samedi 19 décembre 2020

Les jouets de Papa Noé

 

Nous sommes le 18 décembre 2020 et je souris toute seule… mon humeur est légère… la magie de Noël opère… il y avait longtemps que cela n’était pas arrivé… cinq ans déjà… mais aujourd’hui, malgré une vie comme en suspens pour cause de très étrange crise sanitaire inouïe, une politique à faire peur et une situation économique dramatique, mon âme d’enfant a envie de lumière, de parfum et de rêves… Et je pense à mon père qui me manque toujours autant après tant de Noëls sans lui alors qu’il redevenait comme un petit garçon à chacune de celles passées ensemble…  et aux mille et un mystères qu’il faisait pour que l’attente de la fête devienne un enchantement pour petits et grands… et je l’entends encore me raconter la féérie de ses Noëls préparées avec amour par ses grands-parents pour lui faire oublier qu’il était orphelin…

Je pars dans mes rêves… installée confortablement au coin de la cheminée éteinte, je laisse mon esprit imaginer l’odeur du bois qui flambe au rythme de la danse des flammes qui font vivement briller le bolduc des cadeaux amoncelés au pied du sapin enrubanné de lumière…

Bonjour Papa Noé ! Oui, je me doute bien que vous êtes surpris que je vous appelle ainsi. Savez-vous Papa Noé que j’ai longtemps pensé que c’était mon père, René Livet, qui, le premier et même le seul, vous avait appelé ainsi parce que vous lui aviez servi de père… jusqu’au jour où j’ai pris connaissance de la plus belle lettre "patriotique" qui soit parvenue jusqu’à moi ?

C'est Jeannette, votre nièce, qui vous écrit ; bien plus tard, elle deviendra ma marraine mais à cette époque, vous êtes soldat, en pleine Première Guerre Mondiale et elle est une toute petite fille de même pas 9 ans et ce 10 février 1916, elle vous appelle Papa Noé... et elle n'est pas la seule, sa grande sœur Georgette, qui prend la relève pour terminer la lettre, votre filleule qui est déjà âgée de 16 ans, vous nomme de la même façon... vous êtes pourtant bien loin encore d'être grand-père...








Et mon père m'a alors raconté que non seulement tous les enfants de la famille vous appelaient Papa Noé mais que ceux du quartier faisaient pareil tant vous étiez doux et joueur avec les petits.

Voilà donc ce qui explique le "Papa" pour vous désigner et comme votre prénom de Noé est directement lié au fait que vous êtes arrivé sur terre un 25 décembre, celui de l'an 1873... vous êtes tout naturellement devenu Papa Noé... Heureusement que votre mère, Thérèse, ne vous a pas appelé Noël... vous rendez-vous compte de la responsabilité que vous auriez dû endosser alors puisque vous seriez devenu le "Père Noël" ?

Mais où sont vos jouets Papa Noé ? Je n'ai vu aucune hotte autre que celle de votre cheminée sur les photos qui vous représentent... où cachiez-vous les cadeaux que vous adoriez faire à votre fille, votre petite princesse qui est arrivée au foyer avec le siècle finissant, en l'an 1900, ce chiffre rond portant tant de promesses d'avenir radieux pour celui à venir ? Vous l'avez couverte de dentelle et de rubans, rien n'était trop beau pour elle, vous vouliez qu'elle devienne reine... C'est elle la fillette sur la photo avec son petit air revêche d'enfant gâtée ; c'est vous avec votre bon visage rond et votre éternelle moustache, la main posée sur l'épaule de votre mère Thérèse Livet, éprouvée par la vie avec à sa droite votre frère survivant et à votre gauche votre sœur, la fantasque mais si gentille Joséphine et puis, bien sûr, à droite de votre mère, Maman Emilie, cette si bienveillante femme, la mère de vos enfants, votre épouse si chérie.

