dimanche 28 avril 2019

Atelier d'écriture en généalogie

Bonjour mon lecteur,

Après la troisième réunion de notre petit groupe, nous devons reconnaître que nous sommes assez satisfaits de nous-mêmes... Il faut dire que chacun a trouvé ses marques, l'ambiance est bienveillante et nous progressons dans la bonne humeur et le partage... Alors que demander de plus ?
Nous travaillons donc toujours sur notre projet "Né à Limay, Mort pour la France" durant la première guerre mondiale.

J'en profite pour 
  • vous prévenir qu'il ne reste que deux places pour les ateliers "virtuels" d'écriture en généalogie pour le mois de juin 2019 (le mois de mai est complet),
  • vous rappeler qu'il n'y aura aucune session durant les mois de juillet et août,
  • vous informer que les inscriptions pour les ateliers de septembre sont ouvertes.
Ci-dessous, vous trouverez l'avancée de mon récit.
 
Je vous remercie pour votre amitié,
A très bientôt,

Catherine Livet 

A lire et à commenter :

Les frères Bessin

Les Bessin semblent si bien implantés dans le bourg de Limay alors en Seine et Oise depuis tant de temps qu’il ne devrait n’y avoir que peu de difficultés à remonter leur généalogie sur plusieurs générations mais je vais me contenter de vous inviter à pénétrer, ce 24 février 1858, dans une modeste demeure de la rue de l’Eglise. Julie Zélie Marquet est la maîtresse de maison, elle est alors âgée d’environ 39 ans et les femmes du voisinage se pressent à ses côtés car elle vient d’enfanter un garçon dont il faut prendre soin pour lui donner toutes les chances de survivre. La parturiente n’en est pas à son premier accouchement, elle est mariée depuis le  12 septembre 1840, jour où elle est devenue Madame Jacques Bessin et où elle a quitté ses parents, Louis Julien et Marie Madeleine Anasthasie Grison, cultivateurs à Fontenay-Saint-Père où a été célébré son mariage avec comme témoins son beau-frère, Louis Augustin Pilleux tisserand à Fontenay mais aussi son jeune oncle de 30 ans Louis François Pinard, cultivateur à Limay et d’ailleurs, l’un des témoins de son mari était Jacques Pinard, aussi cultivateur à Limay, cousin germain du futur, l’autre témoin était François Houllier, plâtrier de Limay âgé de 45 ans, oncle par alliance du marié… Il s’avère que François Houllier est l’oncle paternel de l’époux de Marie Elisabeth Augustine Bessin, la sœur de Jacques Bessin… Les liens familiaux annoncés dans la famille et leurs alliés ne sont pas toujours aisés à démêler, il va y avoir d’autres situations plus complexes.
C’est le lendemain que Jacques Bessin, fils des cultivateurs de Limay Pierre Aubin et Angélique Petit, plâtrier de son état, se présente devant Claude François Xavier Languedoc, maire du village qui doit compter plus ou moins mille trois cents habitants, pour déclarer qu’il prénomme Gustave Hippolyte le bébé qui vient de naître de ses œuvres.
Bien entendu, il n’est pas possible de savoir qu’elle a été la vie de Gustave enfant sauf qu’il a du, avec plus ou mois de bonheur puisqu’il saura lire et écrire, fréquenter l’école de garçons qui se trouvait installée dans la mairie, rue de l’Eglise ; il nous faut attendre ses 20 ans pour le retrouver et admirer ses cheveux et ses sourcils châtain clair et surtout le roux de ses yeux, il faut reconnaître que son front est bas, son nez ordinaire, sa bouche moyenne, que son menton est rond et que son visage est ovale. Il mesure 1,68 m. Mais lors du recensement en vue du service militaire, il va être affecté au service auxiliaire car il souffre d’hydrocèle légère à droite. Gustave va rompre -peut-être ses frères l’ont-il fait aussi- avec les traditions familiales car il va quitter Limay entre 1878 et 1887 pour s’installer dans la capitale et y prendre femme puisqu’il épouse, le 14 octobre 1882 dans le 19e arrondissement, Mademoiselle Berthe Delattre, née dans ce qui était alors le village de Montmartre le 25 mars 1858 de François Joseph Antoine qui est gardien de la paix et de Clémentine Françoise Henry ; parents avec lesquels elle habite au 31 rue de Belleville qui est également l’adresse parisienne de Gustave Bessin. Les témoins de l’union sont, entre autres, deux frères du marié, Jules qui est âgé de 41 ans et coiffeur à Limay ainsi que Eugène, âgé de 33 ans et qui est vannier également à Limay ; la mère du marié et de ses témoins, Julie Marquet, veuve, est présente et consentante.
Cependant, le couple va venir s’installer à Limay, probablement au printemps 1887, où vont naître quelques garçons. Gustave continuera à exercer le métier de vannier et Berthe Delattre est devenue lingère ; ils ont tous les deux environ 29 ans lorsque le premier de leurs enfants voit le jour.
L’aîné des enfants de Gustave naît le 13 septembre de cette année 1887, il est prénommé Robert Anthony Gustave et les témoins de la déclaration de naissance qui est faite à  Monsieur Adolphe Alexandre Langlois, maire du village de Limay, sont Eugène Bessin, vannier de 37 ans et Constant Louis Aubin Lévêque, cordonnier de 45 ans.
Le second fils s’éveille à la vie le 05 avril 1890 et le père déclare au maire, alors Aubin Augustin Groux, que le bébé a pour prénoms Louis Jules Hippolyte, les témoins sont deux vanniers, Eugène Bessin qui a maintenant 40 ans et que nous connaissons donc déjà et Henri Riblet qui a 21 ans.
Le troisième enfant qui naît le 17 juillet 1891 est encore de sexe masculin, c’est toujours les mêmes témoins, vanniers à Limay, qui accompagnent le père pour faire la déclaration devant Aubin Groux, toujours maire de Limay. L’enfant est prénommé Maurice Charles Louis.

