mercredi 13 novembre 2019

Challenge AZ 2019 - Lettre K

Z 2019, rendez-vous annuel de la généalogie et des généablogueurs Lettre K
Vers J


K
ommandantur est écrit en lettres géantes ! Des panneaux indicateurs rédigés en allemand sont installés partout ! Les Fridolins sont dans les rues, les restaurants, les théâtres… Paris est occupé ! La France est occupée ! Notre village, le 14e arrondissement, est occupé ! 

Paris 14e - Photo Daniel Leduc - Musée de la Résistance Nationale







Maman Emilie, votre grand-mère qui vous sert de mère depuis presque toujours est malade depuis des années, elle a subit une terrible hystérectomie totale qui n’a pas été une réussite… Elle, toujours si dynamique, dure au mal, bienfaisante avec tous… mais qui a vécu la Grande Guerre de très près ne peut pas supporter la vue de l’occupant qu’elle continue à nommer les Boches… Perdue, désespérée, vous trouvant assez grand maintenant pour vous débrouiller tout seul, Emilie Chalvet renonce à se battre et vous êtes obligé de la faire hospitaliser. Elle ne fêtera jamais ses 60 ans et elle finit par s’éteindre à Cochin dans de grandes douleurs physiques et psychiques où elle ne vous parle plus, dans ses derniers moments de conscience, que des souffrances et des blessures des hommes de la famille durant la Première Guerre Mondiale…  


Vous allez enchaîner les petits boulots pour survivre jusqu’au 15 mai 1942 où vous entrez aux établissements Maurel qui sont situés au 47 rue Croule Barbe dans le 13e arrondissement et qui fabriquent des registres et des fournitures métalliques pour la papeterie… tout se passe bien jusqu’à la toute fin du mois de juillet suivant où le directeur en personne arrive brusquement dans l’atelier, fait arrêter d’urgence les machines malgré le fait qu’il faudra plus de 24 heures pour les relancer… Il a une information de la plus haute importance à communiquer à la jeunesse qui travaille chez lui : les autorités sont passées la veille, elles voulaient obtenir la liste des travailleurs de l’entreprise qui se trouvent, de fait, réquisitionnés pour aller travailler en Allemagne. Le directeur, utilisant un prétexte qui n’est pas resté dans votre mémoire, a pu différer sa réponse mais les fonctionnaires vont revenir dans la soirée. Il invite les jeunes travailleurs à quitter son établissement sur le champ, le comptable est en train de préparer le solde de ceux qui le veulent, le directeur se débrouillera et les coordonnées de ceux qui ne seront plus dans l’entreprise avant ce soir, 31 juillet 1942, ne seront pas communiquées… 


Dès août 1940, les Allemands se sont ingéniés à trouver les bons arguments pour convaincre les Français de se porter volontaires pour aller travailler en Allemagne mais la jeunesse est plutôt timide et renâcle à aller faire tourner les usines de l’ennemi.
Fritz Sauckel (1), grand pourvoyeur de main d’œuvre pour le Reich arrive et rencontre Pierre Laval (2) et, début 1942, germe alors l’idée de « la Relève » dont le principe est simple : trois ouvriers partent travailler en Allemagne, un prisonnier de guerre rentre en France…
Une propagande formidable est déployée… des bureaux sont ouverts pour que la jeunesse vienne spontanément se présenter au départ…



Le discours du 22 juin 1942 de Pierre Laval est fameux et au moins une de ses phrases est restée gravée à tout jamais dans la mémoire collective : « Je souhaite la victoire de l’Allemagne parce que sans elle, le bolchevisme demain s’installerait partout… »
Mais encore une fois, le résultat escompté n’est pas au rendez-vous et les départs sont rares d’où les nouvelles mesures mises en œuvre avec l’aide de l’administration française pour trouver des « volontaires »… Le ton se durcit, les méthodes deviennent moins civilisées… L’Allemagne a besoin de bras et, tellement préoccupé par vos obligations nées de l’état de santé de Maman Emilie puis de sa mort, de l’absence de votre oncle et parrain Emile, de la nécessité de trouver de l’argent puis des denrées alimentaires qui se font de plus en plus rares… vous ne prenez réellement conscience de la situation qu’en ce mois de juillet 1942 où vous êtes directement concerné.
Bien sûr, vous demandez votre compte et quittez le jour même de l’annonce du directeur les établissements Maurel mais vous n’avez plus de travail et ne voulez même pas en reprendre de peur de ne pas pouvoir
Z 2019, rendez-vous annuel de la généalogie et des généablogueurs Lettre K
échapper une seconde fois à la réquisition… sauf que, le jour même, votre copain Bernard, qui est dans la même situation que vous, vous entraîne voir son oncle qui travaille à la SNCF… entreprise hautement stratégique qui est déjà aux mains des Allemands donc… vous ne devriez plus être concerné par un départ pour l’Allemagne puisque vous voilà, dès le 03 août 1942, employé de la Société Nationale des Chemins de Fer Français…


