Le muguet du 1er mai

Cadeau empoisonné

Bonjour mon lecteur,

Le premier mai est la fête du travail, mais aussi la fête du muguet que l'on apprécie généralement tant pour la délicatesse de ses clochettes et son parfum enivrant que pour le symbolisme du retour de la vie et de la beauté dans la nature.

Ce n'est certainement pas pour rien que dans le langage des fleurs, il est synonyme de porte-bonheur.

Vers toutes les fêtes

La tradition d'offrir du muguet le 1er mai remonterait à Charles IX qui s'était vu offrir un simple brin de muguet alors qu'il était à la mode de tresser de savantes couronnes de feuilles et de fleurs pour les offrir aux personnes aimées pour fêter le printemps et le renouveau de la vie. Charles IX, charmé par les délicieuses clochettes et subjugué par le parfum entêtant, décide d'en offrir un brin à ses sujets parisiens le 1er mai 1561.

La reine mère, Catherine de Médicis, heureuse que la mesure ne coûte pas un sou, laisse faire sa royale progéniture.

Charles IX 1561 - François Clouet - BNF

Les derniers des Valois sont raffinés et Charles IX ne boit que de l'eau dans laquelle ont macéré des fleurs parfumées... 

Les pauvres hères qui constituent le peuple parisien, victimes des troubles de l'époque, n'ont que faire des fleurs tant la soupe est claire et l'eau de la Seine est opaque et nauséabonde alors, si le roi

parfume son eau avec des fleurs, une poignée de muguet va bien pouvoir compléter une maigre ration de pissenlits...

Mais, derrière la fragile beauté se cache une dure laideur, car la plante est toxique... tige, feuilles, clochettes distribuent la mort à ceux qui l'ingèrent... même l'eau du vase qui a accueilli un délicat brin est capable d'offrir nausées et diarrhées immédiates...

Combien de sujets de Charles IX, le généreux enfant-roi, ont-ils été portés en terre, victimes d’asphyxies ou d'un arrêt cardiaque après avoir consommé le royal cadeau empoisonné ? 

Attention : Il y a toujours une vérité dans les légendes et la plante est réellement hautement toxique. Il ne faut pas la manger, bien entendu, mais il ne faut pas non plus réutiliser l'eau du vase -et encore moins la boire- et il faut même penser à bien aérer la pièce dans laquelle se trouve la beauté pour éviter les éventuels maux de têtes que la plante peut provoquer.

Le muguet aime décidément les mystères et si son poison est connu et reconnu au point d'être un élément de la pharmacopée, il garde presque intact un secret.

Une des caractéristiques qui en fait son charme est bel et bien son parfum, car il est pratiquement impossible de recueillir son essence, que ce soit par extraction ou par distillation... À la très grande limite, quelques gouttes d'huile essentielle peuvent être obtenues en utilisant une quantité invraisemblable de fleurs... ce qui rend, lorsqu'elle existe, cette huile si précieuse qu'elle en est hors de prix.

Les parfums qui vous rappellent l'odeur des merveilleuses clochettes de mai sont synthétiques.

Malgré le caractère sournois du muguet, je continue à bien aimer la  fleurette... et vous ?

Il était de bon ton d'offrir des cartes de muguet porte-bonheur et même d'en envoyer un brin dans une enveloppe... J'en ai retrouvé plusieurs, bien desséchés, dans des livres anciens.  

À bientôt,

Catherine Livet

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