#ChallngeAZ 2021 Indigence

 

I ndigence

 

Né juste après la Commune de Paris, dans une famille ouvrière arrivée depuis une douzaine d'années dans la région, il a fait les quatre cents coups et pire encore... C'est, à n'en pas douter, un mauvais garçon alors, il n'a pas connu le bagne, mais a été envoyé à Tataouine pour que, maté ou brisé, il rentre dans le rang.

Il est revenu, s'est marié et des enfants sont nés. Sa vie aurait pu s'adoucir, les conditions de vie des ouvriers s'amélioraient ; il avait même un travail stable et un appartement tout neuf, doté de tout le confort possible. Et puis Rachel est tombée malade... très malade... elle est morte en laissant quatre enfants avec leur père dont toutes les économies ont été englouties dans les dépenses occasionnées pour lutter contre la maladie. Et voilà que Gustave Beckrich, qui s'était absenté durant l'agonie de son épouse, est renvoyé par son patron. Désespéré, hurlant sa douleur, il se précipite par la fenêtre que son corps puissant pulvérise et il s'écrase, dans les débris de verre et de bois qui ont accompagné sa chute, sur les durs pavés de la chaussée humide… Les courants d’air sont revenus habiter son crâne… croyait-il vraiment mettre fin à ses jours en jetant son corps, encore jeune et robuste, d’un premier étage parisien ? La foule l’entoure, on le relève, quelques tessons se sont fichés dans sa peau épaisse et le sang coule des nombreuses et diverses blessures qui meurtrissent son corps mais, aucune n’est mortelle… même pas inquiétante… Il est conduit chez les forcenés, à Lariboisière, où il est pansé mais, où les médecins vont le garder pendant longtemps, très longtemps… puis, les médecins ayant estimé qu'il a repris ses esprits, on lui rend la liberté et deux de ses enfants qui avaient été placés.

Plusieurs mois se sont écoulés depuis le décès de son épouse ; il n'a pas payé son loyer depuis qu'il n'a plus de travail et son propriétaire lui réclame les arriérés.

A bout de forces physiques et psychiques, il rédige une lettre destinée au commissaire du quartier pour lui demander de prendre toutes les dispositions pour que l'on s'occupe bien de ses chers petits. Puis, il appelle son fils de 7 ans et sa fille de 5 ans, les installe auprès de lui sur le lit et dit : "Embrassez bien votre papa, il va mourir" ; il dépose la lettre qu'il vient d'écrire bien en évidence sur la table de chevet, en ouvre le petit tiroir, sort le revolver acheté pour défendre sa famille des malfrats et, devant ses petits, le 23 février 1910, à 6 h du soir, il se fait sauter la cervelle.

(Branche maternelle de ma généalogie, le garçonnet de 7 ans cité ici est mon grand-père ; il nous a lui-même raconté la défenestration de Gustave et son suicide en revanche, il n'a jamais parlé ni de son frère aîné ni du dernier-né qui n'était encore qu'un bébé en nourrice lors de ces évènements tragiques)

A demain pour la lettre J: Joute à trois

Catherine Livet

Avez-vous des ancêtres morts de mort violente ?

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(1) Représentation fantaisiste hollandaise de l'assassinat de Marie Thérèse Louise, princesse de Lamballe, prison de l'hôtel de la Force actuels 2-4, rue du Roi-de-Sicile, 2 septembre 1792. Révolution française. Hollande, École de (École hollandaise), Graveur Vers 17721812 Musée Carnavalet, Histoire de Paris G.28576 CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet Estampe Arts graphiques Révolution française Estampe Dimensions - Oeuvre : H. 23,1 cm l. 13,9 cm Dimensions - Montage ancien : H. 32,5 cm  l. 25 cm.