dimanche 5 janvier 2020

Epiphanie

Vers toutes les fêtes

Les fêtes de nos ancêtres

Les Rois Mages, la galette et sa fève
Extrait manuscrit XVe siècle - BNF

Bonjour mon lecteur,

Quoi de mieux pour bien connaître la vie de nos ancêtres que de s'intéresser un peu aux grandes fêtes religieuses qui rythmaient si assurément la vie d'un grand nombre d'entre eux ? 
Avant d"écrire quelques mots à propos de l'épiphanie, je tiens à attirer votre attention sur l'illustration que j'ai placée ici. Cette planche représentant les Rois Mages discutant au sujet de l'étoile est tirée d'un manuscrit en allemand "Légende des trois rois mages" qui a été édité entre 1401 et 1500 et qui comporte de nombreuses  autres figures peintes comme celle présentée. Je trouve ces dessins très modernes.

La date de l'épiphanie est fixée au 06 janvier mais dans les pays où ce jour n'est pas férié, ce qui est le cas de la France, la fête est décalée au premier dimanche après le 1er janvier.


Au départ, l'épiphanie commémorait :
  • Le baptême de Jésus-Christ dans le fleuve du nom de Jourdain par Jean (Baptiste) :

    L'Eglise orthodoxe célèbre toujours cet événement à cette date mais il ne faut pas perdre de vue que le baptême est éloigné d'une trentaine d'années de la naissance de Jésus.
    (Illustration ci-contre : Estampe - Dessinateur : FRANCIA Francesco (vers 1450-1517) - Graveur : RAIMONDI Marc-Antoine (Vers 1480-vers 1534) - Date d'édition : 1506-1534 - Source BNF)


  • Les noces de Cana :

    Invité avec sa mère à des noces à Cana en Galilée, Jésus transforme l'eau en vin qui venait à manquer. Ce sera le premier "signe", le premier miracle de Jésus. Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. (Evangile selon St-Jean - Chapitre 2 - verset 11).  
    Le tableau le plus célèbre représentant la scène est sans aucun doute celui réalisé par Paul Veronèse (né en 1528 à Vérone - décédé le 19 avril 1588 à Venise) ; il est aussi très impressionnant par sa taille de 6,77 x 9,94 m. Il est exposé au musée du Louvre et fait face à la Joconde.
    (Illustration ci-contre : Artiste inconnu - Primitif  Haut-Rhénan - XVè siècle - Source BNF)
  • La visite des Rois Mages :

    C'est l'événement qui a éclipsé les deux autres.
     Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem...
    ...Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant...
    Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens(1) et de la myrrhe(2)... (Évangile selon St-Matthieu - Chapitre 2 - versets 1 à 11) 

    La tradition a fait de ces mages les 3 Rois Mages 

    Le nombre de 3 n'est pas du au hasard, il peut symboliser :
    • le nombre des cadeaux, eux-mêmes très symboliques comme on peut le lire plus bas dans l'extrait de "la Légende Dorée"
    • les trois continents connus alors : Asie, Afrique et Europe
    • les trois fils de Noé : Sem, Cham et Japhet
    En revanche, Matthieu ne les dénombre pas et ne les nomme pas plus, c'est ailleurs que la tradition s'est forgée...
    Traditionnellement donc, les Rois Mages sont nommés Melchior, Gaspard et Balthazar. Dans "la Légende Dorée", écrite entre 1261 et 1266 par un chroniqueur italien connu sous le nom de Jacques de Voragine, on peut déjà lire la tradition des "rois mages" : "Le premier des Mages s'appelait Melchior. C'était un vieillard à cheveux blancs, à la longue barbe. Il offrait l'or au Seigneur comme à son roi. L'or signifiait la Royauté du Christ.
    Le second, nommé Gaspard, jeune, sans barbe, rouge de couleur, offrit à Jésus, dans l'encens, l'hommage à sa Divinité.
    Le troisième, au visage noir, portant toute sa barbe, s'appelait Balthazar. La myrrhe qui était entre ses mains rappelait que le Fils devait mourir..."
    (Illustration ci-contre : La légende dorée de Jacques de Voragine 1228-1298 traduit en français par Jean de Vigny vers 1282-13?? Date édition 1404)

     

Et notre galette dans toute cette histoire ?

Il paraît qu'à partir du XVIIᵉ siècle et jusqu'à vers 1910, les boulangers avaient pris l'habitude d'offrir une galette des Rois à leurs fidèles clients... elle est peu à peu devenue une simple marchandise.
Le gâteau des rois, brioché, en forme de couronne, parfumé à la fleur d'orangé et décoré de sucre et de fruits confits, est au moins aussi célèbre que la galette feuilletée aujourd'hui traditionnellement garnie à la frangipane.
La galette se partage entre les invités bien entendu, mais une part est réservée pour le premier pauvre qui
Photo : Jackmac34 - Pixabay
viendrait la réclamer...

La fève était à l'origine le légume, la graine, du même nom qui est le symbole de la fécondité, de la renaissance, de la vie... Elle était déjà utilisée par les Romains durant les Saturnales(3).
C'est vers 1875 qu'elle a été remplacée par une figurine de porcelaine qui représentait un enfant, depuis elle s'est tellement diversifiée que les collectionneurs, que l'on appelle les fabophiles ou favophiles, ne sont pas rares.

Il y aurait bien entendu encore beaucoup à dire au sujet de l'épiphanie et de l'évolution de ses traditions, mais je ne veux lasser personne alors, je vous remercie pour votre lecture et vous dis

À bientôt

Catherine Livet

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(1) Gomme-résine odoriférante bien connue sous sa forme d'un bâtonnet.
(2) Gomme-résine odoriférante utilisée pour embaumer le corps des morts.
(3) Réjouissances en l'honneur de Saturne qui se déroulaient fin décembre - une grande liberté était accordée aux esclaves. 

 

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