#RDVAncestral avec Marie Jeanne Thiboust

 

Il y a des rendez-vous qui deviennent immuables et le #RDVAncestral en est un, il fait partie intégrante de ma vie, nous faisons corps une fois par mois. Le troisième samedi du mois, mon esprit prend le contrôle de mon corps qui ne peut pas l'empêcher de s'élancer à la rencontre de celui d'un être du passé, d'un oublié de l'histoire qui pourtant a eu un rôle à jouer lors de son passage, plus ou moins éclair, sur terre. L'esprit qui répond à mon appel aujourd'hui semble bien léger...

Je dois reconnaître que vous faites partie des grands oubliés de ma généalogie ; parce que, certainement, vous êtes une femme et, de plus, vous avez évolué à une époque bien reculée par rapport à la mienne ; vous n’avez donc pas laissé de belles traces à suivre aisément.

Il est aussi vrai que je vous ai négligée. J’ai simplement noté que vous êtes née le 11 septembre 1733 à Goupillières, de Paul Thiboust et de Geneviève Duclos. En fait, dans ma généalogie, votre rôle principal, voire unique, était d’être l’épouse de Jean-Baptiste Livet.

 

Pourquoi ai-je ensuite eu le désir de vous rencontrer, me demanderiez-vous, si vous en aviez l’occasion ? Parce que, le 03 mars dernier, nous fêtions les Marin alors, j’ai regardé qui portait ce prénom dans ma généalogie et, un ascendant que nous partageons, Marin Duclos, a attiré mon attention, car il est né et a vécu à Limay, un village alors en Seine et Oise – aujourd’hui en Yvelines – où, plus de trois cents ans après sa naissance, j’ai acheté une maison. Alors, même si la psychogénéalogie n’est pas ma tasse de thé, cette coïncidence ne peut que m’intriguer.

 

C’est donc à Goupillières, situé à moins de 20 km de Limay, que vous avez été baptisée, semble-t-il le jour de votre naissance. Jean Choquar et Jeanne Verrier, vos parrain et marraine, qui signent parfaitement, vous ont prénommée Marie Jeanne.

Eglise de Goupillières

C’est toujours à Goupillières que vous vous fiancez, le 10 juillet 1757, avec Jean-Baptiste Livet, de la paroisse des Mureaux où vous êtes aussi domiciliée de fait alors que, de droit, vous êtes domiciliée à
Goupillières. Le futur a presque 25 ans et ½ et vous 24 ans et 15 jours lorsque vous recevez, le 26 septembre suivant, les sacrements de pénitence et d’eucharistie qui entérinent votre union en présence de votre père et de votre frère, Paul et Philippe Thiboust tandis que Jean-Baptiste était accompagné par son parrain, Guion Doré et par Aubin et Gabriel Richomme. Votre époux est orphelin depuis qu’il a une dizaine d’années ; le plus jeune de ses frères, Michel, né le 20 mars 1743, est d’ailleurs un enfant posthume.  Je ne sais pas si ce petit Michel a survécu ni ce que sont devenus François, né en 1729 et Marie-Anne, née en 1735, mais je sais qu’un frère et une sœur de votre époux sont décédés à 8 mois en 1737 et à 15 mois en 1741. De votre côté, ce n’est pas mieux ; vous avez perdu vos plus jeunes frères et sœurs à la même époque, seul votre frère Philippe, qui deviendra le parrain de votre fils Jean-Baptiste, semble avoir échappé à la grande faucheuse.

Pont de la Tournelle - 1658 (1)
Il faut dire que vous avez tous beaucoup souffert dans cette région durant ces années ; surtout en 1740  où l’hiver a été terrible et où les maladies ont emporté les habitants, sans compter l’effroi né de la crue de la Seine que l’on n’avait jamais vue aussi haute qu’en ce mois de mars quoique les anciens se souvenaient qu’on leur a dit que la rivière était déjà arrivée à ce niveau… il y a cent ans. Ils avaient raison ; en 1658, on signalait la plus haute crue à Paris depuis quatre cents ans : 8,81 m à l’échelle du pont de la Tournelle pour 7,90 m en 1740 ; pont qui avait déjà été emporté en janvier 1651. Avec toutes ces difficultés, les récoltes de 1740 ont été bien petites et de piètre qualité.

Comme vous, votre mère, Geneviève Duclos,  n’était qu’un nom dans mon arbre généalogique. Que sais-je d’elle à part qu’elle s’est mariée, le 24 février 1727, à Mante, avec Paul Thibout, bourrelier de son état et qu’elle est la fille de Jean Duclos, maître bourrelier, et de Catherine Crosnier ? Je sais que son père, comme ses ancêtres, est né à Limay ; c’est le 08 janvier 1683, qu’il a été baptisé, jour de sa naissance, et qu’il a eu pour parrain monsieur Gilles de Champagne, avocat au Parlement et pour marraine la demoiselle Marie Anne Le Tourneur. Tous les frères et toutes les sœurs de Jean sont nés à Limay. C’est encore en ce lieu que votre grand-père s’est marié, le 09 décembre 1702, avec Catherine Crosnier mais là se termine son histoire d’amour avec le village de la rive droite, car il traverse la Seine avec sa jeune épousée pour installer son foyer à la ville, Mante(1), claquemurée depuis toujours derrière ses remparts.

