans et coiffeur à Limay ainsi que Eugène, âgé de 33 ans et
qui est vannier également à Limay ; la mère du marié et de ses témoins,
Julie Marquet, veuve, est présente et consentante.
Cependant, le couple va venir
s’installer à Limay, probablement au printemps 1887, où vont naître quelques
garçons. Gustave continuera à exercer le métier de vannier et Berthe Delattre
est devenue lingère ; ils ont tous les deux environ 29 ans lorsque le
premier de leurs enfants voit le jour.
L’aîné des enfants de Gustave
naît le 13 septembre de cette année 1887, il est prénommé Robert Anthony
Gustave et les témoins de la déclaration de naissance qui est faite à Monsieur Adolphe Alexandre Langlois, maire
du village de Limay, sont Eugène Bessin, vannier de 37 ans et Constant Louis
Aubin Lévêque, cordonnier de 45 ans.
Le second fils s’éveille à la vie
le 05 avril 1890 et le père déclare au maire, alors Aubin Augustin Groux, que
le bébé a pour prénoms Louis Jules Hippolyte, les témoins sont deux vanniers,
Eugène Bessin qui a maintenant 40 ans et que nous connaissons donc déjà et
Henri Riblet qui a 21 ans.
Le troisième enfant qui naît le 17 juillet 1891 est encore
de sexe masculin, c’est toujours les mêmes témoins, vanniers à Limay, qui
accompagnent le père pour faire la déclaration devant Aubin Groux, toujours
maire de Limay. L’enfant est prénommé Maurice Charles Louis.
C’est encore un garçon qui vient
au monde le premier juin 1894, au domicile de ses parents alors fixé rue de
Paris et ce sont les mêmes témoins et
déclarant qui disent au même maire du village que l’enfant s’appelle Georges
Lucien.
Presque deux ans plus tard, le 16
mai 1896, toujours à Limay mais dans une maison rue Jean Bouret naît un autre
garçon qui est prénommé Gaston Martial, se sont les mêmes témoins qui assistent
le père pour la déclaration devant le maire, Aubin Groux, mais Eugène Bessin
habite désormais à Mantes et n’est plus dit vannier mais simplement journalier.
Le bébé va décéder au même endroit, le 02 juillet suivant, seul Henri Ribblet
accompagnera le père pour faire cette triste déclaration au maire qui est
maintenant Louis Alexandre Secache.
Et puis, je perds un peu de vue
la famille Bessin et je me demande vraiment si elle ne quitte pas Limay pendant
quelques années car je ne trouve plus une seule trace de Gustave jusqu’au 04
mars 1904 où il vient déclarer au maire, qui est toujours Monsieur Secache, que
sa mère, Julie Marquet est décédée à deux heures du matin, chez elle, rue
Chandelier, elle n’avait pas de profession et était âgée de 85 ans, dans cette
démarche obligatoire, il est accompagné par son frère Eugène qui habite à
Mantes mais cette année est également marquée par l’entrée dans la vie, 06 juin
suivant, de Roland Jacques et beaucoup de choses semblent ne plus être comme
avant… déjà, il est vrai, nous avons changé de siècle en revanche Aubin Groux a
repris ses fonctions de maire de la petite ville de Limay mais les témoins qui
accompagnent le père du nouveau-né pour faire la déclaration ne sont plus du
tout les mêmes puisque ce sont deux dames qui viennent signer l’acte, Madame
Jollet, née Eugénie Rolland qui habite Mantes, est âgée de 37 ans et qui n’a
pas de profession tout comme Madame Dauvergne, née Félicie Montausson qui
habite Limay et est âgée de 61 ans. Pourtant, lorsqu’en 1906 je retrouve la
famille installée rue de Paris, elle
est bien constituée des parents et de leurs cinq garçons survivants mais elle
va bientôt déménager un peu plus loin, traverser la Seine et élire domicile à
Mantes puisque c’est là que Robert déclare habiter avec ses parents lorsqu’il
