ommandantur est écrit en
lettres géantes ! Des panneaux indicateurs rédigés en allemand sont installés
partout ! Les Fridolins sont dans les rues, les restaurants, les théâtres…
Paris est occupé ! La France est occupée ! Notre village, le 14e
arrondissement, est occupé !
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Paris 14e - Photo Daniel Leduc - Musée de la Résistance
Nationale
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Maman Emilie, votre grand-mère qui vous sert de
mère depuis presque toujours est malade depuis des années, elle a subit une
terrible hystérectomie totale qui n’a pas été une réussite… Elle, toujours si
dynamique, dure au mal, bienfaisante avec tous… mais qui a vécu la Grande
Guerre de très près ne peut pas supporter la vue de l’occupant qu’elle continue
à nommer les Boches… Perdue, désespérée, vous trouvant assez grand maintenant
pour vous débrouiller tout seul, Emilie Chalvet renonce à se battre et vous
êtes obligé de la faire hospitaliser. Elle ne fêtera jamais ses 60 ans et elle
finit par s’éteindre à Cochin dans de grandes douleurs physiques et psychiques
où elle ne vous parle plus, dans ses derniers moments de conscience, que des
souffrances et des blessures des hommes de la famille durant la Première Guerre
Mondiale…
Vous
allez enchaîner les petits boulots pour survivre jusqu’au 15 mai 1942 où vous
entrez aux établissements Maurel qui sont situés au 47 rue Croule Barbe dans le
13e arrondissement et qui fabriquent des registres et des
fournitures métalliques pour la papeterie… tout se passe bien jusqu’à la toute
fin du mois de juillet suivant où le directeur en personne arrive brusquement
dans l’atelier, fait arrêter d’urgence les machines malgré le fait qu’il faudra
plus de 24 heures pour les relancer… Il a une information de la plus haute
importance à communiquer à la jeunesse qui travaille chez lui : les
autorités sont passées la veille, elles voulaient obtenir la liste des travailleurs
de l’entreprise qui se trouvent, de fait, réquisitionnés pour aller travailler
en Allemagne. Le directeur, utilisant un prétexte qui n’est pas resté dans
votre mémoire, a pu différer sa réponse mais les fonctionnaires vont revenir
dans la soirée. Il invite les jeunes travailleurs à quitter son établissement
sur le champ, le comptable est en train de préparer le solde de ceux qui le
veulent, le directeur se débrouillera et les coordonnées de ceux qui ne seront
plus dans l’entreprise avant ce soir, 31 juillet 1942, ne seront pas
communiquées…
Dès
août 1940, les Allemands se sont ingéniés à trouver les bons arguments pour convaincre les Français de se porter volontaires pour aller travailler en Allemagne mais la
jeunesse est plutôt timide et renâcle à aller faire tourner les usines de
l’ennemi.
Fritz Sauckel (1), grand pourvoyeur
de main d’œuvre pour le Reich arrive et rencontre Pierre Laval (2) et, début 1942,
germe alors l’idée de « la Relève » dont le principe est
simple : trois ouvriers partent travailler en Allemagne, un prisonnier de
guerre rentre en France…
Une propagande formidable est déployée… des bureaux sont ouverts pour que la jeunesse
vienne spontanément se présenter au départ…
Le discours du 22 juin 1942 de
Pierre Laval est fameux et au moins une de ses phrases est restée gravée à tout
jamais dans la mémoire collective : « Je souhaite la victoire de
l’Allemagne parce que sans elle, le bolchevisme demain s’installerait
partout… »
Mais encore une fois, le résultat escompté n’est pas au
rendez-vous et les départs sont rares d’où les nouvelles mesures mises en œuvre
avec l’aide de l’administration française pour trouver des
« volontaires »… Le ton se durcit, les méthodes deviennent moins
civilisées… L’Allemagne a besoin de bras et, tellement préoccupé par vos obligations
nées de l’état de santé de Maman Emilie puis de sa mort, de l’absence de votre
oncle et parrain Emile, de la nécessité de trouver de l’argent puis des denrées
alimentaires qui se font de plus en plus rares… vous ne prenez réellement
conscience de la situation qu’en ce mois de juillet 1942 où vous êtes
directement concerné.
Bien
sûr, vous demandez votre compte et quittez le jour même de l’annonce du
directeur les établissements Maurel mais vous n’avez plus de travail et ne
voulez même pas en reprendre de peur de ne pas pouvoir
échapper une seconde
fois à la réquisition… sauf que, le jour même, votre copain Bernard, qui est
dans la même situation que vous, vous entraîne voir son oncle qui travaille à
la SNCF… entreprise hautement stratégique qui est déjà aux mains des Allemands
donc… vous ne devriez plus être concerné par un départ pour l’Allemagne puisque
vous voilà, dès le 03 août 1942, employé de la Société Nationale des Chemins de
Fer Français…
Si vous aviez pu savoir comment
les événements allaient ensuite s’enchaîner auriez-vous signé ce contrat avec
la SNCF ?