C’est encore un garçon qui vient au monde le premier juin 1894, au domicile de ses parents alors fixé rue de Paris et ce  sont les mêmes témoins et déclarant qui disent au même maire du village que l’enfant s’appelle Georges Lucien.
Presque deux ans plus tard, le 16 mai 1896, toujours à Limay mais dans une maison rue Jean Bouret naît un autre garçon qui est prénommé Gaston Martial, se sont les mêmes témoins qui assistent le père pour la déclaration devant le maire, Aubin Groux, mais Eugène Bessin habite désormais à Mantes et n’est plus dit vannier mais simplement journalier. Le bébé va décéder au même endroit, le 02 juillet suivant, seul Henri Ribblet accompagnera le père pour faire cette triste déclaration au maire qui est maintenant Louis Alexandre Secache.
Et puis, je perds un peu de vue la famille Bessin et je me demande vraiment si elle ne quitte pas Limay pendant quelques années car je ne trouve plus une seule trace de Gustave jusqu’au 04 mars 1904 où il vient déclarer au maire, qui est toujours Monsieur Secache, que sa mère, Julie Marquet est décédée à deux heures du matin, chez elle, rue Chandelier, elle n’avait pas de profession et était âgée de 85 ans, dans cette démarche obligatoire, il est accompagné par son frère Eugène qui habite à Mantes mais cette année est également marquée par l’entrée dans la vie, 06 juin suivant, de Roland Jacques et beaucoup de choses semblent ne plus être comme avant… déjà, il est vrai, nous avons changé de siècle en revanche Aubin Groux a repris ses fonctions de maire de la petite ville de Limay mais les témoins qui accompagnent le père du nouveau-né pour faire la déclaration ne sont plus du tout les mêmes puisque ce sont deux dames qui viennent signer l’acte, Madame Jollet, née Eugénie Rolland qui habite Mantes, est âgée de 37 ans et qui n’a pas de profession tout comme Madame Dauvergne, née Félicie Montausson qui habite Limay et est âgée de 61 ans. Pourtant, lorsqu’en 1906 je retrouve la famille installée  rue de Paris, elle est bien constituée des parents et de leurs cinq garçons survivants mais elle va bientôt déménager un peu plus loin, traverser la Seine et élire domicile à Mantes puisque c’est là que Robert déclare habiter avec ses parents lorsqu’il se fait recenser en 1907 car le temps est passé si vite que l’aîné est déjà un homme et qu’il doit effectuer son service militaire et c’est ainsi que je peux apprendre qu’il est blond, qu’il a les yeux gris, le front découvert, le nez et la bouche moyens, que son menton est rond et son visage ovale et qu’il mesure 1,76 m et je me demande s’il ne ressemble pas plus à sa mère qu’à son père tant la description de son visage me paraît différente de celle de son père au même âge. En tous les cas, son instruction a été assez poussée puisqu’en plus de savoir lire et écrire, il sait compter d’ailleurs, il exerce le très beau métier de typographe. Devenu le matricule 8 645, il est incorporé dès le 07 juillet 1908 au 36e Régiment d’Infanterie, il est zélé et plein de la volonté de bien faire et il passe soldat de 1ere classe le 27 juillet 1910 puis, le 27 septembre de la même année, il est classé dans la disponibilité de l’armée et, bien entendu, un certificat de bonne conduite lui est accordé ; il rentre donc à la maison, classé directement dans la réserve de l’active. Seulement voilà, lorsqu’il arrive au sein de son foyer qui est maintenant fixé au 69 rue Castagnary dans le 15e arrondissement de la capitale où les parents ont décidé de s’installer, il n’y trouve pas son jeune frère Georges Lucien et pour cause, il  a été admis à l’hôpital Necker ou il décède le 29 septembre de cette année 1910 après, peut-être, avoir eu la dernière joie de revoir son frère aîné mais le drame pour la famille ne s’arrête pas au décès du malheureux jeune homme… Robert ne voit sa mère nulle part… Son père et ses frères lui avaient-ils écrit pour le prévenir où découvre-t-il cette absence en arrivant au domicile familial ?
