M aubeuge capitule
Le camp de Maubeuge est constitué d’une enceinte datant de
Vauban dont les six forts ont été construits avant l’invention des obus
explosifs. Le Général Fournier commande la place et est sidéré par son
état ; elle ne dispose même pas d’un chemin de fer de campagne (Péchot),
il faut dire qu’il n’y a pas plus de voiture, de mulet ou même de bicyclette.
Le Général Fournier fait sans attendre procéder à des travaux en adjoignant 6
000 travailleurs civils aux 25 000 hommes de la territoriale.
Les hommes affectés à la défense
de Maubeuge n’ont pas le temps d’être préparés, les territoriaux par exemple
n’avaient jamais vu de mitrailleuse jusqu’à ce jour et les officiers ne sont
pas plus à la pointe de l’armement. Le camp ne dispose pratiquement que d’un
vieux poste radio pour communiquer avec l’extérieur… il faut donc improviser
pour tout…
Parmi tous ces hommes, se
trouvent :
- Eugène Rahïr, né à Maubeuge en 1880, il mesure 1,55 m, il a été ajourné jusqu’en 1903 année où il a finalement été classé au service auxiliaire pour faiblesse. A la mobilisation générale il habite toujours à Maubeuge à la défense de laquelle il est affecté dès le 03 août 1914.
- Fernand Mascret est né en 1881, engagé volontaire dans sa jeunesse, il est sergent et a été dispensé des périodes d’exercices ; il est réserviste depuis 1901.
- Albert Emile Alexandre Noyon est déjà âgé de 41 ans.
- Henri Charles Merda est né au début de l’année 1877, il a été dispensé des dernières périodes d’exercices.
- Noé Célestin Leferme est né en 1870, il a été dispensé de service lors de sa jeunesse.
- Henri Leferme est le frère du précédent, il est né en 1872 ce qui ne fait pas de lui un jeune homme.
Ceci étant exposé, personne ne
semble penser une seconde voir la pointe d’un casque allemand dans les alentours…
jusqu’au 15 août où des Belges
affolés racontent que les Allemands massacrent et incendient tout sur leur
passage… on commence d’ailleurs à entendre le son du canon…Les Allemands sont
en Belgique et viennent de passer la Meuse à Dinant, ils entrent à Louvain, à
Bruxelles… Il n’y a plus de doute possible, ils marchent droit sur Maubeuge et
Lille… L’Armée française semble bien loin… on dit que les Anglais doivent
débarquer en France mais on n’en voit pas l’ombre d’un…
Le Général Fournier demande à la population
civile de quitter la ville.
Quelques avions britanniques
viennent d’arriver… les Allemands aussi et les 22 et 23 août, une bataille
s’engage au sud de Charleroi entre les Français et les Allemands pendant que
les Anglais affrontent l’ennemi dans le secteur de Mons. Mais au soir du 23
août, le commandant de la garnison, le Général Lanrezac informe Fournier que la
5e Armée se replie en direction de Chimay, Aubenton et qu’il
appartient donc au gouverneur de Maubeuge de prendre toutes les dispositions
pour la défense de la place.
La situation devient délicate, le rôle de la place de Maubeuge est de
soutenir une armée de campagne… qui n’est plus là… Quelques sorties permettent de couper quelques ponts pour retarder la progression
ennemie et de se livrer à quelques combats mais l’ennemi finit de priver la
place de ses derniers moyens de communication et le camp se retrouve
particulièrement isolé, le général Fournier ne reçoit même plus de directives
et, le 27 août, il
déclare Maubeuge investie et fait
effectuer des tirs d’artillerie… pas très efficaces semble-t-il sauf pour faire
repérer les emplacements de l’armement surtout qu’il s’avère que l’ennemi
dispose à l’intérieur même de la place d’un important réseau d’espions qui va
diriger les tirs ennemis. Les sorties de reconnaissance ne permettent pas de
comprendre la manœuvre allemande qui vient pourtant de déployer son artillerie
et, au tout début de l’après-midi du 29 août, les Allemands déclenchent un
bombardement continu… Le gouverneur va résister jusqu’au 07 septembre, jour où
il va demander un armistice de 24 heures pour enterrer les morts et discuter de
la reddition de la place ; la demande sera rejetée et il ne lui sera
accordé que quatre heures pour apporter la capitulation pure et simple de la
ville.. Le Général Fournier va encore réussir à grappiller quelques heures car
il lui sera accordé de ne livrer la place que le 08 à midi.
C’est la fin : 45 000
soldats dont 3 000 blessés tombent aux mains des Allemands ; environ 1 300
malheureux Français ont perdu la vie à Maubeuge lors de ces derniers jours.
Des colonnes entières de soldats
français désarmés vont défiler pour rejoindre les gares qui les conduiront dans
des camps de prisonniers.
Quelques-uns un d’entre eux, très peu en fait, vont
réussir à s’échapper et parmi eux, Eugène Rahïr natif et habitant de Maubeuge,
les cinq autres de « mes hommes de Maubeuge » seront enfermés dans
des camps en Allemagne ; j’ai reconstitué le parcours de l’un d’entre
eux, Noé Célestin Leferme à partir de ce 08 septembre 1914 jusqu’à son rapatriement le 24 novembre 1918 et vous pouvez trouver un résumé à la lettre F pour Friedrichfeld de ce « ChallengeAZ.
Ce M pour Maubeuge n’est qu’un
survol de l’histoire de la reddition de la pauvre ville, le Général Fournier et
six officiers dont le Général Ville vont comparaître devant le conseil de
guerre au sujet de la capitulation de Maubeuge ; le ministre de la guerre,
Monsieur Messiny, aurait même demandé que l’on fasse fusiller le Général Fournier…
mais l’histoire de la reddition de Maubeuge dépasse très largement le cadre du
#ChallengeAZ qui doit rester tout public.
Merci pour votre lecture et à demain pour... N
Catherine Livet
Je découvre tes publications du challengeAZ avec plaisir. Ce sont de beaux hommages ! Je te souhaite bonne continuation pour les derniers jours du challenge.
RépondreSupprimerMerci beaucoup
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