Lm sur Donau en Allemagne est la destination qui a été choisie pour
vous, vous devez quitter la SNCF et travailler pour la Deutsch Reichbahn à la
gare principale, hautement stratégique pour approvisionner Paris occupé…
L’opinion s’émeut alors du départ forcé de tant de jeunes
pourtant, aujourd'hui, il y a une très mauvaise connaissance de ce côté très sombre de la
seconde guerre mondiale… vous, les "S.T.O", êtes les grands oubliés des horreurs de la
guerre…
comme si vous n’aviez pas été des victimes… Pourtant, non, vous n’êtes
pas partis en villégiature comme le pensent aujourd’hui certains, bien au
contraire comme le montre cette photo (1) qui a été prise en gare de Tarbes : en lettres blanches, sur les wagons
qui vont déporter tant de Français, se détachent les mots : « Vive la
France. Laval au poteau ! »
Il existe une autre photo prise le 10
mars 1943 par Monsieur Paul Deval du passage à niveau de la route qui va de
Romans-sur-Isère à Mours-Saint-Eusèbe, dans la Drôme, où l’on voit très
nettement des manifestants tenter d’empêcher le départ des jeunes requis. Cette
photo et toutes les explications qui vont avec sont maintenant consultables sur
le site du Musée de la Résistance 1940-1945 (2).
Alors, pourquoi aujourd’hui,
vous, les victimes du S.T.O êtes-vous les grands oubliés ?
Les Allemands sont partout, ils
empêchent les familles et les amis de s’approcher des voies… les
« Requis » sont arrachés des bras de leur mère et poussés sans
ménagement vers les wagons… Votre tante et votre cousine sont venues avec vous,
les enfants ont été confiés à une voisine, elles se tiennent un peu à l’écart
de la bousculade, elles resteront un long moment encore après le départ du
train… Tout se déroule sous très haute surveillance… même votre valise a été
contrôlée car vous ne pouvez emporter que les effets qui sont mentionnés sur la
liste qui vous a été remise…
Le chef de gare a réussi à vous
faire parvenir une sorte de lettre de trois ou quatre feuillets où il a
consigné vos droits et vos obligations en vous recommandant d’en faire bon usage…
A dire vrai, mon Père, je ne suis
pas certaine de votre date de départ mais comme j’en ai déjà parlé au chapitre S.T.O et que cela n’a pas une grande importance pour la suite des
événements, je vais passer à autre chose.
Et voilà, vous y êtes, vous prenez vos quartiers au
« foyer de travailleurs », n° 2-3… c’est très sommaire et vous êtes
nombreux à partager le même dortoir… petit à petit, les problèmes inhérents à
une telle promiscuité de jeunes gens qui ne se connaissent pas et qui ont des
façons de vivre très disparates… qui se sentent seuls au monde, qui ont peur et
qui bientôt seront harassés par les heures de travail à accomplir et surtout démoralisés
par la propagande allemande quotidienne qui jour après jour, fera son chemin
dans l’esprit des « Requis » vont apparaître… C’est là mon Père que
votre personnalité subtile faite de candeur doublée de chaleur humaine autant
que d’autorité naturelle va vous être utile… vous allez exiger que la chambrée
soit nettoyée et rangée chaque jour car, dès le début du séjour forcé, des
maladies se répandent de bâtiment en bâtiment et même si les logements réservés
aux Français semblent moins atteints que ceux d’autres nationalités, ils n’en
sont tout de même pas pour autant exempts d’épidémies…
Les « copains », du moins certains, sont souvent « à
cran » et il faut parfois savoir calmer les disputes avant qu’elles ne
s’enveniment… Certains, pas forcément les plus frêles, s’effondrent, le moral
sapé par l’isolement et la propagande qui rabâche que les alliés perdent
bataille après bataille et il faut leur remonter le moral…
Les Allemands et leurs chiens
bergers de même nationalité, chargés de la surveillance sont brutaux et peu
disposés à vous laisser utiliser les droits que la loi vous octroie
pourtant ; notamment, vous deviez
jouir des mêmes conditions de travail que si vous aviez été l’employé allemand
titulaire du poste où vous avez été affecté… les différences vont pourtant être
notables…
Je me souviens mon Père, comment
pourrai-je l’oublier d’ailleurs, de cette histoire que vous m’avez racontée au
sujet d’un de vos camarades qui, malade, était resté couché… un garde allemand
l’avait brutalement sorti du lit pour