Louis, le frère cadet de Robert est retourné vivre à Limay -à moins qu’il n’ait jamais quitté le village- ; il mesure 1,73 m, est châtain et a les yeux marron foncé, son nez, bien qu’avec une base droite a le dos concave et sinueux ; son instruction est également de 3. Elle n’a pas été facile la vie du pauvre jeune homme pendant que son frère était à l’armée entre les formidables inondations de janvier de cette année 1910, l’agonie du malheureux Georges, son métier de forgeron qu’il exerce donc à Limay et le plus jeune de leur frère, le petit Roland, garnement d’environ 6 ans qui n’en fait qu’à sa tête et cette tragédie qui les a frappés sans prévenir…  Pourtant, ce n’est pas faute de l’avoir cherchée la mère lorsque l’on s’est aperçu qu’elle n’était pas au foyer le 28 mars dernier… on a questionné les voisins, les commerçants chez qui elle avait ses habitudes… elle était bien passé par ici et aussi par là mais effectivement, à y bien réfléchir, maintenant qu’on leur posait la question, personne ne l’avait vu revenir vers le logis familial qui était alors fixé au 69 rue Castagnary dans le 15e arrondissement… les jours ont passés… elle n’est pas réapparue… alors on s’est décidé, le 17 avril suivant, à aller au 2 quai de l’Archevêché à moins que ce ne soit un voisin qui, ayant fait le déplacement, l’a reconnue parce qu’elle s’y trouvait la mère, exposée sur un dur lit de marbre, pratiquement nue, à la vue de tous… plus très belle à voir Berthe Delattre malgré les méthodes utilisées pour rafraîchir le cadavre, pas sûr qu’on l’aurait reconnue si les employés de la morgue n’avaient pas pris soin de bien mettre en évidence ses vêtements, son cabas et ses petits bijoux. Gustave et ses fils n’en reviennent toujours pas de cette histoire… comment est-il possible que leur épouse et mère ait été retrouvée morte, rive droite, dans le quartier d’Auteuil ?
La vie des Bessin reprend son cours et c’est au tour de Louis Jules de se retrouver soldat, il intègre le 3e Régiment de Cuirassiers le 02 octobre 1911 mais, en service commandé, il doit supporter une fracture du radius droit ; il est passé dans la réserve de l’active le 08 novembre 1913 muni de son certificat de bonne conduite et va vivre chez son père qui a alors fixé son domicile 8 impasse Bardon, toujours dans le 15e arrondissement de la capitale mais à dire vrai, je me demande si la famille a véritablement changé de domicile car l’entrée de cette impasse Bardon se trouvait alors au niveau du 69 rue de Castagnary donc, peut-être est-ce simplement la manière d’indiquer l’adresse qui change… pour la petite histoire, le 69 de la rue Castagnary deviendra célèbre bien des années plus tard pour sa formidable poissonnerie « la Criée du Phare » devenue ensuite « les Samouraïs des mers » et son incroyable phare, réplique de celui du Croisic, au pied duquel un pêcheur, du fond de son chalutier échoué, fait signe au promeneur… enfin… c’est du passé… car le phare a été démoli… je le déplore même si j’ai toujours été, depuis sa construction, très réservée sur le bon goût de ce phare en plein Paris mais de là à le détruire, effaçant une belle tranche d’histoire de la capitale…