se fait recenser en 1907 car le temps est passé si vite que l’aîné est déjà un
homme et qu’il doit effectuer son service militaire et c’est ainsi que je peux
apprendre qu’il est blond, qu’il a les yeux gris, le front découvert, le nez et
la bouche moyens, que son menton est rond et son visage ovale et qu’il mesure
1,76 m et je me demande s’il ne ressemble pas plus à sa mère qu’à son père tant
la description de son visage me paraît différente de celle de son père au même
âge. En tous les cas, son instruction a été assez poussée puisqu’en plus de
savoir lire et écrire, il sait compter d’ailleurs, il exerce le très beau
métier de typographe. Devenu le matricule 8 645, il est incorporé dès le 07
juillet 1908 au 36e Régiment d’Infanterie, il est zélé et plein de
la volonté de bien faire et il passe soldat de 1ere classe le 27 juillet 1910
puis, le 27 septembre de la même année, il est classé dans la disponibilité de
l’armée et, bien entendu, un certificat de bonne conduite lui est
accordé ; il rentre donc à la maison, classé directement dans la réserve
de l’active. Seulement voilà, lorsqu’il arrive au sein de son foyer qui est
maintenant fixé au 69 rue Castagnary dans le 15e arrondissement de
la capitale où les parents ont décidé de s’installer, il n’y trouve pas son
jeune frère Georges Lucien et pour cause, il
a été admis à l’hôpital Necker ou il décède le 29 septembre de cette
année 1910 après, peut-être, avoir eu la dernière joie de revoir son frère aîné
mais le drame pour la famille ne s’arrête pas au décès du malheureux jeune
homme… Robert ne voit sa mère nulle part… Son père et ses frères lui
avaient-ils écrit pour le prévenir où découvre-t-il cette absence en arrivant
au domicile familial ?
Louis, le frère cadet de Robert
est retourné vivre à Limay -à moins qu’il n’ait jamais quitté le
village- ; il mesure 1,73 m, est châtain et a les yeux marron foncé, son
nez, bien qu’avec une base droite a le dos concave et sinueux ; son
instruction est également de 3. Elle n’a pas été facile la vie du pauvre jeune
homme pendant que son frère était à l’armée entre les formidables inondations
de janvier de cette année 1910, l’agonie du malheureux Georges, son métier de
forgeron qu’il exerce donc à Limay et le plus jeune de leur frère, le petit
Roland, garnement d’environ 6 ans qui n’en fait qu’à sa tête et cette tragédie
qui les a frappés sans prévenir…
Pourtant, ce n’est pas faute de l’avoir cherchée la mère lorsque l’on
s’est aperçu qu’elle n’était pas au foyer le 28 mars dernier… on a questionné
les voisins, les commerçants chez qui elle avait ses habitudes… elle était bien
passé par ici et aussi par là mais effectivement, à y bien réfléchir, maintenant
qu’on leur posait la question, personne ne l’avait vu revenir vers le logis
familial qui était alors fixé au 69 rue Castagnary dans le 15e
arrondissement… les jours ont passés… elle n’est pas réapparue… alors on s’est
décidé, le 17 avril suivant, à aller au 2 quai de l’Archevêché à moins que ce
ne soit un voisin qui, ayant fait le déplacement, l’a reconnue parce qu’elle
s’y trouvait la mère, exposée sur un dur lit de marbre, pratiquement nue, à la
vue de tous… plus très belle à voir Berthe Delattre malgré les méthodes
utilisées pour rafraîchir le cadavre, pas sûr qu’on l’aurait reconnue si les
employés de la morgue n’avaient pas pris soin de bien mettre en évidence ses
vêtements, son cabas et ses petits bijoux. Gustave et ses fils n’en reviennent
toujours pas de cette histoire… comment est-il possible que leur épouse et mère
ait été retrouvée morte, rive droite, dans le quartier d’Auteuil ?