qu’il aille prendre son poste à la gare malgré son état… Vous n’aviez pas été content du tout et vous
vous êtes fermement interposé… Non seulement le malade n’ira pas travailler
mais le garde devra prévenir le médecin… Oh mon Dieu ! L’ambiance est
tendue… le fusil est pointé… vous êtes mis en joue… le garde n’est plus seul…
Vous ne parlez pas encore suffisamment allemand et le garde ne parle pas
français… Le dialogue est mal engagé mais… on vous écoute… vous finissez par
faire comprendre ce que vous voulez… Vous n’êtes pas en train de vous rebellez,
vous êtes en train d’expliquer que votre camarade est vraiment malade, qu’il a
besoin de soins et que, du moins, il n’ira pas travailler et que vous, vous
allez sortir du baraquement, comme vous en avez le droit, comme l’indique votre
carte de circulation que vous avez fini par sortir doucement de votre poche,
ayant réussi à convaincre le garde que ce n’était pas une arme quelconque que
vous vouliez en retirer… vous allez trouver le chef de gare pour lui expliquer
la situation et pour cela, vous allez être accompagné de l’un de vos camarades
qui parle couramment allemand… Le fusil se baisse enfin… vous êtes autorisé à
sortir avec votre interprète… Vous reviendrez avec un médecin allemand… La
garde sera levée et vos compagnons d’infortune pourront quitter les lieux pour
se rendre au travail dont les heures manquées ne seront pas à récupérer…
Les différences entre ce dont
vous devriez disposer et la réalité sont flagrantes au niveau de la cantine car
vous devez recevoir trois repas par jour… Le café du matin sera plutôt une
lavasse tiédasse mais… il n’est pas certain que les travailleurs allemands
aient alors bénéficié d’un pur arabica fumant.
La viande sera souvent absente de
vos repas… alors qu’elle sera présente sur les tables allemandes, et lorsqu’elle
est présente dans votre assiette, il est manifeste que les travailleurs
déportés n’ont pas droit aux meilleurs morceaux et les quantités, même de
légumes, seront souvent insuffisantes mais déjeuner et diner vous seront servis
chaque jour sauf le dimanche soir où la cantine est fermée.
La resquille est bien entendu à
la mode et vous n'êtes pas le dernier à la pratiquer. A la cantine, vous avez
une carte pour le pain qui est tamponnée par l’employé chargé de la
distribution lorsque vous venez chercher votre ration. Alors, vous mettez de la
paraffine (on peut donc effacer le cachet dont l’encre n’entre pas dans le
papier) sur cette fameuse carte de pain pour avoir une seconde part… vous
n’êtes pas le seul à le faire et bien entendu, vous allez finir par vous faire
prendre… vous serez privé de cantine pendant deux ou trois jours…
Vous êtes donc pourvu d’une carte
de circulation qui, en principe vous permet de vous déplacer dans toute la
ville de Ulm et d’aller à votre guise… en respectant les règles et les horaires
de travail et, bien entendu, le couvre-feu qu’il est très dangereux de ne pas
observer… A dire vrai, dès que vous tentez de sortir du « camp », de
la gare et ses dépendances, il faut présenter votre carte toutes les dix
minutes et préciser où vous allez… et, de toutes les façons, le temps de
présence à votre poste de travail s’étant largement allongé chaque semaine,
vous n’avez guère celui d’aller flâner le long du Danube et votre sortie
hebdomadaire se résume au dîner, sans viande, que vous allez prendre dans un petit restaurant tenu par un
Allemand parlant français installé à proximité de la gare…
Vous
détenez également une carte qui vous donne droit d’assister aux manifestations
diverses organisées par
l’Amicale des Travailleurs Français d’Ulm… mais je ne
suis pas certaine que vous ayez cotisé très longtemps car je me souviens que
vous m’aviez dit que tout était censuré par les Allemands et que les rares
films qui étaient programmés étaient déjà très anciens et muets…
Mon Père, soyez assuré que j’ai
encore en mémoire un grand nombre de vos petites histoires, des événements
grands ou petits, parfois heureux mais souvent angoissants voir terrifiants,
qui ont jalonné votre existence à Ulm et, lorsque je vois les notes que j’ai
encore à exploiter, je me dis qu’il va me falloir encore beaucoup de temps
avant de pouvoir faire un récit vraiment représentatif de ce que vous avez
vécu.
