jeudi 3 novembre 2022

ChallengeAZ 2022 : Charles

 

Il est là, parmi tous les autres hommes du RMLE, Charles Muyllaërt monte en ligne dans la région de Verdun en ce mois d’août 1917 ; tout est dévasté, il n'y a plus aucun feuillage sur les arbres, la route n'est plus que fange... Imaginez tous ces hommes avançant, traversant ces paysages de désolation... Ils marchent droit vers la mort... Ils le savent... Souvenez-vous qu'ils se sont battus pour préserver notre liberté et notre dignité... En, lisant cet extrait, pensez à eux...
Le sergent Muyllaërt fait comme tous les autres hommes du RMLE, il se restaure, il se prépare ; il est très tôt encore, vraiment très tôt... Le temps est grave mais les hommes déterminés... pas un ne tremble... certains prient, d'autres écrivent une lettre, d'autre se souviennent... Personne jamais ne pourra savoir les pensées qui assaillent alors Charles, mon arrière-grand-père...

C'est le jour J, 20 août 1917, c'est l'heure H, 4 h 40... Le premier bataillon s'élance vers les lignes ennemies... Tout est chronométré, tout est prévu... Le premier objectif "1237-2537" est atteint à l'heure prescrite, 5 h 15 ; les premières vagues n'ont d'ailleurs rencontré de résistance que sur la première ligne ennemie, à la tranchée des Chardons. L'heure de l'offensive n'a pas été choisie au hasard, tout est encore endormi mais il y a assez de clarté pour que les légionnaires puissent avancer, les ennemis se sont laissé surprendre et n'ont pas vraiment le temps de réagir efficacement ; cependant, le brouillard matinal et les fumées doivent rendre cette clarté bien relative puisque des hommes s'égarent mais arrivent tout de même à reprendre leur place pour le second bond, fixé à 5 h 40. 
Le deuxième objectif "1142-1242-1342-1742-1840" est atteint exactement à l'heure prévue, 6 h.
L'heure de départ pour le troisième objectif est fixé à 8 heures. Entraînés dans leur élan, les hommes s'établissent, à 6 h 50, à la lisière nord du bois de Cumières, ligne qui n'aurait dû être prise qu'à 8 h 45 selon les prévisions.
A 7 h 30, la compagnie Youtchevitch occupe le point 1346 ; à 7 h 55, la compagnie Saudré occupe le point 1744...
Tout se déroule trop bien... l'ennemi vient de reprendre du poil de la bête et s'est réorganisé ; la progression des légionnaires est arrêtée par la résistance acharnée de l'ennemi au niveau du nœud que forment les boyaux Kiepert et de Forges... plusieurs contre-attaques tentées par le Fond de Balance et par le Col sont repoussées.
D'après le plan, l'opération "boyau Kiepert", extrémité de la tranchée la Fosse les Veaux passant par "1847", devait être atteinte à 8 h 45 et l'opération suivante commencée à 9 h 30.
Entre 8 h 50 et 10 h 30, la compagnie Saudré occupe "1745" et se relie à gauche avec la compagnie Canalès qui tient le boyau Kiepert.
A 9 h 30, la compagnie Jacquesson occupe le boyau nord-sud qui aboutit à "1847". La situation reste stationnaire, l'ennemi tient toujours la totalité de la tranchée de la Fosse les Veaux et le boyau des Forges, jusqu'à 50 m nord de "1745".
Il faut même reconnaître que les grenadiers ennemis, largement approvisionnés, tiennent les légionnaires en échec. Il faut donc se ressaisir. Une nouvelle préparation d'artillerie sur le boyau de Forges et sur la cote 265 est décidée pour 13 h ; le mouvement reprendra à 16 h.
La compagnie Saudré, qui devait mener seule l'action dans le boyau de Forges, a demandé des renforts et a été appuyée par la compagnie Meyer - qui n'a d'ailleurs pas eu à agir - d'où deux compagnies dans le boyau de Forges aux environs de 17 h 45.
Le troisième bataillon, qui jusqu'alors avait été maintenu en réserve et qui devait s'engager vers la cote 265 à 9 h 30, avait acheminé ses compagnies sur le versant sud du Col.
