dieu mon Père sont des mots que
je n’ai jamais dits.
À Dieu, mon Père, vous êtes
retourné.
Ah Dieu ! Mon Père !
Pourquoi me l’avoir pris ?
On m’a poussée, on m’a tirée, on
m’a forcée… On m’a dit : « Tu vas voir… ce n’est rien… c’est comme
s’il dormait… »
Mais mon Père, je ne vous ai
jamais vu dormir ! Pourtant, Papa, combien de nuits as-tu passées à
veiller sur mon sommeil tourmenté d’enfant malade ? Combien de fois, Papa, t'es-tu installé à mon chevet, tamponnant mes tempes douloureuses d’un linge
humide, pour chasser les démons que la fièvre avait installés dans mon esprit
défaillant ? Combien de fois, Papa, t'es-tu levé pour glisser ton
doigt sous mes minuscules narines, pour savoir si je respirais toujours ?
Combien de fois, Papa, tout au long de ma vie, à n’importe quelle heure du jour
ou de la nuit, t’es-tu précipité à mes côtés pour m’apporter aide et
soutien ?
On m’a poussée, on m’a tirée, on
m’a forcée… On m’a dit : « Madame Livet, profitez bien des derniers
moments avec votre Papa… »
Mais mon Père, vous n’étiez pas
dans cette pièce sordide dans laquelle j’ai été introduite. C’est normal,
jamais vous ne seriez resté dans un pareil endroit… Il faisait froid mon Père…
si froid… j’ai senti mon cœur se figer malgré mon manteau de cachemire.
Les
fleurs, abondantes, ne dégageaient aucune senteur… Mais mon Père, elles étaient
en plastique !
Des bougies, ne dégageant aucune
odeur, aucune fumée, diffusaient une lueur trop crue autour de votre visage
serein… Mais mon Père, elles étaient électriques !
Le bruit des vagues venant heurter la roche
qui semblait si proche emplissait nos oreilles
sans pourtant que le moindre embrun éclabousse notre visage ou nos
mains… Mais mon Père, c’était un enregistrement !
On m’a poussée, on m’a tirée, on
m’a forcée… On m’a dit : « Allez le voir sinon vous le
regretterez… »
Mais mon Père, je ne vous ai pas
vu. Dans ce décor funèbre, un corps sans vie, recouvert d’un linceul
immaculé, était allongé sur le dos, les
mains sagement croisées sur la poitrine. Et puis, une sombre colère a submergé
tout mon être… Comment est-ce possible ? La pauvre dépouille que l’on
voulait me faire prendre pour vous n’était vêtue que d’une chemisette bleu
ciel, pourtant il faisait si froid…
Maman a mis fin à mon calvaire ; elle avait posé une main sur votre bras et, saisie, a murmuré
« Mon Dieu, comme il a froid ! » puis, tirant le drap jusqu’à
votre cou, elle nous a dit « Laissons votre père se reposer ».
Mon Père, en ce jour que je n’ai
jamais voulu retenir du mois de janvier 2003, l’univers entier était triste…
Des nappes d’un brouillard épais, gris et bas nous ont accompagnés depuis notre
départ de Paris… seul le véhicule de ma jeune sœur à bord duquel nous étions
tous, réunis pour la dernière fois, a
osé défier le temps pour nous conduire, centaine de kilomètres après centaine
de kilomètres, jusqu’à vous.
Mon Père ce voyage était vain…
vous étiez déjà parti depuis longtemps de votre enveloppe terrestre devenue
inutile…
Papa, ce n’est que plus tard que j’ai compris que tu étais venu te
réfugier dans mon esprit.
Mon Père, jamais je ne vous dirai adieu,
mais un jour, je viendrai vous dire bonjour.
J'ai écrit la vie de mon père durant l'affreuse époque qui lui a volé sa jeunesse puisqu'il a été "requis" du S.T.O :
Un p'tit gars du S.T.O
Dans Paris occupé, la vie de René, né en 1922, est compliquée. Sa
grand-mère, qui l’a élevé, vient de décéder. Il doit quitter
précipitamment son emploi pour échapper à une première réquisition
et se pense à l’abri après avoir été embauché à la S.N.C.F. Mais les
ennuis vont commencer et s’éloigner de la gare de triage où il
officiait va devenir une nécessité.
L’étau va se resserrer, il sera expédié en Allemagne au titre du Service du Travail Obligatoire.
À la gare d’Ulm, sur le Danube, en Allemagne, où il doit travailler,
les règles ne sont pas respectées, les requis sont maltraités. Infrastructure
de
la plus haute importance, la gare va être bombardée et ruinée par
les alliés et René va être blessé. Le 24 avril 1945, à 11 heures, il se
trouve face à des soldats américains, il se croit libéré,
mais rien n’est encore joué et le rapatriement ne va pas être aisé.
