lundi 18 novembre 2024

O ChallengeAZ 2024

Occupation - 1870

Mon ancêtre, Thérèse Livet, est née en 1855 à Goupillières, en Seine-et-Oise(1), mais elle a été élevée par sa mère, ainsi que le plus jeune de ses frères, à Hargeville. Les plus âgés des enfants étaient restés à Goupillières, avec leur père, François Frédéric Livet.

Nous voici en 1870 ; la France est en guerre contre la Prusse de Guillaume 1er depuis le 19 juillet. 


Bien entendu, les habitants du Mantois sont au courant de tous les faits et  de l’avancée des Prussiens vers Paris, ils ont vu, le 28 août, des officiers arriver à Mantes pour encadrer les jeunes recrues du 2e bataillon de Seine-et-Oise. 1 600 jeunes gens ont été rassemblés sur l’Île aux Dames(2), dès le 29 août. Un grand nombre des villageois ont accompagnés, ces futurs défenseurs de la nation, le 02 septembre,  jusqu’à la gare, pour assister à leur départ pour Paris ; d’autres habitants de la région se sont engagés pour faire partie de la garde sédentaire.

Extrait du "Journal de Versailles" du 04 sept. 1870

Et puis, les habitants ont vite appris que  le 02 septembre, il y a eu le désastre de Sedan et que  Napoléon III a signé sa capitulation ; c’est la fin du second empire ; la troisième république a été proclamée le 04 septembre… Le 19 septembre, Guillaume 1er a installé son quartier général à Versailles… Bien que l’inquiétude soit devenue palpable à l’approche du danger, la population locale n’était pas encore en émoi… Jusqu’au moment où, précédés par les fuyards qui tentent de rallier les zones non occupées, les premiers uhlans sont aperçus !

Les habitants s’organisent comme ils peuvent, mais les hommes ne sont pas préparés, pas équipés. Pourtant, l’ordre de faire sauter les ponts, donné semble-t-il dès le 16 septembre, concerne maintenant celui de Mantes vers qui les Prussiens semblent vouloir se diriger… 


Oh ! Là ! Là ! Comme ils sont impressionnants ! Car, l'ennemi est bien là en cette matinée du 19 septembre ! C’est la confusion. On tente de faire sauter le pont, mais la charge est trop faible… l'ouvrage n’est qu’ébranlé… La population commence à quitter la région en direction de lieux moins exposés. Les hommes, pleins de bonne volonté, dressent des barricades… dérisoires…  

Vieux pont du côté de Limay

On se reprend, on s’active et, vers cinq heures de l’après-midi de ce 19 septembre de tous les dangers, on place une nouvelle charge sur ce foutu pont trop solide… Les malheureux ont réussi ! Une formidable détonation retentit à cent lieues à la ronde, vrille les tympans, pendant qu’une épaisse fumée et un nuage de poussière emplissent les poumons des hommes des environs qui tentent de se protéger du formidable jet de pierres !  

Ruines du pont de Mantes (3)

Mission réussie : le pont est complètement détruit… aucun uhlan ne passera par ici… oui, mais… l’eau potable était acheminée de Limay par ce pont… et Mantes n’a aucune source et dépend de sa voisine, sur l’autre côté du fleuve…  De plus, cette destruction n’empêchera pas l’ennemi de franchir la Seine, à l’aide d’un pont de bateaux, au niveau de Triel-sur-Seine dont le pont avait aussi été détruit par les défenseurs de la place. 

