vendredi 8 novembre 2019

Challenge AZ 2019 - Lettre G

Z 2019, rendez-vous annuel de la généalogie et des généablogueurs Lettre G
Vers F




G
uerre mondiale, la seconde, qui va vous confronter, mon Père, à toute l’horreur dont l’être que l’on dit humain est capable.... Jamais je ne pourrai savoir les sentiments réels qui vous ont habité lors de cette période où vous allez brutalement basculer dans l'âge adulte... et franchement, je me demande quelles pourraient être les réactions d'un jeune de 18 ans d'aujourd'hui transplanté à votre place...
 

En ce début de septembre 1939, la France -alliée avec son meilleur ennemi historique la Grande-Bretagne- vient de déclarer la guerre à l’Allemagne qui n’a rien déclaré du tout et qui est déjà en guerre.
Mais vous mon Père, vous êtes trop jeune pour être soldat, ce qui n’est pas le cas de votre oncle Emile qui est né le 31 juillet 1907 dans notre très cher Paris 14e où, malgré les troubles de l’époque, il a épousé Louise Marie Blanche Noval, le 06 mai 1939 et, soyez rassuré mon Père, encore aujourd’hui, je me souviens très bien de votre oncle Emile et de son épouse Blanche puisque tel était son prénom usuel mais, je dois dire que ce n’est pas le cas pour leur fille Monique -qui pourtant sera la marraine de mon frère- et de son époux ainsi que de leur fille dont le souvenir est plus flou…
Z 2019, rendez-vous annuel de la généalogie et des généablogueurs Lettre G Mais revenons à la seconde guerre mondiale car Emile, âgé de 31 ans est donc promu défenseur de la France et ceci va considérablement changer également le cours de votre vie car jusqu’à présent, vous étiez resté l’enfant de la famille, celui dont la naissance avait tant charmé mais voilà, les choses ont bien évolué et vous êtes maintenant, depuis que votre oncle est sous les drapeaux,   l’homme de la famille. Votre tante par alliance est enceinte et doit prendre soin de son fils, Roger, né d’une première union et qui vit avec vous, dans l’immeuble des Livet, dans l’appartement que vous occupiez avec votre mère lorsque vous étiez un tout jeune enfant et qu’un jour prochain vous allez regagner et où je vais naître… ou presque. Vous devez seconder votre chère Maman Emilie, qui souffre en silence de sa maladie et peut être plus encore des deux interventions chirurgicales qu’elle a du subir et dont la dernière opération remonte pourtant à 1924, pour tenir la loge de l’immeuble où elle est concierge depuis de nombreuses années… tout ceci, vous le faites en allant travailler car vous êtes employé de l’imprimerie Desfossés mais en ces temps troublés, rien n’est plus pareil et, le 03 juin 1940, contraint et forcé, vous devez quitter votre travail… Les rédactions des quotidiens sont déjà exilées en zone libre, des Parisiens sont partis à la campagne… 
Il faut dire que l’impensable est arrivé et Paris est sous le joug allemand mais vous ne m’avez que très peu parlé de l’entrée des occupants… sans doute parce que vous n’aviez pas eu de contact direct avec l’envahisseur à cette époque contrairement à ce qui va se passer plus tard dans votre vie… Ne seriez-vous pas allé, même une fois, assister à la parade de la relève quotidienne sur les Champs-Elysées ? 
Ceci dit, vous n’avez même pas 18 ans et vous êtes tellement préoccupé… Emilie va très mal, vous devez l’obliger à aller consulter à l’hôpital car elle ne veut plus voir les médecins qui, elle en est persuadée, ne peuvent rien ; elle ne veut plus prendre les médicaments qui, dit-elle, l’empoisonnent plus qu’ils ne la soignent ; elle veut rester chez elle et y mourir, entourée de sa famille et de ses amis et voisins… Car en plus de la maladie, pour la première fois de sa vie, la courageuse et bienfaisante Emilie, est submergée par les événements et, elle qui a connu de trop près la Grande Guerre, ne peut pas supporter l’occupation de ceux qu’elle continue à appeler les Boches.
 
Au milieu du mois de juin 1941, vous appelez au secours car en rentrant de l’un des petits boulots que vous enchaînez pour gagner tant bien que mal votre vie, vous découvrez Emilie dans un état semi-comateux… Tous les voisins, tous vos amis, se précipitent… on lui tapotent les joues, on lui fait boire un peu d’eau, on lui défait son  corsage… elle est conduite à l’hôpital Cochin ou elle décède le 21 juin de cette année 1941.
Emilie Chalvet veuve Noé Livet n’a que 59 ans lorsqu’elle quitte cette terre, son corps est placé dans un cercueil de chêne ordinaire, elle sera conduite par ses proches jusqu’au cimetière de Bagneux, où sont déjà enterrés sa fille et son époux, elle est inhumée dans la tombe n° 6, ligne 13 de la division 95 et la concession est payée pour 5 ans, elle sera renouvelée plus tard par son fils Emile.