La compagnie Jacquesson est répartie entre le boyau des Forges et l'élément nord-sud de 1845 ; la compagnie Sartrais se trouve dans la tranchée de  Cernay ; la compagnie Desaunay est sur la route de Forges vers "1441" ; la compagnie de soutien du premier bataillon reste dans le boyau de Forge à "1742".
Le bombardement du Col par le 155 des légionnaires, vers 9 h 45, puis par du 210, à partir de 14 h, a amené certains flottements parmi les fractions menacées par les obus...
Enfin, à 16 h, comme prévu, la progression est reprise.
La compagnie Saudré et celle de Jacquesson enlèvent de concert l'élément de tranchée compris entre le boyau de Forges et "1845". La compagnie Saudré continue son mouvement par le boyau de Forges, celle de Jacquesson par la tranchée de la Fosse les Veaux.
A 17 h, la compagnie Saudré s'organise sur la ligne "1750-1850-2049", couverte par une section dans le boyau de Forges entre "1850" et "1952".
A 17 h 45, la compagnie Jacquesson entre en liaison, à "2750", avec la compagnie Sartrais qui a contourné l'ouvrage de la cote 265 par le sud et par l'est.
Les objectifs pour la journée du 20 sont atteints !
L'artillerie allemande bombarde violemment la nouvelle position !
Les obus pleuvent... L'un d'entre eux éclate bien trop près du Sergent Muyllaërt... Il est blessé, cruellement blessé et, il ne sera pas le seul ; le bilan de cette terrible journée est lourd, extrêmement, extraordinairement lourd : un officier est tué ainsi que 52 hommes de troupe, 2 officiers sont blessés et 254 hommes de troupe et 15 disparitions sont à déplorer.
Combien de blessés ont survécu à leurs blessures ? Peut-on dire que Charles Muyllaërt est décédé des suites de ses blessures de cette journée d'horreur... 20 ans plus tard ? 
Sept pages du J.M.O du R.M.L.E du 20 août 1917 sont couvertes du nom de toutes les victimes de cette terrible journée... Vous qui me lisez, souvenez-vous d'eux.
Comme tous les autres blessés de la 7e et des autres compagnies, Charles est évacué. 
Hôpital de Vadelaincourt après le bombardement allemand - 20 août 1917 (1)
On lui prodigue tous les soins dont on est capable... mais ses blessures sont loin d'être superficielles... Il est fort possible - c'est ce qu'il racontait à sa petite-fille, Denise Beckrich - qu'il a été trépané, mais il semblerait que son dossier médical n'existe plus. En tous les cas, il a été évacué à l'hôpital de campagne de Vadelaincourt qui, en représailles, a été bombardé par les Allemands pendant la nuit suivante ; il paraît que le pavillon dans lequel il se trouvait a été épargné par les bombes... toujours selon ses récits... En regardant les photos prises de l'hôpital ce même terrible jour, quelques doutes paraissent légitimes...
 
[...] "Et puis le sol a tremblé plus que d’habitude, j’ai plus rien vu du tout, plus rien entendu d’autre que mon propre râle… et puis, j’sais pas trop comment ça c’est passé… ils m’ont ouvert le crâne pour m’enlever les éclats de biscayen qui l’avaient pénétré… ils m’ont pas abandonné sur le billard… ils sont restés, les chirurgiens, les médecins, les infirmières… et pourtant, j’croyais qu’j’étais encore au front parce que ça pleuvait dur sur l’hôpital… faut croire qu’ils avaient pas vu la croix rouge les Boches." [...]
 
Cumières - 26 août 1917 (2)
« Commune héroïque dont le nom doit être fidèlement gravé dans la mémoire des générations à venir. A disparu jusqu’à la dernière pierre dans l’effroyable tourmente, synthétisant ainsi pour le défenseur du sol, le foyer commun menacé. 
A, par la magie vengeresse de ses ruines, décuplé l’énergie et la vaillance du Soldat de Verdun, au cours des combats acharnés dont elle a été le témoin et l’enjeu.
S’est acquis des titres à la reconnaissance éternelle de la Patrie ». 
 
 
 
 

A demain pour la lettre D

Catherine Livet 

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