Noé, fils de Thérèse Livet, épouse Emilie Chalvet

Je suis particulièrement fatiguée ce vendredi soir lorsque je rentre, très tard, pour rédiger le #RDVAncestral du mois de février 2019. Je ne vais pas pouvoir écrire tout de suite car, comme il aime tant le faire, mon esprit a décidé qu’il allait se dissocier de mon corps douloureux pour prendre quelques hauteurs et entrer en contact avec mes ancêtres… il sait parfaitement vers qui il se dirige…
Ah mais Thérèse, vous m’avez préparé une bonne surprise ! Autour de vous, vous avez réuni le clan des Livet comme vous l’avez connu en cette toute fin du 19e siècle. Laissez-moi voir si je reconnais tout le monde. Il y a (Marie) Joséphine, votre fille et ses deux frères, Louis dont nous avons parlé lors de notre première rencontre et le petit Emile qui n’a encore que neuf ans ; il y a votre compagnon qui a servi de père à vos trois derniers enfants à tel point que votre arrière-petit-fils, mon père, pensait que ce compagnon, qu’il a pourtant connu, était Jean Berroy mais ce dernier est décédé accidentellement en 1892 ; pourtant, c’est Jean Beroy qui a servi de père à votre premier fils, Noé Livet, mon arrière-grand-père, que je reconnais bien entendu sans aucun problème… et c’est lui, Noé Livet, qui va servir de père au mien, orphelin beaucoup trop jeune. Ah ! Je reconnais également l’incontournable Adrienne Soutiran, l’amie de la famille, toujours présente et dont la fille, Henriette, dans très longtemps, deviendra la marraine de mon père et je reconnais aussi Louis Leveaux, le compagnon d’Adrienne et puis, il y a cet homme d’âge mûr qui est souvent présent aux réunions de famille et d’autres encore dont l’identité a été oubliée pour toujours.
Emilie Chalvet Jeune fille

Et voici la jolie Emilie Chalvet, tombée sous le charme unanimement reconnu de votre fils aîné, Noé Livet, ce fils né de vos amours cachés, résultat d’une passion ardente ou d’une soumission vitale dont jamais vous ne direz mot.
Souvenez-vous Thérèse, laissez votre esprit remonter le fil du temps : Vous enfantez, âgée de 18 ans et 2 mois, à l’hôpital civil de Versailles, merveilleux cadeau, le 25 décembre 1873, d’un enfant de sexe masculin que vous prénommé, obligée, Noé. Fille mère, je ne sais pas ce que cela pouvait vouloir dire à cette époque, et vous non plus… Peut-être vos parents et amis auraient-ils préféré vous conduire, pure jeune fille, à l’autel pour que vous vous soumettiez à un mari tout puissant devant Dieu et les hommes mais la vie en a décidé autrement… Le clan des Livet se resserre autour de vous… comme il l’avait fait, pour d’autres motifs, autour de vos grands-parents et parents… Point de père… qu’importe, cet enfant qui vient de naître n’est aucunement responsable, il est un Livet et à ce titre, toute la famille va faire en sorte que toutes les chances soient mises de son côté. C’est votre fils et vous l’aimez… à sa naissance, vous n’êtes plus une amante passionnée ou une servante soumise mais une mère dévouée et vous laissez tomber sans regret, malgré les difficultés de la vie, votre emploi de domestique au 3 boulevard du Roi à Versailles et vos appointements de 15 F par mois ainsi que votre minuscule chambre de bonne, sous les toits, trop froide l’hiver et brûlante l’été. Vous partez tenter votre chance à Paris et vous laissez votre bébé aux bons soins de votre sœur Eulalie qui, âgée de 27 ans est mariée depuis sept ans déjà, mère de deux enfants et nourrice de nombreux bébés ; elle est le pilier du clan des Livet à cette époque dont elle recueille tous les membres qui en ont besoin ; c’est ainsi qu’en même temps que votre fils, vivra chez Eulalie et son mari, Aimé Barbier, votre frère Denis. 
Mais très rapidement, dès que votre vie est stabilisée, vous faites venir votre fils à vos côtés, et
l’enfant va grandir dans votre appartement du 21 rue Galande dans le 5e arrondissement de Paris où vous vivez avec Jean Berroy que vous épousez le 1er décembre 1877, les deux garçons et la fille dont nous avons déjà parlé plus haut vont naître de cette union et puis, ce serra le drame, votre époux va se tuer accidentellement en tombant lourdement d'une échelle, outil indispensable à son métier d’entrepreneur en nettoyage, le 20 novembre 1892. Sur la photo d'Eugène Atget reproduite ci-contre, on voit la rue Galande, avant septembre 1899 puisque le "Château rouge" (indiqué par la flèche) situé alors au n° 57 ou 61 n'est pas encore démoli.
Assez rapidement, du moins assurément en 1894, vous voilà dite « fourreuse » en fait, il semblerait que vous secondiez votre nouveau compagnon qui exerce la profession de fourreur, homme que tous les membres du clan des Livet considèrent désormais
comme le père de vos trois derniers enfants dont le plus jeune n’avait que 2 ans et quelques mois lors de la tragédie au point que mon père, votre premier arrière-petit-fils, pensera toute sa vie que cet homme, qui figure à vos côtés sur les photos, était Jean Berroy ; votre plus jeune fils, Emile Berroy, travaillera également dans la fourrure. Ce qui m’étonne un peu c’est que vous habitez, avec votre nouvel bon ami, au même endroit qu’avec votre époux lors de son décès, au 15 de la rue du Petit Pont.
 
