Nous sommes le troisième samedi du mois, le jour du #RDVAncestral et, comme depuis la première rencontre qu’il s’était accordée, mon esprit piaffe d’impatience tant il a hâte de s’échapper de mon corps pour trouver un peu de liberté et vagabonder aux milieux d’âmes pures ou sombres qui ont toutes de merveilleuses histoires à raconter. Aujourd’hui, il ne furète pas et, dès qu’il le peut, s’élance directement vers celle avec laquelle il veut échanger.
Vous ne semblez pas surpris, Guillaume. M’attendiez-vous avec autant de fièvre que j'ai pu en avoir en me préparant à notre confrontation ?
Tout commence dans la petite ville de Chaudes-Aigues, et plus précisément au hameau de Nazat, où tous les habitants se connaissent et, c’est tant mieux, car les patronymes ne sont pas très nombreux et l’habitude de donner le prénom du parrain ou de la marraine à l’enfant qui vient de naître va créer bien des homonymies. Le village doit son nom à sa richesse, représentée par les sources qui ont la particularité d’être chaudes… et l’eau chaude facilite grandement la vie en lui apportant un grand confort et une bien meilleure hygiène en, par exemple, purifiant le linge, la vaisselle, etc. lavés à « Chaudes-Eaux »
Mon histoire des Chalvet débute avec le mariage de Pierre et de Jeanne Biron qui a été célébré le 22 août 1746. Parmi les enfants nés de cette union, il y a Pierre qui a vu le jour le 26 février 1758 ; il a été baptisé dans la foulée. Lors de cette naissance, de celui qui deviendra votre père, votre grand-père était fournier.
Aucune signature Chalvet |
fille de Pierre et de Marie Poulalion. Vous ne connaîtrez jamais votre grand-mère paternelle, car elle n’est déjà plus de ce monde lors des noces de vos parents. Ce sont votre grand-père et son frère, votre oncle Guillaume, qui assistent votre père alors qu’aux côtés de votre mère se trouvent son père et un cousin, Jean Poulalion. Bien d’autres personnes assistent à la cérémonie et tous ceux qui savent le faire ont été invités à signer l’acte. Il n’y a aucune signature Chalvet mais une Poulalion et une Brunel. Comme cadeau de mariage, votre grand-mère maternelle, Marie Poulalion, a offert à sa fille une maison ; vos parents disposent également de biens mobiliers.
C’est le 11 juillet 1782 que naît et est baptisé un garçon qui est prénommé – quoi de plus naturel – Pierre. Son parrain est Pierre Chalvet et sa marraine, Marie Poulalion. Sont-ce son grand-père paternel et sa grand-mère maternelle ? Nous sommes bien tentés de le penser. Cet enfant ne vit que quelques jours et est enterré le 15 juillet suivant. Cependant, un autre Pierre issu de l’union de vos parents, est né et baptisé le 31 janvier 1784.
Puis, c’est votre tour d’arriver
sur terre ! Nous sommes le 12 novembre 1786… mais, que se
passe-t-il ? Vous êtes deux, ce même jour, à être baptisés. Votre parrain
est Guillaume Chalvet, c’est pourquoi vous vous prénommez Guillaume et le
parrain de votre jumeau est Pierre Brunel, le bébé est donc prénommé Pierre. Signature Pierre Chalvet à la naissance de son fils Guillaume
Trois Pierre, fils de Pierre et petits-fils de Pierre… cela commence à faire beaucoup. Surtout que, si Pierre, né en 1782, est décédé très jeune, ce n’est pas du tout le cas de Pierre, né en 1784, qui deviendra, j’en suis sûre, cordonnier, se mariera et procréera.
Mais, quelle est cette histoire ? Voici un quatrième Pierre ! Il naît le 24 février 1790 et est baptisé le lendemain. Votre jumeau serait-il décédé sans que je trouve son acte de sépulture ? Quoi qu’il en soit, nous avons maintenant au moins deux frères prénommés Pierre.
Jeanne, le 10 avril 1793, viendra
féminiser la fratrie et sa naissance sera suivie, un an plus tard, par celle Acte de naissance de Jean-Baptiste avec la signature de son père
de
Jean-Baptiste. Ah ! Comme les temps ont changé ! Je ne devrais pas
dire que ce dernier fils est né le 11 avril 1794, mais plutôt le 22 Germinal du
7e mois de l’an II. Si, si, le calendrier est devenu une véritable
bucolique… sans doute pour tenter de masquer le sang versé durant cette
terrible période… Tout est bouleversé… même dans votre existence et, lors de
ces deux dernières naissances, votre père, jusqu’alors journalier, est titré
valet de ville. Il est donc devenu agent communal… Mais alors, il saurait lire,
écrire et même compter ! Que de chemin parcouru ! Il n’avait pas
signé son acte de mariage en 1781, avait très péniblement tracé les six
premières lettres de votre patronyme sur l’acte de votre naissance, mais,
effectivement, avait parfaitement signé en bas des actes constatant la
naissance de Jeanne et de Jean-Baptiste.
Quel aura été le rôle de votre père durant la Révolution ? Ma question ne trouvera sans doute jamais de réponse.