Si vous aviez pu savoir comment les événements allaient ensuite s’enchaîner auriez-vous signé ce contrat avec la SNCF ?
C’est incroyable le nombre de fois où vous m’avez parlé de cette époque de votre vie, si troublée, si spéciale… mais vous avez toujours minimisé les mauvais aspects pour mettre en avant les bons côtés, l’aide qui vous a été apportée par les copains, les voisins, les adultes bien en place… 
Et maintenant que j’ai commencé à relire mes notes et à mettre par écrit vos souvenirs, je me rends compte qu’il va me falloir des heures et des heures de rédaction et que je vais avoir de nouvelles questions à vous poser pour préciser tel ou tel fait et que vous ne serez plus là pour me répondre pourtant, les quelques fois où je m’installe devant le petit bureau de mon salon, je sens votre regard au dessus de mon épaule, comme si le portrait de vous qui trône dans cette pièce prenait vie, et je sais que vous souriez à certaines évocations mais peut-être aussi froncez-vous parfois les sourcils si je déforme un peu vos souvenances… qui pourra me le dire ?

Lorsque j’imagine toutes les adversités qui ont jalonné votre route, surtout dans votre jeunesse, et que je pense à votre personnalité, à cette âme d’enfant que vous avez su garder, je suis vraiment fière de porter le patronyme de Livet

J'ai écrit la vie de mon père durant l'affreuse époque qui lui a volé sa jeunesse puisqu'il a été "requis" du S.T.O :

Un p'tit gars du S.T.O 

Dans Paris occupé, la vie de René, né en 1922, est compliquée. Sa grand-mère, qui l’a élevé, vient de décéder. Il doit quitter précipitamment son emploi pour échapper à une première réquisition et se pense à l’abri après avoir été embauché à la S.N.C.F. Mais les ennuis vont commencer et s’éloigner de la gare de triage où il officiait va devenir une nécessité.
L’étau va se resserrer, il sera expédié en Allemagne au titre du Service du Travail Obligatoire.
À la gare d’Ulm, sur le Danube, en Allemagne, où il doit travailler, les règles ne sont pas respectées, les requis sont maltraités.  Infrastructure de la plus haute importance, la gare va être bombardée et ruinée par les alliés et René va être blessé. Le 24 avril 1945, à 11 heures, il se trouve face à des soldats américains, il se croit libéré, mais rien n’est encore joué et le rapatriement ne va pas être aisé.
Enfin rentré, rien n’est terminé et malgré le temps, les souvenirs ne seront jamais effacés.

Livre 16 x 24 cm - Dos carré collé - 80 pages - Nombreuses illustrations inédites en couleurs - Auteur : Catherine Livet pour la collection "Destins d'Ancêtres" de Becklivet - Imprimerie Messages Sas - ISBN 978-2-493106-03-2 - Dépôt légal août 2022 - Sortie le 12 septembre 2022 - 18 € TTC

Vous pouvez vous procurer ce livre chez votre libraire habituel ou en me le commandant directement. Si vous souhaitez une dédicace, n'hésitez pas à la demander lors de votre commande. C'est toujours un réel plaisir pour moi de dédicacer ce livre qui m'est très cher.

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BECKLIVET

 
(1) Sauckel : Organise la déportation des travailleurs des pays occupés vers l'Allemagne. Condamné à mort au procès de Nuremberg pour "crime contre l'humanité", il est exécuté par pendaison le 16 octobre 1946.
(2) Laval : Renvoyé par Pétain le 13 décembre 1940, les Allemands, las de la mollesse du gouvernement de Vichy, imposent au Maréchal son retour le 17 avril 1942 avec pratiquement tous les pouvoirs. En fuite à la libération, il est ensuite arrêté, condamné à mort et fusillé à Fresnes le 15 octobre 1945.

Challenge AZ 2019 - Généalogie - Biographie René Livet



8 commentaires:

  1. Une période bien difficile à traverser...

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    1. Oui alors ! Période terrible ! Je trouve qu'on n'en parle pas assez. Merci Christelle.

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  2. KOMMANDANTUR... la KOMMANDANTUR de 1871-1918 en Moselle n'a rien à voir avec la KOMMANDANTUR de la seconde guerre mondiale. Une période difficile à passer. Je comprends pourquoi ton père n'a pas voulu parler des aspects les plus sombres...

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    1. Période effectivement très difficile... Il faudrait en parler plus. Merci Sébastien pour toutes tes lectures.

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  3. En effet, on ne parle malheureusement jamais de ces hommes réquisitionnés !

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    1. Oui Anonyme et il faudrait leur rendre la place qu'ils méritent. Merci pour ce commentaire et votre lecture.

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  4. Une dure période mais un bel épisode du challenge car il est bien intéressant de découvrir les 'petites' histoires mêlées à la grande Histoire. Une chance d'avoir pu obtenir ces récits. Mes grands-parents ne parlaient pas de cette période, sans aucun doute trop douloureuse.

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  5. J'ai l'impression que c'est très souvent que le silence régnait dans les familles au sujet de cette période.

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Merci pour cette lecture.
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