mardi 21 juillet 2020

21 juillet 1603

Connaître l'histoire pour comprendre la vie de nos ancêtres.


Bonjour mon lecteur,

C'est à Saint-Julien-en-Genevois, le 21 juillet 1603, que la Savoie et Genève ont signé l'indépendance de la ville mais pour bien comprendre cette histoire, il faut retourner quelques mois en arrière, à la date du 12 décembre 1602 qui est restée dans la mémoire historique sous le nom de la journée de l'Escalade.
Le seigneur d'Albigny et son armée, aux ordres de Charles-Emmanuel de Savoie, tentent de s'emparer de la ville de Genève, la république calviniste, afin d'y rétablir le catholicisme.

Les soldats, leurs armures recouvertes de suie pour se fondre dans la nuit particulièrement sombre, dressent des échelles contre les murs protecteurs de la cité et, ayant pris soin d'enrober de chiffons leurs élévateurs, se hissent sans bruit le long des murailles... La cité n'était pas complètement endormie... une habitante, levée tôt, vaque à ses travaux domestiques lorsque, soudain, elle aperçoit la tête d'un soldat juste sous sa fenêtre... attrapant vivement la marmite dans laquelle mijote la soupe qu'elle préparait, elle
la jette en hurlant sur l'intrus... Quelques hommes d'Albigny, plus chanceux que le pauvre ébouillanté, réussissent à entrer dans la place malgré l'alerte donnée et ouvrent la porte principale pour faire entrer le gros de la troupe... cependant, un garde genevois contre-attaque promptement et se jette de toutes ses forces sur le dispositif qui retient la herse qui retombe d'un coup, écrasant les malheureux assaillants...

Bon, telle est la légende de la "mère Royaume" qui a permis aux excellents artisans, à la fin du XIXe siècle, de lancer la tradition de la marmite en chocolat décorée aux couleurs de Genève qu'il est devenu coutumier de frapper violemment sur la table familiale afin d'en déguster les délicieuses brisures... Car la fête de l'escalade est très prisée à Genève où on ne manque sous aucun prétexte, chaque 12 décembre, de commémorer la victoire de la république protestante contre le duc de Savoie...

Mais la nuit de l'escalade a vraiment eu lieu et, effectivement, les Genevois ont repoussé l'assaillant savoyard, qui avait pourtant soigneusement préparé l'attaque surprise, alors qu'il escaladait nuitamment   les murailles de la ville.
Lorsque l'alarme a été sonnée par une vigilante  sentinelle, tous les habitants, armés parfois de simples ustensiles de cuisine ou de bâtons, se sont rangés aux côtés de la milice bourgeoise et de la garde... Il est vrai que les femmes ont largement défendu la ville et que l'une -ou plusieurs- d'entre elle a jeté une marmite de soupe bouillante et il est vrai aussi que les Savoyards étaient prêts, peut-être, à emporter la ville si Isaac Mercier n'avait pas eu l'intelligence et la vivacité de faire tomber sur les soldats d'Albigny,
Le siège de Genève par les Savoyards - Estampe 1603
Siège de Genève - Estampe 1603 - BNF
lorsqu'ils ouvraient la porte, la lourde herse qui les a écrasés...
Treize Savoyards furent faits prisonniers, pendus puis décapités, comme les cinquante-quatre tués pendant l'assaut... les corps furent jetés dans le Rhône et les têtes exposées pour l'édification de tous.
Albigny, gouverneur de Savoie, qui avait annoncé prématurément la victoire au duc se fait tancer par le souverain.

Genève était calviniste, c'est un fait mais elle était également fort prospère et attirait ainsi toutes les convoitises... et Charles-Emmanuel de Savoie -comme d'autres- aurait bien voulu mettre la main sur les profits que la cité dégageait... il a été, peut-être pour d'autres raisons, encouragé par le pape Clément VIII malgré la "paix jurée et re-jurée" du Vatican en faveur de Genève...

C'est la fin de ces hostilités qui a été signée à Saint-Julien le 21 juillet 1603. Genève est alors soutenue par Henri IV qui vient de signer l'Edit de Nantes (1598) et qui avait signé, suite à la guerre
Les écrits de René de Lucinge - Ambassadeur de Savoie en France
Document BNF
franco-savoyarde, le traité de Lyon le 17 janvier 1601 par lequel la France renonçait au marquisat de Saluces -une pomme de discorde-  contre le Bugey, Dombes, le pays de Gex et le Valmorey... C'est René de Lucinge, d'une branche cadette de celle de Faucigny, qui était chargé des négociations, au nom du duc de Savoie, avec le roi de France... Charles-Emmanuel en voudra beaucoup à son ambassadeur qui se retirera sur ses terres des Alymes -en Bugey- devenues françaises et se met sous la protection d'Henry IV. René de Lucinge laisse à la postérité des ouvrages qui expliquent le pourquoi et le comment de cette paix de Lyon et toute la politique de cette époque ; rédigés dans le style très particulier de l'époque, ils sont, à mon avis, très difficiles à comprendre.

Lettre du roi Henri IV à son cousin René de Lucinge, ambassadeur de Savoie
Henri IV à René de Lucinge - BNF

Pratiquement tous les personnages cités ici se trouvent dans mon arbre généalogique :

  • Charles-Emmanuel 1er de Savoie,
  • Henri IV,
  • René de Lucinge (collatéral)
et, bien entendu, l'histoire de Genève ne peut pas être dissociée de Guy de Faucigny et surtout, d'Arducius, le premier prince-évêque de la ville, fondateur de la cathédrale Saint-Pierre de Genève.
 

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A très bientôt,

Catherine Livet

Comment écrire une chronique familiale

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