échirure presque physique qui
m’est apparue d’abord si vague, si floue tant je ne voulais pas la voir… Un
fossé se creusait entre vos enfants.
Il y avait longtemps mon Père, depuis le premier Noël où nous avons été séparés, que vous
saviez que plus rien n’était pareil mais vous vous êtes tu en espérant que
Maman ne s’aperçoive de rien.
Je me souviens mon Père de ce
jour terrible où nous étions ensemble, inutiles, dans cette pièce si froide, si laide, si
inhumaine à contempler votre corps sans vie… Déjà, il s’est passé quelque chose
d’étrange… mes sœurs et mon frère, reniflant et pleurnichant, se tenaient à
votre gauche et Maman et moi, silencieuses, à votre droite.
Nous ne sommes pas restés très
longtemps dans ce lieu sordide.
Dans la petite pièce attenante à
cette chambre funèbre, pompeusement appelée salon, le même phénomène un peu
curieux s’est reproduit. Mes sœurs et mon frère se sont enlacés en pleurant et
en échangeant d’étranges paroles ; ils trouvaient que vous aviez bonne
mine, que vos traits semblaient reposés, que vous n’aviez pas du souffrir…
Bientôt, lorsque nous aurons
terminé la tête de veau sauce piquante que vous aviez préparée la veille, juste
avant de vous endormir pour ne plus jamais vous réveiller, je vais entrer dans
ce qui sera sans doute la plus grande fureur de ma vie à cause de la pensée que
je jugerai abjecte de mes sœurs et de mon frère qui avaient décidé, sans même
lui demander son avis, de placer Maman dans un mouroir… Vous auriez été au
moins aussi offusqué que moi mon Père !
Mais pour l’instant, je ne savais
rien de tout cela et Maman serrait tendrement la main que j’avais glissée entre
les siennes… nos regards se sont croisés, nous avons souri. Ils ont pensé que nous perdions l'esprit tant la soudaineté de votre disparition nous avait choquées mais c'est qu'ils n’ont pu voir que votre dépouille… ils
n’ont jamais su que vous étiez présent dans notre âme et dans notre cœur… Aujourd'hui votre
esprit vit toujours dans le mien et je le garderai jusqu’au bout de mon propre chemin.
Je ne sais pas ce que Maman a
revécu ce jour si abominable où nous sommes allé vous rendre "la dernière visite", nous n’avons jamais réellement parlé de ce jour terrible mais
moi je me souviens encore aujourd’hui de ce moment que j’ai revécu avec vous :
J’étais bien jeunette, cheveux au vent, tee-shirt collé sur la poitrine, debout
sur les pédales, actionnant de toutes mes petites forces ma superbe bicyclette
rouge pour tenter de vous rattraper, vous qui faisiez semblant, la tête dans le
guidon, de pédaler à toute vitesse alors que vous m’attendiez… Nous nous
sentions si libres, nous étions si vivants et nos rires fusaient, rompant le silence de la route
déserte de cette campagne que vous
aimiez tant…
Je te remercie encore
aujourd’hui, Papa, pour m’avoir offert cette si belle enfance.
J'ai écrit la vie de mon père durant l'affreuse époque qui lui a volé sa jeunesse puisqu'il a été "requis" du S.T.O :
Un p'tit gars du S.T.O
Dans Paris occupé, la vie de René, né en 1922, est compliquée. Sa
grand-mère, qui l’a élevé, vient de décéder. Il doit quitter
précipitamment son emploi pour échapper à une première réquisition
et se pense à l’abri après avoir été embauché à la S.N.C.F. Mais les
ennuis vont commencer et s’éloigner de la gare de triage où il
officiait va devenir une nécessité.
L’étau va se resserrer, il sera expédié en Allemagne au titre du Service du Travail Obligatoire.
À la gare d’Ulm, sur le Danube, en Allemagne, où il doit travailler,
les règles ne sont pas respectées, les requis sont maltraités. Infrastructure
de
la plus haute importance, la gare va être bombardée et ruinée par
les alliés et René va être blessé. Le 24 avril 1945, à 11 heures, il se
trouve face à des soldats américains, il se croit libéré,
mais rien n’est encore joué et le rapatriement ne va pas être aisé.
Enfin rentré, rien n’est terminé et malgré le temps, les souvenirs ne seront jamais effacés.
Livre 16 x 24 cm - Dos carré collé - 80 pages - Nombreuses illustrations inédites en couleurs - Auteur
: Catherine Livet pour la collection "Destins d'Ancêtres" de Becklivet - Imprimerie Messages Sas - ISBN 978-2-493106-03-2 - Dépôt légal août 2022 - Sortie le 12 septembre 2022 - 18 € TTC
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commandant directement. Si vous souhaitez une dédicace, n'hésitez pas à
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moi de dédicacer ce livre qui m'est très cher.
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Challenge AZ 2019 - Généalogie - Biographie René Livet
Je vous suis pas à pas.
RépondreSupprimerMerci beaucoup
SupprimerPoignant.
RépondreSupprimerMerci Christelle
Supprimervos textes sont de plus en plus "déchirants" !! mais que de vérités dites ....
RépondreSupprimerMerci Christiane pour toutes vos lectures.
SupprimerMerci pour ce beau texte, plein d'émotions ! (comme les 3 premiers d'ailleurs)
RépondreSupprimerMerci pour votre commentaire, je suis heureuse que mes textes vous plaisent
SupprimerC'est décidément un challenge fort en émotions !
RépondreSupprimerMerci de me suivre
SupprimerTrès beau texte. Il y a du vécu.
RépondreSupprimerMerci beaucoup Jean-Marc
SupprimerJe ne sais quoi commenter après la lecture de ton article. Terrible déchirure... terrible moment où se révèlent les gouffres qui nous séparent de nos proches, disparu ou vivant. C'est poignant.
RépondreSupprimerMerci mon cher cousin pour toutes tes lectures et tes commentaires toujours très gentils
RépondreSupprimerEncore un texte très poignant. J'imagine le courage qu'il vous a fallu pour rédiger ces lignes. C'est triste et beau.
RépondreSupprimerC'est très beau
RépondreSupprimerMerci Anonyme.
SupprimerPoignant. Criant presque. J'ai perdu mon papa il y a 2 mois... cette pièce sordide, ce moment cruel, me sont plus que familiers.
RépondreSupprimerMerci Noémie pour votre témoignage. Recevez toute ma sympathie ; je suis sûre que votre Papa vivra toujours en vous.
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