Ce qui aura marqué pour toujours
votre esprit lors de votre séjour forcé à Ulm seront les bombardements et ce
mélange de joie et de peur qui vous submergera à chaque fois que la sirène
hurlera… Ce sont les Alliés qui fendent le ciel, survolent la gare d’Ulm et qui
larguent leurs bombes sur les infrastructures ferroviaires dont la destruction
est primordiale pour affaiblir l’ennemi mais vous, déportés français du
travail, vous êtes là… impuissants… coincés entre les forces alliées qui ne
peuvent pas faire la différence entre les hommes qui se trouvent au sol et les
Allemands qui n’hésiteront pas, en représailles, à faire des victimes parmi les
forçats du travail… et qui, de toute façon, tirent déjà sans sommation sur les
malheureux qui ont la mauvaise idée de tenter de s’échapper…
Vous avez noté chacun des
bombardements de Ulm sur une carte postale délivrée par les autorités
allemandes et que vous n’avez jamais expédiée, ainsi que trois autres dates au
dos de votre passeport
il s’agit des 12
juillet et 02 octobre 1944 et du 24 février 1945.
A côté de la date du 17 décembre 1944, vous avez fait une petite croix
pour être certain de vous souvenir.
Ce jour, lorsque la sirène
s’est mise à hurler, vrillant les oreilles et activant les instincts primaires
de tout homme… il était déjà trop tard pour descendre aux abris… Avec d’autres
malheureux, vous vous jetez à terre sur la voie de chemin de fer où vous vous
trouvez, à l’abri de votre valise que vous placez sur votre tête… C’est un
déluge de feu… vous ne voyez plus rien… une épaisse fumée chargée de poussières
et de débris vous aveugle et vous asphyxie… des cailloux de la voie sont violemment projetés sur vous… les impacts sur tout votre côté droit sont si
nombreux qu’ils vont déchiqueter vos vêtements dont des fibres vont souiller
vos chairs misent à vif… et puis, un bloc de ciment dans lequel se trouve un
morceau de ferraille vient lourdement finir son vol menaçant sur votre valise
dans laquelle il se fiche… le choc vous assomme quelques instants… les avions
disparaissent… le calme revient… vos copains se relèvent… se précipitent vers
vous… vous êtes couvert de sang, vous ne bougez pas… ils vous croient mort… et
puis, vous reprenez lentement vos esprits… vos compagnons
improvisent un brancard à partir d’un morceau de porte arrachée à un wagon
éventré et vous conduisent au poste de secours… vous n’êtes pas la seule
victime de ce terrible bombardement…
Votre blessure à la tête se
révèlera plus spectaculaire que grave mais vous souffrirez longtemps de vos
blessures, comme des brulures, de votre flanc droit et les infirmiers
auto-nommés qui vont changer vos pansements par la suite auront toujours peur
de découvrir une infection à laquelle vous finirez par échapper.
|
Ulm - 1944 |
Mon Père, peut-être ne
l’avez-vous pas su mais ce bombardement qui a failli être le dernier pour vous,
a fait des dégâts considérables bien au delà de votre quartier de résidence
surveillée en tous les cas, mais là vous êtes le premier à le savoir, votre petit restaurant a été complètement rasé et à
partir de ce 17 décembre 1944, vous ne dînerez plus le dimanche soir.