Vous n’aurez pas réellement le temps de pleurer votre regrettée Maman Emilie car vous allez rapidement devoir régler quelques problèmes très matériels. Depuis le décès de votre mère en 1927, vous êtes allé vivre chez vos grands-parents, à la loge de l’immeuble mais au décès de votre grand-mère, Maman Emilie, vous devez quitter rapidement les lieux car l’immeuble ne peut pas vivre sans concierge et vous n’avez aucune vocation à remplir ce rôle. La petite famille de votre oncle Emile Livet, dont la fille, votre cousine germaine Monique est née en 1940, va déménager dans un appartement un  peu plus grand au 37 de la même rue… il faut passer par le 1er étage du 39 rue Daguerre pour atteindre ce logement… Ah Paris ! Et, vous allez pouvoir occuper, seul, le petit appartement du 3e étage, celui là même où vous avez passé vos premières années et ou je vais grandir… Mais cela ne va pas sans peine car, vous êtes mineur et il va vous falloir faire des pieds et des mains pour obtenir, entre autres choses, un contrat avec la compagnie parisienne de distribution d’électricité.  
Au 39 de notre rue Daguerre, habite également votre cousine Georgette Sirejean qui décèdera bien trop jeune, avant même ma naissance mais, j’ai bien retenu vos paroles et je me souviens  que le molosse qu’elle promenait partout dans ses jeunes années, un bouledogue « primé », répondait au nom de Pépère ; elle aussi doit enchaîner les petits boulots pour vivre. Je ne sais pas où est sa sœur Henriette, notre fameuse Yéyette, à cette époque ; leur frère Georges est décédé en 1936, prématurément également même s'il avait été très blessé pendant la Grande Guerre, leur sœur Jeannette habite à Argenteuil qui se trouve aujourd'hui dans le Val d’Oise. 
En cette période compliquée, les sœurs se voient beaucoup moins que d’ordinaire mais elles arrivent à s’écrire et les nouvelles arrivent plutôt assez vite… Il y en a heureusement de bonnes comme l’envoi de la photo du petit dernier mais il y en a que vous préféreriez ne pas recevoir car Jeannette va bientôt se retrouver dans une situation inimaginable, surtout qu'on ne peut strictement rien faire pour lui venir en aide, et va vivre un drame inhumain dont son mari sera la première 
victime : A votre grande stupéfaction vous apprenez que l’époux de Jeannette a été arrêté à leur domicile et conduit à Compiègne dans l’Oise où il est interné dans l’immense camp appelé Royallieu… Il faut dire que le mari de celle qui deviendra ma marraine cumule les critères qu’il ne fallait surtout pas posséder en cette période de tous les dangers… Il est resté dans les annales de certains syndicats pour avoir été au cœur -sinon le prétexte, voir le déclencheur- des grandes grèves de 1937/1938 au sein de l’entreprise Goodrich où il était testeur-dépanneur (des lignes de téléphone)… Quelle histoire !
Enfin bref, Mordouch, puisque tel est son prénom, est communiste et russe… il cumule donc déjà les sources d'ennuis avec l'ennemi et, malheureusement pour lui, les Allemands vont très vite lui trouver un troisième défaut…

Les souvenirs arrivent dans un ordre bien étrange mon Père car à l’instant  où j’évoque cette période particulièrement difficile je ne peux m’empêcher de penser à votre caractère heureux et enjoué et à votre sens fort développé de l’humour.
Vers H 

J'ai écrit la vie de mon père durant l'affreuse époque qui lui a volé sa jeunesse puisqu'il a été "requis" du S.T.O :

Un p'tit gars du S.T.O 

Dans Paris occupé, la vie de René, né en 1922, est compliquée. Sa grand-mère, qui l’a élevé, vient de décéder. Il doit quitter précipitamment son emploi pour échapper à une première réquisition et se pense à l’abri après avoir été embauché à la S.N.C.F. Mais les ennuis vont commencer et s’éloigner de la gare de triage où il officiait va devenir une nécessité.
L’étau va se resserrer, il sera expédié en Allemagne au titre du Service du Travail Obligatoire.
À la gare d’Ulm, sur le Danube, en Allemagne, où il doit travailler, les règles ne sont pas respectées, les requis sont maltraités.  Infrastructure de la plus haute importance, la gare va être bombardée et ruinée par les alliés et René va être blessé. Le 24 avril 1945, à 11 heures, il se trouve face à des soldats américains, il se croit libéré, mais rien n’est encore joué et le rapatriement ne va pas être aisé.
Enfin rentré, rien n’est terminé et malgré le temps, les souvenirs ne seront jamais effacés.

Livre 16 x 24 cm - Dos carré collé - 80 pages - Nombreuses illustrations inédites en couleurs - Auteur : Catherine Livet pour la collection "Destins d'Ancêtres" de Becklivet - Imprimerie Messages Sas - ISBN 978-2-493106-03-2 - Dépôt légal août 2022 - Sortie le 12 septembre 2022 - 18 € TTC

Vous pouvez vous procurer ce livre chez votre libraire habituel ou en me le commandant directement. Si vous souhaitez une dédicace, n'hésitez pas à la demander lors de votre commande. C'est toujours un réel plaisir pour moi de dédicacer ce livre qui m'est très cher.

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Challenge AZ 2019 - Généalogie - Biographie René Livet

7 commentaires:

  1. Que de souvenirs en effet ! Hâte de connaître la suite, même si je crains qu'elle ne soit pas joyeuse...

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    1. Merci Christelle. Il ne faut pas que le souvenirs se perdent, tristes ou joyeux...

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  2. Quelle triste période pour ton papa. Les mauvaises nouvelles s'enchainent... Merci encore de nous faire partager la biographie de ton papa. C'est touchant.

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  3. Merci Sébastien. Bien triste période en effet

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  4. Sale période... mais toujours très intéressant de suivre le parcours de votre père à travers la grande Histoire. Merci de nous faire partager tout cela.

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Merci pour cette lecture.
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