La vie des Bessin reprend son
cours et c’est au tour de Louis Jules de se retrouver soldat, il intègre le 3e
Régiment de Cuirassiers le 02 octobre 1911 mais, en service commandé, il doit
supporter une fracture du radius droit ; il est passé dans la réserve de
l’active le 08 novembre 1913 muni de son certificat de bonne conduite et va
vivre chez son père qui a alors fixé son domicile 8 impasse Bardon, toujours
dans le 15e arrondissement de la capitale mais à dire vrai, je me
demande si la famille a véritablement changé de domicile car l’entrée de cette
impasse Bardon se trouvait alors au niveau du 69 rue de Castagnary donc,
peut-être est-ce simplement la manière d’indiquer l’adresse qui change… pour la
petite histoire, le 69 de la rue Castagnary deviendra célèbre bien des années
plus tard pour sa formidable poissonnerie « la Criée du Phare »
devenue ensuite « les Samouraïs des mers » et son incroyable phare,
réplique de celui du Croisic, au pied duquel un pêcheur, du fond de son
chalutier échoué, fait signe au promeneur… enfin… c’est du passé… car le phare
a été démoli… je le déplore même si j’ai toujours été, depuis sa construction,
très réservée sur le bon goût de ce phare en plein Paris mais de là à le
détruire, effaçant une belle tranche d’histoire de la capitale…
Et voilà que c’est au tour de
Maurice de fêter ses vingt ans, il est ébéniste à Limay lorsqu’il se fait
recenser en vue d’effectuer son service militaire et sa fiche signalétique nous
apprend qu’il mesure 1,78 m, qu’il est châtain aux yeux marron, que son front
est fuyant et que son long nez est rectiligne et qu’il arbore une cicatrice qui
débute au poignet et qui court sur son bras droit cependant, cette même année
1911, nous allons le retrouver exerçant la profession de vernisseur au Havre en
Seine Maritime ou il réside 79 rue Augustin Normand pourtant, il va revenir
dans sa région natale pour y épouser Esther Nancy Léontine Perrin qui est née
le 04 août 1889 à Mantes, aujourd’hui Mantes-la-Jolie dans les Yvelines, et où
elle habite 44 rue Porte aux Saints chez ses parents, Jules Léon qui est
tailleur d’habits et Julie Nancy
Potterat ; c’est donc dans la ville natale de la future que le mariage est
célébré ce 02 décembre 1911. Les pères des futurs et la mère de la future sont
présents et consentants ; l’acte est signé par les témoins, Robert Gustave
Antony, typographe domicilié avec son père 8 impasse Bardon, qui est le frère
de l’époux, François Marie Lelay, fondeur de 28 ans qui habite à Mantes et qui
est un ami ainsi que par Catherine Spire Thiberville, veuve Perrin qui est âgée
de 74 ans et qui est la grand-mère de l’épouse et enfin par Frédéric Fricotté,
le cousin maternel par alliance de la mariée, qui a 34 ans et qui est boulanger
à Vert… Le cousinage n’est pas vraiment direct et concerne éventuellement la
mère de notre jeune Esther plutôt qu’elle-même… et encore… Il faut remonter au
mariage de ce fameux cousin par alliance, Frédéric Fricotté, qui a été célébré
le 27 juillet 1899 à Mantes, son épouse est Marie Louise Steinegger, elle est
née en Suisse le 11 avril 1876 de Eugène et de Anastasie Franzebon qui est
décédée depuis le 29 août 1883 ; lors de son mariage, la demoiselle
Steinegger avait pour témoin son cousin, Jules Léon Perrin âgé de 37 ans et qui
se trouve être le père de notre Esther… en fait, c’est l’épouse de Jules Léon
Perrin, Julie Nancy Potterat, qui est la cousine de Marie Louise Steinegger… où
du moins a-t-elle toujours été considérée comme telle… car la petite Marie
Louise Steinegger a eu une marâtre en la personne de Rose Potterat qui a épousé en secondes noces, le père de
la petite orpheline de mère et cette Rose Potterat est la tante de Julie Nancy
Potterat, c’est donc elle qui crée le lien familial.
A suivre
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