C’est incroyable le nombre de
fois où vous m’avez parlé de cette époque de votre vie, si troublée, si
spéciale… mais vous avez toujours minimisé les mauvais aspects pour mettre en
avant les bons côtés, l’aide qui vous a été apportée par les copains, les
voisins, les adultes bien en place…
Et maintenant que j’ai commencé à
relire mes notes et à mettre par écrit vos souvenirs, je me rends compte qu’il
va me falloir des heures et des heures de rédaction et que je vais avoir de
nouvelles questions à vous poser pour préciser tel ou tel fait et que vous ne
serez plus là pour me répondre pourtant, les quelques fois où je m’installe
devant le petit bureau de mon salon, je sens votre regard au dessus de mon épaule,
comme si le portrait de vous qui trône dans cette pièce prenait vie, et je sais
que vous souriez à certaines évocations mais peut-être aussi froncez-vous
parfois les sourcils si je déforme un peu vos souvenances… qui pourra me le
dire ?
Lorsque j’imagine toutes les
adversités qui ont jalonné votre route, surtout dans votre jeunesse, et que je
pense à votre personnalité, à cette âme d’enfant que vous avez su garder, je
suis vraiment fière de porter le patronyme de Livet
J'ai écrit la vie de mon père durant l'affreuse époque qui lui a volé sa jeunesse puisqu'il a été "requis" du S.T.O :
Un p'tit gars du S.T.O
Dans Paris occupé, la vie de René, né en 1922, est compliquée. Sa
grand-mère, qui l’a élevé, vient de décéder. Il doit quitter
précipitamment son emploi pour échapper à une première réquisition
et se pense à l’abri après avoir été embauché à la S.N.C.F. Mais les
ennuis vont commencer et s’éloigner de la gare de triage où il
officiait va devenir une nécessité.
L’étau va se resserrer, il sera expédié en Allemagne au titre du Service du Travail Obligatoire.
À la gare d’Ulm, sur le Danube, en Allemagne, où il doit travailler,
les règles ne sont pas respectées, les requis sont maltraités. Infrastructure
de
la plus haute importance, la gare va être bombardée et ruinée par
les alliés et René va être blessé. Le 24 avril 1945, à 11 heures, il se
trouve face à des soldats américains, il se croit libéré,
mais rien n’est encore joué et le rapatriement ne va pas être aisé.
Enfin rentré, rien n’est terminé et malgré le temps, les souvenirs ne seront jamais effacés.
Livre 16 x 24 cm - Dos carré collé - 80 pages - Nombreuses illustrations inédites en couleurs - Auteur
: Catherine Livet pour la collection "Destins d'Ancêtres" de Becklivet - Imprimerie Messages Sas - ISBN 978-2-493106-03-2 - Dépôt légal août 2022 - Sortie le 12 septembre 2022 - 18 € TTC
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pouvez vous procurer ce livre chez votre libraire habituel ou en me le
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moi de dédicacer ce livre qui m'est très cher.
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BECKLIVET
(1) Sauckel : Organise la déportation des travailleurs des pays occupés vers l'Allemagne. Condamné à mort au procès de Nuremberg pour "crime contre l'humanité", il est exécuté par pendaison le 16 octobre 1946.
(2) Laval : Renvoyé par Pétain le 13 décembre 1940, les Allemands, las de la mollesse du gouvernement de Vichy, imposent au Maréchal son retour le 17 avril 1942 avec pratiquement tous les pouvoirs. En fuite à la libération, il est ensuite arrêté, condamné à mort et fusillé à Fresnes le 15 octobre 1945.
Challenge AZ 2019 - Généalogie - Biographie René Livet
Une période bien difficile à traverser...
RépondreSupprimerOui alors ! Période terrible ! Je trouve qu'on n'en parle pas assez. Merci Christelle.
SupprimerKOMMANDANTUR... la KOMMANDANTUR de 1871-1918 en Moselle n'a rien à voir avec la KOMMANDANTUR de la seconde guerre mondiale. Une période difficile à passer. Je comprends pourquoi ton père n'a pas voulu parler des aspects les plus sombres...
RépondreSupprimerPériode effectivement très difficile... Il faudrait en parler plus. Merci Sébastien pour toutes tes lectures.
SupprimerEn effet, on ne parle malheureusement jamais de ces hommes réquisitionnés !
RépondreSupprimerOui Anonyme et il faudrait leur rendre la place qu'ils méritent. Merci pour ce commentaire et votre lecture.
SupprimerUne dure période mais un bel épisode du challenge car il est bien intéressant de découvrir les 'petites' histoires mêlées à la grande Histoire. Une chance d'avoir pu obtenir ces récits. Mes grands-parents ne parlaient pas de cette période, sans aucun doute trop douloureuse.
RépondreSupprimerJ'ai l'impression que c'est très souvent que le silence régnait dans les familles au sujet de cette période.
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