Enfin rentré, rien n’est terminé et malgré le temps, les souvenirs ne seront jamais effacés.
Livre 16 x 24 cm - Dos carré collé - 80 pages - Nombreuses illustrations inédites en couleurs - Auteur
: Catherine Livet pour la collection "Destins d'Ancêtres" de Becklivet - Imprimerie Messages Sas - ISBN 978-2-493106-03-2 - Dépôt légal août 2022 - Sortie le 12 septembre 2022 - 18 € TTC
Vous pouvez vous procurer ce livre chez votre libraire habituel ou en me le commandant directement. Si vous souhaitez une dédicace, n'hésitez pas à la demander lors de votre commande. C'est toujours un réel plaisir pour moi de dédicacer ce livre qui m'est très cher.
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Challenge AZ 2019 - Généalogie - Biographie René Livet
C'est un #ChallengeAZ très personnel qui se profile, avec un premier article très émouvant !
RépondreSupprimerMerci Christelle. Oui, je profite du #ChallengeAZ pour me lancer dans la biographie de René Livet, mon père.
SupprimerCatherine, votre plume est décidément belle, même pour les instants les plus difficiles à conter.
RépondreSupprimerMerci beaucoup Renaud, c'est très gentil et très encourageant.
SupprimerQuel beau texte Catherine ! On sent ton émotion pour cet hommage à ton père. Ces derniers jours... ces derniers moments si difficiles. Je suis touché.
RépondreSupprimerMerci Sébastien. Tout le monde, ou presque, a connu ou va connaître des moments comme ceux dont je parle ici mais, justement, il n'est pas toujours facile de le faire. Il fallait que je me lance
SupprimerTrès belle écriture. Article émouvant. Bon courage pour les articles suivants
RépondreSupprimerMerci Beaucoup Monique pour votre si gentil commentaire encourageant
SupprimerMerci beaucoup Christelle. Oui, j'ai pris le prétexte de ce ChallengeAZ pour "sauter le pas", pour parler de mon père et donc de moi.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerTrès touchant et émouvant. Et surtout très courageux. Conclusion et à la fois introduction parfaite pour la suite de ce Challenge, ce père qui n’a jamais quitté votre esprit va conserver une place dans le nôtre, j’en suis certain.
RépondreSupprimerMerci beaucoup Jean-François. J'ai pris le pari de faire un début de biographie en utilisant comme plan le #ChallengeAZ et la lettre A s'est imposée à mon esprit
SupprimerMerci Sébastien. Tes articles sont souvent très touchants aussi. Je ne vais pas manquer une seule de tes participations à la version 2019 de ce ChallengeAZ
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerComment écrire un message après cette lecture, je reste sans voix et sans mots...
RépondreSupprimerMerci Marie
SupprimerMerci pour ce beau témoignage, si émouvant, qui me replonge dans des souvenirs si lointains mais pourtant si proches. Bon challenge AZ !
RépondreSupprimerUn 1er article très émouvant. C'est toujours difficile d'évoquer des êtres aussi proches. Un Challenge qui s'annonce intimiste et personnel.
RépondreSupprimerMerci beaucoup Catherine
SupprimerIl est original et émouvant ce premier billet. Un #ChallengeAZ à suivre avec intérêt, donc !
RépondreSupprimerMerci beaucoup Marie
SupprimerTexte magnifique et bouleversant qui me renvoie au même vécu. Merci!
RépondreSupprimerMerci Christine. Oui, nous sommes nombreux à partager ce genre de douloureux souvenirs
SupprimerTrès bel hommage ! J'ai moi aussi perdu mon frère ainé et mes parents (mon frère en 1986 dans des circonstances dramatiques (suicide pour une fille), mon père de maladie en 1999 et ma mère plus récemment en 2015. C'est toujours une épreuve de les voir ainsi. On garde beaucoup de choses pour nous dans ces moments là, sans pouvoir les exprimer, les partager avec nos proches de peur de leur faire de la peine.
RépondreSupprimerMon premier challenge AZ en 2014 m'avait permis de mettre des mots sur le décès de mon frère et "d'accoucher", (comme m'ont dit mes enfants par la suite)de cette douleur restée trop longtemps renfermée !
Merci !
Merci Véronique. Je pense comme vos enfants, il faut savoir évacuer la douleur et écrire est un bon remède.
SupprimerUn challenge qui s'annonce riche en émotions !
RépondreSupprimerMerci beaucoup
Supprimertrès beau texte, j'en ai les larmes aux yeux...
RépondreSupprimerMagnifique texte très émouvant. C'est un très bel hommage pour entamer ce challenge.
RépondreSupprimerMerci beaucoup Béatrice. Je suis heureuse que ce texte fasse passer l'émotion
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