samedi 15 octobre 2022

#RDVAncestral : Auguste Marie Edmé Neuhaüs

Comme chaque mois, le 3e samedi, mon esprit s’évade. Il s’échappe de mon corps, joyeux et aventureux, pour partir à la rencontre de celui d’un de mes ancêtres.

Mais qu’il fait froid ici ! Il faut dire que nous sommes le 12 janvier. Je m’attendais à vous trouver entouré de vos parents et amis, joyeux… Je me demande un moment si je  ne me suis pas trompée d’année… Je suis sûre du lieu, mais, toute l’assemblée est silencieuse, les regards sont tournés vers le sol, tout le monde, d’un pas rapide, se dirige vers la sortie… Expliquez-moi !

Je l’ai vu ! Il porte le n° 1 et vous concerne, vous, Auguste, Marie, Edme Neuhaüs et Louise Angélique Antoinette Aumont. Il a été rédigé à 11 heures du matin par l’adjoint au maire de la ville de Saint-Denis. Il est annoncé que votre père et votre mère sont consentants, tout comme les parents de votre fiancée. Toutes les formalités préalables à votre union ont été accomplies et aucune opposition n’a été signifiée. L’officier de l’état civil appelle les protagonistes, les uns après les autres, dans l’ordre prévu par la bienséance. C’est

donc Louise Angélique Antoinette Aumont qui a l’honneur d’apposer sa signature au bas de l’acte, c’est normal, elle est la reine du jour. Puis, c’est votre tour. Votre père, venu spécialement de Paris pour vous épauler, signe magnifiquement l’acte, il lui faut une ligne entière. Puis, l’adjoint au maire invite votre mère à venir parapher le registre… C’est la stupéfaction, personne ne bouge… tous les yeux se tournent vers l’assemblée, scrutent la petite foule… et, il faut bien se rendre à l’évidence, contrairement à ce qui était prévu, Charlotte Poise, votre mère, est absente !

J’ai bien l’impression que l’adjoint au maire vous tient responsable de la situation… Il n’a pas l’air content… et il le manifeste. Il bâtonne et annule l’acte et précise que vous aviez annoncé la présence de votre mère alors qu’elle n’est pas venue et que vous n’avez même pas été capable de présenter un acte constatant son consentement.

 

Ah là là ! Quelle histoire ! Mais enfin, que s’est-il passé ? Votre mère ne pouvait-elle pas vous prévenir qu’elle ne voulait pas de Louise Angélique Antoinette Aumont comme belle-fille ? Avait-elle une autre  bru en vue ? Auguste, allez donc parler à votre mère, la raisonner ! Quoi ? Comment cela, vous ne pouvez pas ? Que me racontez-vous là ? Vous ne savez pas où elle est ! Mais, vous aviez pourtant informé de sa venue ! Elle aurait donc disparu juste pour ne pas signer votre acte de mariage… c’est peu crédible… Je crois bien que vous ne me direz rien à ce sujet et que le mystère continuera à traverser les siècles.

Néanmoins, le mariage doit se faire alors, une autre date est fixée. En attendant, il faut obtenir un acte de notoriété. C’est le juge de paix du deuxième arrondissement de Paris qui reçoit, le 15 janvier 1813, le constat de l’absence de votre mère. Cette fois, tout est en ordre et, le 19 janvier, votre mariage est réellement célébré.

Vous êtes perruquier et vous habitez au 39 rue de Compoise à Saint-Denis. Votre fiancée est couturière. Elle habite avec son père, Frédéric Aumont, et sa mère, Aimée Angélique Prévost, à une encablure de votre domicile, au numéro 46 de la rue Compoise mais, c’est à Stains, à quelques kilomètres d’ici, qu’elle est née le 06 juin 1792.

Rue de Choiseul - Paris 5e - Marville - Musée Carnavalet
Votre père, Marie Benoist Jacques, est garçon de café à Paris où il habite, au 21 de la rue de Choiseul.
L’un de vos témoins est Claude Antoine Arnoult, il est secrétaire aux archives de l’Empire, il est considéré comme votre oncle paternel mais, en réalité, il est l’époux de votre tante paternelle, Anne Geneviève Jacqueline Neuhaüs ; ils habitent 44 faubourg Saint-Germain à Paris. Votre cousin, Claude Antoine Arnoult, qui deviendra employé au bureau de l’enregistrement, est-il présent à votre mariage ?
L’un des témoins de votre épouse est son frère, Jean-Baptiste, qui habite 43 rue de Saulger, à Saint-Denis.
Les deux autres témoins, signataires de votre acte de mariage, ne sont pas ceux qui étaient prévus le 12 janvier.