St-Maclou à Mantes (2)
C’est à Mante, paroisse de Saint-Maclou, que naît votre mère. J’ai eu beaucoup de mal à trouver son acte de baptême parce qu'elle a été nommée Jeanne Geneviève et, pendant longtemps, j’ai douté en pensant qu’il pouvait s’agir de l’une de ses sœurs, mais maintenant, je suis sûre que c’est bien elle qui est née le 17 octobre 1703 et qui a été baptisée, le même jour, en l’église de Saint-Maclou de Mante ; son parrain a été Jean Cannée, officier du roi et sa marraine, Agnès Hedoüyn. Que de prestige dans ce village de moins de quatre cents âmes ! Il faut dire que la seigneurie de Goupillières, détenue par la famille Lecoq depuis 1648, a été érigée en marquisat en février 1678, au profit de Jean-François Lecoq dont un descendant, en 1719, vendra la grosse maison du fief familial – le château – à monsieur Cannée, officier du roi, du faubourg de Mante…

À votre mère, je ne connais que des sœurs, plus jeunes qu’elle ; pas un garçon pour reprendre le métier de leur père, Jean, maître bourrelier… c’est sans doute la raison pour laquelle elle a épousé un bourrelier, en la personne de Paul Thiboust.

C’est à Goupillières qu’elle est décédée, le 02 juin 1773 ; elle a été inhumée le lendemain, en présence d’un grand nombre de parents et d’amis, dont son fils Philippe Thiboust et son gendre Jean-Baptiste Livet ; sans doute étiez-vous présente. Elle était veuve depuis le 19 décembre 1772 et, certainement, vous avez assisté à l’inhumation de votre père, le lendemain du décès, dans le cimetière de Goupillières, aux côtés de votre frère Philippe et de votre époux, Jean-Baptiste Livet.

Eglise d'Epône
J’ai été étonnée que vous ayez rencontré Jean-Baptiste Livet aux Mureaux alors que je pensais qu’il avait passé toute sa vie à Epône surtout que, juste après votre mariage, vous semblez vous être installés dans ce village puisque c’est à Epône qu’est né et a été baptisé votre fils, Jean-Baptiste Livet, 3e du nom, dont le parrain est votre frère Philippe et la marraine, Marguerite Leroy, votre future belle-sœur. Je suis également surprise que votre frère, omniprésent, n'ait pas pris la suite de votre père ; il est tisserand et l'un de ses beaux-frères est tailleur d'habits.

Pourtant, c’est à Goupillières que viennent au monde deux filles, qui ne vivront guère. Il semble bien que vous vous soyez finalement installés dans ce village où décèdera, le premier prairial de l’an 7 – 20 mai 1799 –, votre époux. Vous le suivrez dans la tombe le 4 pluviôse de l’an 9 – 24 janvier 1801 – mais, vous rendez l’âme à Hargeville, probablement chez votre fils qui y habite depuis son mariage. Votre frère et votre neveu Jacques ont assisté votre fils lors de la déclaration de votre décès.

Et voilà, vous êtes morte et je suis vivante, nous devons reprendre nos places respectives mais, si vous acceptez, je reviendrai vous voir, pour parler de nos ancêtres communs et du village de Limay.  

Catherine Livet

Ce texte est rédigé dans le cadre du #RDVAncestral auquel je vous invite à participer pour écrire un peu de votre histoire familiale. 

Récit en relation :  Les Duclos, une famille de Limay, dans les Yvelines

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Illustrations : (1)  Veüe de l'Archevesché de Paris, et du pont de la Tournel, prise de dessus le pont de l'Hostel Dieu. Silvestre, Israël , Graveur Lepautre, Jean , Graveur En 1658 17e siècle Musée Carnavalet, Histoire de Paris G.329 CC0,Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris Estampe Arts graphiques Estampe Eau-forte Dimensions - Oeuvre : Hauteur : 11,5 cm Largeur : 20 cm Dimensions - Montage du musée : Hauteur : 32.5 cm      Largeur : 50 cm 
(2) Cote 133J 1 [extrait] - Archives numérisées - Iconographie - Lieu Mantes-la-Jolie (Yvelines, France) - Intitulé La Tour Saint-Maclou - Dates 1831 - 2004 Licence ouverte Archives départementales des Yvelines
Notes : (1) Mante (sans s à la fin) est aujourd'hui Mantes-la-Jolie dans les Yvelines.

4 commentaires:

  1. Murielle / Gironde218 mars 2023 à 17:36

    Je suis impressionnée, vous arrivez à faire revivre une ancêtre féminine juste avec les actes. J'arrive bien à visualiser toute la famille qui gravitent autour d'elle.

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  2. Merci Murielle. J'essaie de sortir de l'ombre ces femmes de ma généalogie qui n'ont jamais fait beaucoup parler d'elles... ce n'est pas toujours évident, pourtant leur rôle est primordial puisque ce sont elles qui donnent la vie.

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  3. Même les vies les plus banales en apparence en fait sont pleines d’anecdotes !

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    1. Merci Anonyme pour la lecture et le commentaire. Effectivement, il y a toujours à dire sur nos ancêtres

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Merci pour cette lecture.
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