 
 
Noé Livet avec son équipage, Place Denfert Rochereau
Nous voici en 1898, votre fils a abandonné son métier de garçon boucher pour devenir cocher, métier qui sera également exercé par votre second fils, Louis Désiré Denis Berroy à la
différence que Noé, va vite abandonner le transport des personnes pour se spécialiser dans les livraisons… et même, uniquement celles de certaines maisons d’édition, des imprimeries et autres ateliers de reliure… C’est dans l’un de ces ateliers que Noé a fait la connaissance de la jolie Emilie Chalvet.
Votre future belle-fille est orpheline, elle a perdu sa mère le 21 octobre 1891 et son père le 04 mai 1898, née le 19 août 1881 à Paris, elle vit depuis le décès de leurs parents, avec son frère Emile et leur sœur Marie au 39 rue de Plaisance, là même où est décédé leur père alors que l’aînée, Louise, vit à quelques pas, dans la rue voisine, avec son futur époux ; mineure, le conseil de famille, sous la tutelle du juge de Paix du 14e arrondissement, a autorisé, le 24 mars 1899, le mariage de la jeune relieuse qui est finalement célébré le 15 avril suivant. Cette union ne va pas être celle des seuls fiancés, elle va être celle de deux familles… et bien plus encore.
Les témoins de votre fils sont deux de ses oncles, Auguste Livet, votre frère le plus proche en âge et, Aimé Barbier, l’époux de votre sœur aînée, Eulalie qui avait veillé sur les premiers mois de vie de Noé ; les témoins de la mariée sont Adrien Rolland, dont je n’ai jamais entendu parler, et Louis Leveaux, le compagnon de la fidèle Adrienne Soutiran.

15 avril 1899 - Paris 14e - Mariage Noé Livet et Emilie Chalvet

Et voilà, il est temps pour mon esprit de rejoindre mon corps parce que ma place n’est pas au mariage de mes arrières-grands-parents… je ne fais pas encore partie du clan des Livet dont la bienfaisante Emilie Chalvet va devenir l’élément fédérateur jusqu’à la fin de sa vie… Mais oui Noé, bien entendu, je reviendrai vous voir et nous parlerons ensemble, nous avons tellement de choses à nous dire…

Catherine Livet
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Sources / Bibliographie :
  • Archives des Yvelines
  • Archives de Paris
  • Souvenirs de René Livet
  • Archives familiales

5 commentaires:

  1. Plaisir à retrouver les membres du "clan", à déambuler dans la capitale.
    Il y pratiquement tous les invités identifiés sur la photo !

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    1. Merci beaucoup pour cette visite amicale et oui, j'ai de la chance, mon père se souvenait des noms qu'on lui avait cité en lui montrant les photos... il aura tout de même fallu attendre environ 100 ans pour que je note ces noms au dos des photos

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  2. Tout comme toi, on se laisse porter par l'histoire de Thérèse et de son fils Noé qui va épouser la belle Emilie Chalvet. Il nous tarde de les retrouver !

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  3. Pas d'inquiétude Sébastien, je vais vite retourner les visiter. Merci beaucoup pour ton commentaire

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  4. C'est bien difficile de retrouver le nom des personnes sur de très vieilles photos. J'ai eu la chance de rencontrer la descendante d'une cousine de ma grand-mère ce qui m'a permis d'identifier des personnes sur la photo du mariage de mes GP maternels et complétée par des infos de petits-cousins. Et d'ici peu, j'espère pouvoir le faire avec une cousine du même niveau côté paternel trouvée grâce à la publication de mon arbre.

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