Il a fait très chaud en ce jour de l'Assomption 2025 et j'ai eu une journée bien remplie, comme toujours en cette période de l'année où je prépare mes conserves de fruits, confitures et gâteaux en tout genre. Heureusement, les températures baissent doucement en soirée et deviennent fraîches pendant la nuit., de plus, j'ai cette chance, de plus en plus rare, d'habiter dans une maison aux murs de pierre, très épais et qui ralentissent considérablement le réchauffement de l'habitat lors des fortes chaleurs, tout comme ils freinent le refroidissement lors des températures négatives. Alors, en ce moment précis, je me sens bien, fourbue, mais heureuse, et je me laisse aller contre les coussins de mon canapé, mon chien — de 40 kg tout de même —, blotti sur mes genoux. Mon esprit, joyeux, s'évade de mon enveloppe charnelle...
Ho ! Le voici dans le Valois, en Picardie, pas très loin de Villers-Cotterêts, la ville où, en 1539, a été signée l’ordonnance rendant, parmi d’autres articles, obligatoire la tenue des registres des baptêmes, mariages et sépultures.
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Le Vallois - Gallica (1) |
En ce 24 avril 1759, de nombreux paroissiens se pressent dans l’église Saint-Nicolas de la Chaussée, la ville basse de La Ferté Milon(2). Comme ses vitraux sont beaux !
Marie Louise Desprez, l’épouse du maître couvreur Antoine Maury, tient un minuscule bébé au-dessus des fonts baptismaux.Mais, je n’en reviens pas ! C’est l’esprit de ce tout petit être qui entre en contact avec le mien.
Ce que tu es petite ! Ha ! Tu es née hier, et aujourd’hui, ta marraine te donne ses prénoms ; te voici donc baptisée Marie Louise. Ton parrain est Jacques Huyot, il est maçon et, comme ta marraine, il signe l’acte. Petite fille, je connais un peu ton parrain, car, il y a à peine deux mois, au sein de cette même église Saint-Nicolas, il était témoin du mariage de tes parents, Pierre Georges Vigogne, tailleur d’habits, et Marguerite GUILLAUME. Il était grand temps de célébrer leur mariage pour que tu puisses naître enfant légitime. Il faut aussi souligner que lorsque le 26 février 1759, ils se sont dit mutuellement oui, ton père était déjà âgé de 46 ans et ta mère de 38 ans et étaient tous les deux orphelins. Pourtant, j’ai l’impression qu’il s’agit bien de leur premier mariage. C’est un mystère pour moi, il m’est venu à l’idée que Pierre Georges avait attendu la mort de ses parents pour se marier…. Mais il m’est impossible d’expliquer cette pensée… Une intuition ? Une élucubration ?
Tu ne t’en souviens sans doute pas, mais le 19 janvier 1763, est né et a été baptisé un garçon. On lui a donné les mêmes prénoms que ceux de ton père. Son parrain a été Pierre René Cadot et sa marraine Marie Elisabeth Lafontaine, tous les deux célibataires. Mais, destin cruel, ton frère est décédé le 30 juin suivant. Le 07 avril 1764, un autre bébé est venu le remplacer et on lui a donné les mêmes prénoms… Cela ne lui a pas porté chance puisqu’il a rejoint votre frère le 29 juin de la même année. La marraine de ce second Pierre Georges Vigogne a été Catherine Cadot et son parrain, Pierre Leclerc qui était aussi le témoin du mariage de tes parents ; c’est le neveu de ta mère, pour être le fils de Marie GUILLAUME, ta tante maternelle.
C’est fou comme le temps passe vite. Tu es déjà jeune fille lorsque, le 25 octobre 1774, ta mère rend l’âme, heureusement munie des sacrements nécessaires pour son dernier voyage. Elle est inhumée le lendemain en présence d’Etienne Leclerc, son neveu maternel et de ton père. Ce n’est pas une erreur, ton père est bien présent à l’enterrement de son épouse, sa signature figure en bas de l’acte.
