samedi 21 novembre 2020

ChallengeAZ Lettre S

Pêle-mêle d'étrangetés et autres casse-tête - Challenge AZ 2020

S acrifice

Le royaume de France est à la peine... la situation est si lamentable que Louis XVI, alors roi de France, décide de réunir en 1789, les Etats Généraux... la dernière fois qu'ils ont été réunis remonte à... 1614 ! Les Etats Généraux débutent le 04 mai suivant.

Là bas, loin de l'agitation parisienne, dans l'Ain, le descendant d'une branche cadette des suzerains du Faucigny possède des terres et des biens avec sa sœur Charlotte qui est l'épouse de Monsieur de Seyturier et leur mère, Charlotte de Sandersleben.

Louis Charles Amédée est né au château de La Motte à Cuisiat dans l'Ain, le  23 août 1755, il a pour épouse Judith Bernard de Sassenay qu'il a épousé en 1781.

Il est un homme très occupé... Au quotidien Louis de Lucinge est lieutenant colonel au régiment de Normandie et il est en négociations, depuis des années, avec sa majesté Victor Amédée III, roi de Sardaigne... il veut faire valoir ses droits sur, non pas les terres mais du moins, le prestigieux nom de Faucigny qui est tombé dans la maison de Savoie...

Lorsque les Etats Généraux sont décidés, il est élu, le 03 avril 1789, député supplémentaire par le bailliage  de Bourg (en Bresse) où il possède une maison. Mais il est très vite amené à remplacer le titulaire, Claude de La Bévière, lorsque ce dernier démissionne dès le 05 décembre suivant, après avoir été complètement dépassé par la tournure prise par les événements. Monsieur de Lucinge siège donc à l'Assemblée à partir de cette date... il est un fervent défenseur de la royauté... il est obstiné... franchement têtu... et, n'a peur de personne... Il est tant "brise raison" qu'il est parfois considéré par certains comme fou... ce qui va lui sauver la vie... Châteaubriand aurait dit en parlant de lui ; "Un jour, j'étais placé derrière l'opposition royaliste. J'avais devant moi un gentilhomme dauphinois (il parlait cependant de M. de Lucinge), noiraud, petit de taille, qui sautait de fureur sur son siège et disait à ses amis : Tombons l'épée à la main sur ces gueux là..." En tous les cas, les sorties à l'emporte pièce de Monsieur le député de Lucinge sont restées dans les anales de l'Assemblée nationale... Mais, comme beaucoup, il finit par être obligé de fuir... le dernier qu'il signe à l'Assemblée est daté du 29 septembre 1791... il est fort possible qu'il se retire sur ses terres de La Motte... en tous les cas, la procuration qu'il donne a sa femme, pour qu'elle puisse gérer ses biens, est datée du 14 octobre suivant puis, sa trace s'embrouille car il est noté sur différentes listes d'émigrés... Il se réfugie à Londres mais à une date incertaine... Sa sœur et son époux vont également devoir se réfugier hors de France.

Judith Bernard de Sassenay, après un bref exil à Chambéry avec ses enfants et sa belle-mère, regagne la France où le dernier enfant de Monsieur de Lucinge va naître. Elle va finir par obtenir en septembre et octobre 1792, une séparation officielle des biens qu'elle a en commun avec son époux et ainsi préserver tout - ou presque - de ce qui a pu être mis à son nom propre... Et, en parlant de nom, l'autorisation de porter celui de Faucigny est arrivée... ce qui lui permet de l'utiliser et de faire un peu oublier celui de Lucinge pas toujours bien reçu dans ces temps troublés.
Elle va se démener comme une forcenée pour sauver le maximum des biens qui ont été vendus comme biens nationaux des membres exilés de sa famille... Munie de passeports et d'autorisations de se déplacer, elle va sillonner la France pour trouver un appui ici, faire un procès ailleurs... Elle va se faire retirer des listes noires des émigrés et va réussir à stopper quelques ventes  comme celle de  88 hectares de la forêt de La Motte mais pas le château ni la tour qui seront démantelés... Elle va même réussir à récupérer des terres à Auvillars et à Glamon en Côte d'Or données par leur père à son frère Gaspard... mais il lui faudra verser une certaine somme d'argent... Elle va ensuite avoir quelques sérieux démêlés avec son frère à ce sujet...
C'est certainement là qu'une idée fumeuse lui traverse l'esprit... et elle va la mettre en œuvre... Pour aplanir tout différent familial, elle va marier sa fille Zoé, née en 1785, avec son frère à elle, Gaspard Bernard de Sassenay, né en 1766.

C'est ainsi que, à Auvillars en Côte d'or, le 25 fructidor de l'an XI (12 septembre 1803), le frère de Judith devient son gendre.
Zoé est simplement appelée de Faucigny, mais le nom de son père, le terrible député, figure sur l'acte de mariage. La date de naissance de la future n'est pas exacte, c'est celle de son baptême qui est notée  et un extrait de l'acte de décès du père de la mariée est produit... Les futurs ont obtenus de la part du premier consul Bonaparte, une dispense leur permettant de se marier au domicile de l'une ou l'autre des parties. 


Le sacrifice de la malheureuse Zoé ne va pas être si fructueux que prévu... à commencer par les pauvres enfants qui vont naître de ce mariage consanguin dont seule l'aînée, appelée Zoé comme sa mère, née juste neuf mois après le mariage de ses parents, va atteindre l'âge adulte et se marier mais va décéder  à l'âge de 29 ans... mais les suivants n'auront même pas cette chance : Gaspard naîtra en avril 1807 et décédera le 21 août suivant ; Charles naîtra le 12 juillet 1817 et décédera le 10 octobre de la même année puis viendra Emilie, le 16 mai 1820... sa mère  décédera le 21 juin suivant et le bébé me 12 octobre de cette même année 1820... Zoé de Faucigny-Lucinge, épouse Bernard de Sassenay, est inhumée avec ses bébés sous une dalle de calcaire rose dans l'église Sainte-Madeleine à Auvillars-sur-Saône en Côte d'Or.

Pour savoir ce qu'il en est des ratures sur l'acte de mariage de Zoé de Faucigny, rendez-vous à la lettre K   pour Kafkaïen 

A lundi pour la lettre T pour  Troublante déclaration

 

Vers l'ensemble de mon #ChallengeAZ 2020

Catherine Livet


Présentation des ateliers Becklivet spécialisés en écriture en généalogie

De la mise en place de votre projet au point final de votre livre de famille

 

Reconstituer fidèlement la vie de nos ancêtres

 

 

 

2 commentaires:

  1. Ou quand les jeunes filles n'étaient que de vulgaires marchandises destinées à "fortifier" la famille ... berkkk

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  2. Pourquoi cette idée de mariage consanguin ? Juste pour changer de nom ?

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Merci pour cette lecture.
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