Et voilà que c’est au tour de Maurice de fêter ses vingt ans, il est ébéniste à Limay lorsqu’il se fait recenser en vue d’effectuer son service militaire et sa fiche signalétique nous apprend qu’il mesure 1,78 m, qu’il est châtain aux yeux marron, que son front est fuyant et que son long nez est rectiligne et qu’il arbore une cicatrice qui débute au poignet et qui court sur son bras droit cependant, cette même année 1911, nous allons le retrouver exerçant la profession de vernisseur au Havre en Seine Maritime ou il réside 79 rue Augustin Normand pourtant, il va revenir dans sa région natale pour y épouser Esther Nancy Léontine Perrin qui est née le 04 août 1889 à Mantes, aujourd’hui Mantes-la-Jolie dans les Yvelines, et où elle habite 44 rue Porte aux Saints chez ses parents, Jules Léon qui est tailleur d’habits et  Julie Nancy Potterat ; c’est donc dans la ville natale de la future que le mariage est célébré ce 02 décembre 1911. Les pères des futurs et la mère de la future sont présents et consentants ; l’acte est signé par les témoins, Robert Gustave Antony, typographe domicilié avec son père 8 impasse Bardon, qui est le frère de l’époux, François Marie Lelay, fondeur de 28 ans qui habite à Mantes et qui est un ami ainsi que par Catherine Spire Thiberville, veuve Perrin qui est âgée de 74 ans et qui est la grand-mère de l’épouse et enfin par Frédéric Fricotté, le cousin maternel par alliance de la mariée, qui a 34 ans et qui est boulanger à Vert… Le cousinage n’est pas vraiment direct et concerne éventuellement la mère de notre jeune Esther plutôt qu’elle-même… et encore… Il faut remonter au mariage de ce fameux cousin par alliance, Frédéric Fricotté, qui a été célébré le 27 juillet 1899 à Mantes, son épouse est Marie Louise Steinegger, elle est née en Suisse le 11 avril 1876 de Eugène et de Anastasie Franzebon qui est décédée depuis le 29 août 1883 ; lors de son mariage, la demoiselle Steinegger avait pour témoin son cousin, Jules Léon Perrin âgé de 37 ans et qui se trouve être le père de notre Esther… en fait, c’est l’épouse de Jules Léon Perrin, Julie Nancy Potterat, qui est la cousine de Marie Louise Steinegger… où du moins a-t-elle toujours été considérée comme telle… car la petite Marie Louise Steinegger a eu une marâtre en la personne de Rose Potterat  qui a épousé en secondes noces, le père de la petite orpheline de mère et cette Rose Potterat est la tante de Julie Nancy Potterat, c’est donc elle qui crée le lien familial.

Du très récent mariage d’Esther Perrin avec Maurice Bessin naît, le 04 avril 1912, au Havre, Marcel Gustave Léon  mais ce n’est pas parce qu’il est père de famille que Maurice est exempté de service militaire et c’est donc le 09 octobre de cette même année qu’il doit rejoindre le 24e Régiment d’Infanterie cependant, son service sera largement écourté, dès le 08 mars 1913, au motif qu’il est soutien indispensable de famille.

A suivre


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