Me sera-t-il un jour donné de découvrir le devenir de votre mère ? En tous les cas, vous allez vous enraciner à Saint-Denis et, un an après votre union, Edmé Antoine Auguste pousse son premier cri. Il est vigoureux et, malgré son arrivée sur terre en plein hiver, il va vivre, se marier et, à son tour, devenir père… Comme vous, il est mon ancêtre. D’autres enfants vont vous être offerts mais, vous ne saurez pas les garder. Alphonse , né en juin 1817, vous quitte en mars 1819, un second Alphonse, arrivé en juin 1820 reste avec vous jusqu’au 1er septembre 1824, une fille, prénommée Eugénie, s’installe au foyer à la fin de juillet 1827, mais elle décède le 26 avril 1832, enfin Constant, arrivé en plein hiver 1830, repart dès le 29 juin suivant. Pourquoi tous ces enfants sont-ils décédés si vite ?

Il faut que je vous dise, Auguste Marie Edmé, que j’aimerais bien faire plus ample connaissance avec vos parents, vos oncles et tantes mais, visiblement, votre mère préfère brouiller les pistes et votre famille habitait à Paris… il n’est pas facile de retrouver leurs traces… De plus, il semblerait que l’orthographe de votre patronyme ait posé bien des problèmes à un bon nombre de rédacteurs d’actes… sans compter les transcriptions qui, souvent, modifient le second « u » de votre nom qui devient un « n » sous leur plume… ce qui complique considérablement les recherches. D’ailleurs, lors du mariage de votre petite-fille, Thérèse, en 1875, il sera précisé que le patronyme de la future doit être écrit « Neuhaüs » et que toutes les autres orthographes doivent être regardées comme fantaisistes. Vous n’en saurez rien, car il y aura déjà vingt ans que vous aurez quitté la grande scène de la vie. Vous vous êtes éteint, chez vous, 54 rue de Paris à Saint-Denis, à l’âge respectable de 68 ans ; vous exerciez sans doute encore votre métier de coiffeur. Ce sont votre fils, habitant à Paris, et votre beau-frère, Pierre Magloire Aumont, habitant rue Compoise à Saint-Denis, qui ont fait la déclaration de votre décès.

 Oui, Auguste, Marie, Edmé Neuhaüs, je suis votre descendante et, encore oui, je vais écrire l’histoire de votre famille, du moins durant la période couvrant la vie de votre père et de votre tante jusqu’à celle où votre petite-fille deviendra Madame Chalvet. Et oui, je vais tenter de retrouver la trace de votre mère – même si l’espoir est mince – et celle de vos grands-parents paternels… mais je ne promets rien. Et oui, vous reverrez mon esprit roder aux portes du paradis car, c’est certain, il faut qu’il rencontre celui de votre fils.

Maintenant, la journée est avancée et mon esprit doit rejoindre son enveloppe corporelle qui l’attend avec impatience pour pouvoir se restaurer et transcrire notre improbable #RDVAncestral pour le partager avec le plus grand nombre, dont vos descendants qui sont bien plus nombreux que vous pouviez l’imaginer lors de votre séjour terrestre.

Catherine Livet

Ce texte a été rédigé dans le cadre du #RDVAncestral. Vous êtes invité à participer à ce rendez-vous mensuel qui est un bon début pour écrire l'histoire de votre famille. Rejoignez l'aventure.

Je vous invite à rejoindre le groupe Facebook "De la généalogie à l'écriture", vous y trouverez des idées pour écrire votre histoire familiale. 

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16 commentaires:

  1. Quelle tristesse de perdre tant d’enfants !

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    1. Heureusement, il en est resté un. Sans lui, je ne serais pas là.

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  2. De la relativité : à 68 ans nous sommes aujourd'hui loin d'avoir atteint un "âge respectable "

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  3. Ah ces mères qui veulent garder leur fils pour elles ^^

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  4. Dans les voyages dans le passé, il est interdit de révéler le devenir des protagonistes. Vous avez de la chance Catherine, votre intervention n'a pas modifié votre présent ! Merci pour ce récit agréable à lire

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  5. Oh c'est un épouvantable sac de noeuds, il faut espérer que cette branche livrera ces secrets un jour

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    1. Je ne suis pas sûre de trouver la solution de ces mystères mais, j'espère... Merci pour la lecture et le commentaire

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  6. Étonnante cette absence de la mère 😲

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    1. Oui, un véritable mystère. Merci pour la lecture et le commentaire.

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  7. Une disparition à Paris, un mariage ralenti, des enfants évanouis... Que les temps étaient durs.

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    1. Ah que oui ! Merci Renaud pour la lecture et le commentaire.

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Merci pour cette lecture.
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