Uhlans en 1870
Le 21 septembre, les uhlans font leur apparition à Mézières.
La municipalité n’avait pas eu le temps de mettre à l’abri les fusils destinés à la Garde nationale. L’ennemi confisque donc les armes mais, n’ayant pas la possibilité de les emporter immédiatement, les laisse à la mairie, en ayant l’idée de les reprendre en même temps qu’une réquisition dont il imposait la commune. Car la mission immédiate des cavaliers était de récolter vins, vivres, tabac et autres produits, auprès des villes et villages du Mantois.
Le lendemain, une quarantaine de Francs-tireurs tendent une embuscade pour récupérer les armes ; deux uhlans auraient alors été tués… Les représailles sont terribles !  
Général von Bredow en 1850(4)
Les renforts sont appelés. Il paraît que le général Adalbert von Bredow, en personne, est arrivé à Mézières, à la tête d’une colonne de cavalerie et d’artillerie appuyée par un détachement d’infanterie bavaroise. Le maire est roué de coups, le village est envahi, entre soixante et quatre-vingt maisons finiront en cendres ; la pauvre église Saint-Nicolas est bien abîmée.  Une famille entière, celle de Prosper Chemin, trouve la mort ce jour-là ; peut-être les six personnes qui la composaient ont-elles été asphyxiées dans leur cave, où elles s’étaient réfugiées. Puis c’est Mantes qui est bombardée, jusqu’au repli, sur Magnanville, des Francs-tireurs ; ville où va s’échouer, le 29 septembre, un ballon empli de courrier et de journaux, qui a décollé de Paris assiégé.
Partout, il y a des échauffourées, comme celle du 28 septembre, au Moulin d’Epône, entre des Éclaireurs de la Seine et des Dragons.

Le 30 septembre, on entend le canon, c’est Herbeville qui est bombardée ; certains bourgs sont évacués.
Le mois d’octobre n’est pas plus calme et les Allemands, saccagent la gare de Mantes et plusieurs autres dans les environs, le 11 octobre, Septeuil est pillé et des représailles sont exercées à Arnouville. 

C’est à cette époque, dans la plus grande des confusions, la peur et le sang, alors que les habitants croulent sous les réquisitions, que Marie-Louise Bernard, la mère de Thérèse Livet, meurt à Arnouville chez une autre de ses filles, Eulalie, l’épouse d’Aimé Barbier, le 05 novembre 1870.

La situation est catastrophique pour la France. Le 18 janvier 1871, Guillaume, roi de Prusse et - pour l’occasion, président de la confédération de l’Allemagne du nord -, se fait proclamer  empereur sous le nom de Guillaume 1er, dans la Galerie des glaces du château de Versailles. Toute la région est donc occupée ; le département de Seine-et-Oise ne sera évacué que le 10 mai 1871, après la signature du traité de Francfort qui prévoit le versement par la France d’une très forte indemnité ; le pays ne sera totalement libéré qu’en septembre 1873, après le versement de la dernière partie de l’indemnité.

C’est donc en pleine occupation que mon ancêtre, François Frédéric Livet, est mort, à son domicile de Goupillières, le 26 février 1871, soit un peu plus de trois mois seulement après le décès de la mère de ses enfants, Marie-Louise Bernard.

Y-a-il un lien entre ces deux décès et la situation catastrophique du pays ?

Catherine Livet

Vers la lettre P

Ce texte est rédigé dans le cadre du ChallengeAZ

Pour lire mon challenge de A à Z 

Vous souhaitez écrire votre histoire familiale à partir de votre généalogie : venez me rejoindre sur Facebook :

"de la généalogie à l'écriture"

  .・゜゜ LIBRAIRIE ゜゜・.

FNAC  
(Pour la version numérique de mes livres)

 VERSION KINDLE 

(Pour certains de mes livres - Aussi sur Abonnement Kindle)

Pour me joindre :



(1) Aujourd’hui dans le département des Yvelines
(2)  Jonction entre Mantes et Limay
(3) Archives numérisées Iconographie - Cote 3Fi138 8 - Intitulé Mantes (S.-et-O.) - Les Ruines du Pont de Mantes, après l'explosion du 19 septembre 1870. - Présentation du contenu Photographe : Morin (dessin) - Collection Paul Allorge - Série M m 17 - Seine-et-Oise Artistique et Pittoresque - Dates 1910 - 1919 - Producteur Cartes postales  Commune  Mantes-la-Jolie (Yvelines, France) - Supports et matériaux techniques Carte dessin - Niveaux de gris - Dimensions 9 x 14 cm - Date de la numérisation 2010.08 - Code prestation Externe SG 012
(4) Source :
Photographie eines Gemäldes (um 1850) - Domaine public - Libre de droit, y compris pour un usage commercial.

Sources : Epône raconté aux Epônois par Daniel Bricon -  Tableau de la guerre des Allemands dans le département de Seine-et-Oise par Gustave Desjardins.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci pour cette lecture.
Ecrivez moi un petit commentaire, je suis toujours heureuse d'échanger quelques mots avec les personnes cachées derrière les écrans.