Le "Grand Dérangement"
Déportation des Acadiens |
Nous sommes le 15 février 2020,
le jour du #RDVAncestral mensuel et j’y pense depuis hier soir… j’ai cherché
les photos de Jeannine Georget qui, de son vivant, fut ma belle-mère… mais je
ne les ai pas encore trouvées tant j’ai passé du temps sur chaque photo que j'ai
regardées… laissant mon esprit vagabonder à sa guise… ravivant mes souvenirs…
Cet
esprit, qui régulièrement m’échappe, est parti loin, très loin… à la rencontre
de celui que cette pauvre Jeannine m’avait dit être décédé depuis longtemps déjà
lorsqu’elle s’était mariée…
Pourquoi avait-elle monté cette fable et bien d’autres…
que voulait-elle réellement cacher ?
Bonjour Marcel Théophile
Georget. N’ayez aucune crainte, mes vues
ne sont nullement belliqueuses. Je sais que vous ne me connaissez pas et je
comprends votre surprise. De toutes les façons, la probabilité que nous nous
rencontrions sur terre était infime car, même si je n’en suis pas certaine à ce
jour, vous vous êtes envolé pour d’autres cieux en 1975, rejoindre Jeanne
Juliette Isabelle Bazile, votre épouse, qui vous avait quitté en 1955.
Mon nom est Catherine Livet, je suis venue pour vous
présenter mes fils ; votre sang coule dans leurs veines… ils sont les
petits-fils de votre fille… Jeannine…
Votre troisième enfant, votre
première fille, celle a qui vous avez appris votre métier de coiffeur et que
vous avez fait embaucher par votre patron. Que s’est-il réellement passé ?
Comment a-t-elle quitté le foyer familial ? Quand avez-vous eu des
nouvelles d’elle pour la dernière fois ?
Toulouse vers 1940 |
J’espère toujours
trouver un indice qui me fasse douter de l’idée qui ne m’a jamais quittée
depuis que j’ai fait sa connaissance que votre fille a renié toute sa famille
pour épouser le bel aviateur, séducteur irrésistible, qui incarnait le prince
charmant de ses rêves… Mes fils n’ont pas connu leur grand-père qui nous a
quitté prématurément… très dignement… comme l’a toujours dit votre fille… Car oui, votre fille s’est mariée, très peu
de temps, semble-t-il, après être partie de votre foyer ; c’est à
Toulouse, dans le département de la Haute-Garonne qu’elle a convolé en justes
noces… elle portait déjà en son sein celui qui allait devenir le père de mes
fils…
Je sais que vous avez eu deux
fils avant sa naissance et une fille après elle mais je n’ai pas encore fait
connaissance ni avec Pierre, l’aîné, ni avec Marcelle la plus jeune. En
revanche, je sais qu’André s’est marié à Tours alors que vous habitiez toujours
à l’adresse ou vous viviez lorsque Jeannine était encore avec vous et qu’il est
décédé, beaucoup trop jeune en 1962, mais déjà longtemps donc après la
naissance des enfants de Jeannine. Je ne sais pas Marcel si vous avez su que
Jeannine avait mis au monde trois fils ; en plus de ses deux petits-fils,
votre fille a eu quatre petites-filles, toutes plus âgées que mes enfants.
Je pense que jamais je
n’arriverais à comprendre réellement l’histoire de votre fille mais je vais
continuer à chercher pour tenter de rétablir une certaine vérité. En revanche,
je commence à vous connaître et je sais que vous vous êtes marié à la capitale
où vous étiez déjà coiffeur… à chaque fois que j’ai trouvé une trace de vous,
il était précisé que vous exerciez cette profession jamais, autre part que dans
l’acte de mariage de votre fille, je n’ai vu quelqu’un vous attribuer un autre
métier… mais pas une fois elle ne m’avait dit qu’elle était coiffeuse… elle
disait même qu’elle n’avait jamais travaillé.
Lors
de votre mariage, vos parents ont fait le déplacement de Châtellerault dans la
Vienne où votre père, Joseph, est armurier et où Lucie Marie Antoinette Michaud
vous a donné la vie le 16 novembre 1885. Vos parents se sont mariés, le 24
octobre 1881 à Montamisé dans la Vienne, le village où votre
mère est née le 30 décembre
1861 de Ernest Prosper et de Julienne Félicité Messy ; je n’ai pas encore
retrouvé tous vos frères et sœurs… à dire vrai, je ne les ai pas encore réellement
cherchés, mais je vais le faire… Tout ce que je viens d’exposer au sujet de vos
parents et de votre fratrie, vous le savez mieux que moi et je n’ai donc rien à
vous apprendre, mais je suis pratiquement sûre que vous ne connaissiez pas très
bien la vie de vos ancêtres…
La Vienne et la manufacture d'armes |
Votre père Joseph est né le 24
novembre 1858 à Châtellerault d’un autre Joseph, aussi armurier, et de Denise Azélie
Gaultier née le 30 décembre 1829 à Boussay en Indre-et-Loire. C’est d’ailleurs
dans ce département qu’est né votre grand-père, à Chaumussay, le 22 novembre 1829
et il reviendra pour y décéder le 26 mai 1894.