La gare et ses infrastructures
tiennent encore bon et vous êtes toujours contraint d’y travailler, ce qui va
vous donner l’occasion de connaître encore au moins sept bombardements dont
celui du 15 avril 1945 qui, cette fois, atteindra sa cible et le
« dépôt » sera entièrement détruit… et justement, ce jour là, vous y
étiez de service… et, encore une fois, ce jour là, les sirènes ont été déclenchées trop tard… vous n’avez pas eu le temps de gagner un abri… comme vos
collègues, vous avez plongé sous le train que vous étiez en train de décharger…
vous êtes sous la locomotive… le bruit est assourdissant… vous ne savez pas où
se trouvent vos compagnons… vous ne les voyez plus… Un obus vient d’être largué
tout près… le hangar est pulvérisé, les lourdes poutres métalliques prennent
leur envol, écroulent les murs qu’elles heurtent violemment avant de retomber
dans un bruit terrible sur le sol où elles se brisent dans des rebonds qui
projettent partout, y compris sous le train où vous avez trouvé refuge, des
éclats et des débris en tout genre qui se transforment en projectiles
meurtriers… le réservoir d’eau de la locomotive vient d’être arraché et tombe
sur vous, formant comme un sarcophage qui va vous protéger de l’impact de tous
les objets qui fusent vers vous et, par miracle, cette armure improvisée va
résister au poids de la locomotive qui vient de s’affaisser… et puis c’est le
silence… vous êtes à moitié noyé par l’eau du réservoir qui vient de vous
protéger mais vous ne pouvez pas vous défaire seul de cet amas de bois et de
tôles qui vous entoure alors vous frappez le métal avec une chaussure que vous
avez réussi à attraper… on vous entend, on vous répond…on vous désincarcère du
monceau de ferraille sous lequel vous êtes enfoui… vous êtes indemne !
Le 19 avril suivant, quatre
bombardements vont venir anéantir ce qui restait encore debout à Ulm…
|
Prisonniers allemands -Ulm - 1945 |
Le
24 avril, à 11 heures, vous vous retrouvez face à des Américains… La 1
ère armée française est sur place, elle continue sa progression dans la
région de la Forêt Noire… Vous êtes libre !
Le rapatriement ne va pas se
faire tout seul… la tâche est colossale…
Mon Père, vous ne m’avez jamais
rien dit des conditions de votre retour… Pourquoi ? J’attends que votre
dossier de rapatrié me soit communiqué mais les délais sont très très longs…
Sur une carte postale allemande,
vous avez noté que vous êtes arrivé à la caserne le 03 mai ; de
quelle caserne parliez-vous ? Comment y êtes vous arrivé ? Cela voulait-il dire que vous étiez arrivé sur le sol français ?
Mais mon
Père, pourquoi ne m’avoir rien dit ? Pourquoi n’ai-je posé aucune
question ?
Ce qui reste de votre carte de rapatrié, qui semble
avoir été fort manipulée, n’indique rien d’autre que la date du 24 mai 1945.
Le ministère des prisonniers,
déportés et réfugiés vous délivrera un document certifiant que vous avez été
requis pour l’Allemagne du 24 juin 1943 au 15 mai 1945… La divergence des dates
s’explique-t-elle par le fait que vous auriez été pris en charge par des
Français le 15 mai date qui aurait donc été considérée comme la fin de votre
réquisition ? Peut-être y a-t-il une erreur sur l'un ou l'autre des documents ? Comment savoir ?
Cette
douloureuse expérience sera considérée comme un service militaire et sera
inscrite sur votre livret militaire… ce qui vous chagrinera beaucoup… les rêves
que vous faisiez adolescent, lorsque vous aviez, avec enthousiasme, adhéré dès
1938 à la Fédération Nationale des sociétés d’Education Physique et de
Préparation au Service Militaire de France et des Colonies, de sauver la France,
sont déjà si loin derrière vous…
Mais un autre point m’interpelle bien plus
encore ; lors de votre retour en France, vous êtes logiquement réintégré à
la gare de Paris la Villette et vous allez y rester jusqu’au 07 janvier 1946 et
la SNCF va alors vous fournir un certificat de travail incorporant votre séjour
forcé à la Deutsch Reischbahn à la durée de votre service à la SNCF… comme si
vous n’aviez jamais quitté l’entreprise française…
Mon
Père, combien de vos camarades sont morts sous vos yeux ? Combien de
déportés du travail obligatoire ont-ils été fusillés, pendus et même
décapités comme ces cheminots français déportés à la Deutsch
Reichsbahn à Brandenburg arrêtés en
octobre 1943 pour sabotage de matériel et exécutés le 13 septembre 1944 comme l’atteste par ailleurs la plaque apposée à la gare de cette
ville ? Combien sont morts de faim, sous les coups ou sous les
bombardements ? Qui, aujourd’hui, se souvient du vendredi Saint 1945 où les
SS ont massacré plus de 200 travailleurs déportés ?
