C'est le moment tant attendu depuis un mois maintenant, celui que je ne manquerais pour rien au monde, cette parenthèse où mon corps, las, se blottit dans son fauteuil préféré pendant que mon esprit, toujours en éveil, profite de l'occasion pour s'élancer vers le ciel, traversant les nuages pour atteindre les portes de l'au-delà, à la rencontre de l'esprit d'un homme d'hier, qui a vécu sur terre il y a parfois longtemps... Comme aujourd'hui...
Laissez-moi me présenter. Je suis une descendante de votre frère aîné, Robert Livet, et donc de vos parents, Jean et Nicole Potier. Si j'ai bien réussi à reconstituer, dans ses grandes lignes, la vie de Robert, je peine à trouver les traces de vos parents, surtout celles de votre père qui est, pour moi, un véritable fantôme. C'est pour cela que je viens vers vous, Gabriel, parce que j'ai l'espoir que vous pourrez m'indiquer quelques pistes à suivre pour retracer l'histoire de vos parents.
Il faut reconnaître que la difficulté croît avec le temps qui passe et que plus de 300 ans séparent le moment où j'écris ce texte et votre naissance terrestre.
Vous avez été baptisé, sans doute le jour de votre naissance, le 27 septembre 1680, en l'église Saint-Nicolas de Mézières(1). Votre parrain est Gabriel Cabit, un élément de la maréchaussée(2) et votre marraine est Marie Grenard. Je ne suis pas certaine, j'ai même des doutes, cependant, j'ai le sentiment que votre parrain pourrait être de la famille de l'épouse de votre oncle maternel, Nicolas Potier, mais je n'ai pas - encore - les moyens de confirmer ou d'infirmer mon intuition... Surtout que je pense également que votre marraine deviendra la belle-mère de votre nièce, dont vous avez été le parrain en 1701, Catherine, fille de Robert, votre frère, mon ancêtre. Dès l'année suivante, vous serrez le parrain d'une autre de vos nièces, Marguerite, l'une des filles de votre autre frère, Guillaume.
Une question me taraude : Vous semblez ne pas avoir de sœur, mais les écarts entre votre naissance et celle de vos frères semblent vraiment très importants. Vous êtes né pratiquement 8 ans après Guillaume qui est né 7 ans après Robert. Seul un petit Jean, enfant éphémère, aurait tenté de se glisser entre Robert et Guillaume mais, arrivé le 24 avril 1670, il serait reparti le 02 mai suivant.
Vous devenez vigneron. En 1704, le 15 septembre, vous épousez Marie Cacheux qui est la fille de Jean, vigneron de son vivant, et de Antoinette Mottet (ou Mottu). Elle est un peu plus jeune que vous puisqu'elle est née le 20 janvier 1684 et vous vous connaissez certainement depuis l'enfance puisqu'elle est aussi originaire de Mézières. Vous apposez, ainsi que votre fraîche épouse, votre marque en bas de l'acte qui cèle votre union. Des parents et amis signent, plus ou moins laborieusement, et Robert, sans doute votre témoin, fait aussi sa marque.
Signatures en bas de l'acte de mariage de Gabriel Livet et de Marie Cacheux
Ha la vigne ! Cette source de revenus inestimable qui fait vivre, en plus des vignerons, bien des artisans. Les coteaux de la région sont alors couverts de ceps, en lignes, en treilles, généreux, que l'on distingue à perte de vue, sur plusieurs milliers d'arpents. Les cépages qui donnent alors un vin fort apprécié - même s'il y a une préférence pour ceux de la rive sud de la Seine - jusqu'à la table royale, seraient du pinot ou du meunier. Mais, la demande s’accroît alors que la production stagne... Alors, dans la première moitié du 18e siècle, le gamay va remplacer les bons vieux cépages... La quantité sera là, au détriment de la qualité et, surtout, de la robustesse...
Une nouvelle fois, je suis très étonnée et de nouvelles questions m'assaillent. Vous semblez n'avoir qu'un fils, né le 06 janvier 1713, longtemps après votre mariage. Comme vous, il sera vigneron, mais aucun de ses enfants.
Enfin, je retrouve une trace de votre mère. La dernière. Elle est décédée à Mézières, le 19 septembre 1719, à l'âge d'environ 82 ans. Elle est inhumée le lendemain en présence de ses trois fils, vous, Guillaume et Robert. Elle est veuve...
Comment puis-je retrouver la trace de votre père ? Est-il mort, il y a longtemps déjà, dans un village plus ou moins éloigné de Mézières ? Où a été célébré le mariage de vos parents ? Est-ce dans le village natal de votre mère qui ne serait pas Mézières ? Votre père, était maçon. Peut-être son métier l'a-t-il appelé sur les routes des environs ou plus loin encore ?
Pensez-vous, Gabriel, que je puisse, un jour, trouver une trace de votre père ?
Je vous quitte sur cette question car il ma faut retourner à mes occupations terrestres. A bientôt, car il faut aussi que je rencontre votre frère Guillaume?
Catherine Livet
Ce texte a été rédigé dans le cadre du #RDVAncestral
"de la généalogie à l'écriture"
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(Pour la version numérique de mes livres)
Pour me joindre :
(1) Aujourd'hui Mézières-sur-Seine dans les Yvelines mais à l'époque en Seine et Oise.
(2) Ancêtre de la gendarmerie.
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