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Inhumation de Marguerite GUILLAUME - Archives de l'Aisne |
Mais que se passe-t-il ensuite ? Que lui est-il arrivé ? Est-il parti courir la gueuse ? En tous les cas, j’ai bien l’impression qu’il t’abandonne. Comment, quand et pourquoi t’es-tu retrouvée en région parisienne ? Peut-être étais-tu déjà placée avant la mort de ta mère ? Probablement as-tu rejoint un parent après la « disparition » de ton père ? Du côté paternel, je ne te connais que ton oncle Jean Antoine, mais il est installé dans les environs de La Ferté Milon. Je ne connais pas bien ta famille du côté de ta mère.
Je te retrouve à Montfermeil, en région parisienne. Tu as 17 ans, tu es donc loin d’être majeure, pourtant, tu envisages, où quelqu’un de ton entourage l’a fait pour toi, de te marier… certainement pour te sentir moins vulnérable. Alors, un conseil de famille s’est réuni, là-bas, dans la ville basse de La Ferté Milon et ton oncle, Jean Antoine, a été désigné comme tuteur, car une enquête a été menée et un acte authentifiant ta situation a été dressé par Maître Crétel, notaire royal à La Ferté Milon.
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Extrait du répertoire de Maître Crétel, notaire à La Ferté Milon - Archives de l'Aisne |
Quatorze habitants, probablement de la ville basse, ont certifié que tu étais la fille de Pierre Georges Vigogne, tailleur d’habits, mais pas un ne sait où il s’est retiré et où il a établi son nouveau domicile. L’acte notarié est daté du 13 août 1776 et il est entériné par un juge le lendemain. C’est donc dans ces conditions que, le 10 septembre 1776, tu épouses, à Montfermeil, Claude Joseph Fournier, âgé de 30 ans. Il est serrurier et fils de feu Claude, ancien procureur fiscal, mais aussi maître maçon, et de Marie Marguerite Tremlay, présente et consentante à ton union avec son fils.
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Acte de mariage de Marie Louise Vigogne et de Claude Joseph Fournier - Archives de Seine -St-Denis |
Tu donneras la vie à Marie Geneviève Blandine, le 24 juillet 1785 à Montfermeil, où elle a été baptisée le même jour. Son parrain est un charpentier nommé Jean Hyacinthe Aimable Petitjean et sa marraine, Marie Blandine Chef… un patronyme de ta région natale…
Plus tard, elle épousera Guillaume Chalvet et j’ai le grand plaisir de t’annoncer que ta fille et ton gendre sont mes ancêtres, ils sont en bonne place dans la branche paternelle de ma généalogie.
Et voilà, je suis bien contente de t’avoir rencontrée. À part que tu as eu au moins deux autres enfants en plus de Marie Geneviève Blandine, une fille et un garçon, je ne sais rien de toi. Je n’ai pas retrouvé une seule trace de ton père, je ne sais pas la date de ton décès… et, il faut que je te quitte, car mon esprit doit retrouver la terre sur laquelle je dois poursuivre mon existence.
Catherine Livet
Ce texte a été rédigé dans le cadre du #RDVAncestral
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(1) Titre : Valesium ducatus. Valois / [Johann Janson] - Auteur : Janssonius, Johannes (1588-1664). Cartographe - Auteur : Van den Broeck, Abraham (1616?-1688). Graveur Éditeur : [Apud Ioannem Ianssonium] (Amsterdam) - Date d'édition : 1641 - Sujet : Valois, Pays du - Sujet : Île-de-France, Province duNord - Notice du catalogue : Notice de recueil : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb40577015h - Relation : Appartient à : Collection d'Anville ; 00404 - Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb40582536v - Type : carte - Type : image fixe - Langue : français - Format : 1 carte ; 40,5 x 51 cm - Format : image/jpeg - Format : Nombre total de vues : 1 - Description : Appartient à l’ensemble documentaire : AnvilFr - Description : Collection numérique : Fonds régional : Picardie - Droits : Consultable en ligne - Identifiant : ark:/12148/btv1b8592494v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE DD-2987 (404)
Couverture : France – Pays-de-la-Loire - Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France - Date de mise en ligne : 31/07/2013
(2) Aujourd'hui dans le département de l'Aisne