|
Cimetière - Père Lachaise - Paris |
Qui se souvient de ceux qui ont
été transférés dans des camps disciplinaires ou de concentration ? Et que
sais-je encore ?
Vous souvenez-vous, mon Père,
comme nous avions eu froid dans le dos devant le monument du Père Lachaise à
Paris : « Ici repose un inconnu Déporté du Travail Victime de la
Trahison et de la Barbarie nazie » ?
|
Plaque -Berlin - Allemagne |
Pourquoi n’avons nous pas mené à bien notre projet
de « tourisme macabre » en Allemagne à la recherche des lieux de mémoire
des déportés du travail ? Nous nous serions recueillis devant tous les
monuments et les plaques comme celle de Berlin installée aux yeux de tous pour
que personne ne puisse ignorer la souffrance de toute
cette jeunesse massacrée :
« Ils étaient des hommes libres. Le nazisme
avant de les assassiner en fit des déportés du travail. Que leur mémoire soit à
jamais honorée dans un monde en paix. La Fédération Nationale des Déportés du
Travail de France »
|
Plaque - Gare de l'Est - Paris |
Mais peut être, mon Père, n’aviez-vous pas réellement
envie de raviver vos souvenirs car je me souviens qu’à l’exception d’une fois
où vous me l’avez montrée, vous m’avez toujours fait passer très vite devant la
plaque commémorative de la gare de l’Est à Paris ?
En 2008, le titre de Victime du Travail Forcé en Allemagne
nazie apporte une bien tardive reconnaissance de la souffrance endurée par les
« Requis »
Vous êtes rentré mon Père et j’ai de la chance car, même
si vous ne m’avez pas tout dit, vous m’avez assez décrit cette période trouble
pour que je n’ai pas à vivre avec des questions qui me rongent l’existence comme bon nombre de descendants de S.T.O que je rencontre aujourd’hui.
Dans vos papiers se trouve la photo ci-contre, découpée dans un journal, qui montre des jeunes -les connaissiez-vous ?- rapatriés des camps de travail avec l'inscription : "Vive la France A bas Laval... Laval, dont le nom aura certainement été très souvent inscrit sur les wagons de l'époque, dont le souvenir, mauvais, restera toujours dans votre esprit...
comme en témoigne le "bristol" que vous avez précieusement conservé dans
vos "boîtes au trésor" et qui concerne son arrestation et, plus
précisément ses déplacements, l'Histoire prend parfois d'étranges raccourcis... Vous avez regagné avec plaisir votre appartement dans "l'immeuble des Livet" au 39 de la rue Daguerre et vous avez fait la connaissance d'un nouveau locataire, voisin de votre oncle Emile, au 37 de la même rue... Ce nouvel habitant est inspecteur de police mobile et sera chargé d'escorter Laval entre la prison de Fresnes et le Tribunal lors des procès qui vont avoir lieu.
