En ce tout début d'année 1903, il fait froid et le jour a du mal à chasser la nuit.
Comme tous les matins depuis tant et tant de temps, à 6 heures, Gustave Beckrich quitte sa maison du 27 rue Ernest Renan à Saint-Denis, en région parisienne, pour se rendre à son travail. Tous les matins, depuis que le vieux Jules Nicolas a été amputé d'une jambe rongée par la gangrène, Gustave vient déposer sur la table du vieux le broc de soupe claire que Rachel, sa femme, met de côté pour le voisin.
Alors, ce fameux matin, comme d'habitude, Gustave toque à la porte du vieil infirme et, sans attendre de réponse, pousse la porte... Mais cette fois, les yeux écarquillés de stupeur, il laisse choir broc et musette et ressort précipitamment en appelant à l'aide... L'infirme qui ne pouvait plus accomplir la moindre tâche ne devait sa survie qu'à la générosité de ses voisins. Il en a eu plus qu'assez de cette vie d'assisté alors, rassemblant ses dernières forces, il a attaché en cravate une solide corde autour de son cou ; il s'est trainé en bas de l'escalier, il l'a gravi en rampant et en se soulevant sur les coudes pour franchir chaque marche et puis, il s'est dressé sur son unique jambe et il a solidement arrimé l'autre bout de la corde a un des barreaux de la rambarde, il s'est hissé sur la rampe et s'est laissé tomber dans le vide... Oh, il n'était pas bien haut, moins de deux mètres ! Mais ses pieds ne touchaient pas le sol et la corde était solide.
A peine Gustave a-t-il appelé que les passants se sont précipités pour détacher le désespéré... Peine perdue, le vieux était déjà mort !
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A demain pour la lettre Q : Quartier d'isolement
Catherine Livet
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Ton challenge est un poil déprimant là... 😢
RépondreSupprimerTu as raison mais il est e reflet de la réalité de la vie de certains de nos ancêtres. Ce qui est triste est que nous parlons ici de quelqu'un d'une époque pas très éloignée en fait et nous nous projetons assez facilement.
SupprimerMerci Christelle pour tes lectures et tes commentaires réguliers
Une façon bien violente d'abréger ses souffrances psychiques.
RépondreSupprimerJe crois que je comprends bien son choix.
SupprimerMerci Renaud pour toutes tes lectures et tous tes commentaires
Une fin de vie bien misérable et pathétique. On peut effectivement le comprendre...
RépondreSupprimerFin de vie par suicide qui, malheureusement, semble avoir été assez répandue à cette époque
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