ChallengeAZ lettre E

 Pêle-mêle d'étrangetés et autres casse-tête - Challenge AZ 2020

 Emancipation ratée 

Je vous présente Hortense Merda. Elle a une place toute particulière dans ma généalogie... j'ai l'impression de la connaître réellement... Il faut dire que, toute la branche dont elle fait partie m'a donné tellement de fil à retordre qu'il a bien fallu que j'entre dans l'intimité de toutes ces personnes pour tenter de comprendre leurs histoires.

Et puis, Hortense est la mère de mon arrière-grand-père, le légionnaire Charles Muyllaërt, qui a vu toute son existence gâchée par la Grande Guerre, ce qui a entraîné une vie de misère pour son épouse et leurs deux filles dont ma grand-mère maternelle que j'ai connue.

Hortense, dont on ne connaît pas le père, orpheline depuis 1873 de sa mère, est couturière à Avesnes (sur Helpe) dans le Nord où elle est née 19 ans plus tôt, le 16 mai 1855, lorsqu'elle décide de se marier.

Le 07 décembre 1874, sa grand-mère est présente et consentante au mariage de sa petite-fille qui est assistée par son oncle Charles Durget, employé au chemin de fer de 43 ans et par l'un de ses cousins, Xavier Bricard... ceci écrit, si je connais bien son oncle, je ne sais pas encore qui est ce cousin Bricard mais j'en ai une idée... le patronyme n'est pas étranger à cette branche... 

Hortense Merda et Henri Noyon sont unis par les liens du mariage. Les mariés et leurs témoins apposent leur signature à côté de celle de l'officier de l'état civil pour authentifier l'acte sauf la grand-mère d'Hortense qui ne sait pas le faire... 

Tout va bien, il n'y a plus qu'à faire la fête... Ah non !  Mais que s'est-il passé ? Qui a soulevé le problème ? Le fait est que le mariage a été célébré en violation de l'article 159 du code civil qui stipule qu'un enfant mineur, naturel non reconnu et orphelin doit obtenir le consentement d'un tuteur ad hoc. Bon, la justice est venue au secours de nos malheureux indigents et un conseil de famille a été réuni devant le juge de paix le 25 avril 1875 et le sieur Isidore Marquis a été nommé tuteur ad hoc de l'enfant naturelle... et consent au mariage préalablement célébré...

Ouf ! Tout est en règle : une notification a été portée en marge du mariage célébré trop tôt.

C'est sans doute mieux ainsi car la silhouette d’Hortense s'est bien alourdie depuis ce mariage... elle a bien fait de forcer son émancipation... Une petite fille jaillit du sein protecteur d'Hortense le 24 septembre 1875, elle va être prénommée Henriette, Antoinette  et elle aura un destin extraordinaire... elle va réapparaître lors de ce #ChallengeAZ.

En tous les cas l'aventure d'Hortense, qui se termine bien puisque son mariage est finalement validé, a servi de leçon à la famille et c'est ainsi que le jeune frère d'Hortense, Henri, également enfant naturel non reconnu, a pu se marier le 17 avril 1875 à Avesnes alors qu'il n'est encore qu'un enfant âgé de seulement 18 ans. Un conseil de famille s'est tenu la veille sous la présidence de Monsieur Georges, juge de paix du canton nord de la ville et Charles Durget, oncle d'Henri - et d'Hortense - a été nommé tuteur ad hoc. C'est en cette qualité qu'il a autorisé, conformément à l'article 159 du code civil, le mariage de son neveu avec la demoiselle Marie Leclerc, elle aussi mineure et orpheline de père mais enfant légitime et assistée par sa mère qui est présente et consentante au mariage.

Bon, laissons nos Merda et alliés à leur occupations et prenons rendez-vous ensemble pour la lettre F comme Famille unie.

Catherine Livet

"de la généalogie à l'écriture" 

 Vers l'ensemble du #ChallengeAZ 2020

Contextualiser sans erreur la vie de nos ancêtres