Je pars dans mes rêves… installée confortablement au coin de la cheminée éteinte, je laisse mon esprit imaginer l’odeur du bois qui flambe au rythme de la danse des flammes qui font vivement briller le bolduc des cadeaux amoncelés au pied du sapin enrubanné de lumière…
C'est Jeannette, votre nièce, qui vous écrit ; bien plus tard, elle deviendra ma marraine mais à cette époque, vous êtes soldat, en pleine Première Guerre Mondiale et elle est une toute petite fille de même pas 9 ans et ce 10 février 1916, elle vous appelle Papa Noé... et elle n'est pas la seule, sa grande sœur Georgette, qui prend la relève pour terminer la lettre, votre filleule qui est déjà âgée de 16 ans, vous nomme de la même façon... vous êtes pourtant bien loin encore d'être grand-père...
Et mon père m'a alors raconté que non seulement tous les enfants de la famille vous appelaient Papa Noé mais que ceux du quartier faisaient pareil tant vous étiez doux et joueur avec les petits.
Voilà donc ce qui explique le "Papa" pour vous désigner et comme votre prénom de Noé est directement lié au fait que vous êtes arrivé sur terre un 25 décembre, celui de l'an 1873... vous êtes tout naturellement devenu Papa Noé... Heureusement que votre mère, Thérèse, ne vous a pas appelé Noël... vous rendez-vous compte de la responsabilité que vous auriez dû endosser alors puisque vous seriez devenu le "Père Noël" ?
Papa Noé, comme mon père, je ne sais pas ce que sont devenus les jouets de Germaine... sans doute, généreux comme vous étiez sur terre, les avez-vous donnés à quelques moins chanceuses lorsqu'elle est partie pour les cieux laissant à vos bons soins ainsi qu'à ceux de Maman Emilie, son petit René chéri âgé de tout juste 4 ans... qu'aurait-il fait de jouets de filles ?
Regardez Papa Noé... en bas, sur terre, il reste un tout petit objet que j'ai failli oublier dans mon inventaire de choses à transmettre... mon père me le montrait souvent, il l'avait placé à part... c'est Maman Emilie qui lui avait donné plus tard, lorsque vous étiez déjà parti rejoindre votre fille sortie trop vite de la vie, elle l'avait retrouvé par hasard...
Regardez bien Noé, là sur une étagère de la bibliothèque de ma chambre, entre le médaillon de Maman
Emilie contenant la photo de votre petit-fils René et la médaille du travail de ce dernier...
Ah ! Vous êtes heureux ! J'en suis ravie !
Mais oui, Papa Noé, c'est l'une des petites poêles que vous avez confectionnées pour la petite Germaine... la dernière - peut-être - qui existe sur terre de toute la batterie de cuisine que vous aviez confectionnée, avec tant de soins, pour votre fille aimée... Je crois que, contrairement à ce que vous pensiez, mon père aurait volontiers conservé la petite cuisinière qui allait avec car, plus d'une fois, il m'a dit que sa mère lui avait montré le fourneau avec les portes qui s'ouvraient, le fer à repasser miniature que l'on pouvait placer dans son petit compartiment de chauffe, les tuyaux d'évacuation des fumées... Je pense qu'il était très admiratif de votre si minutieux travail et qu'il a toujours regretté de ne pas savoir "bricoler" surtout avec tant de finesse. Mon père m'a aussi affirmé que tous vos travaux miniatures de chaudronnerie avaient pour matière première des pièces de monnaie... en tous les cas, c'est sûr, la poêle que je possède a été faite avec une pièce de 5 centimes.
Savez-vous Papa Noé, à quoi je pense à cet instant précis ? Je me dis que, peut-être quelqu'un va lire mon texte, voire votre petite poêle et se dire... "Mais j'ai la même dans un vieux carton"... alors cette personne me contacterait et me dirait "j'ai le fourneau de votre grand-mère avec toute sa batterie de cuisine"...
Mais oui Papa Noé, comme lorsque vous étiez sur terre et que vous faisiez tout votre possible pour emplir de joie les yeux des enfants de votre entourage, la magie de Noël continue à opérer pour ceux qui le veulent.
Papa Noé, il faut que je vous quitte car c'est mon tour de tenter d'apporter un peu de bonheur à ceux qui me tiennent compagnie sur terre mais avant de partir, j'ai une requête à vous faire : "Pourriez-vous façonner des petits soldats pour votre petit-fils, comme ceux que vous aviez offerts à votre fils Emile ? Il a toujours rêvé d'avoir des jouets nés de votre délicat travail et de votre infinie patience mais, sans doute pressé de rejoindre au plus vite votre chère fille, vous avez abandonné bien trop tôt votre petit René et Maman Emilie"
Ce texte a été rédigé dans le cadre du #RDVAncestral, le rendez-vous mensuel, ouvert à tous, qui permet d'entrer en contact avec nos ancêtres.
Que la magie de Noël opère ! Passez les meilleures fêtes qu'il soit possible en fonction du contexte particulier de l'an 2020 et de votre situation personnelle.
#RDVAncestral
Catherine Livet
Vous pouvez également consulter : Le mariage de Noé
"de la généalogie à l'écriture"
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Pour me joindre :
Ecrire un livre de famille passionnant
Je me suis laissée emporter par tout le texte, le surnom, les objets confectionnés pour les enfants, un baume de nostalgie et d'amour aussi.
RépondreSupprimerQui peut aujourd'hui se vanter de pouvoir offrir de si beaux et si peu coûteux cadeaux ?
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