C’est le 22 février 1808 que votre père, devenu marchand, décède. Cependant, rien dans l’acte, à part l’âge du défunt, ne permet la certitude que cet acte concerne votre père plutôt qu’un homonyme.
Allez, chassons les idées noires et passons au mariage de votre frère Pierre, celui né en 1784. En ce 25 janvier 1809, à Chaudes-Aigues, il épouse la demoiselle Marguerite Trémolières. Ah ! Quelle histoire encore ! Par ce mariage, votre frère Pierre devient le beau-frère de… Pierre Chalvet ! La sœur de Marguerite Trémolières, Marie, le 23 avril 1806 à Chaudes-Aigues, étant devenue la femme de cet autre Pierre, fils d’Antoine.
Je ne sais pas si vous assistez au mariage de votre frère, mais en tous les cas, vous n’en êtes pas le témoin. Êtes-vous à Chaudes-Aigues à ce moment de votre vie ? J’ai un doute… car c’est à Montfermeil, en région parisienne, que je vous retrouve à la fin de l’année 1810. Vous êtes venu dans cette ville le 17 décembre de cette année 1810, pour une raison bien spéciale qui réclamait impérativement votre présence, cependant, vous résidez habituellement à Paris, 36 Quai de la Ferraille(1) dans le 1er arrondissement. Ah ! Quelle bonne idée ! Vous vous mariez ! Tant mieux, parce que sans ce mariage, je ne serais pas sur terre en train d’essayer d’écrire votre histoire. L’élue est la demoiselle Marie Geneviève Blandine Fournier. Elle est née le 24 juillet 1785 à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis de Claude Joseph, qui est serrurier, et de Marie Louise Vigogne. Mais, ne vous sentez-vous pas un peu seul parmi la famille et les amis de votre fiancée ? Pas un Chalvet pour vous encourager, pas même un ami… Les témoins sont tous du côté de la future. Il y a le sieur Pierre Célestin Chevallier, maire de la ville de Clichy ainsi que Antoine Jabiot, chaudronnier de 25 ans ; tous les deux sont cousins de la mariée. Il y a aussi le sieur Marie Baltazar Fleury, receveur à pied des droits réunis et le sieur Louis Lemaire, entrepreneur en bâtiments, qui sont des amis de Marie Geneviève.
Où sont vos frères, votre sœur et votre mère ? En tous les cas, la date du décès de votre père est confirmée dans votre acte de mariage.
À dire vrai, je sais que votre mère est toujours à Chaudes-Aigues et, sans doute, votre sœur est restée à ses côtés. En tous les cas, Jeanne se marie dans votre ville natale, le 24 juillet 1811. Elle a jeté son dévolu sur Pierre Pégorier. Vous semblez absent, en revanche votre frère Pierre est là et signe l’acte même s’il est appelé Pierre Brunel. Encore une question qui restera sans doute sans réponse : Pourquoi votre mère, qui est à Chaudes-Aigues, donne-t-elle son consentement par acte ? Est-elle malade ou grabataire ? Elle ne décèdera qu’en 1823.
C’est le 14 août 1819, dans le 11e arrondissement parisien que votre jeune frère, Jean-Baptiste, prendra pour épouse Félicité Antoinette Eloïse Chamouillet. C’est à l’église Saint-Sulpice que le couple reçoit la bénédiction nuptiale. Je ne sais pas si vous étiez présent lors de cette union. Conservera-t-il jusqu’au bout de sa vie le souvenir de l’époque où il était soldat de Napoléon 1er ?
Rue de la Verrerie (2)
Mais revenons à
votre foyer que vous avez installé au n° 93 de la rue de la Verrerie dans le 7e
arrondissement ancien et où vous exercez votre métier de tailleur d’habit. C’est
là que va naître mon ancêtre, Pierre Joseph, cependant, c’est aussi là que nous devons
nous quitter, car avec cette naissance, c’est un nouveau chapitre de l’histoire
des Chalvet qui doit s’écrire.
Savez-vous, Guillaume qu’il me faut retourner sur terre où m’attend ma charnelle enveloppe pour que je puisse relater notre rencontre. Soyez certain que vous me reverrez un jour, pas si lointain, parce que je vais venir parler à l’esprit de votre fils.
Catherine Livet
Ce texte a été écrit dans le cadre du #RDVAncestral, animé par les Editions Becklivet
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"de la généalogie à l'écriture"
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FNAC
(Pour la version numérique de mes livres)
Pour me joindre :
(1) Quai de la mégisserie - (2) 56 rue de la Verrerie, 4ᵉ arrondissement, Paris - Atget, Eugène (Jean Eugène Auguste Atget, dit) Photographe Entre 1885 et 1927 Musée Carnavalet, Histoire de Paris PH4088 CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris Photographie Arts graphiques Photographie Tirage sur papier albuminé Dimensions - Œuvre : Hauteur : 20.9 cm Largeur : 18.1 cm
Que de chemin parcouru depuis le Cantal !
RépondreSupprimerDe Chaudes Aiguës à la rue de la verrerie, il y a matière à dépression... de nos jours
RépondreSupprimerQue de Pierre autour de Guillaume 😉
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