Papa Noé, comme mon père, je ne sais pas ce que sont devenus les jouets de Germaine... sans doute, généreux comme vous étiez sur terre, les avez-vous donnés à quelques moins chanceuses lorsqu'elle est partie pour les cieux laissant à vos bons soins ainsi qu'à ceux de Maman Emilie, son petit René chéri âgé de tout juste 4 ans... qu'aurait-il fait de jouets de filles ?
Regardez Papa Noé... en bas, sur terre, il reste un tout petit objet que j'ai failli oublier dans mon inventaire de choses à transmettre... mon père me le montrait souvent, il l'avait placé à part... c'est Maman Emilie qui lui avait donné plus tard, lorsque vous étiez déjà parti rejoindre votre fille sortie trop vite de la vie, elle l'avait retrouvé par hasard...
Regardez bien Noé, là sur une étagère de la bibliothèque de ma chambre, entre le médaillon de Maman
Emilie contenant la photo de votre petit-fils René et la médaille du travail de ce dernier...
Ah ! Vous êtes heureux ! J'en suis ravie !
Mais oui, Papa Noé, c'est l'une des petites poêles que vous avez confectionnées pour la petite Germaine... la dernière - peut-être - qui existe sur terre de toute la batterie de cuisine que vous aviez confectionnée, avec tant de soins, pour votre fille aimée... Je crois que, contrairement à ce que vous pensiez, mon père aurait volontiers conservé la petite cuisinière qui allait avec car, plus d'une fois, il m'a dit que sa mère lui avait montré le fourneau avec les portes qui s'ouvraient, le fer à repasser miniature que l'on pouvait placer dans son petit compartiment de chauffe, les tuyaux d'évacuation des fumées... Je pense qu'il était très admiratif de votre si minutieux travail et qu'il a toujours regretté de ne pas savoir "bricoler" surtout avec tant de finesse. Mon père m'a aussi affirmé que tous vos travaux miniatures de chaudronnerie avaient pour matière première des pièces de monnaie... en tous les cas, c'est sûr, la poêle que je possède a été faite avec une pièce de 5 centimes.

Savez-vous Papa Noé, à quoi je pense à cet instant précis ? Je me dis que, peut-être quelqu'un va lire mon texte, voire votre petite poêle et se dire... "Mais j'ai la même dans un vieux carton"...  alors cette personne me contacterait et me dirait "j'ai le fourneau de votre grand-mère avec toute sa batterie de cuisine"... 

Mais oui Papa Noé, comme lorsque vous étiez sur terre et que vous faisiez tout votre possible pour emplir de joie les yeux des enfants de votre entourage, la magie de Noël continue à opérer pour ceux qui le veulent.

Papa Noé, il faut que je vous quitte car c'est mon tour de tenter d'apporter un peu de bonheur à ceux qui me tiennent compagnie sur terre mais avant de partir, j'ai une requête à vous faire :  "Pourriez-vous façonner des petits soldats pour votre petit-fils, comme ceux que vous aviez offerts à votre fils Emile ? Il a toujours rêvé d'avoir  des jouets nés de votre délicat travail et de votre infinie patience mais, sans doute pressé de rejoindre au plus vite votre chère fille, vous avez abandonné bien trop tôt votre petit René et Maman Emilie"


Ce texte a été rédigé dans le cadre du #RDVAncestral, le rendez-vous mensuel, ouvert à tous, qui permet d'entrer en contact avec nos ancêtres.

Etoile de Noël dorée

Que la magie de Noël opère ! Passez les meilleures fêtes qu'il soit possible en fonction du contexte particulier de l'an 2020 et de votre situation personnelle.

#RDVAncestral

Catherine Livet 

Vous pouvez également consulter : Le mariage de Noé

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2 commentaires:

  1. Je me suis laissée emporter par tout le texte, le surnom, les objets confectionnés pour les enfants, un baume de nostalgie et d'amour aussi.

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  2. Qui peut aujourd'hui se vanter de pouvoir offrir de si beaux et si peu coûteux cadeaux ?

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