Vous savez Marcel, je n’avais jamais
étudié cette branche, la vôtre, de la généalogie de mes fils parce que votre
fille Jeanine, sans bien entendu me l’avoir interdit formellement, m’avait fait
comprendre qu’elle ne voulait pas que je cherche de ce côté… mais maintenant qu’elle
n’est plus là, elle est restée sur terre très longtemps, 98 ans, ce n’est plus
pareil et j’ai entrepris cette généalogie… que je travaille, en partie, en
direct, en vous parlant…
Alors voilà, il faut que je vous
dise que je trouve dommage que Jeannine n’ait pas voulu savoir d’où elle venait
vraiment car je pense, la connaissant comme je l’ai connue, qu’elle aurait été
très intéressée par le destin hors du commun de certains de vos ancêtres…
Mais pour que vous puissiez
savoir, il faut que je vous parle des parents de votre grand-père Joseph
Georget… Je me demande s’il y avait une certaine transmission orale de l’histoire
familiale qui serait parvenue, plus ou moins déformée, jusqu’à vous et si c’est
votre fille qui a marqué la rupture ou si l’histoire était déjà perdue…
Voici donc les prémices de l’aventure
généalogique qui m’attend désormais :
Le père de votre grand-père a été
prénommé Jacques lors de son baptême qui a été célébré le 20 novembre 1772 à
Chamussay en Indre-et-Loire ; son parrain
est Sylvain Gatault et sa marraine Anne Lespagnol qui ne savent pas signer.
Mais ce n’est rien encore, Jacques va nous faire attendre
son mariage, célébré un peu tardivement à Boussay en Indre-et-Loire, le premier
mai 1809 ; Jacques est dit marchand à cette époque mais il sera plus tard
garde-champêtre ; deux de ses frères sont témoins, Louis qui a 45 ans et
Joseph qui en a 42 et tous les deux sont cultivateurs à Saint-Michel-du-Bois
qui se situe aussi en Indre-et-Loire ; il a un troisième témoin en la
personne de Pierre Bergerault, le maire de la ville de Chaumussay, sa ville d’origine.
Jacques épouse une jeune femme, Henriette Martin, née il y a 20 ans à Cenan
dans la Vienne de François et de Anne Hebert.
Bien entendu, je me suis enquise de cette jeune
personne et j’ai commencé par chercher son acte de baptême qui n’a pas été
difficile à trouver compte tenu des renseignements précis contenus dans l’acte
de mariage. Et voici ce qui est écrit sur son acte de baptême : Elle
est née 11 février 1789 à Cenan, paroisse Saint-Hilaire, dans le département de
la Vienne et elle est baptisée le lendemain par le curé du lieu ; son père
est alors laboureur mais absent au baptême. Le parrain est Jean Guillot et la
marraine est Anne Françoise Martin, la tante du bébé.
Regardez Marcel : Cet acte,
à première vue banal comporte une mention particulière, il est dit que le
nouveau-né demeure dans une maison acadienne… et il se trouve que la Vienne a
été une terre d’accueil pour les Acadiens lors du « Grand Dérangement »…
Saviez-vous, Marcel que vous
étiez descendant d’Acadiens ? Et il se trouve que la vie de Anne Hebert
soit assez connue… du moins par certains de vos « cousins »…
Tenez, voici un schéma
généalogique pour que vous puissiez repérer les personnes dont nous venons de
parler.
Mais le « Grand Dérangement »
fera l’objet d’une autre histoire car il me faut maintenant mettre de l’ordre
dans mes idées et pour cela, rien de plus efficace que de laisser mon esprit regagner
son enveloppe terrestre et de mettre notre entretien par écrit.
Catherine Livet
Ce texte a été rédigé dans le cadre du #RDVAncestral de février 2020
Sources - Bibliographie :
- Archives de Paris
- Archives d'Indre-et-Loire
- Archives de la Vienne
Le début d'une aventure généalogique qui s'annonce passionnante à n'en pas douter !
RépondreSupprimerMerci Christelle. Passionnante, j'en suis sûre mais un peu difficile aussi car je dois avouer que je ne connais pas bien l'histoire de l'Acadie
SupprimerJe me souviens de Jeannine et des relations complexes que tu as entretenues avec elle... C'est un fait, la généalogie permet aussi de comprendre nos contemporains.
RépondreSupprimerEn tout, ces recherches sont passionnantes et il me tarde de partir chez les Acadiens :)
Merci Sébastien pour ton commentaire et ta lecture. Pauvre Jeannine... qui maintenant m'embarque dans une aventure effectivement passionnante mais qui va me faire aborder une partie de l'histoire que, à ma grande confusion, je suis loin de maîtriser
RépondreSupprimerCela a dû être bien frustrant que Jeannine s'oppose à l'étude de ses ancêtres, mais il vous reste maintenant une branche entière à découvrir ! Un mal pour un bien. Et un bien qui s'annonce vraiment passionnant.
RépondreSupprimerMerci Béatrice. Oui, vraiment, la généalogie est sans fin et toujours aussi passionnante.
RépondreSupprimerOn remonte loin là, hâte de lire les prochains épisodes !
RépondreSupprimerMerci beaucoup. Au 3e samedi de mars pour la suite.
SupprimerExtraordinaire découverte, des destinées chamboulées par l'histoire, nul doute qu'il y aura d'autres #RDVAncestral
RépondreSupprimerTrès originale cette idée de faire découvrir ses propres ancêtres à l'aïeul de tes fils ! Comme c'est souvent le cas en généalogie, on en sait souvent à la longue beaucoup plus qu'eux !
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