Vous êtes rentré mon Père et ils
étaient tous là pour vous accueillir… vous avez rit et vous avez pleuré en
passant des bras de l’une au bras de l’autre… ils étaient tous là mon Père, ou presque, car le clan des Livet
n’était pas vraiment au complet… Vous alliez revoir votre oncle Emile Livet dans
quelques jours mais… lorsque vous avez demandé où était votre cousin Mordouch,
l’époux de celle qui dans de nombreuses années deviendra ma marraine, les rires
se sont taris, les larmes ont pris un goût de sel et les visages se sont parés
de masques de douleurs…
Après avoir été arrêté chez lui
Mordouch avait été interné au
camp de Compiègne dans l’Oise. Le 12 septembre
1942, avec 141 autres Russes juifs, il a été transféré à Drancy et dès le 14 suivant, il a été conduit à la
gare du Bourget… il est monté à bord du convoi 32… destination Auschwitz… Plus
personne n’aura de ses nouvelles… Il faudra attendre le 04 avril 1995 pour que
soit apposée la mention « Mort pour la France » sur son acte de décès
dont la date a été arbitrairement fixée au 19 septembre 1942.
Combien de familles ont elles été meurtries ? Le clan des Livet aurait-il
inspiré cette fameuse affiche : « Ils sont unis. Ne les divisez
pas ! » : René, le S.T.O ; Emile, le soldat et
Mordouch, le juif ?
Il y aurait encore tant à dire
mais voyez-vous mon Père, je préfère me poser une nouvelle question qui me
turlupine depuis pas mal de temps maintenant : Durant ces années très
difficiles, seriez-vous devenu un incurable récidiviste… voleur de…
poules ?
J'ai écrit la vie de mon père durant l'affreuse époque qui lui a volé sa jeunesse puisqu'il a été "requis" du S.T.O :
Un p'tit gars du S.T.O
Dans Paris occupé, la vie de René, né en 1922, est compliquée. Sa
grand-mère, qui l’a élevé, vient de décéder. Il doit quitter
précipitamment son emploi pour échapper à une première réquisition
et se pense à l’abri après avoir été embauché à la S.N.C.F. Mais les
ennuis vont commencer et s’éloigner de la gare de triage où il
officiait va devenir une nécessité.
L’étau va se resserrer, il sera expédié en Allemagne au titre du Service du Travail Obligatoire.
À la gare d’Ulm, sur le Danube, en Allemagne, où il doit travailler,
les règles ne sont pas respectées, les requis sont maltraités. Infrastructure
de
la plus haute importance, la gare va être bombardée et ruinée par
les alliés et René va être blessé. Le 24 avril 1945, à 11 heures, il se
trouve face à des soldats américains, il se croit libéré,
mais rien n’est encore joué et le rapatriement ne va pas être aisé.
Enfin rentré, rien n’est terminé et malgré le temps, les souvenirs ne seront jamais effacés.
Livre 16 x 24 cm - Dos carré collé - 80 pages - Nombreuses illustrations inédites en couleurs - Auteur
: Catherine Livet pour la collection "Destins d'Ancêtres" de Becklivet - Imprimerie Messages Sas - ISBN 978-2-493106-03-2 - Dépôt légal août 2022 - Sortie le 12 septembre 2022 - 18 € TTC
Vous
pouvez vous procurer ce livre chez votre libraire habituel ou en me le
commandant directement. Si vous souhaitez une dédicace, n'hésitez pas à
la demander lors de votre commande. C'est toujours un réel plaisir pour
moi de dédicacer ce livre qui m'est très cher.
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BECKLIVET
(1) Photo de M. Benezech, Secrétaire des Combattants volontaires
de la Résistance des Hautes-Pyrénées
(2) Lien site du Musée
Challenge AZ 2019 - Généalogie - Biographie René Livet
Triste période mais il faut la raconter pour que cela n'arrive plus jamais.
RépondreSupprimerJe pense qu'il faudrait en effet parler bien plus que nous ne le faisons de cette bien sombre période. Merci Cpgenea
SupprimerExcellent texte qui encore une fois nous plonge dans une autre époque aussi triste que méconnue !
RépondreSupprimerOui, bien trop méconnue. Merci Anonyme
SupprimerUn épisode terrible mais très intéressant. Il est vrai que l'on ne parle que trop peu des STO car je découvre plein de choses dans votre récit que je ne savais pas. Merci pour cela.
RépondreSupprimerMerci à vous Béatrice. Les STO sont très mal connus et leurs descendants sont souvent en quête de renseignements tant le silence a été pesant à leur sujet.
RépondreSupprimer